3 mai 2016

Films vus par moi(s) : mai 2016



*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

The witch (Robert Eggers, 2015) **
Vers 1630 en Nouvelle-Angleterre, une famille puritaine isolée implose, peut être sous la possession d'une sorcière. Le scénario un peu trop lâche nuit à ce film qui se prend très au sérieux et qui aurait pu, plus structuré, donner un chef-d'oeuvre : la renconstitution de l'époque coloniale est formidable (on s'y croirait), comme la photo et les jeunes acteurs. Cette plongée dans la névrose familiale et l'obscurantisme reste quand même sacrément originale. BR US  

Sportif par amour / College (James H. Horne & Buster Keaton, 1927) **
Un étudiant empoté se met à la compétition sportive sur son campus pour reconquérir sa chérie. Moins parfait que "The freshman" avec Harold Lloyd (1925) sur un sujet similaire, ce Buster Keaton enchaîne des gags visuels physiques assez prévisibles et répétitifs. Jusqu'à un final qui monte en puissance et se termine sur une succession de trois plans parmi les plus inattendus et simplement sublimes de tout le Cinéma. BR Allem

Tremblement de terre à Tangshan / Aftershock / Tang shan da di zhen (Xiaogang Feng, 2010) *
Sur trois décennies, le destin d'une famille brisée par le séisme de Tangshan en 1976. Après la séquence - réussie - de la catastrophe, les parcours séparés d'une soeur, de son frère et de leur mère forment un mélodrame étonnamment retenu qui emprunte aux codes hollywoodiens. Bien plus intéressante est la métaphore sur les bouleversements de la Chine, de la mort de Mao au Capitalisme d'Etat. Le film a triomphé dans son pays. BR Fr

Il est de retour / Er is wieder da (David Wnendt, 2015) ***
Adaptation du best-seller de Timur Vermes (paru en 2012), une satire grinçante et glaçante sur Hitler qui réapparait dans le Berlin de 2014 et entreprend, aidé d'un show télévisé, le redressement de l'Allemagne "dirigée par une matrone" et envahie d'immigrés. Certains gags sont lourdauds mais le propos frappe fort, grâce à un scénario ingénieux, aux moments de caméra cachée et à la prestation dérangeante d'Oliver Masucci en Führer. BR Allem

Un pyjama pour deux / Lover come back (Delbert Mann, 1961) ***
Le deuxième des trois films avec Doris Day et Rock Hudson (après "Pillow talk" et avant "Send me no flowers") est un modèle de comédie de situations où un publicitaire est pris par sa concurrente pour un chimiste vierge. Les jeux de rôles et les sous-entendus sexuels (qui se jouent audacieusement de l'homosexualité - cachée - de Hudson) crépitent autant que l'Eastmancolor éclate et que les acteurs s'amusent. Ce triomphe à l'époque reste un régal. BR US

Hitchcock (Sacha Gervasi, 2012) **
En 1959-1960, une crise de confiance conjugale secoue Alfred Hitchcock et sa femme Alma au moment de la production et du tournage de Psychose. La mise en scène est anonyme mais l'histoire est intéressante et les acteurs (Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson) donnent corps, crédibilité et émotion à leurs personnages. Un regard en coulisses sur un film fondamental des Sixties et sur un couple improbablement solide. BR Fr

La tête haute (Emmanuelle Bercot, 2015) ***
Un mélodrame social sur le parcours judiciaire et intime d'un adolescent violent et délinquant. Cette succession de séquences en centre éducatif, rencontres chez la juge pour enfants et fugues menaçait d'un film à message formaté. Mais la réalisatrice maintient la tension qu'elle met en scène et dirige brillamment son casting de choix : Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier et le jeune Rod Paradot, formidable de présence. BR Fr

Life (Anton Corbijn, 2015) **
En 1955, la collaboration du photographe Dennis Stock (Robert Pattinson) et de James Dean sur leur célèbre photoreportage commandé par Life. En se concentrant sur quelques semaines, le film évite le genre amidoné du biopic pour évoquer le spleen de deux jeunes artistes en proie à leurs fêlures. Au début, j'ai douté de Dane deHaan en Dean (visage trop rond, ton trop monocorde) mais à la fin, je reconnais qu'il a trouvé quelque chose. BR Fr

Hondo, l'homme du désert / Hondo (John Farrow, 1953) *
Un éclaireur trouve refuge dans la ferme d'une femme seule et de son fils en territoire apache. Un western à la réputation surfaite qui mélange de bonnes séquences (celles à la ferme) et d'autres vraiment fades (les indiens et les poursuites). Et au final, malgré John Wayne qui en impose avec sa démarche chaloupée, le film n'apporte rien au genre, Geraldine Page a des tics labiaux crispants et j'ai regardé tout cela avec un certain ennui. BR Allem

L'invasion des profanateurs / Invasion of the body snatchers (Philip Kaufman, 1978) *
L'inquiétude rampante et le sens du désespoir placent ce remake du classique de 1956 (par Don Siegel) dans le genre des thrillers paranoïaques des Seventies autant que dans le fantastique. Mais le revoir aujourd'hui montre ses faiblesses par rapport à son modèle : enchaînement approximatif dans la narration, jeu médiocre de plusieurs acteurs (surtout Jeff Goldblum) et des grimaces récurrentes, dont la finale, franchement ridicules. BR UK

Romeos (Sabine Bernardi, 2011) *
A Cologne, l'attirance compliquée entre un gay séduisant et bien dans sa peau et un transsexuel en voie de transition fille vers garçon (joué par un acteur masculin, ce qui entame la crédibilité). Le bon sujet, rarement traité, est desservi par une mise en scène plate, des clichés et des seconds rôles peu convaincants (les deux jeunes acteurs principaux, eux, ont du charisme). Un film allemand pas à la hauteur de l'histoire qu'il propose. BR Fr   

Expresso Bongo (Val Guest, 1959) *
A Londres, un aventurier (Laurence Harvey) s'improvise agent d'un jeune chanteur et pousse sa carrière en studio et à la BBC. Cette adaptation d'un musical à succès du West End est trop bavarde et pas assez musicale pour fonctionner. Tous les acteurs jouent fébrilement la comédie sauf Cliff Richard (un chanteur-acteur insipide) qui semble anesthésié. Quelques scènes capturent bien l'atmosphère du Soho nocturne des Fifties. Décevant. BR UK 

The visit (M. Night Shyamalan, 2015) ***
Une soeur et son frère vont passer une semaine dans la maison isolée de leurs grands-parents, qui se comportent de façon de plus en plus inquiétante. Un petit film typé found footage (la fille a une caméra) où l'humour se panache habilement avec la tension horrifique et qui est porté par ses deux jeunes acteurs, excellents. Et derrière le film de genre, on peut lire une étonnante métaphore sur les démences séniles. Une bonne surprise. BR Fr

The walk : Rêver plus haut / The walk (Robert Zemeckis, 2015) *
La prouesse du funambule Philippe Petit (Joseph Gordon-Levitt) entre les deux tours de World Trade Center en août 1974 est restituée de façon vraiment impressionnante (par le suspense et la spatialisation 3D) dans la seconde partie du film. Si seulement l'ensemble avait été de cette tenue. Car avant cela, il a fallu se taper une heure de présentation au style affecté qui semble comme un mélange d'Amélie Poulain et de Moulin Rouge. BR 3D Allem

While we're young (Noah Baumbach, 2014) **
L'ombre de Woody Allen plane sur cette comédie cynique autour d'un couple de quadragénaires (Ben Stiller, Noami Watts) qui se lie d'amitié avec un couple de vingtenaires (Adam Driver, Amanda Seyfried). Si la description du milieu bobo new yorkais est très bonne, c'est l'étude du gouffre générationel (l'état d'esprit entre deux conduites et éthiques) qui fait l'intérêt du film, au message finalement assez déprimant. La mise en scène est passe-partout. BR Fr

Epic : La bataille du royaume secret / Epic (Chris Wedge, 2013) *
Cette production du studio Blue Sky ("Ice Age", "Rio"...) démontre encore une fois son brillant savoir faire technique dans le domaine de l'animation CGI et son goût pour l'action trépidante, le décor et la couleur. Mais le scénario qui part d'une bonne idée (une ado est miniaturisée à la taille de minuscules êtres forestiers) s'égare dans un schéma balisé dont j'aurai aimé plus. Ca reste quand même un bon film pour enfants, le public visé. BR Fr