8 août 2011

Heroes of mine : Brad


Brad Davis (1949-1991)

Tout le monde se souvient de lui dans "Midnight Express" (Alan Parker, 1978), le film qui lança sa carrière, d'autres se le rappellent aussi dans "Querelle" (R.W. Fassbinder, 1982), celui qui la ruina. Ces deux films, le premier grand public, l'autre d'art et d'essai, sont les points forts d'un parcours cahotique et coupé court à 41 ans.

Sa vie ne fut pas de toute tranquilité, entre la violence de ses parents pendant son enfance en Floride, son addiction à l'alcool et à la drogue, ses innombrables nuits blanches sur les trottoirs et dans les boîtes de Manhattan des Seventies, sa bisexualité hésitante et l'épreuve de devoir cacher son Sida aux studios pour lesquels il travaillait dans les dernières années. Sa veuve Susan a raconté tout cela dans son livre "After midnight : the life and death of Brad Davis" (1997), une éprouvante descente dans l'Underground américain des années 70 et 80.


Aujourd'hui, vingt ans plus tard, il reste de Brad Davis ses quelques films - dont le meilleur est le téléfilm "Sybil" (Daniel Petrie, 1976) avec Sally Field où il joue un jeune homme qui se prend d'amitié pour une femme atteinte de trouble de la personnalité multiple - qui ne lui assureront pas l'immortalité cinématographique (encore que "Midnight Express", malgré ses défauts, ait des chances de rester dans les mémoires encore un bon bout de temps), et un fidèle cercle de fans qui ont une tendresse durable pour les personnages qu'il a incarnés et, à travers ces personnages, pour un type vraiment sexy et troublant. Un acteur à la présence toujours magnétique, sans doute dûe à sa façon étonnament féline de bouger à l'écran et à son visage d'éternel adolescent aux yeux tristes.


J'ai commencé ma collection de vieux magazines "Interview" (enfin, faut pas exagérer, je n'en ai que trois : celui avec lui en couverture, un autre avec Sissy Spacek et le troisième avec Sylvester Stallone) par le numéro d'octobre 1979 où il est en cover avec son portrait revu par le talentueux Richard Bernstein. Brad et Sissy sont depuis années encadrés dans leurs "Interview" côte à côte sur les murs de mon salon. Ils sont nés tous les deux la même année et si Brad Davis n'est plus qu'on lointain fantôme, Sissy Spacek, elle, continue à me réjouir par ses régulières apparitions sur un écran de ciné ou de télé.



Brad Davis dans l'article du magazine Interview, octobre 1979

1 août 2011

Films vus par moi(s) : août 2011


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Captain America: The First Avenger (Joe Johnston, 2011) *
J'aurais aimé le film s'il s'était arrêté quand Steve Rogers devient Captain America : la première partie avec son gringalet et son look Forties est très chouette. Le reste m'a ennuyé (sauf la séquence musicale) car faire un serial de 1941 en 2011 nécessite recul et humour. Ici, tout est trop sage et respectueux. Et franchement barbant. Ciné plein-air

Case départ (Fabrice Eboué, Thomas Ngijol & Lionel Steketee, 2011) 0
Deux demi-frères (un noir, un métis) d'aujourd'hui sont propulsés par un sort dans une plantation antillaise à esclaves en 1780. L'histoire avait du potentiel mais cette comédie est d'une bêtise et d'une vulgarité insondables. Qu'ils se soient mis à trois pour pondre une telle nullité ne laisse aucun espoir sur leurs talents individuels. Ciné plein-air

The fruit machine (Philip Saville, 1988) **
Malgré une fin vraiment décevante, ce téléfilm anglais sur deux ados gays (l'un gigolo, l'autre cinéphile) qui fuient à Brighton pour échapper à un tueur est très sympathique avec son look Eighties, sa bande son Stock-Aitken-Waterman, le charme de ses deux interprètes et le profil des personnages qu'ils croisent. Un petit film drôle et touchant. DVD Z2 UK

Falling down / Chute libre (Joel Schumacher, 1992) **
Un type anonyme pète les plombs face aux emmerdements quotidiens de la vie urbaine à Los Angeles et se lance dans un périple de violence rageuse et désabusée. Le scénario évite le piège du film réactionnaire en nous rappelant par petites touches que ça pourrait arriver à n'importe qui. Douglas est excellent dans un rôle difficile. DVD Z2 UK

The four feathers / Les quatre plumes blanches (Zoltan Korda, 1939) **
Si l'exaltation de la fierté, du courage et de la noblesse britanniques semble bien désuète plus de 70 ans après la sortie du film et si la représentation des rebelles soudanais est d'un racisme impérial, cet archétype du film d'aventures coloniales en Technicolor, tourné en grande partie au Soudan, reste un bon témoignage de son époque. DVD Z2 UK

Breaking bad, Season 3 (Vince Gilligan, 2010) ***
Les confrontations à deux ou plusieurs personnages se multiplient dans cette 3e saison qui privilégie la tension psychologique sur l'action. Celle-ci fait néanmoins irruption dans quelques scènes d'une efficacité implacable. Une série brillante qui continue à prouver qu'elle est le mètre-étalon actuel de l'écriture scénaristique TV. DVD Z1

Srpski film / A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010) 0
L'alibi de la métaphore sur "le viol de la Serbie au cours des vingt dernières années" est peut-être valide, mais j'ai surtout vu un torture-porn putassier qui enfonçe les tabous, du viol de bébé au viol de cadavre avec tout le reste entre les deux. C'est bien réalisé mais moralement indéfendable malgré ce qu'en dit le réalisateur. DVD Z2 UK (version censurée de 4 minutes)

Never let me go / Auprès de moi toujours (Mark Romanek, 2010) ***
Une histoire vraiment originale (dans le genre rare de la "retro-science-fiction"), dont il vaut mieux ne rien savoir avant de voir le film, ouvre sur une intelligente fable sur le temps de la vie. Mulligan, Garfield et Knightley sont bouleversants et la discrétion de la réalisation est parfaitement adaptée à ce sujet littéraire d'une terrible tristesse. DVD Z2 Fr

Io sono l'amore / Amore (Luca Guadagnino, 2009) **
Swinton est magnétique comme toujours dans ce film sur une femme de la haute-bourgeoisie milanaise étrangère en sa propre famille et qui s'éveille au désir pour un ami de son fils. Cette intrigue assez simple est rehaussée par une mise en images très recherchée dont l'artificialité peut rebuter. Mais la séquence finale est formidable. DVD Z2 Fr

Melancholia (Lars von Trier, 2011) ***
Les multiples interprétations possibles, l'étonnant décalage entre l'acte I et II, l'interprétation de Dunst (et surtout de Gainsbourg), l'inventivité visuelle de certaines compositions et la force émotionnelle qui monte jusqu'à l'inoubliable scène finale : tout cela fait de ce film Symboliste (au sens du mouvement artistique du XIXe s.) un nouveau sommet pour von Trier. Le cinéma mérite des films comme celui-là. Ciné

Rise of the Planet of the Apes / La Planète des Singes : Les origines (Rupert Wyatt, 2011) ***
L'intelligence du scénario qui va de l'intime au spectaculaire, la qualité de la réalisation et les CGI qui atteignent ici un nouveau palier d'excellence font de ce prequel un exemple de blockbuster réussi. Quelques facilités (le méchant gardien, la fille potiche) sont regrettables mais s'effacent derrière l'admirable tenue de l'ensemble. Ciné

Dark days (Marc Singer, 2000) *
Le réalisateur a passé deux ans avec une dizaine de SDF qui vivaient à Manhattan dans l'obscurité des tunnels sous Penn Station. Son film montre comment ils avaient réussi à reconstruire un semblant de société dans cet environnement effroyable. Mais le fait que ceux-là s'en soient sortis affaiblit quelque peu le propos. Et les autres ? DVD Z2 UK

Robin Hood / Robin des Bois (Ridley Scott, 2010) 0
La photo est belle. C'est la seule chose à tirer de ce monument d'ennui qui raconte, avec ses choix ratés de scénario et de réalisation ce qui n'intéresse personne : Robin des Bois d'avant le maquis. Scott s'y cite lui-même avec le plus grand sérieux, comme dans la scène du débarquement en CGI, qui atteint un sommet de ridicule. DVD Z2 Fr

The man in the Moon / Un été en Louisiane (Robert Mulligan, 1991) **
L'une de ces chroniques adolescentes douces-amères dont Mulligan a fait son lit : dans la Louisiane de 1957, deux soeurs tombent sous le charme d'un voisin quand la tragédie frappe. L'atmosphère d'été dans la campagne est un régal, les émotions sincères et Whiterspoon (dans son premier rôle) une révélation. Un film beau et poignant. DVD Z2 UK

Crack in the World / Quand la Terre s'entrouvrira (Andrew Marton, 1965) *
Un savant fait exploser une bombe H dans un forage pour essayer de remonter du plasma comme nouvelle énergie. Des fissures en chaîne s'ensuivent qui menacent de détruire la planète. Entre aventures et "science scare", ce film-catastrophe est typique de son époque mais manque d'ampleur pour être un classique du genre. Warner Archive DVD

Orphan / Esther (Jaume Collet-Serra, 2009) ***
Dans la classe des thrillers sur les enfants maléfiques, celui-ci tient le haut du pavé parce qu'il ose une subversivité dans laquelle aucun des autres ne s'était encore engagé, que la réalisation est très efficace, que les acteurs, adultes et surtout enfants, sont excellents et que l'histoire outrancière réserve un twist à ma connaissance inédit. DVD Z2 UK

Ceux qui restent (Anne Le Ny, 2007) *
Le type de film français dont le cinéma français a le secret, sur la rencontre dans les couloirs d'un hopital de deux personnages (Devos et Lindon) dont les conjoints se meurent d'un cancer. Les deux acteurs sont très bons et le quotidien aussi vrai qu'il peut l'être mais on a l'impression d'avoir déjà vu cela ou dans son genre bien des fois. DVD Z2 Fr

The Duchess / La Duchesse (Saul Dibb, 2008) *
Knightley incarne splendidement Georgiana, la Duchesse de Devonshire (1757-1806) dans ce film en costumes qui exploite au maximum les nombreux parallèles avec sa descendante Lady Diana Spencer. Dommage que la réalisation soit si plate et que l'émotion soit tenue à distance au profit d'une narration bien trop appliquée. DVD Z2 UK

On borrowed time / L'étrange sursis (Harold S. Bucquet, 1939) **
Pour gagner du temps et régler l'avenir de son petit-fils orphelin dont il s'occupe, un vieil homme (Lionel Barrymore) piège dans un arbre La Mort alias Mr Brink (Hardwicke), venue le chercher. Si le film rappelle trop son origine théâtrale, sa morbidité est très étonnante pour Hollywood. La fin ne peut que faire monter les larmes aux yeux. Warner Archive DVD

The Eagle / L'Aigle de la Neuvième Légion (Kevin Macdonald, 2011) **
L'ambiguité de la relation entre les deux jeunes hommes (un militaire romain et un esclave picte) bravant les tribus d'Ecosse en l'an 140 permet une intéressante lecture queer de cet epic intimiste. De plus, les paysages sont splendides, Tatum et Bell (lui surtout) convaincants et c'est si bon de voir un film historique sans presque aucun CGI ! DVD Z2 UK

Yves Saint Laurent-Pierre Bergé : l'amour fou (Pierre Thoretton, 2011) 0
Un documentaire poussif et confus qui ne traite pas franchement le sujet annoncé dans son titre mais qui s'attarde plutôt sur la dispersion de la collection Saint Laurent-Bergé au Grand-Palais en 2009. Bergé dit des choses intimes et pertinentes et certaines archives sont rares mais tout cela est bien mal servi par une réalisation incompétente. DVD Z2 FR