5 septembre 2015

Films vus par moi(s) : septembre 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Verbotene Filme / Films interdits (Felix Moeller, 2014) *
Peut-on, doit-on (teuton) montrer aujourd'hui les films nazis de propagande ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ? Ce documentaire donne la parole à des historiens du cinéma allemands et à des spectateurs à qui sont projetés "Le juif Süss", "Ohm Krüger", "Les Rothschild", "Stukas", "Ich klage an"... Il en sort des vérités génériques du style "Non alors !" ou "Oui mais !" qui ne font pas vraiment avancer le débat. Restent les extraits, tous intéressants. DVD Z2 Allem

The Dead Lands / La terre des guerriers (Toa Fraser, 2014) 0
Dans un passé précolonial, un jeune Maori se venge des brutes d'une tribu qui a massacré la sienne. Hormis l'avantageux physique de ses (mauvais) acteurs, un film sans intérêt, sorte d'Apocalypto (Mel Gibson, 2006) du pauvre, qui échoue à exploiter la beauté des paysages néo-zélandais et se contente de poursuites ponctuées de confrontations sanglantes à base de hakas, grimaces, roulements d'yeux et tirages de langues. Débile. BR Fr

All is lost (J.C. Chandor, 2013) ***
Dans l'Océan Indien, un naufragé solitaire tente de survivre. Un film qui prend le risque de la pose (un acteur, pas de dialogue, un décor minimaliste) et l'évite. Est-ce un film d'aventures, une métaphore existentielle autour du crépuscule de la vieillesse ou une allégorie sur la métaphysique du divin ? A chacun son avis (j'ai le mien) et c'est ce qui rend le film si intéressant. Robert Redford (77 ans) se donne à fond dans un rôle taillé sur mesure. BR Fr

Geschlecht in Fesseln / Sex in chains / Chaines (Wilhelm "William" Dieterle, 1928) **
Un couple dont le mari (joué, très bien, par le réalisateur) a été condamné à trois ans d'enfermement pour meurtre se disloque par les conséquences sexuelles de la séparation forcée : la liaison homo dans laquelle l'époux s'engage en prison (le film hésite entre bienveillance et homophobie) et la tentation adultère de la femme. Un film muet social et militant au sujet courageux et subtilement amené. La scène finale, inattendue, est terrible. DVD Z1 US    

Pink Floyd at Pompeii (Adrian Maben, 1972 / 2003) 0
0 parce que je n'ai pas la culture ni la patience pour ce genre de musique (les morceaux chantés me plaisent mieux que les passages instrumentaux) et parce que j'ai vu - en accéléré - le Director's Cut de 2003 avec ses images de synthèse à la noix du système solaire et de Pompéi. Il y a quelques beaux plans des vestiges du site archéologique et David Gilmour était sexy. Mais pas le courage de regarder la version de 1972, qui doit être mieux. DVD Z2 UK

Aimer, boire et chanter (Alain Resnais, 2014) *
L'ultime film de Resnais, adaptation de la pièce "Life of Riley" d'Alan Ayckbourne, est un marivaudage tragi-comique autour de trois couples d'amis théâtreux réagissant à la mort prochaine d'un ami commun malade. L'histoire peut intéresser ou pas (moi, c'est pas) mais les choix formels (travellings d'entrée, dessins de situation, théâtralisation des scènes...) m'ont vite exaspéré. Les acteurs sont très bons et le final émouvant, forcément. BR Fr  

That cold day in the park (Robert Altman, 1969) **
A Vancouver, une jeune femme solitaire recueille chez elle un homme plus jeune qu'elle observait dans un parc. Un film méconnu des débuts d'Altman où l'étude passionnante d'une solitude sociale et affective se double dans sa seconde partie d'un thriller de manipulation plus convenu. Sandy Dennis excelle comme toujours dans le jeu de la névrose (la mobilité de son visage est fascinante) et Michael Burns a de la présence dans un rôle énigmatique. BR US

Once is not enough / Une fois ne suffit pas (Guy Green, 1975) **
Un des derniers mélotrashs, l'adaptation du best seller de Jacqueline Susann sur les errements d'une jeune femme (Deborah Raffin, craquante) qui fait une fixation sur son père (Kirk Douglas) a tous les ingrédients du genre : Rolls, visons, étreintes devant la cheminée et sous la douche, séducteurs et lesbiennes... Alexis Smith et Brenda Vaccaro (et Melina Mercouri) crèvent l'écran. A savourer comme un roman photo de luxe. BR US

Horns (Alexandre Aja, 2013) *
D'une idée intrigante (des cornes poussent  - au sens propre - à un jeune homme auquel les habitants de sa petite ville confient leurs frustrations secrètes), le réalisateur accouche d'un film sans queue ni tête qui se croit plus bien original qu'il n'est. Une vulgaire histoire de meurtre le tire vers le bas et les acteurs sont uniformément mauvais, Daniel Radcliffe compris. Pourquoi une * ? Pour l'idée de départ et quelques images peu communes. BR Fr

Renoir (Gilles Bourdos, 2012) *
Michel Bouquet est un vieil Auguste Renoir perclus d'arthrite dans ce film sur le quotidien du peintre dans sa propriété de Cagnes-sur-Mer pendant la Première Guerre Mondiale, entouré de deux de ses trois fils (Claude et Jean), de ses servantes et d'Andrée, son jeune et rayonnant dernier modèle. Tout cela est beau et digne, sans doute trop, car derrière la mélancolie et la retenue point l'ennui d'un scénario qui tourne en rond et s'endort. BR Fr

Stachka / La grève (Sergei Eisenstein, 1925) ***
Le premier film d'Eisenstein, pierre angulaire du film de propagande soviétique (en 1903, les ouvriers d'une usine font grève et subissent en retour le châtiment du patronat et de la police coalisés), sans parler de son engagement politique, est une oeuvre d'une créativité qui reste fascinante, que ce soit par sa progression dramatique, sa composition picturale des plans et bien entendu, son usage dynamique du montage. BR US  

The hills have eyes / La colline a des yeux (Alexandre Aja, 2006) **
Le remake du survival de Wes Craven (1977) se laisse regarder grace à son rythme soutenu, ses bonnes idées de décors (les maisons des essais atomiques des 50's) et sa galerie de mutants déglingués. Le calvaire de cette famille en camping-car aux prises avec une famille de dégénérés dans le désert US ne lésine pas sur le gore et si la morale est douteuse quand on y pense, c'est dans le genre horrifique un bon divertissement décérébré. BR Fr 

The epic of Everest (John Noel, 1924) ***
Suivant (à distance imposée) l'expédition malheureuse de Mallory et Irvine à la conquête de l'Everest en 1924, ce documentaire muet britannique commence en film ethnologique assez condescendant sur les villageois du Tibet ("Les bébés tibétains sont de charmantes petites choses") pour continuer sur des images historiques (prises au téléobjectif) des alpinistes approchant du sommet. La beauté des plans et de la photo est remarquable. BR UK (avec un excellent nouveau score de Simon Fisher Turner)  

The purchase price (William Wellman, 1932) *
Une chanteuse de cabaret quitte la grande ville et ses hommes pour s'installer dans le Dakota avec un fermier rencontré par correspondance. Un petit film pré Code qui vaut surtout par la présence de Barbara Stanwyck et George Brent, très bons et pour le thème en filigrane : la fragilité de la situation sociale des femmes pendant la Dépression. Autrement, une oeuvre mineure de Wellmann, réalisée avec son efficace économie habituelle. DVD Z1 US

Wolf Creek 2 (Greg McLean, 2013) *
Huit ans après, la suite du très bon "Wolf Creek" (McLean, 2005) reprend le personnage du psychopathe raciste Mick Taylor (le papy John Jarratt en délit de cabotinage) qui chasse, torture et tue les routards isolés dans l'outback australien. Cette fois, l'humour se mêle à l'horreur gore en un produit bien filmé mais au déroulement formaté. La meilleure séquence, incongrue : un poids lourd qui fonce dans un troupeau de kangourous bondissants. BR Allem

Streets of fire / Les rues de feu (Walter Hill, 1984) ***
Dans une ville glauque et stylisée 3/4 Fifties-1/4 Eighties, une jeune chanteuse (Diane Lane) se fait enlever par un gang de motards et sauver par son ex (Michael Paré) et quelques acolytes dépareillés. Un film d'action aux codes westerniens et musicaux irrésistiblement sympathique, peuplé de personnages hauts en couleur (William Dafoe en Joker), de disco-rock et de néons dans la nuit. Cool, pop, BD et fun : que demander de plus ? BR UK 

The rover (David Michôd, 2014) 0
Guy Pearce (hanté et taciturne du début à la fin) et Robert Pattinson (accent redneck et tics de composition étudiés) se partagent chaque scène inutilement étirée de ce film autour de deux types sur la piste d'une voiture volée et d'un frère dans le bush australien post-apocalyptique. Du scénario minimaliste au jeu des acteurs en passant par la mise en scène auteurisante et le vide du sujet, tout est d'une prétention extrême. Une vraie purge. BR Fr

3-D rarities (divers) **
Une compilation de 21 courts métrages (de démonstration, d'animation, documentaires...) datant de 1922 à 1953 qui forme un panorama de l'histoire des étapes de la 3D classique au cinéma. Il y a de l'excellent (ceux des années 20-30, les abstractions de Norman McLaren, "Doom Town" sur un test atomique dans le Nevada...), du moyen et du pas terrible. Mais la portée documentaire est passionnante. Superbes restaurations du 3-D Film Archive. BR 3D US

2 commentaires:

  1. Bonsoir Tom,

    Peux-tu me confirmer que le Blu-ray UK de Streets of Fire ne contient pas de sous-titres anglais, ni même de sous-titres tout court ? Dommage a priori.

    Je n'ai pas envie d'acheter le DVD ou le BR fr, je n'aime pas l'éditeur Wild Side.

    J'ai bien aimé Wolf Creek 2, bcp même, après on peut trouver le premier supérieur (plus sec, moins déconneur, moins de cabotinage il est vrai), cela dit, la scène durant laquelle la jeune femme allemande se fait maltraiter m'a marqué, j'avais VRAIMENT mal pour elle , c'était viscéral !



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    1. Non Jordan, en effet, il n'y a aucun sous-titres sur le BR anglais de Streets of Fire. Mais il semble y en avoir (sous-titres anglais) sur le BR allemand.

      Pour Wolf Creek 2, la seconde partie du film ne m'a pas convaincu et les références (dans l'ambiance et décor de la maison) au Texas Chainsaw m'a gêné. Wolf Creel était d'un autre niveau je trouve, plus sec comme tu dis.

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