9 août 2013

1 août 2013

Films vus par moi(s) : août 2013


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

The lone ranger (Gore Verbinski, 2013) 0
Quand on se fait chier au bout de 30' d'un film qui dure 2h30, c'est que quelque chose cloche. Ici, c'est le rythme, le film étant une succession de scènes disjointes dont certaines étirées ad nauseam, et la mise en scène, qui utilise tous les clichés des blockbuster formatés. Le casting (Armie Hammer, Johnny Depp...) fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui donne. Il y a de bien beaux paysages de l'Ouest, quel dommage de les avoir autant gâchés. Ciné plein air

Elysium (Neill Blomkamp, 2013) 0
Une excellente idée de départ (au XXIIe s., la Terre devenue un bidonville, les riches vivent dans une station orbitale de luxe) qui aurait pu donner un film de SF politique et intelligent est ruinée par un scénario stupide et incohérent qui se fixe sur l'action et la bagarre entre le héros (Matt Damon) et un méchant ridicule. Ajoutez une gamine leucémique à sauver... Le genre de blockbuster qui montre ce qui déconne à Hollywood. Ciné plein air

The messenger (Oren Moverman, 2009) **
Un jeune vétéran blessé et un officier fort en gueule sont chargés d'annoncer la mort de soldats tués en Irak à leurs proches. Un film retenu et digne (le sujet se prêtait à l'excès mélodramatique) sur les conséquences distantes de la guerre chez les civils et sur la résilience. Ben Foster, Woody Harrelson et Samantha Morton donnent une poignante réalité à leurs personnages meurtris. Quelques longueurs mais un beau film. BR Fr

From Paris with love (Pierre Morel, 2010) 0
Produit par Luc Besson (produit Besson, plutôt), un film d'action au scénario débile où un employé de l'ambassade US à Paris (Jonathan Rhys Meyers, qui devrait se reposer) accompagne en mission un expert anti-terroriste dur à cuire (John Travolta, qui cachetonne en cabotinant à la cool). On reprend les ficelles de l'excellent "Taken" (Morel, 2008), ici en flinguant du Chinois et du Pakis mais la sauce a tourné. Con et complètement inutile. BR Fr

Gattaca / Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol, 1997) ***
Porté par la partition mélancolique de Michael Nyman, un intelligent film de science-fiction (au sens propre du terme) sur la tentative d'un jeune homme normal d'accéder à une mission réservée aux specimens humains génétiquement parfaits. Le thème du dépassement de soi croise celui de l'eugénisme et derrière le futurisme aseptisé pointe une humanité bouleversante. Avec Ethan Hawke, Jude Law et Uma Thurman, excellents. BR Fr 

Caravaggio (Derek Jarman, 1986) ***
Si on ne la prend pas comme un biopic mais comme un film d'art "à la Jarman", cette pièce autour de la vie et de la peinture de Caravage, avec ses stylisations formelles, ses obsessions homoérotiques, ses anachronismes irrévérents, se révèle une oeuvre puissante. Ce n'est pas tant l'histoire de l'artiste mais l'essence de son existence que le réalisateur évoque, aidé par un casting brillant (Nigel Terry, Sean Bean, Tilda Swinton) DVD Z2 Fr

Bab El Oued City (Merzak Allouache, 1994) ***
En 1989 à Alger, un jeune homme qui a cassé un haut-parleur qui diffusait des messages fondamentalistes est poursuivi par un groupe de barbus. Un film tourné dans l'urgence et la clandestinité (ce qui le rend d'autant plus admirable) sur la diffusion de l'islamisme dans le quotidien de quelques habitants du quartier de Bab El Oued. La fiction y sert la dénonciation d'un monde en mutation. Une oeuvre visionnaire et désabusée. DVD Z2 Fr

L'été en pente douce (Gérard Krawczyk, 1987) 0
Surtout connu comme le film qui devait lancer Pauline Lafont (avant sa mort accidentelle en 1988), un mélodrame moîtement franchouillard au goût de navet où tout sonne faux : les situations, l'inexistence de la mise en scène, le surjouage embarrassant des acteurs en roue libre (Bacri est carrément nul). Le casting était pourtant prometteur (Villeret, Marchand, Bouise...). Mais Pauline Lafont donc, radieuse, perdue et court vêtue. DVD Z2 Fr

Apocalypse. La 2ème Guerre Mondiale (Isabelle Clarke & Daniel Costelle, 2009) *
Je suis embêté avec cette série documentaire en 6 parties : bien sûr, le sujet est essentiel et les images d'archives captivantes mais le recadrage des documents en format large, le montage surdynamique, le martelage des basses pour dramatiser et la narration parfois mélodramatique m'ont un peu fait penser à une "WW2 pour les Nuls". Quant au choix de tout coloriser sauf les images de la Shoah, il récuse le concept même du projet. BR Fr 

Le beau Serge (Claude Chabrol, 1959) ***
Un citadin (Jean-Claude Brialy) revient dans son patelin de la Creuse et y retrouve un ami d'adolescence (Gérard Blain, le beau Serge), tombé dans l'alcoolisme. Les thèmes du contraste social (les codes de la campagne vs. ceux la ville), de l'attirance homosexuelle et du sacrifice se croisent en une trame audacieuse. Un film subtil et cruel (c'est le premier de Chabrol) parfaitement maîtrisé. Bernadette Lafont irradie en nympho villageoise. BR Fr

Pickpocket (Robert Bresson, 1959) **
L'austérité radicale des éléments cinématographiques (dont le jeu atone des "modèles" comme les appelait Bresson et la rigueur de la narration et des compositions) confère à ce film sur un pickpocket philosophe une exigence peu amène. Pourtant, l'érotisation suggérée, la brillante scène chorégraphiée du vol dans la train et la beauté botticellienne du visage de Marika Green réussissent à fasciner malgré la mise à distance. DVD Z2 Fr 

The silent enemy (H.P. Carver, 1930) **
Unique projet de son réalisateur, une fiction muette à forte connotation ethnographique autour de la quête de nourriture d'une tribu d'indiens d'avant l'homme blanc dans l'hiver canadien. L'action et le conflit (entre un jeune chef et un chamane) structurent une histoire simple mais solide qui veut donner à voir la société indienne d'avant la conquête. La beauté des images, très pictorialistes, apporte au film une tonalité élégiaque. DVD Z1 US

Plein Soleil (René Clément, 1960) ***
L'éclat quasi abstrait des couleurs primaires du décor et l'insolente beauté physique des trois personnages principaux jurent magistralement avec la noirceur des crimes de Tom Ripley sous le soleil de l'été italien. Ce jeu entre la surface et la profondeur est l'un des thèmes de ce thriller psychologique qui révéla et déifia Alain Delon dans un rôle au magnétisme subversif. Un maillon faible : Marie Laforêt, jolis yeux mais insipide. BR Fr

Family plot / Complot de famille (Alfred Hitchcock, 1976) **
Le 53e et dernier film d'Hitchcock, secondaire mais suprêmement sympathique, est une comédie criminelle sur deux couples qui jouent au chat et à la souris autour d'un héritier disparu. Le plaisir à voir le film est surtout dû aux touches hitchcockiennes malicieuses, auto-référentielles, qui parsèment le scénario, les dialogues et la mise en scène. Et pour les acteurs qui s'amusent. Une oeuvre de fin de carrière comme un clin d'oeil. BR US

Bullfighter and the Lady / La dame et le toréador (Budd Boetticher, 1951) ***
Au Mexique, un américain (Robert Stack teint en blond, ce qui ne lui va pas mal) apprend l'art de toréer auprès d'un célèbre matador. En partie autobiographique, un grand film méconnu de Boetticher tourné en paysages et décors naturels (dont la Plaza de toros de Mexico) et mis en scène avec un exaltant dynamisme. Les péripéties sentimentales sont traitées de façon aussi adultes que celles de corrida. Une révélation. BR US (version restaurée de 124') 

Das letze Schweigen / Il était une fois un meurtre / The silence (Baran Bo Odar, 2010) ***
Oubliez le titre français imbécile, ce thriller psychologique autour du meurtre identique de deux adolescentes dans un village allemand à 23 ans de distance est une étude réussie, formidablement interprétée, sur le deuil et la culpabilité. De façon surprenante, on connait le coupable dès le début et la noirceur des situations est contrebalancée par la lumière radieuse de la photo. Mais avec une fin, film allemand oblige, glaçante. BR US

The naked kiss / Police spéciale (Samuel Fuller, 1964) ***
Une call-girl débarque dans une petite ville pour se refaire une virginité et en découvre des secrets inavoués. Un surprenant hybride de film noir et de women's picture, passant du réalisme à l'onirisme,  qui lève de multiples tabous en une succession de morceaux de bravoure de mise en scène. Constance Towers, dans le rôle principal, crève l'écran par sa classe décalée. Un chef-d'oeuvre pulp d'une originalité inaltérable. BR US

The piano / La leçon de piano (Jane Campion, 1993) **
L'interprétation exceptionnelle de Holly Hunter et de la petite Anna Paquin (dans le rôle d'une mère muette et pianiste et de sa fille plongées dans la forêt néo-zélandaise vers 1860) mérite tous les honneurs, qu'elles ont d'ailleurs eus. Elle parfait une réalisation inspirée qui laisse suggérer la violence sensuelle des sentiments des personnages. Peu de films ont tenté d'explorer le mécanisme du désir féminin et l'ont réussi comme celui-ci. BR Fr

Le samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967) ***
Austère et minimaliste : ce film du dernier Melville est un obsédant exercice de style formel sur la solitude d'un tueur à gages (Alain Delon, mutique et impénétrable) pourchassé par les flics et son client. L'hiver de ses sentiments est exprimé, de façon magistrale, par l'isolation des corps et l'irréalisme glacial des décors monochromes. Le réalisateur y réinvente le thriller comme une oeuvre d'art à la lisière de l'abstraction. BR Fr

The Master (Paul Thomas Anderson, 2012) **
Le thème "sectaire/scientologique" (que je croyais être le sujet principal du film) m'a semblé être, en fin de compte, un "red herring" : cette histoire n'est-elle pas plutôt celle de l'attirance d'un notable marginal pour une racaille avec son jeu de séduction, manipulation et déception ? Si c'est le cas , le film est passionnant malgré ses longueurs rébarbatives et le jeu chargé à outrance de Joaquin Phoenix et de Philip Seymour Hoffman. BR Fr

Viaggio in Italia / Voyage en Italie (Roberto Rossellini, 1954) ***
Ingrid Bergman et George Sanders, venus à Naples vendre la villa d'un oncle décédé, remettent leur couple en question à l'ombre du Vésuve. L'histoire, d'une simplicité universelle, traite les thèmes essentiels : la fragilité des sentiments, la Nature et la Culture, le vertige du Temps, le sacré et le profane... Rarement ces choses ont été dites à l'écran avec autant d'évidence. Un film magnifique en forme de nouvelle existentielle. DVD Z2 Fr