3 mai 2022

Films vus par moi(s): mai 2022

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

La mort de Belle (Edouard Molinaro, 1961) ***
Près de Genève, la vie tranquille d'un professeur de lettres bascule quand la jeune américaine au pair qu'il accueille avec sa femme est assassinée. D'après Simenon, l'étude d'un personnage qui se révèle à lui-même sur un scénario aux intonations freudiennes un peu appuyées mais qui fonctionne parfaitement grâce à Jean Desailly, formidablement touchant, et à la mise en scène discrète et précise. Un film assez désespéré, à la Simenon, vraiment. BR FR

France (Bruno Dumont, 2021) ***
La journaliste star d'une chaîne d'information en continu fait un burn-out. Derrière la satire des médias contemporains, qui est l'aspect le plus convenu du film, l'intrigant portrait d'une femme qui a perdu son âme et erre comme un fantôme dans le monde et sa vie. Le jeu incertain des acteurs, dérangeant au début, se révèle passionnant, avec au premier plan - et toute en gros plans - Léa Seydoux dans une performance somnambulique. BR FR

Une place au soleil / A place in the sun (George Stevens , 1951) ***
Un jeune homme d'origine modeste tombé amoureux d'une riche héritière doit faire avec son encombrante compagne. Montgomery Clift et Elizabeth Taylor forment un des plus beaux couples du cinéma dans ce mélodrame cruel sur la culpabilité et les pièges de l'ascension sociale. L'excellente mise en scène isole le personnage joué - superbement - par Clift dans sa fragilité torturée qui bouscule le stéréotype masculin hollywoodien. BR FR

Dead zone / The Dead Zone  (David Cronenberg, 1983) **
Dans le Maine, un prof accidenté sorti du coma découvre qu'il peut voir l'avenir des autres en leur serrant la main alors qu'un politicien local mène campagne. D'après Stephen King, un bon thriller sur le pouvoir et la responsabilité servi par la mise en scène et le casting, mené par Christopher Walken, assez bouleversant dans le rôle tragique d'un quidam dépassé par son don. Le parfum très Eighties de l'ensemble rappelle un cinéma d"époque disparu. BR DE 

BAC Nord (Cédric Jimenez, 2020) ***
En 2012 à Marseille, trois policiers de la BAC Nord usent de méthodes non conformes pour coincer un réseau de trafiquants de drogue. D'après des événements qui firent du bruit dans les médias, un film policier haletant où l'action et l'intime fusionnent habilement, portés par Gilles Lellouche, François Civil et Karim Keklou qui incarnent les trois flics désabusés par une hiérarchie qui leur délègue le terrain miné. On comprend comment le film a pu être récupéré politiquement. BR FR 

L'homme à la peau de serpent / The fugitive kind (Sidney Lumet, 1960) ***
Dans un bourg du Mississippi, un beau guitariste trouve un petit boulot dans une droguerie tenue par une quinquagénaire frustrée dont le mari se meurt. Cette adaptation de Tennessee Williams possède un peu de l'hystérie habituelle de l'auteur - la sauvageonne par Joanne Woodward - mais étincelle par la confrontation entre Anna Magnani et Marlon Brando, qui joue et est filmé avec une charge sexuelle assez terrassante. Un film bien meilleur que sa réputation. BR US

Tralala (Jean-Marie & Arnaud Larrieux, 2020) 0
Venu à Lourdes sur la trace d'une jeune fille rencontrée à Paris, un chanteur de rues vagabond est pris pour un jeune homme disparu depuis vingt ans et sème le trouble chez ses proches. Mathieu Amalric en crasseux est entouré de Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Maïwenn, Denis Lavant... dans cette comédie musicale existentielle dont je n'ai pas pu supporter le filet monocorde des acteurs sans voix poussant la chansonnette. Raté pour moi. BR FR 

Un violent désir de bonheur (Clément Schneider, 2018) *
Dans l'arrière-pays niçois en 1792, un jeune moine dans un couvent est sensible aux idées de révolutionnaires venus réquisitionner les lieux. Un bon sujet, un excellent titre et de belles images de la campagne solaire dans laquelle les mentalités évoluent, sans violence. Mais la réalisation sage, le jeu approximatif des acteurs et les références contemporaines appuyées donnent au film le sentiment d'un projet d'un étudiant pasolinien.  DVD Z2 FR