2 novembre 2012

Films vus par moi(s) : novembre 2012


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Dressed to kill / Pulsions (Brian de Palma, 1980) *
Comme souvent avec de Palma, ce sont quelques séquences individuelles, formidablement dirigées (ici par exemple, la scène du musée et celle du métro), qui transcendent un ensemble par ailleurs cousu de grosses ficelles et de fausses pistes malhonnêtes. Découvrir le film à sa sortie avait été un choc, le revoir a été assez décevant, à cause de son agaçante roublardise. BR Fr

The trouble with Harry / Mais qui a tué Harry ? (Alfred Hitchcock, 1954) *
Bien sûr les couleurs du Vermont d'automne sont époustouflantes, les dialogues malins et coquins, la mise en scène millimétrée et le scénario déconstruit avec brio les codes du thriller mais j'ai toujours été insensible à ce film parce que son humour noir et absurde m'ennuie sur la durée. Un film passionnant, c'est vrai, dans le contexte de la filmographie d'Hitchcock, mais pas isolément. BR US

The girlfriend experience (Steven Soderbergh, 2009) 0
Un Soderbergh très mineur sur le quotidien d'une jeune escort girl de luxe new-yorkaise. Ses client sont inquiets de l'impact de la crise financière sur leurs affaires, elle essaye d'améliorer la visibilité de son site web, un journaliste veut écrire un article sur elle, sa vie avec son petit copain bat de l'aile... Une ex-star du porno joue l'escort, ça parle surtout d'argent et se laisse voir sans plus d'intérêt. BR UK

The Egyptian / L'Egyptien (Michael Curtiz, 1954) **
Un péplum méconnu, ambitieux et intrigant presqu'entièrement dénué d'action, aux décors (construits ou en matte), à la réalisation et à la photographie splendides, au casting périlleux (Purdom fade mais bon, Darvi nulle jusqu'à l'amusement, Ustinov qui prend la main sur toutes ses scènes...) et au contexte historique alambiqué (mi Période Amarnienne, mi Période Maccarthyste). BR Fr

Mad Men, saison 5 (AMC, 2012) ***
Plus sourde et retenue que les précédentes, la saison 5 de "Mad Men" fait la part belle à ses personnages qui s'enfoncent dans l'isolement psychologique et affectif au rythme de la société qui change. L'écriture et la réalisation sont toujours aussi brillantes et la façon unique qu'a Megan (Jessica Paré, une révélation) de bouger dans l'espace n'a pas cessé de me fasciner du début à la fin. BR US

Merci pour le chocolat (Claude Chabrol, 2000) **
Par petites touches amusantes qui deviennent inquiétantes, le personnage joué par Isabelle Huppert (qui d'autre ?) révèle des fêlures abyssales. Ce que le film veut dire est obscur mais c'est un bel exercice de style - et en psychologie - qui fait de Lausanne et de l'onctuosité du chocolat un terrain de névroses subtiles. Moins puissant que "La cérémonie" mais coulé dans le même moule. DVD Z2 Fr

The phantom of the Opera / Le fantôme de l'Opéra (Rupert Julian, 1925) ***
Sans doute la meilleure adaptation filmée du roman, cette version muette est un régal de chaque instant, que ce soit  par le travail sur les ombres et lumières, la splendeur des décors, l'impressionnant dynamisme de la narration. Lon Chaney est un fantôme génialement psychotique aux apparitions inoubliables (l'arrachage du masque, la Mort Rouge sur l'escalier...). Du Grand-Guignol du haut-vol. BR UK 

Downton Abbey - Series 3 (Julian Fellowes, Carnival Films, 2012) ***
Quel bonheur de retrouver les protagonistes familiers de ce formidable feuilleton dans lequel on ne sait pas quoi le plus admirer, de l'écriture, du casting ou de la réalisation. Trois petites réserves sur l'histoire forcée de la prison, de l'homosexualité d'un personnage et sur la fin un poil faiblarde. Le coup de théâtre terrassant dans l'épisode 5 est un sommet de la télé contemporaine. BR UK

Le quai bes brumes (Marcel Carné, 1938) **
Je n'avais jamais vu ce classique dont l'histoire semble comme une chanson de Fréhel. La langueur désespérée et le sentiment de tragique qui en émane, les décors, la réalisation et les numéros des acteurs sont splendides (à part la diction pleurnicharde de Morgan, irritante comme souvent) et sa signification historique est évidente mais il y a quelque chose qui m'a toutefois tenu à distance. BR Fr

From Russia with love / Bon baisers de Russie (Terence Young, 1964) **
Les décors d'Istanbul, le charme rieur de Daniela Bianchi et surtout la présence de la formidable Lotte Lenya dans le rôle la fourbe Rosa Klebb (elle est d'ailleurs trop rare à l'écran, ici comme ailleurs) sont les atouts majeurs de cet épisode qui est sans doute le James Bond où le genre "espionnage" est le plus archétypique. Je m'y ennuie un peu et préfère de loin "Dr No" et "Goldfinger". BR Fr

Picnic at Hanging Rock / Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975) ***
Je pourrais regarder en boucle la longue séquence de l'ascension du rocher, l'une des plus sensuelle et inquiétante de l'histoire du cinéma et encore plus ce plan inoubliable où les trois jeunes filles disparaissent dans la faille. La seconde partie ne maintient pas cette magie mais l'atmosphère unique de ce film inclassable, aux multiples interprétations métaphoriques, me transporte à chaque fois. BR UK (Director's cut)

Paradise Lost 3 : Purgatory (Joe Berlinger & Bruce Sinofsky, 2011) ***
Après "Paradise Lost" (1996) et "Paradise Lost 2 : Revelations" (2000), la troisième entrée de l'extraordinaire feuilleton documentaire sur trois ados condamnés - à tort - en 1994 par la justice de l'Arkansas (l'un à mort, les deux autres à la prison à vie) pour les meurtres de trois jeunes garçons est une plongée vertigineuse dans l'Amérique profonde et le système judiciaire US. Aucune fiction ne peut atteindre cette intensité. DVD Z1 US 

Magic Mike (Steven Soderbergh, 2012) **
Un backstage très classique, dans la forme comme dans le fond, à ceci près qu'il se déroule dans un petit club de male strippers de Tampa. Tous les codes du genre y sont : le pro qui prend le novice sous son aile, les risques de l'argent facile, la figure rédemptrice... Si on est loin du cynisme de "Showgirls", le film est bien foutu et Channing Tatum est devenu un bon acteur. BR US