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Un marteau pour les sorcières / Kladivo na čarodejnice / Witchhammer (Otakar Vávra, 1969) **
En 1670 en Moldavie, un inquisiteur obtient par la torture les aveux de femmes d'un village accusées de commerce avec le Diable. Un film historique tchèque superbement réalisé qui reste d'une actualité brûlante. La dénonciation par métaphore de la corruption, des mascarades de procès et de l'écrasement des individus par l'URSS d'il y a soixante ans s'applique à nouveau, hélas, aux dictatures actuelles. Quant à celle du traitement des femmes par les religions du livre... Choc et subtil à la fois. BR FR
Un homme comme tant d'autres / Nothing but a man (Michael Roemer, 1964) ***
En Alabama, un ouvrier noir essaye de construire son couple et sa vie dans l'étouffant contexte ségrégationniste. Porté par l'interprétation formidablement juste de ses acteurs (Ivan Dixon, Abbey Lincoln...), un film qui regarde droit dans les yeux les conséquences sociales et affectives de la discrimination raciale. Au-delà du remarquable aspect politique engagé, la réussite plastique et émotionnelle est totale. Longtemps oubliée, c'est d'évidence une oeuvre-clé des Sixties. BR FR
Terrifier (Damien Leone, 2016) 0
Un serial killer costumé en clown s'attaque à deux jeunes femmes un soir d'Halloween. Presque entièrement situé dans un entrepôt décrépit, un film d'horreur qui se réfère dans son style et son ambiance aux classiques du genre des 70s/80s, mais en bien plus gore. Mais comme il n'y a pas de second degré, que les actrices sont incapables et que le scénario est d'un basique inepte, on finit par s'ennuyer ferme. Seul le clown est bien, c'est trop peu et c'est un vrai gâchis. BR UK
Dersou Ouzala / Dersu Uzala (Akira Kurosawa, 1975) ***
En 1902 en Primorie (Extrême-Orient russe), le capitaine Arseniev, en mission de cartographie, rencontre le chasseur autochtone Dersou (Maxime Mounzouk, extraordinaire) qu'il prend comme guide dans la taïga. L'amitié entre deux hommes que tout devrait séparer s'épanouit dans la beauté et la brutalité d'une nature sauvage sublimement filmée et une succession de séquences inoubliables. Un film d'une grandeur d'âme et d'une générosité rares, simplement l'un des plus beaux du monde. Cinéma
Olivia (Jacqueline Audry, 1951) ***
Vers 1890 près de Fontainebleau, une nouvelle arrivante dans pension de jeunes filles s'éprend de la directrice lesbienne. Un film en costumes au décor foisonnant - par Jean d'Aubonne - qui explore le surgissement du désir chez une jeune femme face à la retenue confuse d'une supérieure. L'étonnante modernité vient de l'absence totale de jugement sur les personnages et du jeu impérial d'Edwige Feuillère en reine des abeilles. Avec Simone Simon en "épouse" jalouse. DVD Z2 FR
Je t'aime Je t'aime (Alain Resnais, 1968) ***
Après une tentative de suicide, un homme est soumis à une expérience de voyage dans le temps : pour une minute, il doit retourner un an jour pour jour en arrière. Et le spectateur est soumis à l'expérience de la fragmentation de la narration, déconstruite en de multiples flashbacks interrompus. Derrière la recherche formelle radicale et pionnière de Resnais, un film infiniment triste sur la prison de la dépression et de la culpabilité. Claude Rich, le cobaye, est d'une sensibilité bouleversante. BR US
Drifter (Pat Rocco, 1974) **
À L.A., un type à la dérive se prostitue pour des hommes et des femmes tout en cherchant un sens à sa vie. Tourné en 1969 par un pionnier oublié du cinéma gay, ce parent pauvre de "Macadam Cowboy" (1969) sent le navet puis, au fur et à mesure, trouve son histoire, son rythme et son style. Pour devenir un document passionnant sur une époque et son cinéma des marges. Etrangement, la médiocrité de l'acteur (Joed Adair) rend son personnage touchant. Une chouette redécouverte. BR US
Brian and Charles (Jim Archer, 2022) *
Dans la campagne anglaise, un inventeur solitaire allumé construit un robot bric et broc capable de parler, d'apprendre et de ressentir. Un conte au message positif sympathique mais aux conflits complètement attendus. Surtout, le choix radical de faire s'adresser l'inventeur (David Earl, assez exaspérant) au spectateur m'a empêché d'entrer dans l'histoire. Du Kitchen Sink pour notre temps dont le meilleur sont les paysages et la B.O. électronique de Daniel Pemberton. BR UK
5 femmes à abattre/ Caged heat (Jonathan Demme, 1974) ***
Dans un pénitencier pour femmes, cinq détenues trouvent une occasion de s'échapper. Parmi les classiques des Women in Prison films, celui-ci s'approche de "Caged" (John Cromwell, 1950). C'est de la Sexploitation 70s bien sûr mais la mise-en-scène, l'humour camp et le formidable casting de dures à cuire (Juanita Brown, Erica Gavin, Rainbeaux Smith...) maltraitées par Barbare Steele en directrice handicapée est exaltant. Avec un message féministe bien de son temps. BR FR
Prey (Dan Trachtenberg, 2022) **
Dans la forêt américaine de 1715, une jeune femme Comanche découvre qu'une créature invisible rôde sur le territoire de sa tribu. Le préquel de Predator (1987) et de ses suites est un pur survival, sans autre enjeu que l'action et l'empowerment de son héroïne à mille lieues de Schwarzenegger. La plus-value est le contexte indien et surtout le décor vraiment splendide des paysages sauvages, au naturel et avec sans doute un peu de CGI. BR BE