1 novembre 2018

Films vus par moi(s) : novembre 2018


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Table 19 (Jeffrey Blitz, 2017) 0
Six invités désaccordés à un repas de mariage sont placés à une table isolée et apprennent à se connaître. Ce mélange de comédie (ratée), de mélodrame (raté) et de feel-good movie (raté) plante une bonne idée de départ par les clichés qu'il accumule, les gros problèmes de rythme et le jeu agaçant de l'exécrable Anna Kendrick. J'ai lâché au bout de 45', sentant le navet irrécupérable. Un petit film passé inaperçu et qui l'a mérité. BR FR

La ballade de Buster Scruggs / The ballad of Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018) ***
Dans le Far West des années 1860, le destin de quelques personnages très différents. Un film à sketchs de six contes qui reprennent chacun les thématiques et les codes visuels du western tout en poussant l'ensemble vers la métaphore sur l'art de mourir. C'est violent, drôle, poétique et sombre à la fois avec un trait littéraire prononcé et une beauté des images (avec pas mal de CGI) assez renversante. Si on se laisse emporter, c'est gagné. Netflix

Jonas (Christophe Charrier, 2018) *
A Toulon, un gay trentenaire perturbé est hanté par un épisode de son adolescence. Deux choses émergent de ce téléfilm qui fait des allers-retours entre 1997 et 2015 : l'intensité de Félix Maritaud, nouvelle bête d'écran, et un superbe moment de cinéma lors d'un passage temporel dans un miroir sur la musique d'Alex Beaupain. Autrement, on s'ennuie ferme malgré les bonnes intentions à l'oeuvre. Mais c'est un premier film et il y a du potentiel. TV 

The Terror (AMC, 2018) **
En 1848, deux navires de la Royal Navy (le Terror et l'Erebus) partis chercher le Passage du Nord-Ouest sont pris dans les glaces. Inspirée par la tragique Expédition Franklin, cette série se déroule sur un rythme lent qui privilégie l'atmosphère (avec un formidable travail sur le son) à l'action sur un scénario d'une extrême morbidité. Rien n'est épargné du calvaire physique et psychique de ces marins perdus et hantés dans l'immensité arctique. BR US

Les gladiateurs / Demetrius and the gladiators (Delmer Daves, 1954) **
La suite de la lourde "Tunique" (Henry Koster, 1953) est un péplum bien plus enlevé, grâce aux scènes de combats dans l'arène, de Susan Hayward en Messaline fatale et d'une mise en scène assez inspirée de Daves. On y retrouve Victor Mature égal à lui-même et Jay Robinson en Caligula hystérique. Les anachronismes dans le jeu des acteurs, les éléments de décor et les dialogues participent au charme entraînant de l'ensemble. BR FR

Pour l'exemple / King and Country (Joseph Losey, 1964) **
En 1917 dans les tranchées belges, un soldat britannique est jugé pour désertion. Le pauvre type (Tom Courtenay) est défendu par un officier (Dirk Bogarde) qui justifie un cas de stress post-traumatique. Sur un sujet très proche des "Sentiers de la gloire" de Kubrick, un film qui dénonce l'horreur de la justice pour l'exemple. Les scènes de boue réalistes font contrepoint à la théâtralité des dialogues de procuration et de défense. Final saisissant. BR US  

Shanghai Express (Josef von Sternberg, 1932) ***
Les passagers occidentaux du train Pékin-Shanghai sont arrêtés par des rebelles chinois. Le scénario poussif et banal n'est que prétexte pour Sternberg à construire un film de pur formalisme, basé sur le travelling, le clair-obscur, le cliché orientaliste et Marlene Dietrich starisée en Shanghai Lily, fatale et fragile comme son double asiatique joué par la merveilleuse Anna Mae Wong. Le plus abstrait des extravagants Sternberg/Dietrich. BR US

Les Cosaques du Kouban / Kubianske Kazaki (Ivan Pyryev, 1949) ***
Dans la steppe du Kouban, l'administratrice et le directeur de deux kolkhozes concurrents sont attirés l'un par l'autre. Ce chef-d'œuvre du Musical soviétique (et du Musical tout court) délivre son message de propagande sur le bonheur communiste provincial tout en atteignant les sommets dans la mise en scène des numéros chantés sur des moissonneuses-batteuses par la crème de la crème des acteurs staliniens. Un de mes films cultes. DVD Rus

La route d'Eldorado / The road to Eldorado (Eric Bergeron & Don Paul, 2000) ***
En 1519, deux aventuriers espagnols se retrouvent reçus comme des divinités dans la ville légendaire d'El Dorado. Ce film d'animation Dreamworks dynamique et coloré est un spectacle sympathique mais le coup de génie de la production est de lui avoir donné une franche orientation gay, de l'amitié amoureuse des deux compères au prêtre inspiré de Divine en passant par les tenues de drag queens et les chansons d'Elton John. Netflix 

Aaaaaaaah! (Steve Oram, 2015) ***
Dans la banlieue de Londres, quelques hommes et femmes agissent en primates. Un film comme aucun autre, tout exprimé en borborygmes et où les comportements des personnages sont régis sans inhibition autour de la nourriture, du sexe, du territoire et de la domination. L'expérience est radicale et derrière la subversion, l'humour et l'horreur se pose la question des barrières fragiles qui nous retiennent de l'animalité. Très étonnant. BR UK  

Le village des damnés / Village of the damned (John Carpenter, 1995) ***
Dans une petite ville côtière de Californie, des enfants nés après un blackout sèment l'inquiétude puis la peur. Ce remake du film de Wolf Rilla (1960) réussit à s'élever au niveau de son modèle. La mise en scène au cordeau de Carpenter, sa musique et l'excellent casting (enfants comme adultes) installent une tension qui ne se relâche à aucun moment. J'avais toujours pensé que c'était un navet, j'ai découvert une sorte de chef-d'oeuvre. BR UK

La vie pure (Jérémy Banster, 2014) *
La calvaire de Raymond Maufrais, parti explorer seul la jungle guyanaise en 1949 et disparu au bout de six mois. D'après "Aventures en Guyane", son carnet de route retrouvé et publié, le film se concentre sur la souffrance physique et morale du jeune explorateur idéaliste (Stany Coppet, très bien) sans véritable perspective. Les dialogues artificiels s'arrêtent assez vite pour céder la place à des images puissantes mais attendues. Sans plus. TV