3 février 2023

Films vus par moi(s): février 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Frère et soeur (Arnaud Desplechin, 2022) **
Approchant de la cinquantaine, un frère et une soeur qui se haïssent de loin depuis vingt ans se revoient quand leurs parents ont un accident de voiture. Sans contexte ni explication - c'est une excellente idée - les sentiments destructeurs intra-familiaux étouffent la vie dans ce drame/mélodrame porté par Marion Cotillard et Melvil Poupaud métamorphosés en boules de nerfs. Si on s'y retrouve, le film peut-être aussi sauvage qu'apaisant.  BR FR

Elvis (Baz Luhrmann, 2022) *
Le destin d'Elvis Presley, centré sur son lien avec son agent, le Colonel Parker. Un nième biopic sur Elvis, qui, de son adolescence à sa mort, expédie tout si vite malgré ses 2h30 qu'on a l'impression d'une synthèse "...pour les Nuls". Austin Butler est bon - sur la voix du King pour les chansons -, comme Tom Hanks dont le personnage est de loin le plus intéressant du film. Une série eut sans doute été plus satisfaisante. BR UK 

Bros (Nicholas Stoller, 2022) *
A New York, le rapprochement hésitant entre le directeur d'un futur musée LGBTQ+ et un avocat rencontré en boîte. Une rom com gay sympathique où les clichés éculés sont contrebalancés par le regard plutôt juste sur les insécurités identitaires et les bouleversements d'une relation naissante. Tout cela se passe dans un milieu privilégié mille fois vu mais les deux personnages sont attachants, une qualité essentielle dans le genre. BR UK

Gunda (Viktor Kossakovsky, 2020) ***
Dans une ferme danoise, les jours d'une truie et de ses porcelets. Dans un noir et blanc contrasté magnifique et sur une bande son constituée uniquement des bruits de la nature, la famille cochonne, quelques poules et un troupeau de vaches sont filmés à leur hauteur. Toute action est une aventure et sans aucun anthropomorphisme, les attitudes des animaux nous parlent, les émotions surgissent, jusqu'à la fin déchirante. Superbe. DVD Z2 DE

Équation à un inconnu (Dietrich de Velsa, 1980) **
Un jeune motard doté fantasme de rencontres sur sa route. Réalisé sous pseudo par le peintre Francis Savel, ce porno gay sorti de l'oubli il y a quelques années est un film d'art bien plus de sexe. Sur une bande sonore étonnante mêlant classique, électronique et bruits incongrus - des rires féminins sur une scène d'orgie -, les images et les attitudes des garçons très fin 70s poussent le film vers une certaine mélancolie, juste avant l'arrivée du sida. BR US

Et j'aime à la fureur (André Bonzel, 2021) **
A partir de petits films familiaux personnels ou d'amateurs anonymes de 1900 à 1990, le réalisateur de 60 ans se raconte, nous raconte. Dans tous ses états, c'est le flux des existences qui s'écoule sur des images dont le montage ingénieux célèbre l'émerveillement d'être ou d'avoir été vivant. Si la voix off du cinéaste, trop présente, débite parfois des banalités (d'où le **), le film est sincèrement beau et émouvant. Et les deux dernières minutes miraculeuses. BR FR

L'invasion vient de Mars / Invaders from Mars (Tobe Hooper, 1986) 0 ou NS
Un garçon de dix ans (le fils de Karen Black) qui a vu un vaisseau spatial se poser près de chez lui trouve ses parents changés et s'en confie à une infirmière (Karen Black). Ils enquêtent. Remake d'un classique de SF de 1953, ce film d'horreur pour enfants bénéficie d'une belle photo et de créatures grotesques mais se révèle un navet de première... ou un pastiche malicieux car le casting entier a un jeu trop épouvantable pour être vrai. BR UK

La classe américaine (Michel Hazanavicius & Dominique Mézerette, 1993) ***
Une prouesse de malice, de montage et de doublage qui utilise des dizaines d'extraits de films Warner en les détournant pour composer un absurde et hilarant pastiche du cinéma hollywoodien classique et moderne. Hoffman et Redford y enquêtent sur la mort de Wayne (Georges Abitbol, "l'homme le plus classe du Monde") et croisent Stewart, Gable, Welles, Presley, Lancaster, Dickinson, Bacall et plein d'autres. Un flim culte, absolument. Internet

Long, long time / The last  of us, saison 1, épisode 3 (Peter Hoar, 2023) ***
Des critiques sur cet épisode m'ont intrigué alors j'ai repris The Last of us. Autant je continue à trouver les péripéties avec les zombies à tête de chou emmerdantes, autant l'épisode 3 m'a cueilli. Détour inattendu et audacieux de la série, l'histoire d'amour sur vingt ans entre deux gays survivants de l'Apocalypse est l'une des plus belles et émouvantes choses que j'ai vues sur un écran depuis longtemps. Quand les yeux se brouillent... Amazon Prime

As bestas (Rodrigo Sorogoyen, 2022) ***
Installé dans un hameau des montagnes de Galice, un couple de Français venu faire du bio fait l'objet de la haine de deux voisins. Si le sujet peu sembler déjà vu, c'est la mise en scène du film qui emporte le spectateur dans sa spirale étouffante de violence psychologique, dans un paysage pluvieux de champs et de forêts qu'on ressent physiquement. Avec des acteurs tous excellents, dont Denis Ménochet, Marina Foïs et Luis Zahera. BR FR

Black phone / The black phone (Scott Derrickson & C. Robert Cargill, 2022) **
En 1977, un adolescent enlevé par un psychopathe masqué essaye de s'échapper de la cave où il est séquestré, aidé par les voix des garçons tués avant lui. De l'horror assez vieille école - la meilleure - qui joue sur l'atmosphère poisseuse et le jeu inquiétant à visage caché d'Ethan Hawke. Le regard sur l'Amérique déclassée et le choix de ne rien expliquer renforce l'originalité du film, sorte de teenage movie pour une fois cérébré. BR FR