5 novembre 2010

Films vus par moi(s), novembre 2010


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Hunted / Rapt (Charles Chrichton, 1952) **
La belle photographie N&B héroïse le décor de l'Angleterre de l'après-guerre (ruines et logements poulaires londoniens, villes industrielles provinciales, campagne et côte écossaises) dans ce film désespéré mais jamais mièvre sur un meurtrier (Bogarde) accompagné d'un jeune enfant fugueur pourchassés à travers le pays. DVD

Fellini-Satyricon (Federico Fellini, 1969) ***
L'impact visuel de l'errance fellinienne est imparable : revoyant le film après plus de vingt ans, ses images, enfouies dans ma mémoire, ont ressurgi, intactes. Et la vision désabusée sur la chute prévisible de la Révolution Sexuelle des Sixties autant que celle de la Rome antique est plus fascinante aujourd'hui qu'hier. Une oeuvre sans pareille. DVD

A cry in the dark / Un cri dans la nuit (Fred Schepisi, 1988) *
Une adventiste est accusée d'avoir tué son bébé qui, selon elle, a été enlevé par un chien sauvage à Ayers Rock. Un fait-divers réel, un procès fleuve et une personnalité qui défrayèrent la chronique australienne dans les années 80 : le film raconte tout cela, comme dans un téléfilm. Streep, une fois de plus, porte tout sur ses épaules. DVD

L'ennemi naturel (Pierre Erwan Guillaume, 2004) *
En enquête près de Plouescat, un jeune lieutenant marié (Lespert) est attiré par le macho (Recoing) qu'il soupçonne du meurtre de son fils et perd les pédales de sa propre identité. Les maladresses des choix de réalisation (plans inutilement longs, inserts de fantasmes, artifices de la photo...) ruinent le sujet, pourtant original. C'est dommage. DVD

Toy story 3 (Lee Unkrich, 2010) **
Les jouets d'Andy reprennent du service et si la technique est brillante, le scénario malin et le rythme endiablé, le sentiment de redite m'a empêché d'être enthousiasmé comme j'aurais aimé. C'est juste cet effet de répétition qui m'a un peu gêné parce qu'évidemment, cela reste le haut du panier de l'animation contemporaine. Je sais. DVD

Breaking bad, Saison 1 (AMC, 2008) ***
Un prof de chimie cancéreux, sa femme enceinte et leur fils ado handicapé léger ne sont pas des héros communs pour une série TV. Le prof (Cranston, excellent) se lance dans le trafic de drogue pour payer sa chimio et assurer l'avenir de sa famille : à la fois tragique, comique et touchant, chaque scénario est une merveille d'écriture. DVD.

Rakkauden risti / The cross of love / La croix de l'amour (Teuvo Tulio, 1946) **
Une innocente fille de phare est emmenée à la ville par un beau-parleur qui la jette sur le trottoir une fois déflorée. Comme dans les autres films de Tulio, le mélo ne rend que son jus, écrasé par le style inimitable fait de gros plans, de bouts de ficelle, de sensualité débridée et de symbolisme à la truelle (la pécheresse crucifiée). DVD

The human centipede (Tom Six, 2009) ***
Fusion dérangée de comédie (un peu) et d'horreur (beaucoup), ce film hollandais qui raconte le calvaire de trois touristes enlevés par un chirurgien dément qui les coud par la bouche et l'anus pour en faire un mille-pattes humain réussit à repousser les limites de l'inconfort. Le style est clinique, l'acteur halluciné et le spectateur, lui, sonné. DVD

Northwest Passage / Le Grand Passage (King Vidor, 1940) **
L'imposante présence de Tracy, les paysages, les scènes de la traversée du marais et des rapides et le Technicolor donnent à cette odyssée de Rangers dans l'Amérique coloniale un air de livre d'aventures illustré. La longue séquence centrale de la destruction du village indien en fait, elle, un classique aux frontières du western. DVD

Mad Men, Saison 4 (AMC, 2010) ***
Toujours aussi excitante, ma série TV préférée s'ouvre cette saison à plus de péripéties tout en évoquant avec finesse l'évolution sociale, économique et culturelle du milieu des Sixties. Le casting est toujours aussi étincelant, comme la réalisation et si la clôture de l'épisode final est plus faible que les autres, peu importe. Mad Men est génial. Streaming

Levoton veri / Restless blood / Amour défendu (Teuvo Tulio, 1946) ***
Dans cet invraisemblable mélo finlandais, une bourgeoise aveugle retrouve la vue sans le dire à son mari qui la cocufie chez eux avec sa soeur. La mise en scène quasi post-moderne et le jeu outrancier de l'actrice Linnanheimo font du film une expérience saisissante. Le cinéma hystérique de Tulio atteint ici les sommets du camp. DVD

Life during wartime (Todd Solondz, 2009) **
Reprenant les personnages de son formidable "Happiness" (1998), mais avec des acteurs différents, Solondz dresse le portrait d'une famille aux prises avec ses fantômes. En une succession de conversations à la fois très dérangeantes et très drôles, il tisse une comédie sombre sur la souffrance des uns par les actes des autres. DVD

Splice (Vincenzo Natali, 2009) *
Un couple de chercheurs créé un hybride en fusionnant des ADN humains et animaux, pour leur malheur. Natali n'est pas Cronenberg : son idée de départ, intrigante, est ruinée par la stupide dernière demi-heure d'action obligée. Il y avait de quoi faire bien mieux mais la créature adulte, jouée par une actrice, vaut le coup d'oeil. DVD

Yoyo (Pierre Etaix, 1965) **
L'esprit absurde et poétique du cirque traverse ce joli film d'un somptueux noir et blanc où Etaix joue un père et son fils qui font la navette entre le château et la roulotte. Les gags se succèdent par petites touches, légers comme des bulles de savon. Seul le thème musical, suremployé, est assez énervant mais c'est peu de chose. DVD

The loss of a teardrop diamond (Jodie Markell, 2008) *
Sur un (faible) scénario inédit de Tennessee Williams, un mélo sudiste anachronique avec une héritière névrosée éperdue d'un bogosse sur fond de bal des débutantes. La réalisatrice s'est crue investie d'une mission de résurrection et a accouché d'un festival de camp involontaire : outrance, surjouage et accents hilarants à gogo. DVD

Black death (Christopher Smith, 2010) *
L'Angleterre en 1348 : des soldats chrétiens rejoignent un village épargné par la peste pour comprendre pourquoi. Un film dans l'esprit Hammer mais saigné de sa poésie, de son humour british et de ses pépées. Mais avec du gore en plus et Van Houten qui semble sortie d'un autre film. Un sujet intéressant mais un traitement décevant. DVD

Wise blood / Le Malin (John Huston, 1979) **
Dourif est ébouriffant dans le rôle d'un petit prédicateur paumé mais le film, qui oscille entre farce et pamphlet, se perd dans un propos assez confus qui tient le spectateur à distance malgré la galerie d'excentriques et d'excentricités. Très littéraire et d'une ambiance en demi-teinte, c'est l'un des films les plus énigmatiques de Huston. DVD

Frightmare (Pete Walker, 1974) **
Une superbe photo et la présence d'une fascinante actrice (Keith) dans le rôle de la vieille psychopathe (tueuse et cannibale) sont deux atouts majeurs de ce thriller d'horreur qui s'engage contre les dérives de la psychiatrie libérale. C'est gore, sans excès, et sacrément efficace. Un film rare, culte depuis longtemps en Angleterre. DVD

Zombieland / Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009) **
On rit de bon coeur avec cette comédie horrifique, road-movie sans queue ni tête dans une Amérique livrée à des zombies véloces. Le scénario n'a aucune importance : seul l'amusement potache compte, porté par des acteurs tous excellents, un rythme effréné et l'un des meilleurs caméos du cinéma récent. Vraiment sympathique. DVD

The New World / Le Nouveau Monde (Terrence Malick, 2005) *
Le sujet, la reconstitution historique, le casting, la photo, le supplément d'âme : tout aurait dû faire de ce film un chef-d'oeuvre. Mais Malick a fait la bêtise de faire faire la gueule à ses personnages du début à la fin et d'exprimer leurs tergiversations existentielles par d'insupportables voix-off chuchotantes. Le film ne s'en remet pas. DVD

6 commentaires:

  1. Délicieux Pierre Etaix qui a eu bien des malheurs avec ses films dont il a enfin pu récupérer les droits. Connais tu Pierre Etaix dessinateur et son livre ''Stars Système'' extraordinaire exercice de style sur les stars hollywoodiennes. Les outils: une feuille de papier quadrillé petits carreaux et un crayon. La règle: ne s'autoriser que les horizontales, les verticales, les diagonales et les points à l'intersection de deux lignes. Bluffant. Une grande déclaration d'amour au cinéma.

    RépondreSupprimer
  2. Je ne connaissais pas le livre dont tu parles mais le petit livre qui figure dans le coffret DVD de l'intégrale Etaix montre quelques exemples de ces dessins : Marilyn, Chaplin, Les Marx Brothers, King Kong... C'est vrai que c'est splendide de créativité, de simplicité et d'amour du cinéma.

    RépondreSupprimer
  3. je me suis amusé à en reproduire pas mal sur ordi! j'en ai fait un post le 3 février 2010! si ça t'amuse!!
    Dans une autre vie je bossais à Paris au 11 avenue Hoche donc juste à côté du 13 où C. Lelouch a sa boite de production ''les films 13''; Il avait installé une petite ''cantine'' au sous-sol où j'allais déjeuner parfois quand je voulais bluffer un client ou faire plaisir à ma mère. les originaux de ces dessins tapissaient l'escalier qui descendait au resto et à sa salle de projection. Souvenirs souvenirs!!

    RépondreSupprimer
  4. Je suis allé sur ton blog voir tes repros : c'est formidable ! Et merci pour le témoignage direct sur la cantine des Films 13.

    RépondreSupprimer
  5. salut Tom,
    Quel dommage que tu sois (un peu) passé à côté de Toy story 3!
    C'est selon moi la plus belle clôture que l'on puisse imaginer pour une trilogie parce qu'il reprend des éléments qui ont fait le succès des opus précédents, flatte les souvenirs du spectateur tout en enrichissant l'oeuvre de considération inédites sur la mort, la fin de l'enfance et rend donc absolument inenvisageable un quatrième volet.
    As tu vu quelque chose de plus fort cette année (ou même cette décennie) au cinéma que la séquence de l'incinérateur? Moi non.

    D'accord avec toi sur Le nouveau monde. En même temps, c'est un film de Malick donc ses défauts ne sont pas surprenants.

    RépondreSupprimer
  6. Salut Christophe. Oui, Toy Story 3 boucle la boucle exactement comme il fallait, je suis d'accord. Et la séquence de l'incinérateur est est très belle mais je suis resté en dehors de l'émotion (à ma surprise car le thème du film est l'un de ceux qui me touche le plus d'habitude). Peut-être que je n'étais pas dans l'état d'esprit qua nd je l'ai vu, je ne sais pas mais il a manqué quelque chose.

    RépondreSupprimer