12 septembre 2013

Cléo et Angèle


Une Cléo inquiète écoute les conseils pleins de bon sens et les avis superstitieux de sa dame de compagnie Angèle dans un café de la rue de Rivoli. L'emploi frénétique de locutions et de proverbes populaires dans la conversation de cette dernière est l'un des grands plaisirs que procure le magnifique et touchant "Cléo de 5 à 7" d'Agnès Varda, 1962. Avec deux actrices qui ont illuminé chaque film où elles ont fait une apparition.

Dominique Davray (la brune) et Corinne Marchand (la blonde) dans "Cléo de 5 à 7". Forever.

6 septembre 2013

Films vus pas moi(s) : septembre 2013


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Women in love / Love (Ken Russell, 1969) ***
Une libre adaptation du roman de D.H. Lawrence qui fusionne l'énergie déséspérée des Twenties (l'époque où l'histoire se passe) à l'élan vitaliste des Sixties (l'époque où le film a été fait). Plus que des femmes dont le titre parle, c'est des deux hommes (Oliver Reed et Alan Bates, magnifiques) dont Russell dresse les portraits intimes, dans une série de scènes d'une sensualité baroque, dont évidemment, celle de la lutte nue au coin du feu. DVD Z2 UK 

Homeland, saison 2 (Showtime, 2012) ***
Chacun des 12 épisodes de ce feuilleton sur le jeu du chat et de la souris entre des agents de la CIA et un groupuscule d'Al-Qaïda sur le sol US dégage un suspense et des coups de théâtre terrassants. Il y a du mélo aussi et le tout se panache parfaitement. L'écriture, la réalisation et le casting (Claire Danes, habitée par son personnage) atteignent une intensité qui ne faiblit pas sur la durée. Addictif est le mot qui convient. BR Fr

A tale of two cities / Le marquis de Saint-Evremond (Jack Conway, 1935) *
Ronald Colman est excellent, avec son jeu tout en retenue, dans le rôle d'un avocat anglais alcoolique qui se sacrifie par amour sous la Révolution Française. Mais la mise en scène, à part dans les séquences de foule à La Bastille et à La Concorde (dirigées par Val Lewton et Maurice Tourneur), manque cruellement de dynamisme et c'est mollement qu'on suit l'histoire. C'est dommage. Avec une séquence finale qui elle, est magnifique,  DVD Z1 US

Otto; or, Up with dead people / Otto (Bruce LaBruce, 2008) 0
A Berlin, un jeune zombie gay taciturne est repéré par une réalisatrice lesbienne qui lui donne un rôle dans un film politico-sexuel. J'ai parfois pensé au John Waters des années 70 pour l'esprit mais la comparaison fait mal. Le genre de film entre le culte et l'expérimental qui ne passe plus aujourd'hui. Sur 90', j'en ai vu 60 en acceléré. Mais avec un tube indie super sur le générique final : "Everyone's dead" par The Homophones. BR Fr

Last night (Don McKellar, 1998) *
Un film de fin du Monde canadien à petit budget qui se concentre (sans aucun SFX) sur les dernières heures de quelques personnages à Toronto. Certaines situations sont convenues, le calme de chacun est peu crédible et certains acteurs laissent à désirer mais quand apparaissent les vrais pros (Geneviève Bujold, David Cronenberg et Sandra Oh, qui porte le film), l'émotion point. Une Apocalypse aux antipodes de celles d'Emmerich. DVD Z2 UK

The American (Anton Corbijn, 2010) 0
Passée la surprise d'un meurtre inattendu tout au début, c'est l'ennui, insurmontable, qui s'installe jusqu'à la fin. Même George Clooney, qui a produit le film, ne semble pas s'intéresser à cette histoire truffée de clichés (de la pute jeune et jolie aux airs d'opéra en passant par la procession mariale et le papillon blanc) sur un tueur à gages en mission dans les Abruzzes. Le film tente la mélancolie existentialiste et se vautre, bien. BR Fr 

Les maudits (René Clément, 1947) **
En 1945, pendant la chute du Reich, un petit groupe de nazis et de collaborateurs embarque sur un sous-marin allemand à destination de l'Argentine. Un très bon huis clos psychologique qui dessine en métaphore une carte des protagonistes européens de la Seconde Guerre Mondiale. La voix off freine le dynamisme de la mise en scène (pleine d'excellentes idées) mais le film propose un regard passionnant sur l'Histoire récente. Br Fr 

Behind the candelabra / Ma vie avec Liberace (Steven Soderbergh, 2013) ***
Intrépides, Michael Douglas et Matt Damon (et Rob Lowe dans un second rôle fabuleux) vont sur un territoire où peu (pas) d'acteurs de leur stature se sont aventurés. Débutant comme une comédie et virant à l'horror, cette histoire d'amour cruelle entre la vieille tante pianiste et son avant-dernier compagnon réussit brillament à évoquer un monde irrespirable comme un parloir funéraire de Las Vegas. Magistral et étrangement déstabilisant. BR US

Animal kingdom (David Michod, 2009) ***
La tension de ce film d'une sauvagerie sourde sur une fratrie de criminels de la banlieue de Melbourne vous aggripe dès la première scène pour ne vous relâcher qu'au générique final. Les éclairs de violence qui le parsèment sont moins terribles que la psychologie effrayante de la grand-mère qui gère ses rejetons d'une main de fer. Un bijou noir impressionnant, à la réalisation implacable et au casting uniformément excellent. BR Fr 

L'ennemi intime (Florent-Emilio Siri, 2007) **
En 1959, un jeune lieutenant idéaliste (Benoît Magimel) fait l'expérience de la guerre à la tête d'une petite section dans les montagnes de Kabylie. Malgré des effets stylistiques un peu tape à l'oeil et un scénario parfois naïf dans l'appui de sa démonstration, un captivant film, part guerre (d'Algérie) et part drame psychologique dans des décors naturels magnifiquement photographiés. Un vrai morceau de bravoure : la scène de napalm. BR Fr

Quantum of solace (Marc Forster, 2008) *
Un James Bond qui se regarde sans ennui vraiment mais sans intérêt non plus. Deux histoires de vengeance personnelles croisées (Bond et la Bond girl ont chacun des choses à régler) sur fond de contrôle de l'eau en Bolivie. Les scènes d'action abusent d'un montage frénétique et Mathieu Amalric fait un vilain bien insipide. Comme tout le film, d'ailleurs : insipide. Il faudra attendre "Skyfall", le suivant, pour retrouver les sommets. BR Fr 

Les tontons flingueurs (Georges Lautner, 1963) 0
Cruel manque de rythme, réalisation assez médiocre, dialogues d'Audiard tout juste passables avec quelques sourires sur un boulevard d'ennui et une brochette de bons acteurs mal dirigés ou pire (comme la fille qui joue la jeune "nièce", exécrable) : la réputation de cette comédie proclamée "culte" m'a laissé pantois. Un abîme la sépare de l'étincelante réussite de "Le cave se rebiffe", deux ans auparavant. Une énorme déception. BR Fr

West of Memphis (Amy Berg, 2012) ***
Complémentaire à la puissante trilogie "Paradise lost" (Berlinger & Sinofsky, 1996-2000-2011), ce nouveau documentaire de 2h30 oriente son regard sur les défaillances de l'enquête et de la justice, le long combat des activistes et pointe du doigt le probable coupable d'un triple meurtre d'enfants de 1993 pour lesquels trois jeunes hommes innocents ont passé 18 ans en prison. Une histoire terrible, qui bouleverse et enrage à la fois. BR US

Crazy, stupid, love. (Glenn Ficarra & John Requa, 2011) *
Un jeune séducteur prend sous son aile un quadragénaire cocu pour l'aider à retrouver son estime de soi. Un comédie romantique qui démarre très bien en mordant mais qui prend soudain la voie d'un écoeurant sirop conservateur tout à la gloire des félicités du mariage. De la propagande grotesque. Le casting, formidable, a fait que j'ai tenu jusqu'au bout : Steve Carell, Julianne Moore, Ryan Gosling, Emma Stone, Marisa Tomei... BR Fr 

La resa dei conti / Colorado (Sergio Sollima, 1967) **
Un chasseur de primes (Lee Van Cleef) joue au chat et à la souris avec un mexicain accusé de viol (Tomas Milian) entre un Colorado et un Mexique filmés en Espagne. Un western italien au scénario malin et aux personnages peu orthodoxes dont l'atout principal est le lyrisme des compositions, magistralement picturales et un superbe score de Morricone. J'ai juste du mal avec les westerns où tout le monde parle italien. BR Fr