31 octobre 2009

Max et les fantômes


Ce soir, à la Salle Pleyel, l'allemand Max Raabe et son Palast Orchester faisaient la seule escale en France de leur tournée mondiale Heute Nacht oder nie ("Ce soir ou jamais"). Ça faisait un bail que je l'attendais, celle-là ! Depuis quelques temps déjà, les affiches promotionnelles avaient fait leur apparition sur les murs du métro parisien mais dans la salle ce soir, toutes les rangées n'étaient pas pleines, les français ne semblant pas assez connaître ce performer unique en son genre. Les fans et connaisseurs, eux, étaient au rendez-vous ainsi que beaucoup d'expatriés allemands et quelques amoureux des années vingt à quarante.

Max Raabe (il est né en 1962) s'est spécialisé depuis une vingtaine d'années dans la reprise des standards des années 1920-1940 allemands et internationaux. Avec sa voix de baryton, dont il sait jouer avec humour pour le plus grand plaisir des auditeurs, et le support des ses douze formidables musiciens (onze hommes, une femme), il réussit à restituer l'essence de la chanson populaire de l'entre-deux-guerres, dans ses rythmes et mélodies si particulières, son apparente insouciance de paroles et son charme suranné. La fusion d'une technique vocale parfaite et d'une connaissance intime de la chanson d'époque (il respecte à la lettre leurs arrangements d'orchestre originaux), ainsi que l'utilisation toute en nuance d'un second degré toujours juste - et vraiment drôle - permet à Max Raabe et son orchestre de ne pas tomber dans le piège du kitsch, le risque le plus évident de ce genre de spectacle. Camp, oui, peut-être, mais pas kitsch...

Max Raabe et ses musiciens du Palast Orchester

Bei mir bist Du schön, Singin' in the rain, Du bist meine Greta Garbo, Who's afraid of the big bad wolf ?, Just one of those things, Mein kleiner grüner Kaktus, Cheek to cheek, J'attendrai, Dein ist mein ganze Herz, Over my shoulder, Dream a little dream of me, La mer... : tous ces grands classiques revivaient tout à l'heure dans leur habits d'origine, avec un peu de nostalgie (comme Max Raabe le dit lui-même, ces airs possèdent une intemporalité qui leur permet d'échapper à l'effusion nostalgique), beaucoup de tendresse et surtout une suprême élégance. Rumba, fox-trot, jazz hot, valse... sont revenus sur le devant de la scène (qu'ils ont par ailleurs quitté depuis bien longtemps) et nous ont rappelé combien les grands compositeurs de chansons de la première moitié du XXe siècle avaient le génie de la mélodie et de la grâce. Et combien la musique populaire permet, mieux que tout autre art, de ressusciter l'ambiance et l'identité des temps révolus.

Dans un des nombreux moments inspirés de la mise en scène du concert, sur les premières et élégiaques mesures de Dream a little of me, un petit dirigeable argenté d'environ 2 mètres de long et gonflé à l'hélium est sorti des coulisses, s'est doucement promené sur scène puis à travers la salle au-dessus de la tête des spectateurs avant de s'envoler vers les cintres du théâtre. Ses petits phares éclairaient le public qui, dans la pénombre, retenait son souffle : une belle métaphore sur la légèreté des chansons et le fragile équilibre de leur époque. C'était d'un effet splendide.

Ce soir, l'impeccable Max Raabe a pas mal parlé en français aux spectateurs de la Salle Pleyel, pour présenter les chansons qu'il interprétait, en traduire quelques mots (et là, on se rend compte de l'humour de leurs paroles : "Tu es ma Greta Garbo, Tu es aussi blonde, tu es aussi belle... mais tu es moins riche") et faire quelques blagues pince-sans-rire. Son accent allemand et son phrasé si particulier ont beaucoup amusé la salle lors de ces adresses au public. Petite entorse à son programme, il a aussi évidemment interprété sa célèbre version berlinoise de Sex Bomb de Tom Jones, un cover irrésistible. Je suis ressorti du concert avec le sourire aux lèvres et l'envie compulsive de me repasser un film d'Astaire et Rogers, d'écouter Hollander, Lehar, Berlin ou Porter et bien sûr, l'excellent double CD de Heute Nacht oder nie que Max Raabe et son orchestre ont enregistré live lors de leur passage triomphal au Carnegie Hall de New York en novembre 2007.


Dans le public de ce soir, quelques uns - et surtout quelques-unes - s'étaient spécialement habillés pour l'occasion en look d'époque (on aurait presque dit un flash-mob). Les chansons que Max Raabe interprète sont pour l'essentiel des tubes des années 1920, 1930 et 1940. Or, bizarrement, la plupart de ces formidables amoureux de la belle tenue qui étaient à Pleyel avaient choisi le style des années 40 (et non pas des années 20 ou 30). Je me suis demandé pendant l'entracte, alors que je me baladais au bar, pourquoi je ne voyais pas de robe charleston mais plutôt les vestes épaulées, les bibis, les voilettes et les bas-couture des Forties.

The Forties look

Et alors, j'ai compris à quel point un concert de Max Raabe permettait, sans doute de façon inconsciente, d'exorciser le temps d'un moment le tabou culturel qui continue à peser sur cette époque crépusculaire (et pour les allemands encore bien plus que pour les autres) qui fait que la mode des années 40, contrairement à celle des autres époques du XXe siècle, ne pourra jamais revenir en force dans le prêt-à-porter grand public. Ces fascinantes tenues évoquent irrésistiblement la mise de celles et ceux qui pouvaient se permettre, dans ces années de retour à la barbarie, de succomber aux sirènes de la mode. Certainement pas la majorité des hommes et des femmes, trop occupés à échapper aux privations et aux dangers quotidiens, mais plutôt ceux et celles qui, à Berlin ou ailleurs, dansaient sur le volcan en s'affichant à leurs risques et périls avec les terribles et temporaires maîtres du monde. Tout à l'heure, imperturbable en frac, Max Raabe chantait Ich küsse Ihre Hand, Madame sur la scène de Pleyel. Deux fauteuils à côté de moi, une femme d'une quarantaine d'années écoutait, droite et subjuguée, la voix ensorceleuse qui montait vers le premier balcon. Un beau chignon blond-cendré 1940 , une robe de soie vert pâle aux plissés parfaits, un petit sac à main et des souliers en crocodile marron : elle avait choisi sa tenue avec la science d'une historienne. Pendant quelques instants, je l'ai regardée de profil et j'ai eu l'étrange impression de partager ma rangée avec Frau Goebbels. Sacré Max !

26 octobre 2009

Heroes of mine : Randolph

Randolph Scott (1898-1987)

Mais surtout le Randolph Scott des environs de la soixantaine, de Seven Men from Now (1956) à son tout dernier film Ride the High Country (1962). Aucun autre acteur n'a réussi à faire passer, dans le genre du western, autant d'assurance et de fragilité mêlées. Aucun.

24 octobre 2009

Marlene (Maximilian Schell, 1983)


En septembre 1982, l'acteur-réalisateur autrichien Maximilian Schell (né en 1930) débarqua à Paris en vue de réaliser des entretiens filmés avec Marlene Dietrich (1901-1992) dans l'appartement de celle-ci au 12 avenue Montaigne. Marlene avait accepté l’idée de l’exercice, signé un contrat avec Schell et s’était préparée à affronter une nouvelle fois la caméra, sept ans après sa dernière (et ultime) apparition dans un film, Just a Gigolo (1975) de David Hemmings.

Maximilian Schell, qui était de langue natale allemande comme Marlene et qui l’avait autrefois croisée sur le plateau de Jugement à Nuremberg (1960) de Stanley Kramer, avait eu l’innocence de croire qu’il avait réussi à l’apprivoiser et n’imaginait pas que les interviews prévus allaient tourner au cauchemar avant même de commencer et le forcer à revoir entièrement son projet de documentaire sur la vie et la carrière de la star. Car Marlene Dietrich, alors âgée de 81 ans et recluse depuis déjà quelques années dans son appartement parisien où elle vivait entourée de sa secrétaire particulière Annie Albers et de son homme de main Bernard Hall, avait décidé brusquement, dans les derniers jours avant le début du tournage, qu’elle ne voulait plus être filmée et fit savoir par son avocat que les entretiens ne pourraient être enregistrés que sur magnétophone, et sur magnétophone seulement : aucune image ne serait autorisée.

Maximilian Schell et toute son équipe, une fois le premier choc passé de cette catastrophique annonce, durent se résigner à repenser la forme du documentaire envisagé. Ne souhaitant pas attaquer Marlene par respect pour la star, pour son âge et pour son état de santé fragile, Schell imagina de faire avec ce que Marlene acceptait de lui donner (où plutôt de lui vendre puisqu’elle fut évidemment rémunérée pour le projet) : plusieurs heures d’entretiens enregistrés au micro chez elle, en allemand et anglais. Il fallait donc trouver une idée d’accompagment du son par des images. Comme aucune image de Marlene ni de son appartement n’était plus envisageable, Schell décida d’utiliser les moyens traditionnels du film documentaire : images d’archives, extraits de films, photographies anciennes. Il eut l’idée d’ajouter des effets de mise en scène en reconstituant en studio des coins de l’appartement de Marlene, d'utiliser quelques sosies et poupées, de faire intervenir certaines personnes qui la connaissaient bien (notamment Annie et Bernard ci-dessus mentionnés), des techniciens travaillant sur le film comme les éclairagistes ou l’assistante-monteuse et surtout, de recourir à toutes les possibilités expressives du montage pour donner à son film le dynamisme nécessaire.

Pas commode, la vieille Marlene...

Le résultat, Marlene, sorti en salles en 1983, est l’un des documentaires les plus originaux qui soient et sans doute, le portrait le plus créatif et sincère d’une star hollywoodienne jamais réalisé. D’une durée de 91 minutes, Marlene dresse un portrait impressionniste de la vie et de la carrière de cette femme hors-normes aux dernières années de sa vie et est un témoignage psychologique extraordinaire sur sa personnalité complexe. Marlene est aussi, et c’est aussi ce qui en fait la splendide nature, la réflexion d’un réalisateur sur l’impossibilité de faire le film qu’il avait prévu de faire et un acte créatif issu d’une intense frustration. A la fois documentaire et réflexion sur la nature d’un documentaire, le film de Maximilian Schell fut justement nominé aux Oscars 1984 du Meilleur Documentaire (l’Oscar fut remporté par l’excellent mais plus conventionnel The Times of Harvey Milk de Rob Epstein).

Des quarante heures et quelques de conversations enregistrées sur les bandes magnéto lors des multiples rendez-vous chez Marlene Dietrich, Maximilian Schell isola les moments les plus significatifs, amusants, surprenants et vrais. Vrais car Marlene, en parfait comédienne qu’elle fut pendant la plus grande partie de sa vie, joua lors des entretiens le rôle de son personnage de star forte, impatiente et capricieuse qu’elle avait sans doute aussi dû être dans la réalité. C’est seulement à quelques moments du film que la carapace se brise et que Maria Magdalena Dietrich ressurgit, une vieille femme surprise elle-même par la magnitude de la carrière qu’elle avait faite sous le nom de Marlene Dietrich. De sa voix reconnaissable entre toutes, même si usée par l'âge, la cigarette et le whisky (son ami fidèle Louis Bozon dit dans son livre que la voix de Marlene dans le documentaire est alcoolisée), Marlene raconte à sa manière son enfance, sa carrière, ses prises de position politiques pendant la guerre, ses rencontres surtout professionnelles et un peu privées… en respectant toutefois la légende de son personnage, ce qui donne l’occasion de scènes très drôles.

Illustrant avec malice les propos de Marlene par des photos ou des images d’archives, Schell réussit à débusquer ses mensonges ou oublis volontaires : ainsi lorsqu’il lui demande si elle était fille unique, Marlene répond « Oui, bien sûr ! » du tac-au-tac alors qu’on nous montre une photo d’elle et de sa sœur aînée dans les années 1910. Dans une autre scène, Marlene affirme péremptoirement qu’elle est n’a jamais versé dans le kitsch tandis que passent des extraits de ses concerts londoniens de 1972 où elle est en scène dans son célèbre manteau en plumes de cygne sur fond de drapés roses. Ou encore ce moment où elle dit qu’elle est toujours « très calme » et qu’on voit la scène de la bagarre dans le saloon de Destry Rides Again ainsi que son agression verbale d’un spectateur dissipé lors d’un concert : « Qui est-ce-qui parle ? Vous allez la fermer ? ». Plein de petites touches amusantes et contrastées de ce genre parsèment le film.

Maximilian Schell

Maximilien Schell se permet de temps en temps des effets provocateurs qui déstabilisent Marlene, comme cet extrait de L’Impératrice Rouge qu’il lui présente pour qu’elle le commente. Seulement, il a intégré subrepticement dans la scène qu’il lui montre des morceaux d’autres films : Marlene hésite puis l’engueule comme poisson pourri en lui disant qu’on lui a donné une mauvaise copie du film et que lui et son équipe ne sont que des amateurs (il faut l'entendre dire avec sa voix rauque : "Amateurs ! Amateurs !"). Il y a aussi la scène où elle affirme que L’Ange Bleu était son tout premier film et qu’il lui montre des extraits de ses films muets pour la contredire et lui clouer le bec (elle s'en sort plutôt bien). On ne peut s’empêcher de penser que l’effet humoristique un peu potache de ce type de farce qui revient plusieurs fois au cours du film est la petite vengeance personnelle du réalisateur envers celle qui lui avait cassé son projet d’origine.

Marlene nous apprend de la bouche-même de l’actrice que son propre film préféré était The Devil is a Woman (La Femme et le Pantin) de von Sternberg - ça tombe bien, c'est aussi le mien -, qu’elle adorait Spencer Tracy et qu’il faut se signer quand on prononce le nom d’Orson Welles. Que les allemands étaient contents d’avoir un Fürher en 1933 parce que les allemands aiment recevoir des ordres, que tous les allemands étaient au courant de l’existence des camps de concentration et qu’elle aime les français pour leur courage pendant la guerre. Qu’Emil Jannings était un gros porc qui surjouait et que ces pauvres acteurs de la Méthode qui vont chercher on ne sait quoi au fond d’eux-même avant de commencer une scène se la racontent. Que la scène du rouge à lèvres sur le miroir du sabre dans Dishonored (Agent X27) est le comble du kitsch (les mots "kitsch" et "quatsch" - "ringard" - reviennent en leitmotiv dans les propos de Marlene). Et bien sûr, que le fait d’avoir été une star hollywoodienne ne lui fait ni chaud ni froid…

Marlene dans son film préféré avec elle-même : The Devil is a Woman (1935)

Au final, Marlene, au-delà du portrait passionné et fascinant d’une femme qui fut à la fois entière et contradictoire, reste le témoignage de la formidable bataille d’egos qui se joua lors des ces interviews audios de 1982 entre Marlene Dietrich et Maximilian Schell, deux personnalités impliquées chacune à leur façon dans un projet de documentaire qui devint quelque chose qui n’était pas du tout prévu au départ : un film d'auteur. On n’arrive pas trop à savoir qui avait la main dans cette affaire : Marlene ou Maximilian ? Sans doute les deux, et à proportions égales. Ce qui est certain, c'est que dans ce jeu du jeu et de la souris, ils se sont mutuellement rendus chèvre. La tension de certains de leurs échanges (on a parfois l’étrange impression d’entendre des disputes d’un vieux couple) donne au film sa spécificité dont le seul autre exemple qui me vienne à l’esprit est un autre documentaire sur le cinéma, Ennemis Intimes, sur Werner Herzog et Klaus Kinski. J’aime particulièrement un moment du film où Dietrich dit à Schell : « Mais pour qui vous prenez-vous ? J’ai dîné à la table de tous les plus grands de ce monde et jamais, mais jamais, personne n’a osé me traiter comme vous le faites ! ».

Impatiente, Marlene l’est pendant toute la durée du film. Se protégeant régulièrement derrière ce fameux contrat qui stipulait combien de temps Schell devait rester pour chaque entretien ou quelle langue ils pouvaient parler ensemble (allemand ou anglais), elle fait la vieille petite fille agacée en réponse à de nombreuses questions du réalisateur : « Qu’est-ce-que vous voulez que je vous réponde à çà ? Blabalablablablabla… c’est çà que vous voulez ? », « Amateur, retournez chez votre Mama Schell ! », « Allez ouste, tout le monde s’en va ! ». La punition de la star difficile, purement cinématographique bien entendu, vient dans l’avant-dernière séquence, quand un formidable montage de photos, d’extraits de films et de bandes d’actualités, de recréations avec des poupées, d’éclairs, de musiques dissonantes et de roulements de tambour sur "Where are all the flowers gone?" fait plonger le documentaire dans le vaudeville et le personnage de Marlene Dietrich en héroïne de comi-tragédie. C'est un morceau d’anthologie.

"Qui est-ce qui parle ? Vous allez la fermer ?"

Mais Maximilian, en fin de compte, nous montre qu’il aime Marlene, sincèrement et profondément, car dans la toute fin de son film, il réussit l’impossible. Après le déchaînement du montage de l’avant-dernière séquence, il impose à la bande-son un tonitruant retour au silence. On entend alors la voix du réalisateur qui lit (en allemand) un poème berlinois de la fin du XIXe siècle sur la vie qui passe, la mort qui vient, les choses qu’on ne s’est pas dites et les regrets qui sont souvent le lot des derniers jours. Marlene l’écoute attentivement. Elle connaît de toute évidence le poème par cœur et le récite à la suite de la lecture que Schell vient de lui faire. Et là, sa voix se brise d’émotion, les mots restent en suspens dans sa gorge et on entend sur la bande-son les sanglots de la vieille star. Sur l’image qui s’estompe d’un gros-plan de visage de Marlene Dietrich dans son dernier film, Just a Gigolo, Marlene, en pleurs, réussit à dire que c’était le poème préféré de sa mère, qu’il est sans doute un peu kitsch mais que c’est la plus belle chose qu’elle connaisse. Le visage et la voix s’évanouissent dans un fondu au noir. Marlene Dietrich s’est éteinte dans son appartement de l’avenue Montaigne en 1992, onze ans après avoir accordé au microphone de Maximilien Schell ce bouleversant témoignage de sa vulnérable humanité.

On peut aimer ou détester Marlene Dietrich (ou s’en foutre) mais je suis certain que le film-documentaire de Maximilian Schell, par son astuce et sa surprenante grammaire, ne peut que fasciner, comme moi, tout ceux que le cinéma intéresse. Marlene est un film qu'il faut redécouvrir.


Et tant que j’y suis, je voudrais aussi mentionner un autre documentaire de 90 minutes que Maximilien Schell a réalisé en 2002 sur le même principe que Marlene : celui consacré à sa propre sœur, l’actrice Maria Schell (1926-2006), qui s’éloignait alors dans les brumes d’Alzheimer. Meine Schwester Maria (My Sister Maria), un film évidemment plus personnel que Marlene pour Maximilien Schell, est une autre merveille de sensibilité et de tendresse et l’un des plus beaux hommages qu’on puisse rendre à une célèbre actrice de cinéma et à la véritable personne qui se cachait derrière elle. On ne peut oublier ces images de Maria Schell qui regarde des extraits de ses propres films en demandant à son frère quelle est cette actrice qui est à l'écran. C’est un autre film exceptionnel.

Marlene et My Sister Maria existent en DVD Z0 américains d’excellente facture avec des sous-titres anglais.

12 octobre 2009

Marilyn, adorable indécence


En tombant par hasard sur cette photo plutôt rare de Marilyn Monroe au balcon sur le tournage de Some Like it Hot (Billy Wilder, 1959), j'ai vite remarqué le détail inattendu des aréoles de l'actrice apparaissant discrètement à la lisière du motif de sa robe. Cette adorable indécence, c'est tout Marilyn.

3 octobre 2009

Krazy Karaoke : Les frites (Les Parisiennes, 1966)

Rien ne vaut une chanson à texte (mais qui reste gaie et rythmée) pour se mettre de bonne humeur le matin avant d'aller étudier, travailler, zoner ou collecter ses allocs.

Bonne chanson et bonne journée !

"Les frites" par Les Parisiennes
(C. Bolling, M. Rivgauche) 1964



Moi je les aime bien dorées et je les coupe tout en longueur
Et vous comment vous les coupez les frites ?
Moi j'ai promis de pas en parler parce que c'est une histoire de cœur
Mais vous savez que Paul a quitté Brigitte ?
Moi si vous voulez mon avis et vous savez je me trompe rarement
Elle se méfie de la Russie la Chine
Moi je l'aimais mieux quand il chantait oh ça ne fait pas tellement longtemps
Savez cette chanson qui s'appelait Carine

Les françaises y'en a pas
Les espagnoles, merci !
Je vais avoir une portugaise
Mais paraît que les yougoslaves !

Moi je serais vous je lui mettrais un suppositoire dans le fébrile
Et ça y est demain il n'aurait plus de fièvre
Moi je les fais de bas en haut, ça c'est un petit truc de Micheline
Et je les termine au pinceau, les lèvres
Moi je vous assure que c'est vrai nous sortons beaucoup moins qu'avant
Et surtout depuis qu'on a les deux chaînes
Moi d'ailleurs j'ai dit à Léo : je n'en boirai pas même en me forçant
Enfin réfléchissez, c'est l'eau de la Seine !

Vous leur coupez la queue
Mais c'est de l'Inquisition !
Mon Dieu les pauvres petites bêtes
Même pas un vétérinaire !

Moi je ne demande qu'à vous croire mais personne ne m'ôtera l'idée
Que ça ne sert à rien d'avoir la bombe
Moi je vous jure qu'ils sont faux ou elle se les est fait remonter
Et même je suis sûre qu'en maillot ça tombe !
Moi y'a longtemps que j'avais deviné, ce qu'elle voulait c'était le mariage
Elle s'y connaît pour faire marcher les hommes
Moi je l'ai vue presque toute nue et bien franchement elle fait son âge
Elle n'a beau ne boire que du jus de pomme !
C'est fou ce qu'elle vous va bien ne dites pas de bêtises
Vous faites une petite pince surtout avec du Vichy

Moi je les aime assez salées et vous comment vous les aimez ?
Tiens au fait voulez-vous me passer les frites ?

2 octobre 2009

Films vus par moi(s), octobre 2009


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Les deux visages du Dr Jekyll / The two faces of Dr Jekyll (Terence Fisher, 1960) ***
Cette variation sur une histoire classique étonne par son scénario inventif, ses somptueuses couleurs et la franchise de sa représentation de la violence et du sexe. Un sommet trop méconnu de la Hammer. DVD

Sex and the city
(Michael Patrick King, 2007) 0
La série HBO (1998-2004) était originale, sympa et touchante. Le film, qui prolonge les aventures des quatre copines, n'est qu'un prétexte à leur défilés de fringues. Inutile et vain, c'est une épreuve insupportable. DVD

South Park
(Trey Parker, 1999) ***
Les obsessions US, des gros mots à la guerre en passant par Saddam,
les homos, les obèses, Broadway, le diable et les juifs passent à la moulinette dans ce film d'animation au rythme d'enfer. Inénarrable. DVD

Taken
(Pierre Morel, 2008) **
Neeson (excellent) recherche à Paris sa fille enlevée par un gang de traite des blanches et dégomme tout ce qui bouge.
Ecrit par Besson, un film outrancier de violence et d'invraisemblances. Du fun sans complexe. DVD

Chéri
(Stephen Frears, 2009) **

Face aux épatantes Pfeiffer et Bates, l'acteur qui joue Chéri manque de charisme et de présence, dommageant beaucoup le film. Mais les images étincellent dans la reconstitution des années 1900, qui est fabuleuse. DVD

La merveilleuse vie de Jeanne d'Arc
(Marco de Gastyne, 1928) ***
Les inoubliables yeux clairs de la jeune Simone Génevois, la plus idéale Jeanne du cinéma, illuminent chaque scène de cette superproduction muette qui est restée injustement oubliée à cause du Dreyer. DVD

Drag me to Hell / Jusqu'en Enfer
(Sam Raimi, 2009) **
Après "Spider-Man", Raimi revient à ses premières amours avec ce petit film d'horreur classique truffé d'humour où une employée de banque se démène contre un sort qu'une cliente sorcière lui a jeté. Bien ficelé. DVD

A new kind of love
(Melville Shavelson, 1963) 0
Les acteurs (Newman, Woodward, Ritter...), les couleurs rutilantes, Paris et la haute-couture 1960 n'arrivent pas à sauver cette interminable variation sur "Funny Face". Si le début amuse, très vite la suite emmerde. DVD

When the wind blows
(Jimmy T. Murakami, 1986) ***
Une attaque nucléaire vécue par un couple de retraités à la campagne. Un tendre et bouleversant film d'animation britannique au ton qui s'assombrit au même rythme que le sort des deux adorables vieux époux. DVD

Marlene (Maximilian Schell, 1983) ***
A partir de son interview sonore de Dietrich âgée et du rapport conflictuel qui s'engagea entre eux, Schell réalise le
portrait de star le plus original, drôle et sensible qui soit. Un chef-d'œuvre du film documentaire. DVD

Ukigumo / Nuages flottants
(Mikio Naruse, 1955) **
Les paramètres sont réunis pour faire de ce (mélo)drame un modèle du genre mais la froideur avec laquelle Naruse traite l'histoire de cette jeune femme désespérément amoureuse m'a tenu un peu à distance. DVD

Grass
(Merian C. Cooper & Ernest B. Schoedsack, 1925) **
En 1924, les futurs auteurs de "King Kong" ont suivi la migration de 50.000 éleveurs Bakhtiari vers les hauts-plateaux iraniens et en ont rapporté des images spectaculaires, mélange d'aventures et de documentaire. DVD

Die Welle / La Vague
(Dennis Gansel, 2008) **
Inspirée d'un fait réel californien de 1967, l'histoire de cette expérience lycéenne sur la nature des régimes totalitaires est transférée de nos jours en Allemagne de façon un peu démonstrative. Mais donne à réfléchir. DVD

Le bal des actrices
(Maïwenn, 2009) **
Un film très original, drôle, impertinent et sans doute fort juste sur les actrices ou plutôt sur les "insecurities" des actrices. L'audace du ton et l'implication de l'ensemble des participant(e)s emportent l'adhésion. DVD

Les amitiés maléfiques
(Emmanuel Bourdieu, 2006) *
Un imposteur tête-à-claques vampirise intellectuellement ses camarades de fac de lettres avant d'être démasqué. Bourdieu doit bien connaître le microcosme qui sert de support à ce film tête-à-claques lui aussi. DVD

Good news
(Charles Walters, 1947) **
Un musical de Freed, festival de Technicolor (ah, ces pulls jacquards !) et d'airs entraînants portés par la jeunesse d'Allyson et de Lawford. Et on s'y amuse avec la langue française de façon vraiment sympathique. DVD

Universal soldier
(Roland Emmerich, 1992) *
Van Damme et Lundgren dirigés par Emmerich. Difficile à noter, un film comme ça. J'ai vu exactement ce à quoi je m'attendais : du bon bourrin bien con. Dans le genre, ça serait un **, mais ça serait abusé. DVD

From the terrace / Du haut de la terrasse
(Mark Robson, 1960) *
Newman délaisse son épouse dans sa course à la réussite sociale. Ce mélo archétypique de la dernière génération souffre de sa longueur (2h25), d'une fin cucul et d'un point de vue injuste sur Woodward. DVD

Devil's doorway / La porte du diable
(Anthony Mann, 1950) ***
Ce premier western pro-indien du cinéma, aux personnages inhabituels, un vétéran shoshone de la Guerre de Sécession (Taylor) et une jeune avocate, dut déranger en 1950. Un film désespéré,
à l'impact intact. DVD

The last of the Mohicans / Le dernier des Mohicans
(Maurice Tourneur, Clarence Brown, 1920) ***
Bénéficiant d'une photographie et de décors naturels splendides, cette adaptation muette du roman de Cooper est un chef-d'œuvre du film pictorialiste. L'extrême violence de la seconde partie étonne encore. DVD

Twilight (Catherine Hardwicke, 2008) 0
Si j'étais une collégienne de douze ans et demi secrètement amoureuse du bogosse solitaire de ma classe, j'aurais adoré. Las, cette bouillie filmique à lumière d'aquarium s'est révélé d'un ennui insurmontable. DVD