2 janvier 2011

Fims vus par moi(s) : janvier 2011


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Mammuth (Benoît Delépine & Gustave Kervern, 2010) **
Drôle sans férocité et imaginatif sans esbrouffe, ce road-movie à moto qui respecte les lois du genre en égrénant une série de scènes (dont chacune s'arrête juste quand il le faut) au fil de la route m'a contamment surpris et m'a fait retrouver le Depardieu que j'aime. Un conte plein de sensibilité sur la vie qui file et le passé qui colle. DVD

Forbidden / Amour défendu (Frank Capra, 1932) ***
Les limites de l'abnégation et du sacrifice sont repoussées dans ce mélodrame du genre "épouse et maîtresse" aux convolutions absurdes et qui brille par le jeu remarquable de Stanwyck et de Menjou et de la réalisation sobre et inspirée de Capra. Le grimage des personnages vieillis vaut, lui, son pesant de farine. TCM US

Piranha (Alexandre Aja, 2010) *
Le scénario totalement bâclé m'a plombé le fun qu'un film comme celui-là est censé procurer. Pourtant, les scènes héritées de feu "The grind" de MTV, les fesses et seins à gogo et le gore des attaques des bestioles sont plutôt sympathiques. Bref, ça se regarde sans ennui (même avec le sourire) mais le charme de l'original de 1977 est perdu. DVD

Train d'enfer (Roger Hanin, 1985) 0
Un révoltant fait-divers de 1983 (un algérien défenestré par trois types dans un train) a inspiré à Hanin ce brûlot ridiculement démonstratif sur la plaie raciste. La réalisation et le scénario sont dignes d'un téléfilm d'époque, la violence de la première scène en plus. On est loin de l'excellent "Dupont Lajoie". Mais pour revoir Christine Pascal... DVD

Fantômas (Louis Feuillade, 1913-1914) ***
Un siècle n'a pas tempéré l'enthousiasme de découvrir ce formidable sérial en 5 films qui triompha à sa sortie et a ravi depuis tous les amoureux du cinéma et du mystère. Les ruses et déguisements de Fantômas, géniale figure du crime gratuit, étonnent et amusent et Feuillade invente là quelque chose d'insaisissable et d'intemporel. DVD

Le fil (Mehdi Ben Attia, 2009) *
Cardinale est mauvaise comme tout dans le rôle d'une bourgeoise qui n'accepte pas l'homosexualité de son fils trentenaire (qui sort avec son beau jardinier) avant de se raviser dans un happy-end comme on n'en fait plus. L'originalité de ce film bien maladroit est qu'il se passe en Tunisie et que tout le monde, à part la mère, soit si tolérant. DVD

The flesh and the fiends / L'impasse aux violences (John Gilling, 1960) ***
La sordide affaire des résurrectionnistes d'Edimbourg (1827) est adaptée à l'écran avec de très beaux décors de studio, d'audacieuses scènes de violence et de nudité (pour l'époque et dans la version intégrale) et un ton général étonnamment sombre. Si Pleasance et Rose forcent un peu leur jeu, Cushing est excellent en Dr Knox. DVD

Carnivale / La caravane de l'étrange (HBO, 2003-2005) 0
Cette série qui se passe dans un étrange cirque ambulant du Midwest pendant la Grande Dépression ne manquait pas d'ambition, d'originalité et de moyens. Mais à force de privilégier l'atmosphère sur l'histoire, exsangue, on endort son spectateur. J'ai lâché à la fin du deuxième épisode et Carnivale n'a pas survécu à sa seconde saison. DVD

Tsar (Pavel Lounguine, 2009) ***
Le métropolite Philippe voit avec effroi son ami d'enfance Ivan le Terrible sombrer dans la folie mystique et meurtrière, entouré par ses sbires sanguinaires. Cette splendide fresque historique, pleine de bruit et de fureur (mais qui conserve un caractère intimiste), tend un implacable miroir à la face des pouvoirs russes d'hier et d'aujourd'hui. DVD

The countess / La comtesse (Julie Delpy, 2009) **
Le point de vue confus sur l'héroïne (Bathory semble être à la fois une égérie féministe, une amoureuse romantique et une psychopathe) donne à ce projet casse-gueule une intéressante étrangeté. Delpy - reptilienne dans le rôle - y surmonte les difficultés du film intimiste en costumes et la belle photographie masque les limitations du budget. DVD

Cochon qui s'en dédit (Jean-Louis Le Tacon, 1979) **
En 37 minutes et en Super 8, le réalisateur montre l'horreur d'une petite porcherie bretonne et du piège économique et personnel dans lequel son jeune propriétaire s'est embourbé. Un documentaire qui ne nous épargne rien et qui est aussi un pamphlet sur le capitalisme cannibale. A gauche toute, évidemment, mais toujours actuel. DVD

Gainsbourg (vie héroïque) (Joann Sfar, 2010) **
Ou plutôt "quelques scènes de la vie de Lucien Ginsburg" réimaginées par le dessinateur de BD-réalisateur. C'est très original, décousu et onirique (mais un poil trop long) tout en étant tenu par la performance d'Elmosnino, stupéfiant de resssemblance. J'ai beaucoup aimé voir passer les ersatzs de Fréhel, Gréco, Gall, Bardot, Birkin et Bambou. DVD

The party's over (Guy Hamilton, 1963-1965) ***
Avant "Goldfinger", Hamilton réalisa ce film très pessimiste qui subit les foudres de la censure britannique. Une jeune américaine, adoptée par des Beatniks londoniens, est recherchée par son boyfriend et son père quand elle disparaît. Reed (odieux et craquant) commande le petit groupe de nihilistes qui erre entre fêtes, accidents et suicides. DVD

The wind cannot read / Le vent ne sait pas lire (Ralph Thomas, 1958) *
L'amphigourique absurdité du titre n'est pas honorée dans cette "Love story" avant la lettre qui se passe aux Indes en 1943 entre un officier anglais (Bogarde) et une japonaise qui cache son cancer. Ils se promènent à dos d'éléphant, visitent le Taj-Mahal, sont séparés par les devoirs de la guerre et on s'ennuie poliment en attendant la fin. DVD

Elf / Elfe (Jon Favreau, 2003) 0
Je n'ai pas tenu plus de 30 minutes devant cet interminable numéro de Ferrell déguisé en elfe du Père-Noël à la poursuite de son père biologique dans Manhattan. J'aime assez les Christmas stories, ce genre si américain, mais les gesticulations et grimaces étonnées d'un géant vert, même sous la neige, ne sont plus de mon âge. DVD

Mohawk / L'attaque du Fort Douglas (Kurt Neumann, 1956) **
Un petit western colonial, fauché et abusant de stock-shots de "Sur la piste des Mohawks" de Ford, mais sympathique et kitsch en diable, avec trois pépées (une blonde, une brune, une rousse) se disputant les faveurs d'un artiste-peintre ami des indiens. Le Technicolor est splendide : on regarde le film comme un récit d'aventures illustré. DVD

The last command / Crépuscule de gloire (Joseph von Sternberg, 1928) ***
Jannings remporta à juste titre le premier Oscar du meilleur acteur pour son interprétation du chef de l'armée impériale russe déchu et devenu figurant à Hollywood. Un Sternberg muet qui panache, dans son style inimitable, action, mélodrame et document sur l'industrie du film des Twenties tout en faisant monter une réelle émotion. DVD

The pleasure garden (James Broughton, 1953) **
Récemment resurgi de l'oubli, ce joli petit film de 36 minutes est une ode à la liberté artistique, amoureuse et sensuelle tourné dans le parc abandonné du Crystal Palace de Londres. Des couples divers s'y forment sous l'oeil d'un sévère censeur et la protection d'une bonne fée. Il a eu le Prix de Fantaisie Poétique à Cannes en 1954. DVD

Voici venu le temps (Alain Giraudie, 2004) *
Un conte rural qui navigue entre le western, l'épopée médiévale et le pamphlet social et qui ne ressemble vraiment à rien d'autre avec ses noms et mots bizarres, son temps indéfini, son histoire obscure et son personnage principal rustiquement homo. Si le ton et le style sont très originaux, un certain effet de répétition s'installe sur la durée. DVD

Don't talk to strange men (Pat Jackson, 1962) **
Un petit thriller - 64 minutes - de série B britannique bien ficelé sur une adolescente qui tombe amoureuse d'un inconnu à l'appel duquel elle a répondu dans une cabine téléphonique. Le type, un maniaque, lui propose une rencontre. Le film (du genre "warning movies") est efficace et reste étonnament d'actualité à l'heure d'internet. DVD

L'homme du large (Marcel L'Herbier, 1920) **
Un fils indigne fait le malheur de sa famille avant de revenir au bercail. Tourné dans une Bretagne idéale, ce drame muet de bord de mer qui flirte avec la religiosité est porté par le jeu de Catelain et de Karl, la créativité de l'utilisation des intertitres, la beauté des compositions et le ressac. La restauration Gaumont de 2001, teintée, est magnifique. DVD

Comrades / Camarades (Bill Douglas, 1986) ***
Longtemps invisible, ce film-fleuve du trop rare Douglas sur l'histoire collective et individuelle des "Tolpuddle Martyrs", six syndicalistes d'un village anglais condamnés en 1834 au bagne australien, est à la fois épique et intimiste, politique et poétique. C'est aussi un manifeste de la magie du cinéma. Un des grands films oubliés des Eighties. DVD

Les grandes familles (Denys de La Patellière, 1958) ***
Le casting de rêve (Gabin, Desailly, Brasseur, Blier...) et l'excellence du scénario, tiré du roman de Druon, font de ce film exemplaire de la "qualité française" un solide spectacle qui fit un triomphe en son temps. La grande bourgeoisie en prend pour son grade et le spectateur en redemande. La première scène est anthologique. DVD

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