3 juin 2013

Films vus par moi(s) : juin 2013


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

The World, the Flesh and the Devil / Le Monde, la Chair et le Diable (Ranald McDougall, 1959) * 
Une fable post-apocalyptique hier audacieuse, aujourd'hui infantile, sur deux survivants (un homme noir, une femme blanche) puis trois (un homme blanc) qui cohabitent et se déchirent, seuls au Monde. Le commentaire racial avait du sens en 1959 mais la lourdeur de la démonstration plombe le tout et l'aspiration bourgeoise de la femme frise le ridicule. Il reste de beaux plans de Manhattan désert. Intéressant, mais à titre historique. DVD Z1 US 

Haltéroflic (Philippe Vallois, 1983) **
Lors d'une enquête sur une disparition à Pigalle, un flic fluet et introverti (Serge Avedikian, comme toujours excellent) tombe sous la coupe d'un culturiste grec qui s'entraîne dans une église désafféctée. Le début des années 80 transpire par tous les pores de cette comédie loufoque (et existentielle et musicale) sur l'identité et la fascination. Le style de petit film fauché et insensé qui a aujourd'hui totalement disparu du paysage. DVD Z2 Fr 

Tôkyô monogatari / Le voyage à Tokyo / Tokyo story (Yasujiro Ozu, 1953) ***
Un de mes films préférés. Avec l'âge, cette histoire de parents provinciaux en visite chez leurs enfants à Tokyo résonne de plus en plus fort. La composition des images et la mise en scène font perler l'émotion sans avoir rien à ajouter, si ce n'est la poignante musique qui les accompagne quand il faut. Si les acteurs brillent, Setsuko Hara irradie dans un rôle magnifique. Cette famille japonaise est la nôtre et la tristesse est universelle. BR UK

Vive la France ! (Michel Audiard, 1974) **
Un hilarant pamphlet documentaire sur la France planquée des années 1910 à Pompidou qui monte des images d'archives sur un commentaire d'une ironie destructrice. 14-18, 39-45 et la décolonisation sont les angles d'attaque et comme Audiard était autant antimilitariste que politiquement désabusé, tout le monde sans exception en prend pour son grade. Les bons mots dérouillent le populo, les troufions et les feuilles de chêne. YouTube

L'amour d'une femme (Jean Grémillon, 1954) **
Le dernier film de Grémillon est d'un propos aujourd'hui suranné (un jeune doctoresse arrivée à Ouessant est tiraillée entre son métier et son amour pour un ingénieur italien machiste) mais sans doute audacieux en 1954. C'est la mise en scène, sèche et précise, qui en fait la beauté et la force. Si Micheline Presle est très bien, Gaby Morlay y est inoubliable, notamment dans une magnifique séquence : celle de sa mort près de l'église du bourg. DVD Z2 Fr

Oslo, 31. august / Oslo, 31 août (Joachim Trier, 2011) **
Les deux dernier jours d'un jeune toxico, juste sorti d'un centre de réhabilitation, avant son suicide. L'aliénation physique et mentale aux autres est suggérée par touches impressionnistes et plans subjectifs dans cette adaptation norvégienne actualisée du roman "Le feu follet" de Drieu La Rochelle. Un film désespéré où l'émotion est tenue à distance (mais pas la douleur) et où la culture du Nord iimprègne chaque scène. BR Fr 

Violent Saturday / Les inconnus dans la ville (Richard Fleischer, 1955) **
Fusion de film de braquage et de mélodrame provincial, cette histoire de trois malfrats qui débarquent dans une petite ville minière US pour faire un mauvais coup est l'alibi pour dresser le portrait d'une société empêtrée dans ses frustrations. Le sort fait à ses personnages est discutable (la morale est plus que sauve) mais la mise en scène de Fleischer éblouit par son utilisation magistrale du Cinémascope et de la couleur Deluxe. BR Fr

Tabu / Tabou (Miguel Gomes, 2012) **
Un mélodrame sur un sujet rabâché (le flashback d'un impossible amour adultère dans la savane africaine) dont les choix créatifs (les deux parties bien distinctes, la pictorialité en noir et blanc 1:33, le second mouvement sans dialogues mais avec une voix off, la BO Sixties...) tourne à l'exercice de style risqué. Mais l'originalité assurée de la réalisation et la beauté des images l'emportent. Celle du charismatique Carloto Cotta fait le reste. BR UK

Kôkaku kidôtai 2.0 / Ghost in the shell 2.0 (Mamoru Oshii, 1995/2008) 0
Je ne m'y connais pas en mangas et n'y suis pas sensible. Leur animation partielle de l'image m'agace au plus haut point. Celui-ci, autour d'une Blade Runner féminine en 2029, se prend très au sérieux et m'a cassé les pieds en 30' (je ne suis pas allé plus loin). Les visuels sont parfois intéressants (mais dans la version 2.0 de 2008, les scènes en CGI jurent avec celles en dessin classique) mais je n'y arrive pas, ça ne sert à rien. BR Fr

Derrière la façade (Yves Mirande & Georges Lacombe, 1939) **
L'enquête de deux policiers gentiment concurrentiels sur le meurtre d'une propriétaire d'un immeuble cossu n'est que le prétexte à une succession de scènes avec des numéros d'acteurs célèbres de l'époque, de Michel Simon à Elvire Popesco en passant par Jules Berry et Marguerite Moreno. Tout ce monde, derrière la façade, a ses petits secrets de portefeuille ou d'alcôve. Le genre de film que les années Trente aimaient beaucoup. DVD Z2 Fr

Arrivano i Titani / Les Titans (Duccio Tessari, 1962) **
Un péplum italien sur le mode parodique dans lequel le charismatique Giuliano Gemma (teint en blond) bondit de palais en plage et de ruelle en grotte pour débarrasser la Crête d'un tyran et épouser sa fille. L'action ne faiblit pas, la comédie s'amuse de tous les poncifs du genre et le culturiste guadeloupéen Serge Nubret est spectaculaire en compagnon de route du héros. Un très bon divertissement, sympa et cool comme tout. DVD Z2 Fr

Sapphire / Opération Scotland Yard (Basil Dearden, 1959) ***
Le préjudice racial est dénoncé dans ce film de société typique de la production anglaise de l'époque. Ici, l'enquête sur le meurtre d'une jeune femme noire à la peau blanche révèle les haines raciales de la petite bourgeoisie confrontée à la mixité. Tourné en couleurs dans les rues de Londres et bénéficiant d'un excellent accompagnement jazzy, le film délivre son message désabusé dans une réalisation qui va à l'essentiel. DVD Z2 UK

Leave her to Heaven / Péché mortel (John M. Stahl, 1945) ***
Les articulations mélodramatiques du scénario craquent un peu et le procès alourdit la fin mais plastiquement, ce psycho-thriller en Technicolor est une splendeur. Un triomphe de l'artifice où les personnages (assez falots, l'héroïne et la mère sont les plus intéressants) se déplacent dans une mise en scène au cordeau avec des gros plans de visages scrutant le vide. Gene Tierney est magnétique, évidemment. BR US (une restauration spectaculaire)

Pattes blanches (Jean Grémillon, 1949) ***
Commençant comme un drame réaliste, cette histoire de solitude et de passions frustrées dans un petit port breton prend vite une autre tournure, virant vers un mélodrame existentiel imprégné de poésie fantastique. La vieille qui ramasse ses herbes, la mariée au bord du gouffre, le manoir empaillé, la valse fantasmée... sont des visions inoubliables, hallucinées comme le regard du jeune Michel Bouquet qui y débutait sa carrière. DVD Fr

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