1 septembre 2012

Films vus par moi(s) : septembre 2012


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

The town (Ben Affleck, 2011) *
Un petit malfrat d'un quartier de Boston s'éprend de la directrice d'agence bancaire que sa bande a braquée et remet en question son implication dans les activités criminelles. Rien de bien nouveau dans ce film qui veut explorer les hésitations existentielles de son héros (Ben Affleck, qui joue et signe). C'est bien filmé mais on a l'impression d'avoir vu ça cent fois. BR UK

The last of Sheila / Les invitations dangereuses (Herbert Ross, 1973) *
Renversée par une voiture, Sheila est morte. Son mari invite six de ses amis, des professionnels d'Hollywood, sur son yacht sur la Riviera et leur propose un jeu qui révélera le chauffard. Stephen Sondheim et Anthony Perkins ont écrit ce pastiche assez confus d'Agatha Christie en le parsemant de clins d’oeil au monde du cinéma. Le look Seventies et Dyan Cannon m'ont bien plu. DVD Z1 US (Warner Archive)

Les enfants du paradis (Marcel Carné, 1945) ***
Le revoir, splendidement restauré, a été un immense plaisir parce que j'avais oublié à quel point c'est un grand et beau film. L'inspiration de la réalisation, le travail sur les décors et costumes, l'élan des dialogues et des gestuelles portés par des acteurs au sommet et bien sûr la passionnante profondeur du scénario et des thématiques n'en finissent pas de révéler leurs richesses. BR US

Child bride (Harry J. Revier, 1938) 0 ou *** ?
Cinématographie : 0. Croquignolerie : ***. Dans un village paumé des Appalaches, un vieux redneck épouse une gamine de 12 ans. Censé dénoncer la pratique des mariages d'enfants, ce pur film d'exploitation Thirties se complait dans le licencieux avec ses baisers inter-âges, sa baignade nue, ses petits seins qui poussent... Il y a aussi le KKK et un lever de nain. DVD Z1 US

Porgy and Bess (Otto Preminger, 1959) ***
Le placement et le déplacement des acteurs - seuls ou en groupe - et de la caméra dans le cadre d'un décor de studio (magnifié par le format Todd-AO) que le Metropolitan Opera n'aurait pas renié donne à cette transposition de Gershwin, tirée vers le Musical, l'exemplarité d'un exercice en mise en scène. Seules les voix sont un cran en dessous de ce fascinant formalisme. Cinémathèque Française

Sansho Dayu / L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954) ***
La beauté du noir et blanc et de la composition plastique de chaque plan de ce chef-d'oeuvre indisputé du cinéma japonais relègue presque au second plan l'humanisme tragique du conte traditionnel sur le destin cruel de deux enfants arrachés à leurs parents dans le Japon médiéval. L'action, très présente, sait laisser la place à d'admirables moments de contemplation. BR UK

Tanztraüme / Les rêves dansants (Annie Linsel & Rainer Hoffmann, 2010) ***
Quelques mois avant sa mort, Pina Bausch a repris sa pièce "Kontakthof" avec une trentaine de lycéens de 14 à 18 ans. Les répétitions jusqu'au jour de la première sur scène sont le sujet de ce documentaire dans lequel les jeunes découvrent grâce à la chorégraphie le travail d'équipe, le langage corporel et la confiance en soi. Beau et inspirant : l'Education Nationale devrait le voir. DVD Z2 Fr  

Intouchables (Eric Toledano & Olivier Nakache, 2011) 0
La curiosité l'a emporté : je me suis enfin décidé à voir ce succès colossal du cinéma français que je soupçonnais pétri de démagogie et de bons sentiments. C'est tout comme je l'imaginais, cinématographiquement insipide et thématiquement inoffensif avec tout ce qu'il faut en coolitude et émotions fabriquées pour plaire au plus grand nombre. Mais si c'est une histoire vraie.... BR Fr  

Titanic (Julian Fellowes, 2012) 0
Cette mini-série anglaise diffusée en 4 épisodes sur la BBC à l'occasion du centenaire du naufrage (et remontée en 2 épisodes pour le BR français) ne se relève pas de la proximité avec le film de Cameron : le projet était condamné d'avance. Le brillant scénariste de Downton Abbey a voulu y dresser un ambitieux portrait de la société de 1912 mais boit la tasse. Totalement dispensable. BR Fr

Christmas at Downton Abbey (Julian Fellowes, Carnival Films, 2011) ***
Les péripéties commencées ou poursuivies dans la saison 2 trouvent leur résolution (temporaire) dans ce Christmas Special de 90' où les personnages révèlent pour la plupart une émouvante humanité. Mais ce n'est pas tant l'histoire qui passionne dans ce merveilleux feuilleton (même si elle passionne) : c'est le dynamisme du jeu collectif des acteurs et la splendeur de la reconstitution. BR UK

Joseph Andrews (Tony Richardson, 1976) *
Treize ans après son "Tom Jones" oscarisé, Richardson reprend la recette avec un jeune et prude laquais du XVIIIe s. que toutes les femmes qu'il croise poursuivent de leurs assiduités. C'est une sorte de panachage de Hogarth et de Thackeray en plus libertin et outrancier, souvent absurde et décousu et qui souffre de la fadeur de l'acteur principal. Mais il y a Ann-Margret en Lady Booby. DVD Z2 UK

Germinal (Albert Capellani, 1913) ***
Les scènes en décors naturels (qui sont majoritaires), le jeu naturaliste de la plupart des acteurs et une utilisation parcimonieuse mais inventive de la profondeur de champ donnent à cette adaptation centenaire de Zola une modernité remarquable dans le cinéma de l'époque. Et quelle joie de découvrir Sylvie, jeune, dans le rôle de Catherine Maheu. Un chef-d'oeuvre du muet. DVD Z2 Fr

Hanna (Joe Wright, 2011) 0
Le scénario énigmatique destiné à impressionner le spectateur, les effets visuels et sonores totalement gratuits parsemés pour lui faire croire qu'il voit un film de réalisateur, le manque de crédibilité des acteurs (Cate Blanchett pour une fois mauvaise) et plein d'autres choses font de ce thriller sur une ado dressée à tuer par une organisation secrète un navet irrécupérable. BR UK 

The Titan : Story of Michelangelo (Robert Snyder & Robert J. Flaherty, 1950) **
La production de ce très bon documentaire (Oscarisé en 1950) est intéressante : il s'agit d'un remontage avec une nouvelle narration (par Fredric March) d'un documentaire nazi de 1940 ("Michelangelo : das Leben eines Titanen") réalisé par Curt Oertel. Le thème original du "Surhomme" est transformé en une réflexion sur la création artistique. Splendide photo en noir et blanc. DVD Z1 US (en bonus du film ci-dessous)

Michelangelo, Self-portrait (Robert Snyder, 1989) ***
Un passionnant documentaire qui explore l'oeuvre de Michel-Ange sur fond exclusif de textes issus de sa correspondance avec son père, ses commanditaires et de sa biographie par Vasari. En 80 minutes, le film nous donne le temps de voir les oeuvres de l'artiste dans le détail tout en dressant un portrait très humain de l'homme avec ses exaltations et ses doutes. Original et inspiré. DVD Z1 US 

Iron sky (Timo Vuorensola, 2012) 0
Une comédie SF finlandaise - en anglais - dont la très bonne idée de départ (des Nazis ont créé une base secrète sur la Lune en 1945 et s'apprêtent à revenir sur Terre 70 ans plus tard) et les excellents effets spéciaux sont ruinés par un scénario mal foutu, succession de vannes dont la plupart tombent à plat. On sourit un peu puis on se lamente sur un tel gâchis de potentiel. BR UK

Downton Abbey - Series 2 (Julian Fellowes, Carnival Films, 2011) ***
La saison 2 déroule les péripéties du manoir anglais de 1914 à 1919, de la guerre à la grippe espagnole. Les acteurs sont excellents à l'unisson et la production toujours aussi somptueuse mais le scénario glisse parfois vers le soap-opera, ce qui n'était pas le cas dans l'extraordinaire saison 1. Mais c'est chipoter :ce feuilleton est totalement addictif. Une mention pour la musique, sublime. BR UK

Lumière d'été (Jean Grémillon, 1943) *
L'artificialité allégorique du scénario de Prévert et Laroche (les bourgeois oisifs et névrosés, les ouvriers actifs et sensés, les combinaisons des relations) et la disparité des styles de jeu du casting (Pierre Brasseur en fait des tonnes) donnent à cet ersatz de "Le règle du jeu" un sentiment de déséquilibre qui m'a ennuyé. Mais Il y a de très belles scènes, dûes au talent de Grémillon. DVD Z1 US 

Downton Abbey - Series 1 (Julian Fellowes, Carnival Films, 2010) ***
Une formidable série britannique sur le quotidien d'un grand manoir du Yorkshire entre 1912 et 1914 (saison 1). Les propriétaires et le personnel traversent bonheurs et crises au rythme des événements contemporains. La magnificence de la production, l'intelligence de l'écriture, la finesse de l'humour et de l'émotion sont servis par un casting hors-pair. La télé dans ce qu'elle a de meilleur. BR UK  

10 commentaires:

  1. Downton Abbey est un délice dont il ne faut pas se priver ! J'ai été ravie de voir que TMC diffuse la saison 2... je suis aux anges tous les dimanches soirs. J'adore !
    Paradise hunter.

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  2. J'ai récemment revu L'intendant Sansho et je ne suis pas d'accord avec toi quand tu dis:
    "La beauté du noir et blanc et de la composition plastique [...]relègue presque au second plan l'humanisme tragique "
    ou encore :
    "L'action, très présente, sait laisser la place à d'admirables moments de contemplation."
    dans la mesure où la grandeur du film réside justement dans la totalité de la fusion entre "la forme" et "le fond".
    La contemplation est parfaitement intégrée à la narration et le travail plastique n'apparaît jamais superfétatoire, aussi gigantesque soit-il.
    Pour prendre un exemple concret: la fameuse séquence du suicide dans le lac m'est apparu d'autant plus tragique que son cadre est sublime. Il y a comme un douloureux contraste entre la beauté de la nature, que le cinéaste se contente de révéler, et la noirceur des passions humaines qui s'y expriment. D'où le fait que Mizoguchi est le plus grand poète élégiaque du cinéma.

    C'est toute la différence avec un Lars Von Trier dont j'ai, enfin, découvert Melancholia. A l'occasion, il faudra que je t'en touche deux mots...

    On est d'accord sur Intouchables que j'ai moi aussi vu très récemment.

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    1. Presque chaque plan de Sansho m'a fait penser, directement ou par rapprochement à la peinture et le dessin extrême-oriental, dans le travail sur les dégradés de gris ou sur le placement de la caméra, la perspective... : ça m'a vraiment intéressé et ça m'a fait sortir plus d'une fois de l'histoire parce que la référence plastique me sautait aux yeux. C'est en ce sens que la forme et la contemplation picturale a, pour moi, pris le devant sur le fond.

      Pour von Trier ("un" Lars Von Trier ?, je te sens dubitatif), on en reparle calmement.

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  3. "Porgy and Bess"

    AAAAAAAAAAAAAAAAARG ! C'était le film surprise ? J'aurais dû m'en douter. Je ne me suis pas organisé pour y aller, je m'en mords les doigts.

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    1. Franchement, tu croyais que c'était quoi le film surprise ? "Intouchables" ? Et il est passé deux fois en plus. C'est malin. Maintenant, tu vas pouvoir compter les années.

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  4. Par bonheur pour moi une copie (épouvantable, mais c'est mieux que rien) est visible depuis aout sur youtube. Il s'agit de ne pas attendre que ce soit supprimé maintenant ...

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  5. mater un film tourné en 70 mm sur youtube...tu parles d'un bonheur.

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  6. je viens de voir ça. C'est pourri de chez pourri. Je vais de ce pas appeler les héritiers de Preminger pour qu'ils la retirent.

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  7. Si tu fais ça, je te maudis jusqu'à la dernière génération.

    Bon, les films sur youtube m'on souvent sauvé la vie (c'est une métaphore.)

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