7 décembre 2019

Fims vus par moi(s): décembre 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Finis Terrae (Jean Epstein, 1929) **
Sur l'île finistérienne de Bannec, un jeune goémonier se blesse au couteau, la plaie s'infecte, ses compagnons prennent soin de lui. Entre fiction et documentaire, un film d'extérieurs et d'acteurs non professionnels qui repose sur la beauté rude du paysage et des hommes. On peut trouver des thèmes symboliques dans le récit mais c'est la poésie des images qui s'impose. L'accompagnement musical contemporain de Roch Havet est éprouvant. BR FR

First man : le premier homme sur la Lune / First man (Damien Chazelle, 2018) ***
L'histoire de la première mission sur la Lune à travers l'aventure individuelle de Neil Armstrong. Un sentiment de tragédie existentielle traverse le film qui panache le grandiose et l'intime autour du portrait d'un homme marqué par le deuil et le dépassement de soi. Les effets spéciaux et le travail du son plongent le spectateur dans la dynamique effrayante des modules lancés vers la Lune et Ryan Gosling est admirable de profondeur retenue. BR UK  

Triple écho / The triple echo (Michael Apted, 1972) **
Pendant la Seconde Guerre Mondiale dans la campagne anglaise, une fermière (Glenda Jackson) accueille un déserteur (Brian Deacon) qu'elle travestit en le faisant passer pour sa soeur. Un sergent macho (Oliver Reed) est attiré par la femme étrange. Sur un sujet propice à l'outrance, un drame intimiste porté par le jeu des acteurs, entre retenue et hyperbole. La tension sexuelle genrée (hétéro, homo, intersexuelle) est à couper au couteau. BR UK   

Montparnasse (Mikhaël Hers, 2009) **
Un soir à Montparnasse, des individus se retrouvent. Trois rencontres (deux soeurs, un homme et son gendre, deux connaissances) en trois histoires indépendantes forment la trame de ce moyen métrage (1h) où les dits et les non-dits dessinent des fêlures cicatrisables ou pas. Entièrement centrée sur les discussions de ses personnages, l'écriture donne à ceux-ci une réalité et une profondeur rares. Un film sur quelques gens qui sont nous tous. DVD Z2 FR

100 days before the command / Sto dney do prikaza (Hussein Erkenov, 1991) **
A la fin de l'URSS, le quotidien de quelques jeunes soldats d'une caserne. Interdit en Russie depuis sa sortie, un court (65') film de toute évidence inspiré par Tarkovski dont il reprend le rythme et le symbolisme. La dureté du service militaire et des rapports humains russes sont dénoncés par des séquences élégiaques qui orientent l'ensemble vers le film d'art et d'essai. L'homoérotisme ambiant n'a pas du aider la réception à l'époque. DVD Z1 US

Apollo 11 (Todd Douglas Miller, 2019) ***
Du jour de leur départ à celui de leur retour sur Terre, les étapes du voyage d'Armstrong, Collins et Aldrin sur la Lune en juillet 1969. Un formidable documentaire fait d'extraordinaires images de la NASA retrouvées récemment qui tient en haleine du début à la fin. La grandeur de l'exploit triomphe et les vues lunaires sont incroyables mais ce sont peut-être les Américains de 1969 qui m'ont le plus touché. On est avec eux, souffle coupé. BR DE

Gwendoline (Just Jaeckin, 1984) **
Une jeune femme, son amie et un baroudeur traversent la jungle pour arriver au Royaume féminin de Yik-Yak gouverné par une reine cruelle. D'après une BD fétichiste, un pastiche d'aventures à la Barbarella qui n'en n'a pas les moyens mais qui compense par un casting étonnant (Tawny Kitaen et Brent Huff, sexys mais incapables), Zabou et Bernadette Lafont et des décors et costumes imaginatifs. C'est fun, très camp et totalement décérébré. BR UK

Sexy beast (Jonathan Glazer, 2000) **
En retraite avec sa compagne en Espagne, un ex-malfrat doit reprendre du service malgré lui. Une comédie, un thriller, un drame des nerfs et une romance : un film étonnant dont le scénario et les images réservent leur lot d'originalité et de surprise. Le thème du passé auquel on n'échappe est l'occasion d'une performance en nuance par Ray Winstone en retraité bousculé et en tour de force par Ben Kingsley en psychopathe prolixe. BR UK

Tout sur ma mère / Todo sobre mi madre (Pedro Almodovar, 1999) ***
Une femme (Cecilia Roth) dont le fils a été tué dans un accident part prévenir son père à Barcelone et y fait des rencontres déterminantes. Mon Almodovar préféré (avec "Douleur et gloire" de 2019), un film qui réussit un miracle d'équilibre entre drame et mélodrame, comédie et profondeur, originalité et cinéphilie. Chaque scène est inoubliable, toutes portées par un casting exceptionnellement accordé. Un condensé d'humanité. BR FR 

Désordre (Olivier Assayas, 1986) *
Suite à un cambriolage qui a mal tourné, l'amitié des membres d'un petit groupe de rock amateur se délite. Terriblement daté avec son éprouvante musique de synthé et ses néons dans la nuit, le premier film d'Assayas n'a pas résisté au temps. Le jeu approximatif de son casting de jeunes premiers (Wadeck Stanczak en tête) n'aide pas. Mais certains plans sont superbes et le découpage original annonce les chefs-d'oeuvre à venir du réalisateur. BR UK

Week-end à Zuydcoote (Henri Verneuil, 1964) **
En juin 1940 près de Dunkerque, un soldat français attend avec des milliers d'autres une évacuation vers l'Angleterre quand les Allemands approchent. Le quotidien fait d'attente, de conversations, de rencontres et de raids aériens donne à ce film existentialiste une atmosphère et une dynamique peu habituelles dans le genre du film de guerre. Jean-Paul Belmondo est formidable dans le rôle d'un type sympathique pris au piège d'une plage. BR FR

Liens d'amour et de sang / Beatrice Cenci (Lucio Fulci, 1969) **
En 1599 à Rome, Beatrice Cenci et ses deux frères font tuer leur père abusif (Georges Wilson) et sont exécutés avec leur mère. L'Italie de la Renaissance sert de décor à ce drame historique et familial d'une noirceur totale où règnent la violence et la corruption. Quelques scènes de torture montrent le goût du gore qui deviendra la signature de Fulci mais on est loin d'un film d'exploitation. Le casting est très bon, comme la reconstitution de l'époque. BR UK