11 janvier 2016

2 janvier 2016

Films vus par mois(s) : janvier 2016


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

45 ans / 45 years (Andrew Haigh, 2015) **
Au moment de célébrer leurs 45 ans de mariage, un couple septuagénaire traverse une crise de confiance. Le passé qui ressurgit (au sens propre) affecte Tom Courtenay et Charlotte Rampling dans ce film intimiste et tout en retenue - peut être un peu trop - qui se concentre sur les visages de ses deux acteurs pour évoquer la confusion des émotions. La mise en scène discrète réserve quelques splendides moments (les scènes du grenier). BR UK

Beyond the valley of the dolls (Russ Meyer, 1970) *
Trois filles d'un groupe pop provincial débarquées à L.A. s'immergent dans la vie dissolue des beautiful people. Un film bancal et foireux, à la fois satire, mélo, musical, softcore, postmoderne... et moral, aux personnages outrés dans des situations qui repoussent les tabous de ce qu'un studio (la Fox) pouvait produire à l'époque. Rien ne fonctionne vraiment mais la charge explosive est sympathique et la dernière demi-heure est géniale de délire. BR UK

Backcountry (Adam MacDonald, 2014) *
Un jeune couple parti faire du trekking dans la forêt canadienne est pourchassé par un ours noir. Rien de plus, rien de moins. Quelques scènes - récurrentes - de bruits inquiétants autour de la tente créent une certaine tension mais la linéarité du scénario et une ou deux stupidités comportementales du garçon rabaissent le film au niveau du produit de série. Une lecture intéressante serait d'y voir une satire du machisme. BR Allem

Le triomphe de la volonté / Triumph des Willens (Leni Riefenstahl, 1935) ***
En termes historiques et cinématographiques, ce document sur le congrès du Parti National Socialiste à Nuremberg en 1934 et à la gloire d'Hitler est une oeuvre essentielle qui exploite toutes les possibilités du cinéma d'alors dans une fusion épuisante de montage, de lumière et de son (ces discours hurlés !) qui assaille les sens du spectateur. Le fond de propagande, quand on connaît la suite, est glaçant comme la plongée dans un abîme. BR US

Valley of Love (Guillaume Nicloux, 2015) ***
Isabelle Huppert, toute en contrôle et Gérard Depardieu, tout en intuition, sont fascinants à observer dans ce film inclassable autour d'un couple séparé qui se retrouve dans Death Valley à la demande posthume de leur fils suicidé. Les thèmes du deuil et de l'espérance se panachent avec ceux du vieillissement et du statut de l'acteur jusqu'à un final qui ose le fantastique métaphysique. Un conte original qui appartient à 100% à ses deux stars. BR Fr

Exodus: Gods and Kings (Ridley Scott, 2014) *
Ce n'est pas l'histoire qui pêche car Moïse et L'Exode sont pain bénit pour le lyrisme et la stupeur, et le point de vue est intéressant (Moïse - Christian Bale - comme chef de guérilla) mais c'est le déséquilibre entre la première moitié, pompeusement bavarde et la seconde (à partir des Plaies d'Egypte), dynamique et pleine d'images grandioses en CGI. Le film est par ailleurs vidé de toute émotion, sans doute écrasé sous sa propre échelle. BR Fr  

C'est l'homme (Noël Herpe, 2009) *
Un quadragénaire (joué par le réalisateur) se travestit, descend dans les rues de Paris, se fait enlever par trois types et humilier/martyriser dans un bois et un village. Ce court métrage maudit de 30', interdit dans la plupart des festivals pour son fond "malsain", raconte une histoire forte autour de l'homophobie, de l'esprit de meute et du masochisme mais pâtit de son format, d'un rythme inégal et de l'amateurisme de la plupart de ses acteurs. YouTube

Balade entre les tombes / A walk among the tombstones (Scott Franck, 2014) 0
Liam Neeson, égal à lui-même en ex détective rongé de mélancolie et flingue au poing, cherche dans la nuit de Brooklyn les kidnappeurs et assassins de plusieurs femmes. Ce polar tente de jouer dans la cour de "Seven" et autres thrillers poisseux mais n'arrive pas à décoller faute à un scénario sans surprise et à une auto importance agaçante. C'est frustrant, Neeson en impose mais sa présence est diluée dans la routine du reste. BR Fr 

Boulevard (Dito Montiel, 2015) *
Le ton de tristesse monocorde du film, qui infuse le décor, la lumière et le jeu des acteurs (sans parler de l'histoire) est un handicap rédhibitoire : on s'ennuie vite de l'errance existentielle de ce sexagénaire marié et fatigué qui s'éprend platoniquement d'un gigolo de trottoir. Robin Williams, dans son dernier rôle, joue un vieux gay dans le placard avec une douleur qui, rétrospectivement, met mal à l'aise. Un film plombé et plombant. BR US

The green inferno (Eli Roth, 2013) **
Des étudiants de Columbia partis faire de l'activisme environnemental en Amazonie sont capturés par une tribu cannibale. Hommage aux classiques italiens du genre, un film aux couleurs criardes qui passe incongrument de l'horreur gore à la potacherie, qui ose montrer des yeux arrachés mais pas un téton et qui suggère des choses confuses sur la génération selfie et le capitalisme. Au final, pris comme une satire, c'est pas mal du tout. BR Fr

Went the day well? (Alberto Calvacanti, 1942) ***
En 1942, les habitants d'un village de la campagne anglaise découvrent que les soldats qu'ils ont accueillis sont une cinquième colonne allemande déguisée et prennent les armes contre eux. Cet excellent film de propagande (un modèle du genre), qui commence dans la légèreté et finit dans la violence, appelait à la vigilance et à la résistance des britanniques au moment de l'expansion du Reich. Avec une première scène très étonnante. BR UK

Au fil de l'épée / The Devil's disciple (Guy Hamilton, 1959) **
Pendant la Guerre d'Indépendance américaine dans la campagne bostonienne, un échange d'identités entre un révolutionnaire et un pasteur leur fait découvrir leur nature profonde. D'après George Bernard Shaw, un film où la comédie se mêle à l'action (et à l'animation) en se jouant des institutions (pouvoir, armée, église). Kirk Douglas, Burt Lancaster et Laurence Olivier se régalent des dialogues vifs et souvent incorrects. BR US

Pitfall (André de Toth, 1948) ***
Un assureur que son quotidien routinier déprime a une aventure avec la copine d'un escroc et y risque sa vie familiale. Sur une structure de Film Noir (sans en être un), un petit chef-d'œuvre qui dresse les portraits complexes de plusieurs personnages pris au piège de leurs frustrations. Dick Powell, Lizabeth Scott, Raymond Burr et Jane Wyatt sont excellents, la mise en scène épatante et le scénario évite avec panache le moralisme attendu. BR US

Mad Men. La saison finale (AMC Matthew Weiner, 2015) ***
Mad Men se termine comme il a commencé il y a 7 saisons, ses personnages traversant leurs aventures professionnelles et affectives sur fond de la mutation sociale des Sixties. Sur un scénario où le suggéré l'emporte sur l'asséné et où on apprend à faire avec les fêlures personnelles. Ecriture, thématiques, mise en scène, direction artistique et casting : tout aura atteint la perfection. Jusqu'à ses cyniques ultimes images. BR Fr

Scarecrows (William Wesley, 1988) 0
Quelques militaires ayant volé un magot se retrouvent aux prises avec des épouvantails vivants psychopathes. Une idée de film d'horreur pas plus bête qu'une autre est irrémédiablement gâchée par l'amateurisme de la mise en scène et des acteurs. C'est dommage parce que les épouvantails dans la nuit sont originaux et réussis et qu'il y avait un petit film bourrin sympathique en puissance. Fast forwardé quand j'ai compris que c'était cuit. BR US

Cold prey / Fritt vilt (Roar Uthaug, 2006) 0
Les cinq jeunes norvégiens partis faire du snowboard et coincés en montagne dans un hôtel abandonné où rode un tueur à piolet sont tellement cons que ce qui leur arrive n'est pas assez. Ce survival nordique à la critique étonnamment plutôt bonne est un ramassis de clichés du genre, d'effets faciles et de situations prévisibles, bénéficiant juste d'un décor (corridors vides et neige) et d'une photo assez soignés. Et il y a eu deux suites... BR Fr

The last american virgin (Boaz Davidson, 1982) *
Une production Cannon/Golan-Globus (ça met la puce à l'oreille). Un lycéen vendeur de pizza et ses deux copains courent la fille à Los Angeles. Le film a du charme, du à la sympathie des personnages (et des acteurs), plusieurs scènes sont drôles et la vulgarité facile est absente mais le scénario reste dans les voies balisées du film de pucelage, hormis sa dernière partie, inattendue. En tous cas, une vraie time capsule Eighties, BO incluse. BR UK

L'enfant miroir / The reflecting skin (Philip Ridley, 1990) *
Un été dans l'Idaho, un enfant est le témoin de scènes de mort dans son entourage proche. Le scénario qui accumule les moments et personnages morbides et énigmatiques, entièrement vus du point de vue du garçon, ne sait pas trop où il veut conduire le spectateur et le jeu des acteurs (notamment le gamin) est approximatif. Mais les plans des maisons perdues dans l'océan des blés sous le ciel azur sont d'une rare beauté plastique. BR UK

Downton Abbey. The Finale (Julian Fellowes, 2015) **
L'ultime épisode du feuilleton des maîtres et domestiques du domaine de Downton Abbey n'y va pas de main morte : 13 ans (1912-1925, répartis sur 6 saisons) de conflits personnels et collectifs y sont résolus en 90 minutes où chacun trouve son épiphanie. Tout cela semble bien fabriqué et expédié et on aurait aimé quelque développement mais bon, comment résister à une histoire qui finit par un Auld Lang Syne sous les flocons de neige ? BR UK

1 janvier 2016

Marbres

Chairs de marbre à Copenhague : Bonne Année 2016 !