*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Lords of Salem (Rob Zombie, 2012) 0
Encore un film vu la seconde moitié en fast forward et revendu aussi sec. A Salem, la malédiction d'un sorcière brûlée au 17e siècle poursuit l'animatrice d'une émission de radio locale. La chute du réalisateur, depuis l'excellent "House of 1000 corpses" (2003), est abyssale : ici, rien que du déjà vu bien mieux ailleurs, désagréablement fauché (les éclairages rougeoyants n'y font rien), amateur et même pas peur. Cheap et commis par dessus la jambe. BR Fr
South seas adventure (Carl Dudley & autres, 1958) **
Un travelogue en Cinerama qui conduit le spectateur d'Hawaii en Australie en passant par Tahiti, Fidji, Tonga, les Nouvelles Hébrides et la Nouvelle-Zélande. Comme c'est les Fifties, tout est du point de vue de l'homme blanc, anglophone et chrétien. Ca donne un festival de politiquement incorrect (qui fait le sel du film) dit par Orson Welles, sur les populations et coutumes des indigènes. Un fascinant produit culturel de son temps. BR US Smilebox
Fin août, début septembre (Olivier Assayas, 1998) ***
La caméra qui colle aux corps et visages des acteurs (Amalric, Balibar, Cluzet, Ledoyen...) scrute le moindre tremblement de main ou de paupière et donne une étonnante présence aux personnages de cette histoire d'un petit groupe d'amis parisiens gravitant autour d'un écrivain quadragénaire malade. Le film dit des choses très justes sur les mutations des rapports amicaux mais c'est l'excellence du jeu collectif des comédiens qui frappe. DVD Z2 Fr
Hôtel des Invalides (Georges Franju, 1952) ***
En utilisant les ombres des objets, le montage alterné, d'anciens combattants et des acteurs, un commentaire dit par Michel Simon et son sens de la poésie, Franju dynamite un documentaire sur le Musée de l'Armée commandé par le Ministère de la Défense en un court métrage de 22' surréaliste et antimilitariste d'une féroce ironie. Telle cette blonde visiteuse qui s'admire dans le miroir d'un périscope des tranchées. YouTube
Peter's friends (Kenneth Branagh, 1992) 0
Epouvantable. Un célibataire endurci qui vit dans un manoir anglais invite ses amis pour le réveillon. Retrouvailles, embrassades, réjouissances, crises de nerfs, pleurs, révélations... Tout est faux, chargé, surjoué à gerber (Branagh, Thompson, Staunton, Fry...) et gratuitement bande sonorisé par des tubes des Eighties (Pretenders, Tina Turner, Tears for Fears, Cindy Lauper...). J'ai vu des mauvais films récemment, celui-là les enfonce tous. BR Fr
Koyaanisqatsi (Godfrey Reggio, 1982) *
La société urbaine moderne (aux USA du moins) a perdu le contact avec la Nature et court littéralement à sa perte. Un film de sensations qui dénonce en martelant son message simpliste par un déluge d'images accélérées et une partition minimaliste obsédante de Phil Glass. C'est une épreuve, parfois fascinante, mais c'est le look 70's des individus et le design des objets, surgis d'un autre temps, qui sont de loin le plus intéressant. DVD Z2 UK
Side effects / Effets secondaires (Steven Soderbergh, 2013) **
Alors que la première partie du film semble s'avancer sur le terrain (passionnant) du pamphlet des magouilles des géants pharmaceutiques, la seconde vire au thriller de manipulation, prenant, bien ficelé mais autrement plus convenu. Le savoir faire de Soderbergh et la qualité des acteurs qui s'affrontent (Jude Law, Rooney Mara et Catherine Zeta-Jones) font qu'on ne s'ennuie pas une minute mais j'ai un peu regretté le virage du scénario. BR Fr
Jailhouse rock / Le rock du bagne (Richard Thorpe, 1957) **
Si c'est pas mon film d'Elvis préféré (c'est "Viva Las Vegas" ou "Blue Hawaii"), c'est quand même un réjouissant moment de cinéma, qui raconte avec quelques ajustements l'histoire des débuts du King, joué par lui-même. Tout cela semble bien innocent aujourd'hui mais le magnétisme animal et le body language d'Elvis (22 ans à l'époque) restent captivants et la séquence titre est formidable de dynamisme. Pour Judy Tyler aussi, trop tôt partie. BR US
Blackfish (Gariela Cowperthwaite, 2013) **
Un documentaire à charge contre Sea World sur l'irresponsabilité de garder les orques en bassin pour le show et le profit à travers l'exemple de Tilikum, un animal qui a déjà tué ou blessé plusieurs de ses dresseurs. La démonstration est imparable, les témoignages accablants et les images de tribus d'orques en liberté renforcent le malaise de voir ceux en captivité. Un film activiste qui prouve que la Nature contrainte est toujours explosive. BR UK
Le puits et le pendule (Alexandre Astruc, 1963) **
Une adaptation en court métrage de 35' de la nouvelle de Poe où la voix off de Maurice Ronet dit la traduction de Baudelaire. Le décor inquiétant de la cave-donjon, la photographie N&B et quelques mouvements de caméra inspirés (qui créent la tension) sont remarquables. Le jeu intériorisé de Ronet suggère à merveille l'angoisse de la mort qui s'approche. Une mise en images réussie de Poe, ce qui n'est pas une mince affaire. DVD Z2 FR
The curse of the werewolf / La nuit du loup-garou (Terence Fisher, 1961) ***
Un chef-d'oeuvre de la Hammer où la lecture psychanalytique du récit (autour du sexe et de la parole) et la détresse existentielle de son antihéros apportent une enrichissante profondeur aux images d'opérette composées et colorées comme des illustrations de conte. La mise en scène inspirée de Fisher et le splendide maquillage du loup-garou complètent la réussite, comme la présence solide et fragile à la fois d'Oliver Reed débutant. DVD Z1 US
Oroi / Jitters (Baldvin Z, 2010) *
En Islande, les jours et les soirées entre tribu et famille d'un adolescent mal à l'aise avec la découverte de son homosexualité. C'est typiquement le genre de coming of age film destiné à aider les spectateurs de l'âge de ses protagonistes à s'ouvrir à l'acceptation de soi et des autres. Il n'y a rien de bien nouveau et la portée cinématographique est minimale mais c'est important que des films comme celui-là soient faits et vus. BR Fr
The canyons (Paul Schrader, 2013) **
Le scénario de Bret Easton Ellis (pouvoir, jalousie et manipulation) ne casse pas des briques et la fin est décevante mais l'utilisation en toile de fond d'un Los Angeles très réel et la photo solaire compensent. Si les acteurs principaux (tous dans leur vingtaine tardive) vont du très bon au moyen, tous dégagent une présence. De retour à l'écran, Lindsay Lohan, prématurément usée, est fascinante et donne au film une solidité qu'il n'aurait pas sans elle. BR US
Museum hours (Jem Cohen, 2012) ***
Quelques jours d'hiver, une canadienne venue veiller une cousine malade à Vienne et un gardien rencontré au Kunsthistorisches Museum conversent en se promenant dans le musée et dans la ville. Les tableaux de Brueghel, avec leurs multiples détails et significations, sont la clé d'interprétation de ce film contemplatif sur les parallèles entre le réel et l'art et sur la temporalité des êtres et des choses. Et le besoin de l'autre. Une oeuvre subtile qui se mérite. BR US
Dallas Buyers Club (Jean-Marc Vallée, 2013) *
En 1985 au Texas, un white trash séropositif créé une association qui délivre (illégalement) des médicaments alternatifs à des malades du Sida. Sur un épisode méconnu des débuts du Sida, un film qui se révèle informatif mais très impersonnel et étrangement vide d'âme et d'émotion. Matthew McConaughey et Jared Leto sont saisissants dans deux interprétations construites sur leur métamorphose physique. Ca, ça me laisse dubitatif. BR US
Nothing in the dark (Lamont Johnson, 1961) ***
The Twilight Zone.S3.E81. Un vieille femme cloîtrée chez elle de peur de mourir recueille un jeune policier blessé. Un épisode archétypique de The Twilight Zone, pur, concis, avec un twist bienvenu et d'une portée existentielle qui le transcende. Gladys Cooper est formidable (comme toujours) et le débutant Robert Redford exécrable (comme souvent). Malgré lui, c'est l'un des meilleurs épisodes de toute la série. DVD Z1 US
Berberian sound studio (Peter Strickland, 2012) 0
Déjà que les giallos, c'est pas fameux, alors une sorte de giallo post-moderne de toute évidence destiné au public d'art et d'essai, c'est un cauchemar. Dans les années 70, un ingénieur du son anglais introverti (Toby Jones) se retrouve dans un studio de mixage italien pour travailler sur un film d'horreur. Tout est autocontemplatif et satisfait (ce clin d'oeil lamentable à "Persona"), vainement hermétique et d'un ennui désespérant. Nul. BR Fr
Sunshine on Leath (Dexter Fletcher, 2013) 0
Basé sur les chansons (très médiocres) du groupe écossais The Proclaimers, un musical impossiblement hétéro sur les histoires d'amour d'une poignée d'habitants d'Edimbourg, dont deux jeunes soldats démobilisés. Il ne se passe rien de folichon et l'impression de faiblesse généralisée domine. Glee, au moins, a des tubes qui s'enfilent. Ici, une seule chanson surnage (dans un pub au début). L'interêt : Edimbourg, la belle. BR UK
Spring breakers (Harmony Korine, 2012) **
Le Spring Break des étudiants américains avec son abandon, ses excès et sa dépression post partum, est élevé au statut de fable dans ce film sur quatre gamines qui partent en Floride pour une virée au bout d'elles-mêmes. La forme, pastiche boursouflé de MTV (on dirait parfois le backstage sous acide du génial "The Grind"), tend à tout vampiriser mais pour qui voit derrière l'esbroufe, il y a un vrai et profond sujet. James Franco est fearless. BR Fr
Carnage (Roman Polanski, 2011) 0
On attend que la sauce prenne et que le déchaînement arrive mais la répétition monotone des situations (les appels sur le portable, les départs avortés...) fait à chaque fois retomber le soufflé en accusant l'artificialité de cette adaptation de la pièce (sans doute juste passable) de Yasmina Reza sur deux couples qui vident leurs sacs. Le théâtre au cinéma est un exercice difficile et les meilleurs réalisateurs et acteurs aussi peuvent se planter. BR Fr
Pain & gain / No pain no gain (Michael Bay, 2013) **
Un bon Michael Bay ?! La vulgarité habituelle de sa mise en scène colle ici parfaitement au propos du film, une comédie noire (tirée d'un fait divers) sur trois haltérophiles très cons de Miami qui kidnappent un nouveau riche pour lui piquer sa maison et ses sous. L'action, le bling bling et la violence (et beaucoup d'humour) composent une sorte d'opéra de la loose plus futé qu'il n'y paraît. Avec Mark Wahlberg et Dwayne Johnson, qui sont excellents. BR Fr
Ménilmontant (Dimitri Kirsanoff, 1926) *
Un mélodrame de 38', muet et sans carton, qui raconte par l'image seule le drame de deux orphelines de Ménilmontant dont l'une est séduite par un vaurien qui la plante fille-mère. La photographie pictorialiste (brume, reflets, clairs-obscurs) et la présence de la jeune actrice Nadia Sibirskaïa (au merveilleux visage) sont remarquables mais le montage effréné des plans de la ville trahit un formalisme à la mode qui n'est ni signifiant ni justifié. YouTube