**** chef-d'oeuvre / *** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Un si joli village... (Etienne Périer, 1978) ***
Un village près d'Angoulême prend la défense d'un potentat, le propriétaire de l'usine locale soupçonné par un juge d'avoir tué sa femme. Une formidable étude de caractères, individuels - les personnages - et collectifs - le village, la justice - qui sous les apparences d'une enquête à la "Columbo", aborde des thèmes à la fois fixés dans leur temps et dans l'intemporel, notamment l'emprise des pourvoyeurs d'emplois sur les municipalités et leurs liens troubles avec les institutions. Avec Victor Lanoux, Valérie Mairesse et surtout Jean Carmet, dans son meilleur rôle ? BR FR StudioCanal
La brigade du suicide / T-Men (Anthony Mann, 1947) ***
Deux agents du Département du Trésor américain - les T-Men - infiltrent un gang mafieux de faux-monnayeurs en se faisant passer pour deux caïds. Un étonnant hybride de Film Noir et de documentaire panégyrique sur la police financière US, qui utilise des effets communs aux deux - la voix-off et le tournage en extérieurs - tout en travaillant la grammaire du premier avec une sublime photographie N&B contrastée et des cadrages extrêmes et la pédagogie du second. Avec en plus une violence crue et des émotions froides qui donnent au film une férocité singulière. BR FR Rimini Editions
Sambizanga (Sarah Maldoror, 1972) ***
En Angola en 1961, une jeune femme de la campagne part avec son bébé à Luanda à la recherche de son mari capturé et torturé par la police coloniale portugaise. Joué par des non-professionnels - le couple sera critiqué d'être trop "beau" - et traité sur un ton mi-documentaire, mi-élégiaque, le premier film africain réalisé par une femme - une française noire - évoque les prémices de la guerre décoloniale angolaise (1961-1975) d'un point de vue féminin hautement personnel. Du cinéma politique engagé avec un véritable supplément d'art et d'âme. BR FR Carlotta
Les proies / The beguiled (Sofia Coppola, 2017) *
Pendant la Guerre de Sécession, un soldat nordiste blessé est recueilli par le six occupantes d'une pension privée de Virginie. Un remake du film avec Clint Eastwood (Don Siegel, 1971) qui bénéficie d'une production et d'une photographie léchées - un peu trop - et d'un casting épatant - Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning - mais dont le scénario répétitif bifurque vers une fin trop expédiée. Surtout, le message est brouillé : si le pauvre type est en chaleur, c'est parce que les pubères ont toutes le feu où je pense. Pour le féminisme annoncé, on repassera... BR UK
Le fruit défendu (Henri Verneuil, 1952) **
Notable d'Arles, un docteur marié se prend de passion pour une jeune aventurière venue de Paris. Le démon de midi n'est plus un sujet au cinéma et quel dommage : outre les outrances de scénario et les leçons de morale, ça donne aussi des numéros d'acteurs et d'actrices formidables. C'est le cas ici, avec Fernandel dans un role dramatique qui s'avilit pour Françoise Arnoul, super en imper et béret ou en négligé affriolant. Un drame bourgeois de papa comme je les aime et en prime, Sylvie en mère abusive et Claude Nollier en grande cocue. DVD FR René Chateau
Fils de (Carlos Abascal Peiró, 2025) **
Dans l'effervescence de la nomination d'un premier ministre, un attaché parlementaire (Jean Chevalier) pousse son père, politicien retiré (François Cluzet), à être candidat. Une comédie-thriller qui est surtout une charge contre la classe politique autocentrée et ses magouilles. On rit souvent de l'outrance des situations et du casting remonté (Karin Viard, Alex Lutz...) et la satire semble savoir de quoi elle parle mais le rythme et le montage trépidants fatiguent et on s'interroge sur la pertinence d'en rajouter une couche au moment où la chose politique est tellement défiée. Cinéma