31 décembre 2009

Too much of a good thing...

A l'occasion de ce dernier billet de l'année 2009, voici une photo (non truquée, celle qui me l'a envoyée a bien reçu le pli) qui résumera le principe qu'il serait judicieux d'appliquer tout au long de la prochaine :

Too much of a good thing is never enough

Trop d'une bonne chose n'est jamais assez


Bonne et heureuse année 2010 à toutes et tous !

... and thanks to you Sumshee for the wonderful picture!

26 décembre 2009

Un Romain, triste et grave

"Tête d'homme, 240 ap. J.C." (Glyptothek München)

De tous les portraits romains qu'on peut voir dans la magnifique collection de la Glyptothèque de Munich, j'ai longtemps regardé celui-ci. Je ne le connaissais pas, ni d'une précédente visite, ni de sources iconographiques. Ce n'est sans doute pas le plus admirable techniquement mais je n'en ai pas vu d'autre qui soit, du moins en ce qui me concerne, d'une force émotionnelle plus grande.

En observant le visage de cet homme qui vivait donc il y a près de dix-huit siècles (selon la mention laconique du cartel), je me suis demandé ce qui avait bien pu pousser le commanditaire du portrait à immortaliser dans le marbre une expression d'aussi profonde tristesse. Est-ce un portrait que le modèle avait commandé de lui-même ? Un portrait posthume demandé dans un cadre officiel ou intime ? La commémoration d'un événement personnel ? La représentation de l'inquiétude collective en ce troisième siècle si peu serein pour l'Empire ?

En voyant ce portrait, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au formidable La chute de l'Empire romain d'Anthony Mann, dont l'histoire aurait pu être vécue en direct par cet homme de l'Antiquité. Et je me disais qu'il aurait été à sa place dans le rôle tenu par Stephen Boyd dans le film, un rôle qui semble, lorsqu'on scrute son visage, avoir été écrit pour lui.


Aujourd'hui, le portrait est tourné vers une large fenêtre qui donne sur la cour intérieure de la Glyptothèque. L'hiver celle-ci est vide alors qu'aux beaux jours un café s'y installe. Ce Romain anonyme y regarde passer les visiteurs comme les saisons. En gardant pour lui tout le mystère de sa triste et digne expression sur son beau visage prématurément vieilli. Sa grave présence à travers les frontières et les siècles m'a vraiment touché. J'aurais presque eu envie de lui demander ce qui n'allait pas.

Affiche à l'ancienne


Quelle belle surprise de trouver à Munich, à la Sendlinger Tor, un cinéma tout droit sorti des années 50 avec une affiche peinte, comme au bon vieux temps. Je ne sais pas ce que vaut ce Zwei Ohr Küken mais l'affiche (et la salle de cinéma, avec son hall beige, son bar, ses tentures et sans aucun doute son ouvreuse) valent leur pesant de nostalgie. Le cinéma doit d'ailleurs avoir sa clientèle d'irréductibles fans, son accroche publicitaire au dessus de la porte d'entrée proclamant avec panache "Le cinéma comme autrefois dans une ambiance historique". Moi qui croyais qu'il fallait aller à Mumbai ou Bamako pour trouver ce type de réclame peinte à la main. Que nenni ! En Bavière aussi.

23 décembre 2009

Interlude

Et joyeuse fin d'année à toutes et à tous !

17 décembre 2009

Heroes of mine : Jennifer

Jennifer Jones (1919-2009)

Elle est morte aujourd'hui et je suis un peu (beaucoup) triste. Je suis loin d'être certain qu'elle ait été une bonne actrice et que sa carrière l'ait intéressée mais ce qu'elle projetait à l'écran, cette sensualité doublée d'hystérie, n'avait pas d'équivalent chez les autres. En noir et blanc ou en Technicolor, dans l'intime ou le flamboiement, on ne voyait qu'elle et que ça quand elle était en scène. Bernadette Soubirous et Emma Bovary auront à jamais son visage. So long, Jennifer...



"The song of Bernadette" (Henry King, 1943)

13 décembre 2009

Decoy (Jack Bernhard, 1946)


Des petits studios fauchés de l’âge d’or hollywoodien (le fameux « Poverty Row »), Monogram Pictures Corporation fut l’un des plus fauchés. Entre 1931 et 1952, Monogram produisit des films de série B ou Z d’environ 70 minutes qui étaient souvent projetés par deux - en « double-bill » - et en drive-in. Ces films étaient un peu l’équivalent des téléfilms policiers d’aujourd’hui : produits à la chaîne avec des acteurs de second rang et des scénarios peu regardants sur les invraisemblances. Et hautement addictifs. Ils disparurent d’ailleurs avec la concurrence et le triomphe du petit écran, dans les années 1950.

La production en série et les petits budgets n’empêchèrent pas les studios du Poverty Row de sortir régulièrement des perles noires, des films qui auraient été totalement inenvisageables dans le contexte des grands studios de l’époque. Sorti dans l’indifférence en 1946 et quasiment invisible jusqu’à sa résurrection par The American Cinematheque en 2000, l'un des titres les plus fascinants de Monogram est un film qui défie la raison : Decoy (La rapace) du tâcheron Jack Bernhard. Pour info, "Decoy" veut dire "Leurre".

Jean Gillie et Robert Armstrong complotent en prison

En 75 minutes, le scénario, adapté d’une histoire originale de Jack Rubin, présente une suite de péripéties improbables qui empruntent à la fois au mélodrame, au fantastique et, bien entendu, au film noir, dont le film pourrait être considéré comme une sorte d’archétype. Considérez plutôt.

Un homme en costume, visiblement très mal en point, quitte en titubant une station-service, est pris en auto-stop et arrive moribond à San Francisco où il entre dans un immeuble et abat une femme blonde. Elle s’affale sur un canapé et revoit les jours précédents dans un flashback. Margot Shelby a plusieurs amants dont un qui croupit en prison, dans le couloir de la mort. Il a caché dans un endroit connu de lui seul 400.000 $ que la belle aimerait bien récupérer. Comme le mode d'exécution prévu est le gaz, Margot a l’idée de séduire le médecin légiste de la prison pour le convaincre d’administrer, après la mort du condamné, une piqûre de bleu de methylène (antidote au gaz) à celui-ci afin de faire revenir le cadavre à la vie et de lui demander où est caché le magot. Le stratagème fonctionne mais des tiers s’intéressent aussi au coffre aux dollars, pour des raisons qui leur sont propres : un autre amant de Margot et un flic désabusé. En plus, évidemment, du ressuscité lui-même qui, revenu des morts, veut récupérer ses 400.000 $. Tous s'engagent dans une course au trésor où tous les coup bas sont permis alors que le médecin est terrassé par la culpabilité d'avoir trahi le serment d’Hippocrate

Trois compères en magouilles à la poursuite d'un magot enterré

Cette trame, si elle donne une idée approximative des démences du scénario, ne rend pas justice au film : Decoy s’envole dans la strastosphère de la série B par les détails outranciers qui s’accumulent sur sa courte durée et par les questions non résolues qui se posent au spectateur une fois que le film est terminé. Ces détails et ces questions donnent à Decoy son stupéfiant pouvoir de fascination, qui n’a pas manqué de frapper les spectateurs qui l’ont vu depuis sa ressortie en 2000. Le moindre des détails n’étant pas le personnage de Margot Shelby, qui est sans doute la femme fatale la plus crapuleuse et amorale de toute l’histoire du film noir, un genre qui n’en est pourtant pas avare.

Margot Shelby, donc, est celle qui raconte (en voix off) depuis son canapé d’agonie la succession d’événements qui l’ont amenée à se faire descendre par un moribond dans son appartement de San Francisco. Elle a plusieurs amants simultanément (des truands, un flic, un médecin et combien d’autres ?), elle hait la médiocrité sociale et a des envies de grandeur qu’elle pense pouvoir réaliser avec un magot déterré, elle est capable d’imaginer la logistique scientifique nécessaire à faire revenir un mort à la vie, elle sait appuyer sur le champignon de sa voiture quand il faut pour écraser un comparse envahissant et manier la gâchette pour se débarrasser d’un autre. Elle s’habille en tailleurs ajustés, porte talons hauts et chapeaux mode, et s’identifie certainement avec Rita Hayworth, avec laquelle elle a un petit air de ressemblance. Elle a une langue de vipère et se plaît à balancer au visage de ses interlocuteurs quelques mots cinglants bien choisis pour les humilier comme il faut. Et bien sûr, elle ne veut pas partager 400.000 $ avec qui que ce soit, ni ses ennemis, ni ses amants. Des grandes figures de femmes fatales du film noir, Margot Shelby est, de loin, la plus calculatrice, réussissant même à se hisser au-dessus du niveau de celles de Double Indemnity, Detour, The Killing et autres sympathiques créatures du genre.

Jean Gillie nous regarde pour la première et la dernière fois dans Decoy

Cette garce de premier ordre (ou cette « rapace » pour reprendre la version française du titre) est jouée par une actrice dont Decoy est le seul titre de gloire. Jean Gillie (1915-1949), comédienne britannique de quelques films, était aussi à l’époque du tournage l’épouse du réalisateur Jack Bernhard. Lui ayant assuré un rôle en or dans son film – dans le générique de début, son nom apparaît d’ailleurs dans un carton indépendant « Introducing Miss Jean Gillie » - Bernhard espérait sans doute lancer sa carrière hollywoodienne en commençant par ce petit film noir dont elle est l’œil du cyclone. Cela ne devait pas être puisque Jean Gillie mourut d’une pneumonie à 33 ans, trois ans seulement après avoir tourné Decoy, et n’ayant eu le temps de ne faire qu’un autre film, The Macomber Affair de Zoltan Korda (1947). Son personnage de Margot Shelby dans Decoy est donc le rôle unique grâce auquel Jean Gillie est entrée, si ce n’est au Panthéon de l’histoire du cinéma, du moins dans l’Olympe des salopes du film noir.


Film hybride ne ressemblant à aucun autre, Decoy est tour à tour un mélodrame (l’amour douloureux du médecin pour l’héroïne), un film fantastique (la scène de la résurrection du mort n’est pas sans évoquer Frankenstein) et un film noir (la quête d’un magot caché). Le budget visiblement dérisoire avec lequel il a été produit, qui apparait dans l’utilisation récurrente des mêmes décors, du statisme de la caméra et de l’emploi d’acteurs peu connus et jouant parfois de façon approximative (mais on peut remarquer, dans le rôle du condamné à mort, un Robert Armstrong prématurément usé qui ne devait pas boire que de l’eau, treize ans après son personnage du producteur dans King Kong) est compensé par la photo qui utilise avantageusement le noir et blanc et le clair-obscur et surtout par les audaces du scénario, l’un des plus imprévisibles et sadiques du cinéma des années 40.

On n’est pas près d’oublier les cris et hurlements d’orgasme de Jean Gillie quand son personnage assiste à l'exhumation du magot ("Deeper! Deeper! Faster! Faster!") et son rire hystérique quand elle met enfin la main sur le coffret tant convoité ("It's all mine! It's all mine!"). Le sexe et la cupidité ont-ils jamais été aussi symboliquement unis que dans ce film ? Et Decoy se termine sur une des fins les plus cyniques de toute l’histoire du cinéma hollywoodien, une fin qui est un sommet de dérision et de cruauté.

Du statut d’œuvre mineure et oubliée, Decoy est passé, en l’espace de dix ans, à celui de film-culte. Et comme on le comprend : son inoubliable actrice d’un rôle, sa force camp peu commune, son outrancière insolence et ses approximations répétées font du film l’un des chefs-d’oeuvre du Poverty Row, c’est-à-dire du Paradis des films à la fois obscurs et étincelants. Si vous ne le connaissez pas, je vous conseille d'y remédier.

La tagline de l'affiche bleue vaut son pesant de vers de mirliton :
"She treats men the way they've been treating women for years!"
(Elle traite les hommes comme ils ont traité les femmes depuis des années!)


Invisible pendant des décennies, Decoy est paru en DVD dans le formidable coffret "Film Noir Classic Collection, volume 4" édité en Z1 chez Warner en 2007. Le coffret présente 10 excellents films noirs des années 40 et 50 bénéficiant tous de très bons transferts et – cerise sur le gâteau – de sous-titres français optionnels. Le coffret est disponible pour très peu cher sur les sites marchands Internet : d’un rapport qualité-prix exceptionnel, il faudrait être irresponsable pour s’en priver si on aime (et comment ne pas aimer ?) le genre incomparable du film noir.

6 décembre 2009

Krazy Karaoke : He's the greatest dancer (Sister Sledge, 1979)

Rien ne vaut une chanson à texte (mais qui reste gaie et rythmée) pour se mettre de bonne humeur le matin avant d'aller étudier, travailler, zoner ou collecter ses allocs.

Bonne chanson et bonne journée !

"He's the greatest dancer" par Sister Sledge
(Bernard Edwards, Nile Rodgers)


Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
He's the greatest dancer C'est le meilleur danseur
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
That I've ever seen Que j'ai jamais vu
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
He's the greatest dancer C'est le meilleur danseur
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !

One night in a disco Un soir dans une boîte
On the outskirts of Frisco Des alentours de Frisco (San Francisco)
I was cruising with my favourite gang Je traînais avec ma bande habituelle
The place was so boring L'endroit était tellement nase
Filled with out-of-towners touring Bourré des ploucs en goguette
I knew that it wasn't my thing Je savais que c'était pas mon truc
I really wasn't caring J'attendais que ça passe
But I felt my eyes staring Quand mes yeux ont été attirés
At a guy who stood out in the crowd Par un type qui sortait du lot
He had the kind of body Il avait le genre de corps
That would shame Adonis Qui aurait ridiculisé Adonis
And a face that would make any man cry Et une gueule à foutre la honte à tous les autres mecs

Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
He's the greatest dancer C'est le meilleur danseur
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
That I've ever seen Que j'ai jamais vu
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
He's the greatest dancer C'est le meilleur danseur
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !

The champion of dance C'est un as de la danse
His moves would put you in a trance Ses mouvements vous mettent en transe
And he never leaves the disco alone Et il est tout le temps sur la piste
Arrogance but not conceit Plein d'arrogance mais pas de mépris
As a man he's complete C'est le mec parfait
My crème de la crème Ma cream of the cream
Please take me home Vazy, ramène-moi à la maison
He wears the finest clothes Il porte les fringues les plus classe
The best designers, heaven knows Les meilleurs marques, c'est pas vrai
Ooh, from his head down to his toes Ooh, de la tête aux pieds
Halston, Gucci, Fiorucci Halston, Gucci, Fiorucci
He looks like a still Il ressemble à un top
That man is dressed to kill Ce mec est sapé à mort

Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
He's the greatest dancer C'est le meilleur danseur
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
That I've ever seen Que j'ai jamais vu
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
He's the greatest dancer C'est le meilleur danseur
Oh ! what ! wow ! Oh ! punaise ! whaou !
That I've ever seen Que j'ai jamais vu

5 décembre 2009

Heroes of mine : Steve




Steve Reeves (1926-2000)

Parce que quatre Steve Reeves valent mieux qu'un...

4 décembre 2009

Films vus par moi(s), décembre 2009


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

That man : Peter Berlin (Jim Tushinsky, 2005) **
O
utrancièrement narcissique, Peter Berlin (né en 1942) fit de sa personne hypersexualisée une icône gay des années 1970-1980. Qu'en reste-t-il ? Un distant souvenir et ce documentaire bien foutu sur son époque. DVD

The old maid / La vieille fille (Edmund Goulding, 1939) **
Un vrai film de tantes. Ce women's picture réalisé avec luxe et sans panache par le médiocre Goulding est porté par Davis et Hopkins qui ne font qu'une bouchée de leurs rôles de mères-cousines contrariées. DVD

Les plages d'Agnès (Agnès Varda, 2008) ***
Varda revisite sa vie et sa carrière, ses vivants et ses morts à sa manière si malicieuse, si poétique, si personnelle, si franche et si élégiaque à la fois. Une réussite de plus pour cette réalisatrice indispensable. DVD

Star Trek (J.J. Abrams, 2009) *
Ne connaissant pas du tout l'univers Star Trek, je n'ai pas été passionné par l'histoire anodine racontée mais les scènes d'action et les effets spéciaux m'ont bien plu. Enfin, rien de nouveau sous les planètes. DVD

The song of Bernadette / Le chant de Bernadette (Henry King, 1943) ***
Mon hommage à Jennifer Jones. J'adore ce film qui raconte avec intelligence et retenue le destin de la sainte de Lourdes. Avec des scènes inoubliables : les apparitions, la source, l'entrevue avec la religieuse. DVD

Avatar (James Cameron, 2009) ***
Un émerveillement visuel. J'y suis allé par curiosité, pensant découvrir une sorte de jeu vidéo. J'ai été transporté par la vision lyrique de cet univers inconnu et ému, à ma surprise, par une belle histoire d'amour. Ciné 3D

Goya's ghosts / Les fantômes de Goya (Milos Forman, 2006) 0
Skarsgard, Bardem, Portman... (sur)jouent chacun dans leur coin et Forman est incapable de lier les éléments de son film historique, qui plonge plus d'une fois dans le ridicule. Mauvais comme tout. DVD

Mad men (AMC, 2007-actuel) ***
Une série TV qui décortique la société américaine des années 1960 à travers les parcours de quelques jeunes publicitaires new-yorkais. La reconstitution d'époque est impeccable et le point de vue dévastateur. DVD

The sound of music / La mélodie du bonheur (Robert Wise, 1965) ***
L'histoire, la musique, les chansons, les interprètes, la photo et la mise en scène : comment ne pas aimer un film qui conjugue autant d'avantages avec autant de grâce ? Même revu dix fois, c'est toujours aussi bien. DVD

Decoy / La rapace (Jack Bernhard, 1946) ***
Gillie est la femme fatale définitive dans ce petit film noir fauché qui ose tous les excès, jusqu'à la résurrection des morts. Un diamant noir du genre, brut et brutal. Son statut de film-culte est amplement justifié. DVD

Watchmen (Zack Snyder, 2009) 0
Une bande de superhéros vieillissants et névrosés : une idée intrigante ruinée par trop d'emphase et de ringardise en seconde partie. Un film qui, comme le supplice du pal, commence très bien et termine très mal. DVD

Another time, another place / Je pleure mon amour (Lewis Allen, 1958) **
Un mélo sur le deuil où la maîtresse d'un mort vient s'installer chez la veuve sans lui dire qui elle est. Turner est la veuve et le jeune Connery apparaît au début, avant d'être le mort. Splendidement absurde. DVD

The big parade / La grande parade (King Vidor, 1925) ***
La première heure penche vers la comédie et fait contrepoint avec la seconde, une vision infernale de la Grande Guerre. La mise en scène de Vidor, le jeu de Gilbert et d'Adorée sont d'une belle modernité. DVD

Dr. Jekyll and Sister Hyde (Roy Ward Baker, 1971) **
Une intéressante déviation du roman de Stevenson qui s'attaque au thème du transsexualisme et réserve des beaux moments de camp, volontaires ou non, comme les scènes où apparaît un acteur sosie de Sarkozy. DVD

Pursued / La vallée de la peur (Raoul Walsh, 1947) ***
Mitchum (pas un de mes acteurs préférés) est magnifique d'assurance fragile dans ce film noir psychanalytique déguisé en western. L'amour, la haine et l'Ombre s'y déchaînent sous l'œil terrible d'Anderson. DVD

1 décembre 2009

Marilyn inédite

Je suis toujours un peu ému de découvrir des images inédites de Marilyn Monroe.

Un petit film amateur inédit - très court et muet - récemment vendu à un collectionneur américain montre Marilyn fumant une clope lors d'une party anonyme entre friends. Le film doit dater de 1955, Marilyn ressemblant beaucoup sur ces images aux photos que Feingersh fit d'elle à New-York en mars de cette année-là. C'était il y a presque 55 ans et l'actrice avait 28 ans.

Ce qui me touche dans ces brèves images, ce n'est pas le fait que Marilyn y fume un joint (comme les médias aiment à le répéter en en faisant des gros titres accrocheurs et effarouchés : "Marilyn smokes pot!"). Il s'agit d'ailleurs sans doute d'une simple cigarette de confort social, Marilyn n'ayant jamais été une fumeuse, ni de tabac, ni de marijuana. Elle connaissait bien des addictions, mais pas celle-là. Et puis, on s'en fout.

Non, ce qui me touche dans ces images c'est que Marilyn Monroe, la femme américaine blanche-blonde par excellence, y partage un canapé, épaule contre épaule, avec une femme de toute évidence noire, une "black-american woman", sans inconfort aucun, totalement libre et naturelle. Dans cette Amérique du milieu des années 50, la ségrégation raciale, si elle est déjà en voie de disparition sur la côte Est, est encore bien vivante plus au Sud et surtout, elle reste une scarification sociale dans les mentalités de tous. L'humaine simplicité de Marilyn, au contraire de ce que veulent nous faire croire les commentateurs actuels, n'est pas dans son utilisation désinvolte d'un joint (scandale !) mais bien dans son contact physique assumé avec une femme de couleur.

C'est la Marilyn que j'aime, cette jeune femme aux idées non formatées et qui se jouait bien souvent des convenances en faisant ce qui lui plaisait... parce que c'était comme ça.

L'Antiquité au cinéma (Hervé Dumont, 2009)

Russell Crowe en Gladiator sur la couverture : une concession au goût du jour.
Claudette Colbert en Cleopatra eut sans doute été moins accrocheuse.


Pour celles et ceux qui aiment à la fois le cinéma et l’histoire, je ne peux que conseiller l’acquisition, promesse de nombreuses heures de lecture passionnante, du récent et magistral ouvrage de Bruno Dumont sur la représentation de L’Antiquité au cinéma.

Avec le sérieux qui est le sien (son livre sur Frank Borzage, entre autres, reste un modèle du genre), l’historien du cinéma, Directeur de la Cinémathèque Suisse de 1996 à 2008, passe en revue plus d’un siècle de films dont l’action se situe de la Préhistoire à l’aube du Moyen-Age, principalement en Occident.

En 690 pages denses et splendidement illustrées de photos et d’affiches de films, Dumont a compilé une encyclopédie qui, si elle n’est pas exhaustive (comment recenser tous les films jamais réalisés liés au sujet ?), reste une somme impressionnante : la quatrième de couverture du livre annonce 2.200 films cités et commentés, produits entre 1896 et 2008.


Sous-titré « Vérités, légendes et manipulations », L’Antiquité au cinéma prend soin, pour la plupart des films qu’il cite, de raconter brièvement son histoire puis de donner quelques informations sur sa réalisation et sur les vérités ou les libertés qu’il prend avec les faits historiques aujourd’hui acceptés par les historiens. Certains films - généralement obscurs et de moindre importance - sont juste mentionnés, d’autres au contraire sont étudiés dans un luxe de détails qui montre les recherches exigeantes que le livre a de toute évidence demandées (Dumont dit avoir commencé le travail de documentation il y a trente ans). Quelques téléfilms, séries TV, opéras ou pièces de théâtre complètent ce panorama très complet sur le sujet.

Des courtes notices, fort utiles, parsèment les pages afin de nous remettre en mémoire les périodes, les événements ou les personnages historiques et de replacer les films dans le contexte historique des époques qu’ils couvrent. L’iconographie très riche, en noir et blanc et couleur (les reproductions sont splendides), permet de retrouver certaines images bien connues et surtout de découvrir d’innombrables raretés.

Le livre est composé chronologiquement, en sept sections reprenant l’ordre des époques historiques étudiées :

- La Préhistoire (21 pages)
- Les Hébreux (70 pages)
- L’Egypte des Pharaons (24 pages)
- Mésopotamie et Asie mineure (38 pages)
- La Grèce : la Grèce mythologique, le cycle de Troie, la Grèce historique (126 pages)
- Rome : Monarchie et République, Empire, Antiquité tardive (366 pages), c'est le gros morceau
- Royaumes mythiques imaginaires (17 pages)

+ Préface de Jean Tulard (1 page), Introduction (16 pages), Remerciements, Bibliographie sélective, Index des films et des thématiques.

Atia of the Julii dans Rome (HBO, 2005-2007)

L’Antiquité au cinéma n’est bien sûr pas le genre de livre qu’on lit de la première à la dernière page (encore que j’en connais qui…) mais qu’on prend plaisir à consulter régulièrement, en voyageant d’un siècle à l’autre selon ses intérêts et son humeur. C'est en revanche le premier livre francophone sérieux et complet sur le sujet, ce qui n'est pas rien. Et ce qui est certain, c’est qu’il donne sacrément envie de reprendre un bain de péplum. C'est un ouvrage magistral, assurément. Et une super idée de cadeau de Noël pour un(e) cinéphile.

Hervé Dumont, après ce livre consacré à L'Antiquité au cinéma, poursuit maintenant son projet titanesque avec trois ouvrages à l'écriture (les très longues recherches documentaires ayant d'abord été menées conjointement pour l'ensemble du cycle) : l'un consacré au Moyen-Age et à la Renaissance, le deuxième à l'Absolutisme et le troisième au XIXe siècle. Voilà qui nous promet de formidables lectures sur l'histoire au cinéma, donc sur le Cinéma tout court.

L'Antiquité au cinéma.
Coédition Nouveau Monde (Paris), Cinémathèque Suisse (Lausanne). Octobre 2009.
49 € (prix de vitrine) ce qui est très acceptable pour la somme indispensable que le livre représente. Et on peut le trouver à moins sur le Net.

Hervé Dumont (n. 1943) entre les deux derniers volumes
de son invraisemblable "Histoire du cinéma suisse"