15 octobre 2011

Heroes of mine : Gordon

Gordon Scott (1926-2007)

Dans la classe des surhommes de salles obscures, Gordon Scott n'avait pas pour lui la primeur mythique de Johnny Weissmuller ni le port altier de Steve Reeves mais il avait le privilège de garder sous les projecteurs une simplicité virile désarmante qui lui donnait l'air d'être comme un mécanicien ou un chauffeur de bus qui se serait trompé de porte et serait entré par hasard sur le plateau (en fait, il avait été remarqué par un agent de Hollywood quand il était maître-nageur à Vegas).


C'est en cela qu'il est mon Tarzan préféré. Contemporain, éduqué, cool et naturel comme aucun autre dans les cinq films qu'il a tournés pour Hollywood entre 1955 et 1960 (dont l'un des meilleurs : "Tarzan's greatest adventure" / "La plus grande aventure de Tarzan" de John Guillermin, 1959) qui actualisaient le héros de Burroughs sur fond de vrais paysages africains et en couleurs.


Ce n'est pas tant son jeu nuancé (car Gordon Scott fut sans doute l'acteur qui joua le mieux Tarzan) que sa présence réelle et sympathique qui lui assurèrent ensuite, comme tant d'autres bodybuilders de l'époque, une carrière décente à Cinecittà, dans des péplums - dont l'inoubliable "Romolo e Remo" / "Le duels des Titans" de Sergio Corbucci, 1962 avec (quelle paire !) Steve Reeves - et des westerns de série B.

Gordon Scott et Steve Reeves sur le plateau du "Duel des Titans"

Marié trois fois (dont une avec Vera Miles), il aurait eu cinq enfants - d'aucuns disent un seul, une fille - et sans doute quelques autres naturels ici et là. Puis en 1968, la quarantaine arrivée, il coupa les ponts avec sa tribu, laissa tomber le pagne et la toge et gagna modestement sa vie comme escort pour dames seules tout en faisant de régulières apparitions dans des conventions Tarzan ou Sword & Sandal. Gordon Scott a passé les trente dernières années de sa vie à droite et à gauche (surtout du côté de Baltimore), sans un rond ni domicile fixe mais s'installant pour quelques semaines ou quelques années chez des fans masculins qui lui offraient l'hospitalité, le gîte et le couvert, en échange de son sourire et de la réalisation inespérée d'un fantasme : avoir sous son toit et pour soi Tarzan, Goliath et Hercule en un seul homme.

5 commentaires:

  1. Merci pour cet hommage à une grande figure du "cinéma de quartier"... On se plaît à rêver à la rencontre improbable, à Baltimore, de Gordon Scott et de John Waters... J'ignorais qu'il avait connu une fin de vie aussi humble et singulière...

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  2. Oui, j'ai songé aussi à l'entrée de Scott dans l'écurie Waters et de ce que cela aurait pu produire...

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  3. je savais qu'il avait été marié à Vera Miles et Alfred Hitchcock était furieux car elle est tombée enceinte de lui ce qui l'a empêchée de faire "Vertigo"... Il a l'air bien sympathique en tous cas !

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  4. Tom P... :) je me suis permis d'utiliser une de vos images de Gordon pour mon blog j'espère que c'est ok

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  5. Pas de problème, roijoyeux, c'est fait pour çà. Merci de vos visites.

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