3 avril 2015

Heroes of mine : Delphine




 Delphine Seyrig (1932-1990)

Films vus par moi(s) : avril 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Metro / Subwave (Anton Megerdichev, 2013) *
Ce film catastrophe russe sur l'inondation du métro de Moscou par l'effondrement d'un tunnel sous la Moskova commence assez bien jusqu'à une scène réussie de wagons bondés engloutis par l'eau puis sombre dans sa seconde partie, truffée de clichés (le cocu, la gamine, le chiot..) et décalquée (en mille fois moins bien) sur "L'aventure du Poséïdon". L'intrigue prévisible et les ralentis dramatisants viennent à bout de la patience. BR Fr 

La notte / La nuit (Michelangelo Antonioni, 1961) ***
A Milan, l'amour évaporé d'un couple marié fait place à l'étouffante routine sociale. Un film adulte d'une exigence littéraire et plastique qui n'existe plus aujourd'hui, sur l'ennui existentiel face à la mort affective. Marcello Mastroianni et Jeanne Moreau interprètent leurs personnages aisés et fatigués dans des cadres où l'humain est seul, même entouré. Le portrait à la forme passionnante d'une société bourgeoise bloquée sur elle-même. BR UK

Hunted / Rapt (Michael Crichton, 1952) **
Un assassin en fuite (Dirk Bogarde) traverse l'Angleterre entre Londres et l'Ecosse acommpagné d'un jeune fugueur de 6 ans (Jon Whiteley, formidable de naturel). Un petit film britannique typiquement de son temps qui panache thriller et social autour du parcours de deux outcasts (le meurtrier et l'enfant placé maltraité) dans des décors urbains et paysagers bien choisis. Rien d'extraordinaire mais l'émotion est bien au rendez-vous, simple et juste. DVD Z2 UK 

Centurion (Neil Marshall, 2010) 0
Michael Fassbender fait ce qu'il peut pour donner du crédit à ce film inutile dans son rôle de soldat de la 9e Légion romaine survivant d'une embuscade et qui traverse avec quelques autres légionnaires les territoires hostiles des Pictes d'Ecosse. Hormis les beaux paysages, toute l'histoire n'est que prétexte à montrer en détail égorgements et giclures de sang carmin. Avec deux rôles féminins, clichés de plus dans une forêt de lieux communs. BR Fr

Captain Clegg / Night creatures / Le fascinant capitaine Clegg (Peter Graham Scott, 1962) **
En 1776 dans un village côtier anglais, des soldats du roi chassent des contrebandiers d'alcool. Une production Hammer avec ce qu'il faut de nuit et de brume, de taverne et de cimetière et donc des scènes d'atmosphère espérées. Peter Cushing est le pirate devenu pasteur, sorte de Robin des Bois en chaire à prêcher. Oliver Reed et Yvonne Romain font un couple vraiment sexy et le film est comme un livre d'aventures en mouvement. DVD Z1 US    

Le 7ème juré (Georges Lautner, 1962) *
A Pontarlier, un notable pharmacien (Bernard Blier, très bon) qui a tué une fille légère est désigné juré au procès du type accusé à sa place. L'excellent scénario, d'un cynisme total (la bourgeoisie de province et la justice en prennent pour leur grade), aurait pu donner un film plus fort avec une mise en scène plus inventive et sans la voix off de Blier qui débite ses rages existentielles redondantes. Un brûlot en puissance resté un peu éteint. BR Fr

What Richard did (Lenny Abrahamson, 2012) **
Un été près de Dublin, un bachelier populaire à l'avenir souriant commet un meurtre accidentel. L'incident central coupe le film en deux : la première partie est une description originale de la jeunesse irlandaise aisée, la seconde un drame de la culpabilité plus conventionnel. L'ensemble est porté par l'interprétation sans faille du charismatique Jack Reynor et de ses partenaires. Un coming of age movie au ton atypique, proche de Van Sant. BR UK 

Motel Hell (Kevin Connor, 1980) *
L'idée outrancièrement originale de l'histoire (un frère et une soeur hillbillies enlèvent et plantent des passants dans un potager humain pour en faire de la saucisse fumée) aurait pu donner une farce énorme mais la retenue du scénario et la réalisation assez plate empêchent cette comédie noire et référentielle de s'éléver au-dessus du lot. Rory Calhoun et Nancy Parsons font deux amusants méchants et les scènes du "jardin" sont mémorables. BR UK  

Leviathan (Andreï Zviaguintsev, 2014) ***
Dans une petite ville côtière de la mer de Barents, un homme se bat contre son expropriation par le maire avec l'aide d'un ami avocat. Derrière l'histoire, c'est un portrait désespéré et désespérant de la Russie contemporaine, noyée dans la vodka et la corruption, que le film dessine dans une suite de séquences aux images magnifiquement composées. Un puissant drame individuel transformé par le réalisateur en une tragédie quasi-biblique. BR Fr

Old acquaintance / L'impossible amour (Vincent Sherman, 1943) ***
Bette Davis (retenue) et Miriam Hopkins (déchaînée) sont écrivaines, amies et rivales dans ce Women's Picture archétypique de la Warner qui panache habilement mélodrame sentimental et commentaire professionnel et social. On attend avec impatience chaque scène où les deux actrices se donnent la réplique, tout sourire ou toute grimace selon les méandres du scénario. Un chef-d'oeuvre du genre, avec une fin qui ne pourrait être plus parfaite. DVD Z1 US

Deliver us from Evil / Délivre-nous du Mal (Scott Derrickson, 2014) 0
Après un excellent début dans le zoo du Bronx la nuit qui installe une inquiétude prometteuse, ce navet d'horreur (inspiré d'une histoire vraie, tiens-donc) panache allègrement "NYPD Blue", "Seven" et "L'Exorciste" autour de la possession d'un soldat revenu d'Irak et de crimes sordides. La lumière est bleue, la caméra tremble, des inscriptions cabalistiques sont gravées dans la chair des possédés et j'ai vu la seconde moitié en accéléré. BR US

La decima vittima / La dixième victime / The 10th victim (Elio Petri, 1965) **
Un italien et une américaine doivent s'entretuer pour un show TV. Cette lointaine matrice des "Hunger Games", loin de se prendre au sérieux, est un pur film Pop tout dédié à son style Sixties, qui en fait le principal intérêt. Le scénario, étonnamment visionnaire, évoque le voyeurisme de la téléréalité et l'impérialisme de la pub. Si Marcello Mastroianni (teint en blond) est peu convaincant, Ursula Andress est un bonheur des yeux. Léger et fun. BR US

Calamity Jane / La blonde du Far-West (David Butler, 1953) ***
J'ai eu du mal au début avec le jeu surexcité de Doris Day en garçon manqué et le contexte de western mais très vite, l'étonnante audace des situations, presque toutes basées sur la confusion des genres, m'a vraiment amusé et le dynamisme des chansons (très bien mises en scène) ont abattu mes résistances. La fin du film fait revenir tous les personnages dans la norme mais ce Musical est d'un culot riant formidablement sympathique. BR US 

Germania anno zero / Allemagne année zéro (Roberto Rossellini, 1948) ***
Le quotidien de survie d'un garçon de douze ans dans Berlin en ruines. Tourné dans le décor incroyable des décombres de la capitale allemande (les scènes d'appartement en studio fonctionnent moins bien que celles d'extérieur), un film où la lumière éclatante du soleil éclaire des drames personnels et collectifs d'une noirceur abyssale. Le propos sur le naufrage d'un peuple et le sacrifice d'une génération est d'une extrême clairvoyance. BR UK     

Life itself (Steve James, 2014) **
Réalisé sous le contrôle de son sujet lui-même ("This is not only your film" écrit-il à un moment au réalisateur), un documentaire intime sur la vie, la carrière et le combat contre le cancer du critique de cinéma du Sun-Times de Chicago Roger Ebert (1942-2013). L'horreur des effets de sa maladie est traité avec la même franchise que la force de l'amour de sa femme Chaz et que son engagement total pour les films qui donnèrent un sens à sa vie. BR US

Search for Paradise (Otto Lang, 1957) **
Le quatrième film Cinerama est un travelogue entre Pakistan et Népal, composé de spectaculaires panoramas de plaines, de fleuves et de montagnes. Et de leurs populations, traitées à la mode colonialiste et condescendante de l'inénarrable écrivain-producteur Lowell Thomas. Une vision d'opérette (la musique va avec) qui se termine sur une ode aux bombardiers de l'US Air Force. De la propagande Fifties incorrecte en diable. BR US Smilebox  

Le charme discret de la bourgeoisie (Luis Bunuel, 1972) ***
Les angoisses de trois amis bourgeois se révèlent dans leurs rêves. Une comédie sociale toujours aussi réjouissante et percutante sur les zones d'ombres de la bonne société, traitée sur le mode absurde autour d'un dîner sans cesse reporté. Les idées de scénario et de mise en scène sont vertigineusement excitantes. Formidables créations de Delphine Seyrig et Stéphane Audran dans les rôles d'épouses racées et interloquées. BR UK

Interstellar (Christopher Nolan, 2014) 0
Un interminable (presque 3h) pensum pleurnichard qui pose en monument de la SF. Les forces des liens du sang, l'avenir de l'Humanité, les paradoxes d'un voyage spatio-temporel (à travers un "trou de ver" et un "trou noir") sont dégurgités dans un déluge de grandes idées, de vastes visions et de musique sérielle, mais sans aucune émotion. Matthew McConaughey se parodie lui-même en écorché chuchotant. Aussi pire que le pire Malick. BR Fr  

Tom à la ferme (Xavier Dolan, 2013) *
Venu aux funérailles de son boyfriend, un jeune montréalais (Dolan) s'engage dans un humiliant rapport sado-masochiste avec le frère de celui-ci. Un film qui hésite entre deux genres : le drame psychologique et le thriller. Si le premier avait le vrai sujet intéressant, c'est le second, banal, qui l'emporte, gonflé par ses nombreuses références peu subtiles (plans et musique) à Hitchcock. Un essai trop bancal pour convaincre. DVD Z2 Fr