29 août 2009

Joan Crawford's Town Hall Interview (1973)

Joan Crawford (1905-1977)

Le 8 avril 1973, Joan Crawford se prêta à une longue interview face à un public de fans sur la scène du Town Hall de New York. Avant elle, il y avait eu Bette Davis, Sylvia Sydney et Myrna Loy. Après elle, il y aurait Rosalind Russell et Lana Turner. L’hôte de l’interview, John Springer, était un ami personnel de longue date de Crawford.

Très angoissée à l’idée de parler en public (elle ne supportait pas l’improvisation), elle avait accepté l’enjeu par amitié pour Springer, quand une autre actrice lui avait fait faux bond. A la dernière minute, Crawford fut prise d’une crise de panique et il fallut qu’elle descende quelques verres de scotch et s’envoie un paquet de clopes pour se donner le courage de monter sur scène. Springer a même dit qu'il avait fallu littéralement la pousser sur scène pour qu'elle y aille.

Âgée de 68 ans, Crawford, qui avait tourné son ultime film trois ans plus tôt, l’exécrable Trog, y revenait sur sa carrière devant un parterre d’auditeurs entièrement acquis à sa cause. Un peu coincée et mal à l’aise au début, elle se relâcha au fil de l’entretien qu’elle mena à terme avec humour et panache. Crawford n’avait jamais fait un tel exercice au cours de sa longue carrière et n’en referait jamais plus par la suite : l’interview de Town Hall fut d’ailleurs sa toute dernière apparition publique. Joan Crawford est morte à Manhattan le 10 mai 1977, un peu plus de quatre ans après cette soirée mémorable.

La séance de Town Hall, qui dura 1h15, commença par une projection d’extraits de onze films parmi les plus célèbres de l’actrice (environ 35 minutes) puis Crawford fit son apparition sur scène pour répondre aux questions de Springer et de quelques fans (pendant environ 40 minutes). La soirée fut enregistrée et en 1978, le disque "Joan Crawford, Live at Town Hall" (un collector !) sortit en hommage à la star disparue.

L’interview de Crawford par Springer est disponible aujourd’hui sur CD et sur YouTube (il faut un peu chercher). C’est un document rare qui n’avait, à ma connaissance, jamais été traduit en français. Jusqu’à maintenant. Puisque votre serviteur a passé une bonne partie de son samedi à traduire la transcription de cette interview mythique pour les fans de Joanny.

Vous remarquerez que quelques-uns des dialogues de Crawford pendant l'entretien ne font pas sens ou sont contradictoires - elle semble ne plus très bien savoir combien d'enfants elle a adoptés - et que Springer semble assez souvent déstabilisé par les réactions de son invitée (invisibles dans le texte, évidemment) : il faut savoir que Crawford était complètement pompette après tous les verres qu'elle s'était enfilés et que l'interview a été assez difficile à conduire (d'où l'expression "boire ou conduire...").

J’ai volontairement retiré presque toutes les notations des rires et des applaudissements qui parsèment l’entretien. Pour avoir une idée de l’ambiance de la soirée, vous pouvez toujours écouter l’enregistrement original dans la fenêtre YouTube qui apparaît à la fin du (long) texte.

Et voilà le résultat. Enjoy, darlings !

Joan Crawford et John Springer pendant l'entretien du Town Hall (8 avril 1973)

La transcription originale anglaise de l'interview provient de l'indispensable site de Stephanie Jones consacré à Joan Crawford : The Best of Everything, A Joan Crawford Encyclopedia.

John Springer : Mesdames et Messieurs, Miss Joan Crawford ! (tonnerre de cris et d'applaudissements)

Joan Crawford : Je ne m’étais jamais rendue compte qu'il y avait tant… d'amour ! Merci !

JS : Il y a eu une Lucille LeSueur et puis il y a eu une Billie Cassin et soudain il y a une Joan Crawford. Pouvez-vous nous raconter l’évolution ?

Joan : Tout ce que je sais c’est que je suis ici !

JS : Vous avez toujours été au top des modes. On peut même dire que vous avez lancé la plupart d’entre elles. Quand le Charleston était en vogue, vous en étiez la reine. Et vous avez plus fait pour les sourcils, les lèvres et les épaules que n’importe qui dans le monde. Je suis certain que c’est votre personnalité. Mais, est-ce qu’il y d’autres personnes qui vous ont aidé à créer l’image de Crawford ?

Joan : Adrian. Edith Head. Et en fait, tous ceux avec qui j’ai un jour travaillé.

JS : Y-a-t-il un couturier qui a remplacé Adrian dans votre vie ?

Joan : Non. Chacun est unique. Il n’y a qu’une Garbo. Il n’y a qu’un Adrian. Edith Head. Helen Rose. Jean Louis.

JS : Joan, vous êtes l’archétype de la Star. Je veux dire que vous respectez votre public. Vous ne pourriez jamais être Madame-tout-le-Monde. Il n’y a jamais des moments où vous avez envie de dire « Ras-le-bol ! » et de tout envoyer balader ?

Joan : Non ! Non ! (rires) J’aime les gens.

JS : Bon…

Joan : Merci à vous tous !

JS : C’est réciproque de toute évidence. Je crois que tous ceux qui vous connaissent, et beaucoup de ceux qui ne vous connaissent pas, vous considèrent comme la plus attentionnée des femmes. Vous répondez tout de suite à vos courriers. Vous envoyez des mots personnels pour les occasions spéciales. Vous gardez le contact avec vos amis et avec vos fans. Comment trouvez-vous le temps pour tout ça avec votre planning surchargé ?

Joan : On ne trouve pas le temps, on créé le temps.

JS : Quand je vous ai connue, vous ne vous seriez pas approchée d’un avion et maintenant, vous voyagez en avion aux quatre coins du monde. Et vous étiez dans tous vos états à l’idée d’aller à une réception en votre honneur et pourtant regardez-vous aujourd’hui !

Joan : Eh ben merde, comment croyez-vous que je me sens ce soir ? (rires)

JS : Mais vous avez acquis beaucoup de courage au cours des années, non ?

Joan : Oui, on gagne en force et en sagesse... Et j’ai eu la chance d’avoir un mari (NDT : elle parle de son quatrième époux, Alfred Steele, CEO de Pepsi Cola, et dont elle était veuve depuis 1959) qui me disait qu’on entrait dans une zone de turbulences avant le capitaine du navire. Je lui demandais : « Ah, bon ? ». C’est comme ça que j’ai appris. Après sa mort… j’ai appris à me dire qu’on entrait dans une zone de turbulences et quand le capitaine l’annonçait, je n’étais pas étonnée. Si vous voyez ce que je veux dire.

JS : On vous a souvent accusée d’être très critique envers la façon dont les autres actrices se conduisent. En même temps, je sais que vous n’êtes pas avare d’encouragements avec les débutantes. Vous pouvez nous en parler un peu ?

Joan : Bon… Parlons des Oscars. Je pense que tout le monde aujourd’hui essaye d’être drôle. Et ceux qui viennent après le couple précédent essayent d’être plus drôles qu’eux. La dignité et la beauté des Oscars, je dois dire, a disparu avec les Gregory Peck. Et avec les Charlton Heston. Gregory Peck, quand même! Frank Sinatra, quand même ! Ils … oui, j’aime aussi Frank Sinatra… ils interviennent avec dignité et donnent l’exemple de ce que chacun devrait faire. D’autre pas. Et cette année, j’ai été atterrée par la conduite de tout le monde, Mr. Brando inclus.

JS : En plus d’être une grande star de cinéma, vous êtes aussi une grande fan de cinéma. En tant que fan, quelles sont les stars pour lesquelles vous ressentez ce que nous ressentons pour Joan Crawford ?

Joan : Je ne sais pas ce que vous ressentez pour Joan Crawford !

JS : Ben comment… Allez, vous ne pouvez pas ne pas savoir ce qu’on ressent pour Joan Crawford !

Joan : Je suis la plus grande fan du monde, vraiment. Je pense que Miss Glenda Jackson… est l’une des meilleures. J’adore Miss Katharine Hepburn et Audrey Hepburn… Et je prie le ciel pour que Garbo revienne !

JS : Çà, oui ! J’étais avec vous un soir quand David Frost vous a demandé quel était l’acteur le plus excitant avec lequel vous ayez travaillé. Vous avez nommé un acteur et vous avez dit pourquoi mais ils ont beepé votre réponse. Pourquoi ?

Joan : Oui, ils m’ont beepée. J’avais dit pourquoi c’était le plus grand acteur du monde et le plus excitant et le plus…

JS : Qui ?

Joan : Gable. The King. J’ai dit qu’il avait… enfin tout le monde a compris ce que je voulais dire. Il en avait, quoi ! J’ai dit : “David, est ce qu’on va me beeper ?” Il m’a dit : “J’ai bien peur que oui”. Quant à lui, il a été beepé cinq fois en parlant de la salope d'une-telle et de la salope d'une-telle. Je lui ai demandé : « On vous beepe ? ». Je suis rentrée chez moi et j’ai regardé l’émission : j’avais été beepée une fois et lui sept !

JS : Y a-t-il d’autres acteurs avec qui vous avez travaillé et que vous appréciez particulièrement ?

Joan : Oui. Mr. Spencer Tracy. Sir Robert Taylor. Jimmy Stewart. Je pourrais continuer encore et encore mais on n’a pas beaucoup de temps ce soir. Mais j’ai été la femme la plus chanceuse du monde d’avoir eu la carrière que j’ai eue.

JS . On a eu de la chance aussi ! Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les réalisateurs qui ont le plus compté pour vous ?

Joan : Cukor. Clarence Brown.

JS : On l’a un peu oublié ces dernières années, non ?

Joan : Ah, çà !

JS : C’est un grand réalisateur.

Joan : Ah, Van Dyke ! Je peux vous raconter une histoire à propos de Van Dyke ?

JS : S’il vous plaît !

Joan : Hum… Il a fait un film avec Rosalind Russell, Robert Montgomery… J’étais dedans.

JS : Forsaking all others.

Joan : C’est ça ! On y allait, il ne faisait pas répéter. On disait nos dialogues. Il disait « Ok, emmenez les caméras sur le plateau 2 »… et on était sur le plateau 4. Je me suis demandée « Mais qu’est ce qu’il va faire avec Garbo ? ». Il devait faire son prochain film. Elle, elle aime les répétitions et ne veut personne sur le plateau. Il lui a dit « On y va, ma belle ! ». Elle lui a répondu « Qu’est ce que vous avez dit ? ». Il a remis ça « On y va, ma belle ! ». Elle y est allée, a fait sa scène et il a dit « Allez, c'est bon ! » et les caméras on été emportées vers un autre plateau. Elle a dit « Mais je n’ai pas fini ma scène ! ». Et il lui a dit « Mais si, on vient de la filmer ! ».

JS : Vous aimeriez réaliser un film, Joan ?

Joan : Non ! Produire, oui. Réaliser, non. La plupart des acteurs refusent de se laisser diriger par une actrice ou une femme réalisatrice. Ils le prennent mal.

JS : Je sais qu’on vous a proposé “Butterflies are free” mais vous ne voulez pas mettre les pieds sur une scène de théâtre. Pourquoi ?

Joan : Je me demande bien ce que je fous ici ce soir ! Non, plus sérieusement… Ça m’angoisse vraiment. Je suis née devant les caméras et je ne sais rien faire d’autre.

JS : Bon…

Joan : Enfin, je pense que je pourrais le faire…

JS : Bien sûr que vous pourriez.

Joan : Mais avec des gens comme vous !

JS : Une chose est certaine : vous auriez toujours du public. Il n’y a eu que peu d’actrices qui ont connu la gloire que vous avez eue. Sentez-vous une sorte de concurrence entre actrices ?

Joan : Oh, j’adore la concurrence ! Je crois vraiment que la concurrence est l’un des grands challenges de la vie. Autrement, on ne grandirait pas. Je pense qu’avec Bette Davis, dans Baby Jane, j’ai connu l’un des plus grands challenges de ma vie. Je le dis sans arrière-pensée. J’ai du garder le contrôle et j’ai appris la discipline (rires soutenus). Attendez, attendez, laissez-moi vous expliquer ! Disons que Bette est… d’un tempérament différent du mien. Elle doit gueuler chaque matin. Alors, je m’asseyais et je tricotais. J’ai tricoté une écharpe d’Hollywood à Malibu. (rires soutenus)

JS : Joan !

Joan : Je suis passée de 59kg à 54kg... mais ce n’est pas très grave.

JS : Dites-nous ce que vous avez ressenti quand vous avec gagné l’Oscar quelques années seulement après avoir été appelée « poison du box-office » ?

Joan : Eh bien, j’étais en bonne compagnie avec les « poisons du box-office », non ?

JS : Ça, c’est sûr !

Joan : Katharine Hepburn et Fred Astaire et quelques autres… Hum, je me suis dit « Bon, c’est fini ! ». Vous savez, on arrive tous à un moment ou un autre où, comme aujourd’hui, il n’y a plus assez de travail. On n’écrit plus pour les femmes. En fait, j’aimerais bien être Duke (NDT : John) Wayne. Mais je ne sais pas très bien monter à cheval. Ils n’écrivent plus pour les… pour nous. Barbara Stanwyck pense la même chose. On en parle. Pas souvent parce que je ne vis pas dans le passé. Je vis aujourd’hui en me préparant à demain. Alors… si un scénario vient avec mon nom dessus, je le prends. Mais tant qu’il ne vient pas, je reste une femme sereine.

JS : Et gagner un Oscar ? Ça a du être un des grands moments ?

Joan : Oui ! Mais je n’étais pas là !

JS : Je sais, vous étiez malade, non ?

Joan : Quarante de fièvre !

JS : Il semble que tout le monde a des enfants rebelles de nos jours. Vous en avez élevé quatre et vous avez été perçue comme une mère aimante mais disciplinaire. Vous pensez que vous auriez été pareille si vous deviez élever des enfants aujourd’hui ?

Joan : Mmm ! Oui. Je crois… enfin, c’est seulement mon avis… je crois que la principale raison pour laquelle les gosses prennent du shit et d’autres saletés, c’est qu’ils n’ont pas assez d’amour et de discipline à la maison.

JS : Parlez-nous de votre vie de businesswoman, de dirigeante de Pepsi Cola. Est-ce une extension de la vie de Joan Crawford, la star de cinéma, ou est-ce autre chose ?

Joan : Eh bien, disons que j’ai vendu Joan Crawford pendant tellement longtemps que maintenant je n’ai plus qu’à laisser Joan Crawford vendre Pepsi Cola !

JS : Je voudrais ajouter que l’une des meilleures façons de connaître Joan… comment Joan Crawford vit et ce qu’elle pense de la vie et de la beauté et toutes sortes de choses, c’est de lire son très bon livre « My Way of Life » qui a été publié l’an dernier chez Simon and Schuster. Là-dessus, je pense qu’on devrait maintenant laisser le public poser des questions.

JS : Notre première question est pourquoi votre musical de Vincent Newman, Great Day, de 1930, n’est jamais sorti ?

Joan : Hum… eh bien, en fait on n’a jamais fini le film. Je suis allée voir L.B. Mayer et je lui ai dit « Je n’arrive pas à parler avec l’accent du Sud. Et je ne serai jamais une ingénue. Je ne l’ai jamais été et je ne peux pas dire ce genre de dialogue. Ils sont nuls ! S’il vous plait, regardez les rushes… Mr. Thalberg ne les a pas vus. Regardez-les. J’ai tourné dix jours et personne ne m’a dit ce que je faisais ! Même pas le réalisateur. Mais j’ai vu les rushes”. Le soir-même je recevais un coup de fil de sa secrétaire particulière, Miss Kaye, qui m’a dit « Mr. Mayer vous dit de rester chez vous. Vous avez raison ! » Il a annulé le film. J’ai donc tourné seulement dix jours. On l’a mis au placard et à cette époque, 280.000 $, c’était quelque chose !

JS : Qui jouait avec vous dans ce film ?

Joan : Je m’en fous complètement.

JS : Oh! Earl Blackwell demande si vous connaissiez Garbo à la MGM et si vous étiez amies. D’après vous, est-elle vraiment l’une des plus grandes ?

Joan : Miss Garbo et moi… bon, vous allez savoir ce que je pense d’elle… Miss Garbo ! On s’était toutes habillées et on devait monter un grand escalier et on était alignées là-haut au sommet des marches avec Renée Adorée, Joan Crawford, Miss Garbo et d’autres encore. Et un jour… on s’est retrouvées dans Grand Hotel. Je me disais “Ça alors, je lui dis bonjour tous les matins et elle ne me répond jamais”. Je passais toujours par un certain escalier parce que sa loge était juste à côté. J’aurais pu faire plus court mais j’avais toujours envie de lui dire « Hello, Miss Garbo ! » et de faire une révérence. Je n’ai jamais su si elle m’a une seule fois regardée depuis sa fenêtre. Toujours est-il qu’un jour j’étais en retard sur le plateau. J’ai couru dans l’escalier et je ne lui ai pas dit « Hello, Miss Garbo ! ». Alors, elle est sortie et elle m’a crié « Hâllo ! ». (rires soutenus) Et puis quand on était sur Grand Hotel… j’étais avec un type dans les relations publiques, Jerry Asher, dont vous devez vous souvenir…

JS : Bien sûr !

Joan : Et Miss Garbo travaillait de neuf heures à dix-sept heures. Couvre-feu. Mais moi je devais continuer après dix-sept heures. J’étais à côté de sa loge et j’ai crié : "Jerry ! Va-t'en ! Va-t'en ! Voilà Miss Garbo ! Ne respire pas ! Va-t'en ! Elle ne veux voir personne !”. Elle est montée et s’est arrêtée. Je commençais à descendre : elle était en-dessous de moi. J’étais sur la dernière marche et elle était deux marches en-dessous. Je ne savais plus quoi faire. Je lui ai dit « Pardonnez-moi, Miss Garbo ». Elle a alors pris mon visage dans ses mains et m’a dit (Crawford imite un fort accent suédois) « Oh, je suis désolée que nous n’ayons pas de scènes ensemble. Je suis vraiment désolée ». J’ai regardé son visage éclairé par le soleil du soir… ce merveilleux visage. Il était dix-sept heures trente et c’était la plus belle chose que j’avais jamais vue dans ma vie... et je suis tombée dans les pommes, boiinng !

JS : Y a-t-il un film que vous regrettez d’avoir fait ? C’est Helen Phillips qui pose la question. Et si oui, pourquoi ?

Joan : Oui. This Woman is Dangerous.

JS : Bill Dwyer demande si vous avez jamais envisagé sérieusement de jouer Scarlett dans Gone with the Wind ?

Joan : On ne me l’a pas demandé !

JS : C’est une bonne raison. Ah, The Hollywood Canteen, un dimanche en 1944. Vous et Phillip Terry m’avez donné des sandwiches et du lait et les minutes les plus fantastiques dont un gamin puisse rêver. Je me souviens que vous portiez une blouse jaune d’Adrian. Merci beaucoup ! Vous avez toujours ces magnifiques bracelets en topaze ?

Joan : Oui et j’ai aussi toujours la blouse…

JS : Kenneth Lowell demande… euh… il dit que vous avez fait quatre films avec John Gilbert… Vous n'en avez fait que deux dont je me souvienne…

Joan : C’est exact.

JS : Peut-être pourriez-vous nous dire quelques mots sur sa personnalité et son image ? Et c’est vraiment désagréable de lire des choses sur la fadeur de sa voix. N’importe qui l’ayant vu dans Queen Christina sait qu’il n’y avait aucun problème avec sa voix. Vous pouvez nous dire ce qu’il en était ?

Joan : Eh bien… en 1929, tout le monde s’est mis à paniquer à la Metro. Mais vraiment tout le monde. Les dirigeants, les acteurs, les producteurs… Les starlettes, elles, n’étaient pas assez informées et j’étais une starlette. Alors… je n’avais pas peur. Ils nous ont dit qu’on devait faire des films parlants ! On devait parler ! Dans un micro ! Il y avait John Gilbert et tous les autres : Wally Beery, les Barrymore… et il y avait un type qui était chargé de nous apprendre à parler. Donc j’étais… J’étais si jeune, je ne savais absolument pas de quoi ils parlaient alors j’y suis allée et j’ai fait mon premier film parlant. Tous les autres avaient peur. Et John Gilbert a fait un essai. Pas moi. J’ai fait The Untamed avec Bob Montgomery et j’ai entendu ma voix et j’ai dit « Ce n’est pas moi ! C’est un homme !”. Enfin, je, je, je… j’avais une voix si grave que j’ai dit “Ce n’est pas moi qui chante. Quelqu’un m’a doublé ! ». Et on avait un homme vraiment formidable qui était professeur de chant. Il était le professeur de Caruso… et j’ai dit que je ne voulais pas prendre de cours de chant. Je veux juste apprendre à parler. Mais je crois que je sais déjà. Enfin, bon… John Gilbert a fait un essai. Et sa voix était trop haute. Carrière foutue. C’est pour ça que je dis aux jeunes acteurs et aux jeunes actrices… apprenez à respirer, apprenez à prononcer mais avant tout, apprenez à ressentir. (tonnerre d'applaudissements)

JS : Carl Johnes demande si après le fameux concours dans le magazine qui vous a donné le nom Joan Arden, puis Crawford, c’est vrai que vous détestiez tellement le nom que vous vous êtes appelée vous-même Jo-Ann pendant plusieurs années ?

Joan : Non. Mais je crois que vous m’avez dit que la mère de Joanne Woodward l’a appelée Joanne à cause de moi.

JS : C’est exact.

Joan : Enfin, j’ai été appelée Joan Arden sur concours et j’ai dit « Beurk ! ». Mais il y avait déjà une Joan Arden qui a attaqué Metro-Goldwyn-Mayer parce que j’avais fait deux films sous le nom de Joan Arden. Alors, ils ont choisi le second choix de nom qui était Joan Crawford et la petite vieille handicapée a reçu… c’était cent ou cinq cents dollars pour avoir trouvé mon nom ?

JS : Je crois que c’était cinq cent.

Joan : Cinq cent…

JS : Ça fait beaucoup…

Joan : Et j’ai dit que ça sonnait comme si j’allais être servie en dinde à dîner… « Cranberry ». C’est pourquoi Bill Haynes m’a surnommé « Cranberry » après. Mais je suis finalement très contente du nom Joan Crawford.

JS : Robert Rosterman dit que c’était un peu culotté d’avoir une actrice principale myope en 1946. Mais dans Humoresque, Helen Wright a beaucoup fait pour rendre séduisant le port des lunettes chez les femmes. Cette nouveauté était-elle une idée dans le scénario, du réalisateur Jean Negulesco ou une suggestion que vous avez faite ?

Joan : Je crois que c’était entre le scénariste et le réalisateur. Moi, je portais les lunettes… je n’arrivais pas à voir à travers ce qui n’était si pas mal parce que comme ça je louchais pour regarder John Garfield et, flûte, ce n’est pas le genre de type qu’on regarde en louchant. Il était sensationnel !

JS : Le meilleur… Hess Tatum demande si vous avez des souvenirs particuliers de F. Scott Fitzgerald.

Joan : Je me souviens seulement qu’il est venu chez moi en Californie avec Helen Hayes et Charlie MacArthur et tout ce qu’il a fait, c’est de s’asseoir dans ma cuisine et de rester près des bouteilles. C’est tout ce dont je me souvienne.

JS : Quelqu’un qui n’a pas signé demande si on vous proposait un rôle dans un film tiré d’une pièce classique… par exemple Lady Macbeth, est-ce-que vous l’accepteriez ?

Joan : Si j’avais Larry Olivier…

JS : Ils demandent aussi si vous accepteriez un rôle dans un film musical où vous devriez chanter ?

Joan : Eh bien, j’ai étudié l’opéra pendant neuf ans mais… goodbye Charlie !

JS : Fred Zenator de Forbes Magazine dit : « Chère Miss Crawford, maintenant que vous avez fait ce premier pas sur une scène à New-York, pensez-vous qu’il soit possible… J’aurais tout donné pour vous voir dans le rôle d’Eileen Heckart dans « Butterflies ». J’ai même failli vous appeler. S’il vous plaît, essayez quelque chose. Croyez-moi, ça se jouerait pour un an minimum même si c’était une erreur. » Alors ? On en a déjà parlé. Je pense qu’on connaît votre réponse.

Joan : Non, attendez une minute. Je ne crois pas que quelqu’un aurait pu surpasser Eileen Heckart dans « Butterflies are free ». Elle est formidable ! Je lui ai parlé l’autre jour, avant-hier. Je lui ai dit “Eileen, je vais à Town Hall dimanche”. Ella a dit « Je sais ! ». Et elle a dit « Tu sais, j’ai fait une conférence dans une université récemment… des étudiants en théâtre… à un niveau supérieur ». Et elle a dit « Je n’arrivais pas à les accrocher. Et je me suis dit, c’est bon Eileen, tu as foiré. Tu viens de foirer. Et tout d’un coup, un gamin s’est levé et m'a demandé « Que pensez-vous du shit ? ». Elle a répondu « Chéri, ça c’est ton problème. Le mien, c’est le whisky !».

JS : Que pensez-vous des prises de positions politiques récentes de plusieurs acteurs et actrices ? Pensez-vous qu’ils ont raison d’utiliser leurs noms pour influencer les gens ?

Joan : Je pense que les gens qui vont aux Oscars… oh, nom de Dieu ! Acceptez et soyez reconnaissant pour l’honneur. Et n’essayez pas de profiter de la télévision nationale pour faire vos doléances. Et s’il-vous-plaît, par pitié… ne parlez jamais de politique ou de religion.

JS : Ce… ce monsieur ou cette dame demande ce que vous pensez du fait que Johnny Guitar a atteint le statut de film-culte en France et que quand on lui a demandé quelles étaient les grandes performances au cinéma, Jean-Pierre Léaud, l’acteur de "Baisers volés" a dit que les plus grandes performances d’acteurs étaient Buster Keaton dans tous ses films et Joan Crawford dans Johnny Guitar. Vous pensiez le même bien du film quand vous le tourniez ? Vous avez changé d’opinion ?

Joan : Bon, j’ai eu quelques problèmes sur Johnny Guitar… avec les acteurs. Et il n’y avait pas Buster Keaton.

JS : C’est dommage. Vous l’auriez préféré à quelques-uns des autres, non ?

Joan : Je l’aurais préféré à deux autres, oui.

JS : S’il-vous-plaît, expliquez-nous les rumeurs sur vos querelles avec Norma Shearer pendant le tournage de The Women.

Joan : Elle était mariée au patron et j’étais une simple actrice… (rires soutenus) Elle n’aimait pas ma robe… et elle l’a fait changer dix-neuf fois ! Ca a couté une fortune à la production ! Mais finalement, c’est moi qui ai porté la robe en lamé et le turban ! (rires soutenus)

JS : Si vous aviez tourné la scène avec Bette Davis dans Hush, Hush, Sweet Charlotte, l’auriez vous giflée aussi sauvagement que l’a fait Olivia de Havilland ?

Joan : Je n’ai pas vu le film !

JS : Quelqu’un demande si vous avez été tentée de jouer certains des rôles féminins classiques. Elle parle de Hedda Gabler, Médée, Mrs. Alving… comme pour Lady Macbeth.

Joan : J’ai fait « Une Maison de Poupée » pour Lux Radio Theater.

JS : Ah bon ? Ça, je ne savais pas !

Joan : Oui, j’ai fait quelques-unes de ces choses sympathiques. Les classiques...

JS : Quelqu’un qui n’a pas donné son nom demande : « Vous avez dit que… »

Joan : C’est sans doute une question salace !

JS : « … que vous étiez choquée par la permissivité de la génération actuelle et par le flot de films obscènes et pornographiques. N’étiez-vous pas vous-même au début de votre carrière une fille à calendrier ? »

Joan : Ca, ça fait trois questions !

JS : Oh !

Joan : Commençons par la première.

JS : Vous avez dit que vous étiez choquée par la permissivité de la génération actuelle…

Joan : Je le suis.

JS : Et par le flot de films obscènes et pornographiques.

Joan : Je pense que le sexe est merveilleux. Mais il faut être seul, vous savez, avec la personne que vous aimez. Pas sur l’écran. Pas dans un théâtre. Je suis gênée. Continuez…

JS : Deuxième question… N’étiez-vous pas vous-même au début de votre carrière une fille à calendrier ?

Joan : Je n’ai jamais eu cette chance. Je ne connaissais pas Hugh Hefner à l’époque.

JS : Celle-ci, Madeline Armadola, demande s’il est vrai que Milton Caniff vous a prise comme modèle pour le personnage de la Dragon Lady de sa bande-dessinée « Terry and the Pirates » ?

Joan : C’est juste ! Oui !

JS : Ca vous a plu ?

Joan : Ouiii ! J’ai été très flattée. Enfin, il a dit récemment dans Time Magazine… il a dit… que j’étais le modèle de Dragon Lady. Pas dans la personnalité, mais dans le visage et la silhouette. Faites-en ce que vous voulez !

JS : Robert Sheldon demande quelle différence il y avait entre travailler avec Jack Warner et travailler pour Louis B. Mayer.

Joan : L’un était un homme formidable et l’un était une ordure !

JS : Qui était quoi ?

Joan : Mr. Mayer était formidable.

JS : Ca, c’est une surprise ! Milton Stiffel demande si vous pensez qu’un retour…

Joan : C’est Stifftel…

JS : Stifftel, pardon.

Joan : C’est un ami.

JS : Ah ?

Joan : Tu es là, Milton ?

JS : Il doit être là.

Joan : Oui.

JS : Il vous demande si vous pensez que le retour au star-system et au glamour est nécessaire pour la survie d’Hollywood ? Pour s’extirper de la médiocrité.

Joan : Je dois dire que j’ai lu récemment que Bette Davis avait dit « Le cinéma est mort à jamais » et je pense qu’elle n’a pas tort. La télévision a raflé la mise à un tel point ! Ils consomment et ils avalent – c’est moi qui dit çà – tellement de choses pour produire cinq jours sur sept. Il ne reste plus rien pour le cinéma. Et les films de la semaine, dont Miss Davis a parlé… elle a encore raison. On a « Le film du Lundi Soir ». Deux heures, une heure, une heure trente… Lundi, mercredi, vendredi… Vraiment, il ne reste plus rien pour le cinéma. Et je suis triste de le dire… parce que tout ce que j’ai dans ce monde… m’a été donné par l’industrie du cinéma. Tout ce que j’ai. Tout ce que j’ai appris dans la vie. Les enfants que j’ai adoptés, tout ! J’en suis tellement reconnaissante. Prions Dieu que ça ne soit pas fini.

JS : Travaillerez-vous un jour avec votre fille Christina à la télé ou au cinéma ?

Joan : Heu… c’est une très bonne actrice. On ne m’a jamais demandé de jouer avec elle.

JS : Anna Tommey demande si vous êtes retournée faire une visite à Stephen’s College ?

Joan : Oui, il y a trois ans. J’ai reçu mon diplôme et j’ai dit « Vous savez, j’ai quitté cet endroit à l’âge de treize ans. J’ai adopté cinq enfants et quatre n’ont pas fait d’études… et croyez-moi – et il y avait six cent enfants qui m’écoutaient – je n’ai pas fait d’études non plus. Je ne sais pas comment j’ai réussi à avoir ce diplôme ». Mon diplôme. C’était très sympathique ! C’est un collège vraiment formidable !

JS : Gus Fort demande si vous voulez bien parler de John Garfield ? Il dit que la scène dans Humoresque dans laquelle vous vous rencontrez est un classique. Je crois que vous avez déjà dit ce que vous pensiez de John Garfield.

Joan : Oui. Mais j’aime jouer les garces et j’étais une garce dans celui-là ! Vous savez, je crois qu’il y a une garce en chaque femme. Et une garce en chaque homme, aussi ! (rires soutenus)

JS : Comment étaient Nicholas Ray et Robert Aldrich en tant que réalisateurs ?

Joan : Wow ! Nicholas Ray était le seul que je connaisse qui pouvait se dépétrer de Johnny Guitar. Bob Aldrich, lui… a beaucoup, beaucoup d’angoisses. Il aime les choses diaboliques. Les choses horribles. Les choses viles ! Voilà, je l’ai dit ! (rires soutenus)

JS : George Shide dit qu’il ne se souvient pas que vous ayez jamais fait un autre film en costumes que The Gorgeous Hussy. Vous n’aimiez pas ça ?

Joan : Si, j’en ai fait un autre avec… Tim McCoy. Désolée !

JS : Ah, oui !

Joan : Oui, vous me l’avez déjà demandé il y environ trois semaines et je vous ai répondu que c’était le seul que j’ai fait. Tim Mc Coy. Winners of the Wilderness. Comment peut-on oublier une carrière ?

JS : Joe Roberts demande… dit que vous avez enregistré un disque à la fin des années vingt. Pouvez-vous nous dire le titre de la chanson et, si possible, nous obtenir une copie ? Je pense plutôt que c’est dans les années trente que vous avez fait ce disque, non ?

Joan : Heu, vous parlez de…

JS : Si je me souviens bien, c’était…

Joan : « Ice Follies » ? C’est ça ?

JS : Vous n’avez pas… vous n’avez pas enregistré "I'm in Love With the Honorable Mr. So-and-So" et "Tears from my Inkwell". Je me souviens de ce disque-là.

Joan : "Honorable Mr. So-and-So"... oui, en effet !

JS : Je ne pense pas que… si vous pouvez le trouver. C’est un article de collection. C’est sûr.

Joan : J’aimerais bien l’avoir.

JS : John Fitzgerald pose une question sur un film que vous avez fait avec Jeff Chandler appelé Female on the Beach. Vous n’avez pas …

Joan : Ouiii ! Je l’adore celui-là ! Merci !

JS : Il dit “Je crois me souvenir d’une de vos répliques dans ce film : « Les instincts d’un étalon et la fierté d’un chat de gouttière… »".

Joan : C’est vrai !

JS : Avez-vous un secret de sérénité ? Vous avez une expression si belle.

Joan : Le secret de la sérénité, c’est juste de croire… C’est de là que viennent les belles expressions.

JS : Andrew Hughes vous demande si vous savez comment on surnomme vos célèbres chaussures à lanière de cheville ?

Joan : Je pense que je connais la première lettre : F ! Et je sais aussi, si vous vous souvenez bien, qu’elles m’ont tenu debout un putain bon bout de temps ! (rires et applaudissements)

JS : C’est fini ! On ne peut pas faire mieux que ça ! Joan, il n’y a plus rien à dire à part : « Merci, Joan Crawford ! » Merci ! De notre part à tous !

THE END

Première partie de l'entretien du Town Hall. Les parties suivantes peuvent être trouvées sur la page YouTube de cet extrait.



L'interview de Joan Crawford au Town Hall a par ailleurs eu une postérité inattendue : le célèbre artiste transformiste et spécialiste du play-back John Epperson, dit Lypsinka, a "interpreté" avec un comparse l'interview de 1973 dans un spectacle qui a été donné en 2006 et 2007 à San Francisco et Washington D.C. : The Passion of the Crawford.

Travesti en Joan Crawford (et son partenaire de scène en John Springer), Lypsinka a fait revivre en play-back, sur la bande son de l'enregistrement original, l'intégralité de l'entretien. Un exercice des plus difficiles qui a apparemment été mené avec un talent stupéfiant et qui a reçu des critiques dithyrambiques dans la presse américaine spécialisée et générale, du Blade au New York Times. Recréer une interview entière de Crawford travesti et en play-back... ça laisse songeur, non ?

Lypsinka, impériale, dans "The Passion of the Crawford"

2 commentaires:

  1. Tout à fait passionnant! Et pourtant je n'aime pas beaucoup Joan Crawford: c'est drôle, j'ai toujours eut l'impression que le secret de son succès résidait dans le fait qu'elle savait parfaitement s'adapter aux différentes décennies qu'elle traversait: elle jouait dans les années 1920 comme il était à la mode de jouer dans ces années là, dans les années 1930 comme les dirigeants de cette époque le voulaient et ainsi de suite. Même sa voix changeait selon les toutes nouvelles dictions des studios; la Joan Crawford de "Susan and God" n'est pas celle de "Johnny Guitar" pas plus que celle de "Baby Jane": dans les années soixante, il était très seyant de jouer comme un pied! Bref, cette interview, que tu nous fait découvrir, nous la montre un peu plus vulnérable que dans ses films et son regard conservateur sur Hollywood confirme son statut de grande star du passé... J'ai bien envie de regarder "Humoresque":) Constance

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  2. Merci pour ton commentaire qui ouvre une piste sur le phénomène Crawford. Ce que tu dis est un peu ce que le type qui interviewe Joan Crawford suggère au début : elle a lancé les modes et incarnait en quelques sorte les décennies qu'elle traversait. Mais l'évolution de son jeu, de son look, de sa voix... sont surtout dues au fait que la conscience d'être une star aimée du public lui imposait des obligations qu'elle s'était fixées elle-même : de rester dans les caractéristiques de l'image que le public voulait voir. C'est donc plus de minéralisation que d'évolution qu'on pourrait parler parce qu'elle est devenue assez rapidement, une caricature (fascinante) d'elle-même, dès le milieu des années 40. Les nuances étaient finalement sans importance.

    Et si tu n'aimes pas beaucoup Joan Crawford, ne t'inquiète pas : elle ne t'aime pas beaucoup non plus... :)

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