1 septembre 2010

Films vus par moi(s), septembre 2010


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Here we go round the mulberry bush / Trois petits tours et puis s'en vont (Clive Donner, 1967) **
Jamie, 17 ans, s'obsède à essayer de perdre sa virginité dans une ville nouvelle anglaise peuplée de filles peu farouches en mini-jupes. Typique du cinéma anglais pop des Sixties, ce petit film plein de fraîcheur et d'extravagance dans son fond et sa forme jouit d'un certain culte in England. Une time-capsule d'un temps d'insouciance. DVD

The docks of New York / Les damnés de l'océan (Joseph von Sternberg, 1928) ***
L'atmosphère nocturne reconstituée en studio et le style visuel sont les véritables héros du dernier film muet de von Sternberg. Bancroft et Compson, excellents dans les rôles des époux d'un jour, sont étonnants de retenue et la rare Baclanova est une présence fascinante. C'est un adjectif qui convient d'ailleurs à tout le film. DVD

Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois, 2010) ***
Contemplatif et tendu à la fois, ce magnifique hommage aux moines assassinés de Tibhirine parle du don de soi, de la foi et du fanatisme, de la folie des hommes et du silence des dieux. La perfection de la mise en scène et du jeu des acteurs nous happent dès le début pour culminer dans une scène cathartique au son du "Lac des cygnes". Ciné

Passion Callas (Gérard Caillat, 1997) **
En réunissant documents rares, extraits de performances et interviews d'époque et nouveaux, ce documentaire long-métrage tisse une tragi-comédie qui s'attache notamment à la personnalité de la diva et aux réactions passionnelles qu'elle provoquait. Leyla Gencer ("La diva turca"), conclut son témoignage par une remarque vraiment hilarante. DVD

I love you, Man (John Hamburg, 2009) ***
La comédie de potes américaine actuelle dans ce qu'elle a de plus sympathique : un scénario malin, des situations graveleuses, un casting formidable et, derrière tout cela, une réflexion juste et sensible sur la masculinité et les liens de l'amitié. En revoyant le film après quelques mois, je suis retombé sous son charme, fou. DVD

Under the tuscan sun / Sous le soleil de Toscane (Audrey Wells, 2003) **
Un écrivain américain récemment divorcée s'installe en Toscane sur un coup de tête où elle subit le choc culturel attendu et retrouve la joie de vivre auprès d'autochtones et d'expatriés. Si on joue le jeu des clichés, le film fonctionne parfaitement, porté par Lane et ses partenaires. Un feel-good movie dans la meilleure tradition du genre. DVD

Sieg im Westen / Victoire à l'Ouest (Svend Noldan & Fritz Bruntsch, 1941) **
Le premier et le plus célèbre long-métrage documentaire nazi de propagande militaire (sorti en Allemagne quelques mois après l'Armistice de 1940) montre l'avancée des troupes sur tous les fronts de l'Ouest jusqu'à la chute de Paris, "tombée comme un fruit mûr". Tendancieux et manipulateur évidemment, mais pas encore enragé. DVD

The messiah of evil / Dead people (William Huyck, 1973) **
Un étrange film fantastique à petit budget transcendé par son utilisation du Cinémascope, du Technicolor et par l'inventivité des décors. L'histoire, qui panache "Carnival of souls" à "Night of the living dead" (avec un peu d'Antonioni et de Godard) est celle d'une héroïne du nom d'Arletty. Un film d'art et d'horreur, en quelque sorte. DVD

The Devils / Les Diables (Ken Russell, 1971) ***
Malgré les coupes imposées par la censure, ce film monstre sur les Possédées de Loudun reste l'un des plus grands moments d'hystérie de l'histoire du cinéma. Quarante ans après sa sortie, il continue à stupéfier et à ravir par son audace et sa créativité. Reed et Redgrave se surpassent et les décors de Jarman sont à tomber. Génial. DVD

Religulous (Larry Charles, 2008) 0
L'insupportable stand-up comedian Maher interviewe à charge des représentants (et opposants) du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam un peu partout dans le monde pour nous montrer l'absurdité des croyances religieuses. Moqueur et condescendant avec ses victimes, il prêche pour ses propres convertis et se rengorge. DVD

Valhalla rising / Le guerrier silencieux (Nicolas Winding Refn, 2009) *
Je suis incapable de dire s'il y a une vraie vision ou une pose puante - ou les deux - dans ce délire danois sur un groupe de Vikings qui aborde l'Amérique. La lenteur soporifique (le sommeil menace sans cesse) est traversée d'éclairs d'extrême violence et de flashs colorés. Mais les paysages d'Ecosse sont d'une splendeur inouïe. DVD

Waitress (Adrienne Shelly, 2007) 0
Enceinte, une serveuse mal mariée apprend à aimer l'enfant qu'elle porte. La réalisation anodine et les acteurs médiocres m'ont fait décrocher de cette comédie douce-amère qui partait sans doute d'un bon sentiment. La réalisatrice, qui joue dans son film, s'est faite assassiner peu avant sa sortie : une ombre rejaillit sur l'ensemble. DVD

Reunion in France / Rendez-vous en France (Jules Dassin, 1942) **
Réalisé dans l'urgence au plus noir de la guerre, un film de propagande (panaché à un women's picture) à la gloire de la Résistance qui réserve des surprises dans le casting (Crawford, Wayne), le scénario absurde et le Paris de l'Occupation reconstitué à Hollywood. Un exemple intéressant de produit de studio engagé. DVD

Cameraman: The life and work of Jack Cardiff (Craig McCall, 2010) **
Jack Cardiff (1914-2009) fut l'un des plus talentueux directeurs photo du cinéma, notamment en Technicolor. "Black Narcissus", "The Red Shoes", "The Vikings", c'est lui. Ce documentaire lui laisse longuement la parole et nous présente un homme humble et passionné dont l'art et les astuces techniques continuent à émerveiller. DVD

Ride with the Devil / Chevauchée avec le Diable (Ang Lee, 1999) ***
J'ai revu quelques mois après sa première vision ce film méconnu sur la Guerre de Sécession (autour des guérillas civiles à la frontière Kansas-Missouri) qui fusionne des thématiques atypiques du genre dans une réalisation subtile alternant violence et intimisme. Il reste l'une de mes plus belles découvertes de ces dernières années. DVD

I love you Phillip Morris (John Requa & Glenn Ficarra, 2009) ***
Les obsessions de l'Amérique contemporaine passent à la moulinette de ce film qui entraîne le spectateur sur des chemins aussi tordus que son héros gay et imposteur, interprété par un Carrey en pleine forme. Comédie, drame et provocation tout à la fois, une oeuvre très singulière inspirée - le croirait-on ? - d'une histoire vraie. DVD

An affair to remember / Elle et lui (Leo McCarey, 1957) *
Malgré l'alchimie entre Kerr et Grant (aux jeux surprenants), le merveilleux passage chez la grand-mère et la subtile retenue de la réalisation, le film pâtit d'un écueil du scénario : l'absurde conduite du personnage de Kerr dans la seconde partie. Ca irait dans un mélodrame, ça coince dans ce récit intimiste et le ruine. DVD

Elvis (John Carpenter, 1979) **
Mis en chantier un an seulement après la mort du King, ce biopic de près de 3h s'attarde plus sur la vie privée d'Elvis, de son enfance à son comeback à Las Vegas en 1969, que sur sa musique. Russell est excellent (sans imiter son modèle) mais c'est surtout le sens du cadre et les choix chromatiques de Carpenter qui impressionnent. DVD

Seance on a wet afternoon / Le rideau de brume (Bryan Forbes, 1964) ***
Une médium déséquilibrée pousse son mari à enlever une petite fille pour pouvoir aider les parents de celle-ci à la retrouver. Plus qu'un thriller gothique, c'est un drame de la folie joué par deux acteurs au sommet : la trop rare Stanley et Attenborough. Une des perles (noires et inquiétantes) oubliées du cinéma britannique des Sixties. DVD

7 commentaires:

  1. Un film glaçant j'ai trouvé. D'une tristesse douloureuse, sans un rayon de soleil ou presque, ce qui n'empêche pas Stanley d'être éblouissante. Elle avait raconté à Kobal, assez peu aimablement, qu'elle avait accepté le rôle (d'abord prévu pour Signoret ou Deborah Kerr)parce qu'après un visionnage de La Chambre indiscrète(autre perle rare, plus tendre cependant, du temps) elle s'était dit qu'un réalisateur capable de réussir à faire jouer comme cela "ce poisson froid de Leslie Caron" était nécessairement un génie de la direction d'acteurs.

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  2. Oui, c'est vrai, il n'y a aucune place pour la moindre respiration de soulagement dans "Seance on a wet afternoon", qui m'a fait penser à "10 Rillington Place" de Fleischer, avec Attenborough aussi justement. Je ne connaissais pas l'anecdote du jugement de Stanley sur Caron (elle n'avait pas tout à fait tort d'ailleurs) : c'est entre autres ce genre d'opinion tranchée et définitive qui lui a fait rater sa carrière au cinéma où elle s'est aliénée pas mal de pros influents.

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  3. Je croyais Reunion in France très mauvais, je ne sais plus pourquoi ... (peut-être parce que la première critique que j'en ai lu était assez moqueuse).

    Mais en fouillant un peu je lis plusieurs critiques finalement aussi élogieuses que pour d'autres véhicules pour Crawford. Tu avais vu Above suspicion ? J'avais passé un bon moment même si Crawford en jeune mariée à la "Tupence" c'est curieux .... (et encore : elle détestait le film mais elle joue ça avec sa conviction et son sérieux habituel)

    Bref tout ça pour te demander au passage si le DVD comporte des sta ou des stf. On fera sans sinon, mais parfois j'aime la facilité !

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  4. Moi aussi je croyais Reunion in France mauvais compte-tenu des critiques et des propos de Joan elle-même. Mais j'ai été très agréablement surpris en le découvrant, surtout parce que c'est un témoignage passionnant de l'effort de guerre de Hollywood en 1942 et je n'ai pas vu beaucoup de films de l'époque qui traitent de la collaboration dans la France occupée et de la Résistance à Paris.

    Wayne a un rôle peu important mais Crawford est de toutes les scènes, en tenue de grande sophistication par Irene, même quand elle est sur les routes de l'Exode au milieu de la populace.

    Et malgré le scénario assez abracadabrant (mais n'aime-t-on pas ce genre de film pour cela justement ?), les dialogues sont très bons.

    Par exemple, dans une scène qui se passe dans une maison de couture (on est à Paris donc Crawford travaille chez un couturier of course), une grosse rombière allemande parvenue tente d'entrer dans une robe taille mannequin. Quelques instants plus tard, une vendeuse épuisée dit à sa patronne : "J'ai réussi à faire entrer la grosse dans sa robe : elle est devenue toute bleue". La patronne répond : "Ça ira bien avec le jaune du tissu". Le genre d'échange dont je ne me lasse pas.

    Bref, c'est un bon film et oui, le DVD a des sous-titres français.

    Non, je n'ai pas vu Above Suspicion mais ça viendra...

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  5. Vendu ! STF (collection John Wayne je crois, 4 livres sur amazon.uk): Crawford, Irene, le dialogue que tu cites et surtout une photo sublime en dentelles (dans The films of Joan Crawford)m'ont convaincu. C'est un amoureux de la dame qui te remercie.

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  6. Ken Russell est un cinéaste aujourd'hui injustement, même pas décrié, mais oublié! Et pourtant dans les années 70 il a réalisé quelques films parmi les plus ''forts'' de cette période. ''Les Diables'' bien sur, mais aussi ''Music Lovers'', (N° 1 et 2 ou 2 et 1, ça se discute!!) ''Women in Love'', ''Mahler'', ''Les jours et les nuits de China Blue''. Avec une caméra hallucinée (ce mot revient régulièrement dès qu'on parle de lui)il emporte ses comédiens au plus loin et au plus haut de ce qu'ils peuvent donner. Oublier ''Tommy'', ''Lisztomania'' ou ''The boy Friend'' n'enlève rien à l'importance de ce réalisateur unique et inclassable.

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  7. Ken Russell traverse c'est vrai un vrai purgatoire depuis déjà pas mal d'années, ses derniers films, des petits budgets assez mauvais qui n'étaient qu'un triste reflet de ses grands moments des années 70, n'ont sans doute rien fait pour le faire connaître à sa juste valeur des nouvelles générations. Mais le Lincoln Center lui a consacré un rétrospective cet été et cela amorce peut-être un mouvement de réhabilitation qui ne serait que mérité comme tu dis, pour ses stupéfiants chefs-d'oeuvre des années 70. Wait and see...

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