20 septembre 2008

Southern Comfort (Kate Davis, 2001)


Southern Comfort de Kate Davis est un documentaire exceptionnel que j'ai découvert au hasard du Net.

Robert Eads a 52 ans. Il vit dans un trailer en Georgie (Sud des USA) et ressemble à un cow-boy d’un film de Sergio Leone. Il a une compagne du nom de Lola-Cola et quelques amis qui forment une tribu dont il est le patriarche. Il est terre-à-terre et philosophe, fume la pipe et boit des Budweiser. Il est aussi en train de mourir d’un cancer des ovaires. Car Robert est transsexuel : mariée et mère de deux garçons, il a changé de sexe (mais il a gardé son utérus). Comme il le dit lui-même avec ironie, la seule partie féminine qu’il a conservée est en train de le tuer doucement mais sûrement. Lola-Cola, quant à elle, a d’abord été un garçon et aucun (sauf une) des participants qu’ils invitent à leurs barbecues n’est né sous le sexe qu’il a maintenant : Maxwell, Corissa, Cas… Comme Robert et Lola, eux aussi sont transgenres. Maintenant, avant de mourir, Robert veut aller à Southern Comfort, une réunion annuelle de transsexuels pour laquelle il a préparé un discours qui lui tient à coeur. Il aura tout juste la force de monter sur l’estrade et de dire ce qu’il a à dire. Lola et ses amis l’accompagnent pour cette dernière virée. Un peu plus tard, ils disperseront les cendres de Robert au vent, dans sa prairie préférée…

Ce documentaire de 90 minutes pourrait à lui seul fournir la trame d’une multitude de films de fiction, entre comédie, drame et mélodrame, tellement ses protagonistes ont des histoires individuelles extraordinaires. Bouleversante histoire de vie, de survie et de mort, Southern Comfort mérite bien les très nombreux prix qu’il a ramassés dans les festivals du monde entier. La réalisatrice, qui a passé un an avec Robert et ses amis, a su éviter tout voyeurisme et nous livre un film beau et profond sur l’identité et l’altérité. Mais surtout, une splendide histoire d’amour et d’amitié, hors normes mais profondément universelle. Certaines scènes sont inoubliables, comme celle où Robert raconte avec humour qu’il a été approché par des membres du Ku Klux Klan qui voulaient l’enrôler (il imagine leurs têtes si ils avaient su son parcours personnel) ou encore celle ou Robert invite un de ses fils, qui l’appelle encore « Maman » et son petit-fils de 5 ans qui, lui, l’appelle « Grand Père ». La scène où Robert décrit ses déboires dans les hôpitaux de Georgie où aucun chirurgien n’a voulu opérer son cancer parce que « avoir un transsexuel comme client, si ça se savait, ça ferait fuir la clientèle » est une des scènes les plus révoltantes que j’ai pu voir depuis longtemps sur un écran.

Southern Comfort m’a fait penser à Million Dollar Baby, je ne sais pas trop pourquoi. Peut être la noblesse et la dignité de l’histoire. Peut être l’humanité des personnages. En tous cas, c’est un très beau film qui devrait trotter longtemps dans la tête de qui le découvre.

2 commentaires:

  1. SVP SVP, dites-moi comment je pourrai me le procurer.
    J'ai vu ce documentaire chez Arte en 2002 et je voudrais le revoir... mais pas en DVD bridé en zone non européenne...
    Merci mille fois (aidadelsolar@gmail.com)

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  2. A ma connaissance, Southern Comfort n'existe pour l'instant en DVD qu'en Z1...

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