7 décembre 2021

Films vus par moi(s): décembre 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Les enfants terribles (Jean-Pierre Melville, 1950) **
Un frère et une soeur, adolescents fusionnels, vivent autour de leur chambre-sanctuaire jusqu'au jour où trois tiers entrent dans leur univers autonome. Jean Cocteau a écrit le roman d'origine et prête sa voix-off sentencieuse à ce film inclassable entre réalisme et surréalisme dont les situations et dialogues sont aussi outranciers que le jeu fébrilement halluciné de Nicole Stéphane. Vu comme une fiction sur la psychose, c'est passionnant. BR UK  

Le croque-mort s'en mêle / The comedy of terrors (Jacques Tourneur, 1963) **
Un entrepreneur de pompes funèbres victorien en faillite tente de se refaire une clientèle par l'assassinat. Une comédie gothique écrite par Richard Matheson que le nonsense et l'absurdité élèvent à la farce. Mais c'est le casting de cabotins sur le retour qui étincelle en surjouant : Vincent Price, Boris Karloff, Basil Rathbone et, dans un rôle et un physique globuleux hilarants, Peter Lorre, prodigieux. Un film facétieux sympathique comme tout. BR UK

La Gorgone / The Gorgon (Terence Fisher, 1964) *
Vers 1910 en Europe Centrale, des villageois meurent minéralisés aux pleines lunes. Un médecin soupçonne une réincarnation de la Gorgone. Le scénario n'est pas à la hauteur de ce qu'il aurait pu être et le film est plat, ne s'animant que lors des très rares apparitions de la créature et de quelques belles compositions atmosphériques en Technicolor de la Hammer. Peter Cushing, Barbara Shelley et Christopher Lee font leur job, sans plus. BR US 

Clair-obscur / Passing (Rebecca Hall, 2021) **
A New York dans les Twenties, deux anciennes amies de la bourgeoise noire se retrouvent des années plus tard : l'une s'est reconstruite sa vie en se faisant pour blanche. Sur un sujet de mélodrame, un film qui en évite les outrances pour se concentrer sur le portrait de deux femmes semblables séparées par un mensonge. Très stylé dans sa photo N&B et le jeu retenu de Ruth Negga et Tessa Thompson, un woman's picture 100% contemporain. Netflix 

Peter Ibbetson (Henry Hathaway, 1935) ***
Inséparables, un garçon et une fille âgés de huit ans doivent pourtant se quitter. Ils se retrouvent vingt ans plus tard, réactivant leur attachement mutuel. L'amour absolu s'affranchit du temps, de l'espace et de la raison dans ce mélodrame poético-fantastique aux accents jungiens porté par la direction sans aucune mièvrerie de Hathaway et le jeu sensible de Gary Cooper - tout en vulnérabilité - et de Ann Harding. Incandescent. BR FR

La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier, 2010) *
Dans les années 1570, une jeune femme mariée par son père à son cousin Montpensier reste amoureuse de son autre cousin, un Guise. Un film en costumes - inspirés des portraits de Clouet, ils sont très beaux - dont les personnages ne sont pas assez écrits, ni incarnés par les acteurs qui peinent à s'accaparer les dialogues, pour qu'on s'intéresse à leurs émotions un peu vaines. Alors, malgré les paysages magnifiques, on s'ennuie bien. BR FR

Le prince / Il principe (Sebastián Muñoz, 2019) 0
Un nouveau détenu apprend la cohabitation dans une prison du Chili sous la domination protectrice d'un parrain de cellule. Tensions de groupe forcées, homoérotisme gratuit et mise en scène satisfaite : ce film qui veut explorer le territoire du désir gay en milieu carcéral enfonce surtout des portes ouvertes, jusqu'à la fin prévisible de loin. L'acteur qui joue L'Étalon vieillissant est bien mais pas de quoi grimper aux barreaux non plus. BR FR

The power of the dog (Jane Campion, 2021) **
En 1926 dans le Montana, l'équilibre entre deux frères éleveurs est ébranlé quand arrive la nouvelle femme de l'un, accompagnée de son fils androgyne. L'Ouest disparaît en même temps que la masculinité toxique dans ce western un peu long où la tension psychologique s'inscrit dans un décor naturel sublimé par la photographie. Benedict Cumberbatch et le jeune Kodi Smit-McPhee s'affrontent dans un conflit de nerfs et de genre. Netflix 

10 novembre 2021

Films vus par moi(s): novembre 2021

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Lancelot du Lac (Robert Bresson, 1974) *
N'ayant pas trouvé le Graal, les Chevaliers de la Table Ronde reviennent au château d'Artus où, désoeuvrés, ils se préoccupent de l'adultère de Guenièvre avec Lancelot. Le film en armures de Bresson n'a rien de spectaculaire à part la première et la dernière séquence et le choix radical d'austérité, de dialogues désincarnés et de décors simplifiés à l'extrême. Si j'adore ses autres films, celui-ci m'a laissé au bord de la route. BR FR

Désirée (Henry Koster, 1954) **
De 1794 à 1815, l'amitié amoureuse de Désirée Clary et de Napoléon. La grande histoire et la petite fusionnent comme la Fox savait le faire dans ce CinemaScope-Technicolor qui raconte sur le mode intimiste - sauf pour le Sacre de Napoléon, d'après le tableau de David - et du point de vue de celle qui devint reine de Suède les soubresauts de la période. Jean Simmons est excellente et Marlon Brando impérialement bougon. BR FR

Pig (Michael Sarnoski, 2021) **
Un ermite des bois de l'Oregon qui vit de truffes qu'il vend aux restaurants chics de Portland descend en ville lorsque son seul ami, son cochon truffier, est volé. Sur une idée plutôt ridicule, un film inattendu qui traite, au sérieux, de sujets existentiels majeurs : le choix de vie, la place sociale, le deuil... Nicolas Cage, tout en silence et intériorisation, montre l'acteur solide qu'on avait oublié qu'il pouvait être. Etonnamment émouvant. BR UK

Les derniers jours de Pompéi (Marcel L'Herbier, 1948) *
À Pompéi en 79, l'amour contrarié, entre jalousies, philtres magiques et éruption du Vésuve, d'un grec et d'une patricienne. Georges Marchal en jupette et Micheline Presle en grand voile sont assez perdus dans ce film d'antiquité peu inspiré qui prend ses dialogues insipides avec le sérieux ampoulé qui seyait au genre. Il reste les beaux décors et le côté camp des costumes et des attitudes efféminées des personnages masculins. BR FR

ADN (Maïwenn, 2020) **
Le patriarche maghrébin d'une famille parisienne meurt en laissant sa petite-fille désemparée et en quête de sa part d'identité algérienne. Le naturalisme artificiel de Maïwenn fonctionne à merveille dans le principal du film, celui des querelles de groupe, porté par l'excellence des comédiens, Fanny Ardant en mère toxique en tête. Mais en se recentrant sur l'actrice-réalisatrice, la dernière partie est affaiblie par le narcissisme. BR FR

3 octobre 2021

Films vus par moi(s): octobre 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Les chemins de la haute ville / Room at the top (Jack Clayton, 1959) ***
Dans une ville minière anglaise, un jeune homme (Laurence Harvey) de milieu ouvrier veut vite grimper l'échelle sociale en séduisant la fille d'un magnat. Un peu la version britannique d'A Place in the Sun (1951), ce mélodrame cruel est passionnant dans son hybridité : sur une trame classique, il panache studio et décor urbain et laisse Simone Signoret jouer d'une façon étonnamment moderne, ce qui lui a valu l'Oscar 1960. BR UK

Léonard de Vinci / La vita di Leonardo da Vinci (Renato Castellani, 1971) **
Léonard de Vinci, sa vie et son oeuvre, dans cette prestigieuse mini-série italienne en cinq épisodes, coproduction Instituto Luce/RAI/ORTF/TVE. De l'enfance à Vinci à la mort à Amboise, le scénario suit par grandes étapes son parcours (évitant toute référence directe à l'homosexualité) en explorant surtout sa personnalité atypique et son inventivité insatiable. Philippe Leroy est un excellent Leonardo, séduisant et fiévreux. YouTube

Old (M. Night Shyamalan, 2021) ***
Descendus sur une plage isolée d'une île caraïbe, douze touristes y sont piégés par une force qui les fait vieillir à vue d'oeil. Shyalaman sait toujours manier la caméra, l'existentialisme et le suspense à merveille : ici, le décor minimaliste du paradis infernal sert de fond à une fable fascinante - et dérangeante - sur la temporalité de la vie humaine. Un concept assez génial et la forme d'une série B d'horror : que demander de plus ? BR UK  

Thundercrack! (Curt McDowell, 1975) ***
Réfugiés lors d'une tempête dans la maison d'une veuve névrosée, trois filles et trois garçons profitent du branlodrome qu'elle a installé dans la chambre de son fils disparu, puis d'eux-mêmes. Underground, délirant et fait sur un budget de ficelle surclassé par les idées, les dialogues hilarants et la photo en N&B contrasté, un film d'art porno pansexuel de 2h30 qui convoque sous poppers Waters, Bergman et Romero. Du culte, du vrai. BR US  

Freddy 5 : L'enfant du cauchemar / A nightmare on Elm Street: The Dream Child (Stephen Hopkins, 1989) 0
Enceinte, une étudiante rêve que Freddy veut lui enlever son futur enfant. Ou c'est sur la naissance de Freddy. Ou autre chose. Bref, j'ai vu en accéléré cet épisode de la saga des Griffes de la Nuit. C'est nul mais il y a une séquence surprenante où les personnages se poursuivent dans des escaliers à la Escher juste avant que les effets spéciaux mécaniques ne cèdent la place aux CGI. Le premier film était assez bon il me semble. BR DE

L'homme à femmes / Sorelle Materassi (Ferdinando Maria Poggioli, 1944) ***
En Toscane, un gigolo vient s'installer chez ses tantes, deux vieilles filles qui s'entichent de lui au-delà du raisonnable. Le jeune homme cupide et les multiples femmes qui le désirent forment une galerie de personnages qui pourrait orienter le film vers la férocité. Mais le jeu outrancier des actrices, les allusions graveleuses et l'ébullition des sentiments apportent une juste dose d'humour et d'empathie. Un film étonnant, noir et rose. YouTube

Jésus / Boku wa lesu-sama ga kirai (Hiroshi Okuyama, 2018) **
Au Japon, un garçon de 9 ans inscrit dans une école catholique s'attache Jésus en ami imaginaire et sympathise avec l'élève populaire de sa classe. Un petit film qui traduit par touches sensibles l'équilibre fragile des croyances de l'enfance face à la réalité de la vie, ici un deuil. La mise-en-scène du réalisateur de 22 ans isole les personnages dans des décors minimalistes et la neige, comme une épure. C'est plutôt réussi. BR FR

D'où l'on vient / In The Heights (Jon Chu, 2021) 0
Dans le quartier de Washington Heights à New York, un jeune épicier dominicain rêve de retourner au pays. Je n'ai vu que 30' sur 143' de cette adaptation du musical à succès de Broadway : le dégoulinement des bons sentiments, des clichés sur la communauté hispanique, des visages ensoleillés des personnages et de la sucrerie colorée de la photo et de la musique m'auraient fait gerber si j'avais été plus loin. ¡Horripilante! BR UK

Luca (Enrico Casarosa, 2021) **
Transformées en garçons, deux jeunes créatures aquatiques partent incognito à la découverte d'un village de bord de mer. Ce film d'animation Disney-Pixar prend les recettes éprouvées du coming of age movie et les transpose dans le merveilleux décor des Cinque Terre en maintenant un rythme dynamique ponctué de moments d'onirisme. Vu comme une métaphore sur la transidentité, son originalité et son intérêt redoublent. BR UK

La vallée de la peur / Pursued (Raoul Walsh, 1947) ***
Adopté enfant par une veuve, un jeune homme qui fait le cauchemar récurrent de bottes à éperons dorés s'aliène son demi-frère et séduit sa demi-soeur. Un western psychanalytique magistralement mis en scène par Walsh et photographié par James Wong Howe dans un noir et blanc qui sublime tout, notamment le désert du Nouveau-Mexique. Robert Mitchum  débute et crève l'écran, secondé par Teresa Wright et Judith Anderson. BR FR

Adieu les cons (Albert Dupontel) ***
Atteinte d'une maladie terminale, une coiffeuse part à la recherche du fils qu'elle avait eu adolescente et qui lui avait été retiré. Elle se retrouve aidée par un informaticien dépressif et un aveugle. L'humour, la mélancolie et l'absurde s'harmonisent dans ce film dont l'originalité tient à la mise en scène de comédie surréaliste au service d'un sujet existentiel grave : l'incommunicabilité contemporaine. Virginie Efira, bien sûr, est parfaite. BR FR

25 septembre 2021

Films vus par moi(s): septembre 2021

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Le voyage d'Arlo / The good dinosaur (Peter Sohn, 2015) **
Un jeune dinosaure trouillard qui s'est perdu doit affronter ses peurs pour revenir chez lui, avec l'aide d'un petit garçon débrouillard qu'il a rencontré en chemin. Un film d'animation Pixar pour enfants sur le thème de la confiance en soi qui pourrait être trop gentillet s'il n'y avait, pour le plaisir des yeux, le fabuleux travail CGI sur les paysages et les phénomènes de la nature, variés et tous aussi splendides les uns que les autres. BR FR 

Pluie d'enfer / Hard rain (Mikael Salomon, 1998) *
Alors que la pluie inonde une petite ville d'Indiana menacée par un barrage, quelques durs à cuire se flinguent autour d'un butin. Le scénario et les dialogues abrutis ne coulent pas complètement ce film d'action bourrine grâce à l'idée formidable d'avoir situé toutes les péripéties dans la nuit et l'eau qui monte peu à peu : le décor noyé est d'une originalité visuellement stupéfiante. Christian Slater et Morgan Freeman surnagent. BR DE

1 août 2021

Films vus par moi(s) : août 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Ingagi (William S. Campbell, 1930) *
Une équipe de tournage va au Congo belge pour ramener des images d'une région où une tribu accouple des femmes à des gorilles. Un faux documentaire - fait de séquences récupérées d'autres films et du zoo de L.A. - au ton et aux scènes  effroyablement racistes. Au bout d'une heure de massacre d'animaux d'Afrique, le gorille et la fille nue arrivent. Un Pre-Code d'exploitation gratiné - et vite interdit - à prendre avec des pincettes. Web

Bravados / The bravados (Henry King, 1958) **
Ayant ses raisons, un homme taciturne arrive dans une petite ville de la frontière mexicaine pour assister à la pendaison de quatre bandits qu'il pourchassait. Gregory Peck, les paysages grandioses, la photographie De Luxe et la mise en scène de King sont exceptionnels. Mais la conclusion de ce western de vengeance, moralement plus qu'ambigüe, empêche d'y adhérer totalement. Et au final, ça le rend encore plus intéressant. BR DE

Directrice / The chair (Amanda Peet, 2021) **
Une professeure américaine-asiatique juste nommée directrice du département de littérature anglophone d'une prestigieuse université doit gérer le dérapage d'un collègue qui enflamme les étudiants woke. Le choc des consciences et des générations dans la spirale de la Cancel Culture sert de trame à cette comédie de société qui ne dénonce rien, mais constate. Sandra Oh, comme toujours, est au-delà de tout éloge. Netflix 

Lune de miel / Honeymoon (Michael Powell, 1959) *
En voyage de noces en Espagne, une danseuse classique (Ludmilla Tcherina) qui a laissé sa carrière pour épouser un Australien rencontre un danseur de flamenco. Seuls les numéros dansés font sortir de la torpeur que provoque ce film au scénario inexistant qui hésite entre le travelogue et le Musical. Mais le Technicolor est beau et Antonio, star du flamenco, a du génie : ses petits pas sur la route au début sont merveilleux. BR UK

Sortilèges (Christian-Jaque, 1944) ***
Dans l'hiver des monts d'Auvergne, le cheval noir d'un voyageur assassiné hante un village isolé. L'amour qui triomphe de l'obscurité est un thème cher à Prévert qui a écrit le scénario. Sur sa trame, Christian-Jacque réalise un superbe film d'atmosphère folklorico-fantastique qui utilise à merveille les silhouettes sur la neige, l'étrangeté des superstitions et les angles de caméra inattendus. Avec une formidable scène de danse rurale. DVD Z2 FR

The last black man in San Francisco (Joe Talbot, 2019) ***
Dans un quartier gentrifié de San Francisco, un jeune homme noir squatte avec son meilleur ami une maison néo-victorienne vacante construite par son grand-père. Une métaphore sur le statut des noirs en Amérique qui évoque des douleurs endémiques sur un ton mélancolique, des images élégiaques et des non-dits éloquents. Derrière l'artifice, la sincérité est évidente et ces deux garçons perdus touchent au coeur. Un beau film. BR US

Ma femme est une sorcière / I married a witch (René Clair, 1942) **
Réincarnée, une sorcière du 17e siècle venue avec son père accomplir une malédiction s'éprend de sa victime, le potentiel gouverneur du Massachusetts. Un sympathique classique de la comédie fantastique américaine, construit autour du couple Veronica Lake-Fredric March, de personnages secondaires réussis (Cecil Kellaway, Susan Hayward) et de trucages, comme les fantômes-fumées, chargés d'humour et de poésie. BR US

L'invasion des piranhas / Killer fish (Antonio Margheriti, 1979) **
Au Brésil, des voleurs qui ont caché des pierres précieuses au fond d'un lac ignorent qu'il est infesté de piranhas. La fine équipe étant constituée de Karen Black, James Franciscus, Marisa Berenson, Lee Majors et Margaux Hemingway, tous impeccablement stylés, et qu'il y a en plus des poissons voraces des coups fourrés et une rupture de barrage, ce thriller d'époque - "Piranhas", meilleur, date de 1978 - offre ses petits plaisirs coupables. BR DE

La rage / La rabbia (Pier Paolo Pasolini, 1963/2008) ***
Un montage de bandes d'actualités comme essai ciné-politique. La version de 2008 à partir du texte original de Pasolini reconstitue la vision du réalisateur, dénaturée par la production en 1963. Son cri marxiste contre l'amoralité des puissances capitalistes modernes, même avec certains égarements, reste valide, portée par le commentaire d'une force poétique intemporelle. L'ode centrale à Marilyn Monroe, juste morte, est admirable. DVD Z2 IT   

Iligos (Giannis Dalianidis, 1963) *
Une jeune fille désirée par l'amant de sa mère se perd dans la promiscuité sexuelle avec des garçons de son âge. Un étudiant intègre s'éprend d'elle. Un mélodrame de la jeunesse grecque des Sixties, gonflé du jeu névrotique des acteurs, des rapports outranciers entre les personnages et des signes de la débauche (alcools, night-clubs, soutien-gorges...). Vu à distance, l'effet de scandale a fait place à un camp plutôt amusant. DVD Z2 GR

Godzilla vs. Kong (Adam Wingard, 2021) 0
King Kong et Godzilla se retrouvent et en décousent à Hong Kong et au centre de la Terre. Mes deux giga-monstres cinématographiques préférés se retrouvent piégés, pas seulement des personnages impensablement falots du film, mais de la bouillie stérile du scénario qui enchaîne sans logique ni affect les démonstrations d'effets numériques en action. Le vrai sujet intéressant - Orient vs. Occident - est ignoré. De la merde, colossale. BR UK

The Tomorrow War (Chris McKay, 2021) *
Un prof de lycée conscrit (Chris Pratt) est envoyé en mission trente ans dans le futur auprès de l'armée en perdition face à des extraterrestres qui ont presque détruit l'Humanité. Le scénario qui associe fin du monde et famille, suraction et sentiment, réchauffement climatique et citations de pop culture, monstres et ruban de Möbius... fait le seul intérêt du film : la recette industrielle du blockbuster y est poussée au cas d'école. Amazon Prime Video

The Theater Bizarre (David Gregory, 2011) *
Une femme entre dans un théâtre peuplé de mannequins animés qui chacun illustrent une histoire horrifique. Un film à sketches de six courts-métrages d'horror centrés sur la psychose et réalisés par des noms connus (Richard Stanley, Tom Savini) et moins. Le ton et les atmosphères sont désunies, du conte à l'horreur, du cheap au soigné, du banal à l'original. Le plus simple est le plus fort : "The accident" de Douglas Buck. BR FR

Beautiful thing (Hettie MacDonald, 1996) ***
Dans une cité de la banlieue de Londres, un lycéen est épris de son camarade de classe et voisin de palier, un garçon taiseux. Les personnages aux blessures personnelles inexpliquées et l'atmosphère générale sont traités avec une vraie sensibilité dans ce classique lgbtq à la fois crédible et radieux qui, revu vingt cinq ans plus tard, me touche toujours autant. Le casting et les chansons de Mama Cass sont inoubliables. BR FR 

3 juillet 2021

Films vus par moi(s): juillet 2021

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

The Nightingale (Jennifer Kent, 2018) ***
En Tasmanie en 1825, une détenue irlandaise dont le mari et le fils ont été tués par un lieutenant anglais part à sa poursuite pour les venger, accompagnée d'un traceur aborigène. Ponctué de scènes d'extrême violence physique, un film rageur sur les crimes commis contre les femmes et les aborigènes par la lie de certains colons britanniques. Un drame à la dynamique de western à la fois terrible, émouvant et résonnant. BR DE

Belle Maman (Gabriel Aghion, 1999) 0
Tout juste marié et père, un type tombe raide dingue de sa belle-mère. Grâce au casting sympathique en totale roue libre mené par une Catherine Deneuve quinquagénaire très séduisante - Vincent Lindon, Mathilde Seigner, Danièle Lebrun, Line Renaud, Stéphane Audran, Idris Elba... - c'est presque regardable. Mais c'est abyssalement mal écrit, joué et réalisé : tout, vraiment tout, sonne faux. Un ratage complet, c'est rare. BR FR
 
Le Soleil se lève aussi / The Sun also rises (Henry King, 1957) **
D'après Hemingway, l'été de cinq amis et rivaux désoeuvrés entre Paris et Pampelune en 1922. On ne croit pas une minute à cette évocation de la Lost Generation et la partie parisienne sonne aussi faux que le jeu de Juliette Gréco mais une fois en Espagne - filmée à Mexico - les scènes de foule et de corrida dynamisent tout. Et surtout le plaisir de voir Tyrone Power et Errol Flynn - pourtant abîmés - enfin réunis, autour d'Ava Gardner, si belle. BR UK

Les yeux de Satan / Child's play (Sidney Lumet, 1972) *
Dans un pensionnat catholique pour garçons, un jeune professeur débutant découvre la haine mutuelle entre deux collègues proches de la retraite. Le titre français imbécile et trompeur n'évoque en rien ce film psychologique très bavard, basé sur une pièce de théâtre, sur le thème de l'emprise mentale. James Mason et Robert Preston s'y affrontent sous l'oeil de Beau Bridges et des ados manipulés. On s'ennuie pas mal, hélas. BR FR

6 juin 2021

Films vus par moi(s): juin 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

La cible humaine / The gunfighter (Henry King, 1950) ***
Légende de l'Ouest, un tireur émérite cherche à revoir sa femme et son fils qui l'ont quitté, tandis qu'il est poursuivi par des hommes qui veulent sa peau. Baigné d'une mélancolie profonde, un admirable western en huis-clos autour d'un cowboy fatigué dont la Mort s'approche pas à pas. L'action parcimonieuse fait place aux liens de haine, d'amour et d'amitié entre les personnages, très humanisés. Gregory Peck est bouleversant. BR FR  

Le Cygne Noir / The Black Swan (Henry KIng, 1942) ***
Dans les Caraïbes, un pirate repenti affronte le plus retors de ses anciens comparses. Un film de pirates dont le scénario classique est sublimé par la photographie de Leon Shamroy, le splendide Technicolor, les maquettes navales, le charme et la beauté de Maureen O'Hara et de Tyrone Power, au corps subtilement érotisé dans quelques scènes qui jouent avec la censure. Avec George Sanders, Laird Cregar et Anthony Quinn. BR FR   

Cartouche (Philippe de Broca, 1962) **
Sous la Régence, le brigand Cartouche et sa bande vivent insouciamment jusqu'à la rencontre avec la femme (Odile Versois) du lieutenant de police. Le film d'aventures plutôt classique de la première moitié prend ensuite une tournure plus sombre, portée par les décors baroques, le supplément d'âme et le lyrisme de la musique de Delerue. Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale forment un couple sexy et libre d'une belle modernité. BR FR

Primal, Saison 1 (Genndy Tartakovsky, 2019) ***
Pendant la Préhistoire, un Néandertalien et une femelle Tyrannosaure luttent ensemble pour survivre dans un environnement d'une hostilité extrême. Une série d'animation US - mais animée par un studio français - sans dialogue mais où le travail sur les bruits, les cris et la musique, ajouté aux splendides et inquiétants décors créent une atmosphère de menace terriblement anxiogène. Et c'est gore, monstrueusement. Excellent. BR FR 

David et Bethsabée / David and Bathsheba (Henry King, 1951) ***
David (Gregory Peck) et Bethsabée (Susan Hayward) s'étant épris l'un de l'autre, le roi décide d'envoyer l'époux de sa maîtresse à la mort. Un peplum biblique psychologique qui refuse tout spectaculaire pour se concentrer sur ses personnages aux prises avec leur culpabilité. Dans des décors puissamment simples, les clairs-obscurs en Technicolor expriment les âmes en tourment. Un superbe film biblique, adulte et atypique. BR FR

The dig (Simon Stone, 2021) ***
Dans le Suffolk en 1939, la propriétaire (Carey Mulligan) d'un domaine aidée d'un archéologue local (Ralph Fiennes) découvrent le Trésor anglo-saxon de Sutton Hoo, sur lequel le British Museum veut mettre la main. Avec le remarquable scénario du film, l'histoire de la découverte sert de support à un mélodrame existentiel sur les liens inter-humains tissés au-delà des siècles. C'est audacieusement funèbre et plutôt émouvant. Netflix

1 mai 2021

Films vus par moi(s) : mai 2021

*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

L'ascension / Voskhozhdenie / The ascent (Larisa Sheptiko, 1977) ***
L'hiver 1942 en Biélorussie, deux partisans capturés par les nazis doivent choisir entre sacrifice et trahison. Mais la guerre n'est qu'une toile de fond pour scruter, à la Dostoïevski, les conflits intérieurs des personnages entraînés dans leur destinée. Tourné entièrement dans un paysage enneigé et chargé de gros plans des visages, la métaphore christique du film apparaît, marquée par la spiritualité de la réalisatrice russe trop tôt disparue. BR UK 

L'homme dans l'ombre / Raggedy man (Jack Fisk, 1981) *
Au Texas en 1940, une divorcée et ses deux garçons accueillent un Marine en permission tandis que deux voisins lorgnent la jeune femme. Un petit film d'atmosphère qui ne trouve pas son identité ni sa structure en panachant sans convaincre le romantisme, le social et le thriller. Mais il y a Sissy Spacek et Eric Roberts, formidables, qui forment un touchant couple d'écran et Henry Thomas que Spielberg devait remarquer pour E.T. BR US

"September 30, 1955" (James Bridges, 1978) 0
Dans une petite ville de l'Arkansas en 1955, l'annonce à la radio de la mort de James Dean déstabilise un fan qui s'identifie à lui. Sur le sujet plutôt rare de l'idolâtrie cinéphile, un film raté malgré le charme de la reconstitution d'époque et la photo de Gordon Willis. Cette tranche d'Americana s'effondre sous le jeu exécrable des acteurs - le pompon pour Richard Thomas, le premier rôle - et la pauvreté des dialogues. J'en ai vu 30 minutes. BR US

Vivre / Ikiru (Akira Kurosawa, 1952) ***
Atteint d'un cancer terminal, un fonctionnaire anonyme de Tokyo fait deux rencontres qui réorientent sa fin de vie. Un film d'une force et d'une richesse rares et précieuses, porté par une construction d'une complexité habile et une mise en scène implacable. L'universalité du propos s'incarne dans plusieurs séquences dévastatrices, notamment les deux où le personnage chante la même chanson avec un effet différent. Magistral. BR FR

Stella (Sylvie Verheyde, 2008) ***
En 1977, négligée par ses parents bistrotiers immatures, Stella prend le mauvais chemin avant de se faire une copine en 6ème. Le magnifique portrait d'une gamine qui a appris à surnager en milieu défavorable. Tout sonne juste - jusqu'aux tubes de Sheila et de Guichard - grâce à un scénario qui évite le pathos et la facilité et un casting en tous points parfait. Guillaume Depardieu, dans un de ses derniers rôles, est bouleversant. Netflix

Sorry we missed you (Ken Loach, 2019) ***
A Newcastle, la chute d'un homme qui a commencé en auto-entreprise une activité de chauffeur-livreur pour un transporteur. Le désastre humain et social de l'uberisation aveugle est exploré par le drame d'une famille plongée dans la détresse par l'humiliation du père. L'équilibre entre le travail et la maison apporte une dynamique émotionnelle un peu forcée mais très efficace. Les quatre acteurs principaux sont formidables. BR FR 

4 avril 2021

Films vus par moi(s): avril 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

L'Atalante (Jean Vigo, 1934) ***
Juste marié, un couple (Jean Dasté et Dita Parlo) vit et travaille sur une barge fluviale auprès d'un équipier (Michel Simon) envahissant mais bienveillant. Hymne à la vie et à l'absurde poétique qu'on peut y trouver, un merveilleux film à la fois léger et profond à la narration buissonnière entièrement dévouée à l'inventivité visuelle de chacun de ses plans. Vigo mourut à 28 ans à la sortie du film, une ombre qui exalte sa liberté solaire. BR FR   

La traque (Serge R. Leroy, 1975) ***
Dans la forêt et les marais de l'Orne, une jeune femme anglaise violée par un chasseur est traquée par les copains de celui-ci. Un film terrible par sa froideur, son refus du sensationnel et du jugement. Leroy montre l'abjection sans sourciller, plus cliniquement que Boisset dans "Dupont Lajoie". Face à Mimsy Farmer : Jean-Pierre Marielle, Michel Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Jean-Luc Bideau, Michel Robin... BR FR   

Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief, 2018) ***
Dans les Ardennes, la disparition d'un enfant affecte dans la durée plusieurs voisins d'un village. Le spectateur sachant dès le début ce qui s'est passé, le film ne prend pas la voie du thriller mais celle du drame psychologique cloisonné, spécificité du cinéma français de tradition. Les ravages de la culpabilité font pour de l'excellente tension et le toujours bon Boukhrief assure une réalisation tendue qui ose presque le fantastique. BR FR

Le calvaire de Julia Ross / My name is Julia Ross (Joseph H. Lewis, 1945) **
Pensant qu'elle a été embauchée au service d'une riche bourgeoise, une jeune femme (Nina Foch) se retrouve dépossédée de son identité au risque de sa vie. Malgré les acteurs moyens et les invraisemblances et aberrations - qui ajoutent d'ailleurs au film -  un mystère gothique de série B, influencé par Rebecca de Hitchcock, dont le couple mère-fils infernal vaut vraiment le détour. Sur 65', la narration ne perd aucun temps. BR UK

Ethos / Bir Baskadir (Berkun Oya, 2020) *** 
Quelques habitantes des alentours d'Istambul venant de classes et d'éthiques religieuses différentes se croisent en influençant leurs parcours respectifs. Les conflits entre les conservateurs et les libéraux turcs sont la trame de cette mini-série aux dialogues et au rythme fascinants qui dresse des portraits de femmes - des actrices formidables - en butte à une société complexe et à elles-mêmes. J'ai parfois pensé à Ozu. Magnifique. Netflix

Soul (Pete Docter & Kemp Powers, 2020) ***
Un prof de musique noir désabusé d'un lycée de Queens se tue accidentellement le jour où il réalise son rêve de jouer dans un club de jazz. Depuis l'Au-delà, son esprit, accompagné d'un autre, découvre les recettes simples d'une vie qu'il aurait pu réussir. Pitch réducteur de ce brillant film d'animation Disney-Pixar qui étonne constamment par sa richesse thématique, narrative et visuelle. Beau, complexe et touchant. BR UK 

Fondu au noir / Fade to black (Vernon Zimmerman, 1980) **
Un cinéphile psychotique (Dennis Christopher) s'attaque déguisé à ceux qu'il perçoit comme ses ennemis, tout en s'éprenant d'un sosie de Marilyn Monroe (Linda Kerridge). Une série B de l'aube des Eighties qui nous promène dans un Los Angeles nocturne superbement photographié et dans l'univers d'un fou du Hollywood de l'âge d'or. Truffé de références cinématographiques, un film culte des rats de vidéoclubs, dont je fus. BR US

La route des Indes / A passage to India (David Lean, 1984) ***
Dans les années 1920, venue voir son fiancé en poste en Inde, une anglaise découvre une communauté d'expatriés fermée sur elle-même et s'éveille au pays dans la douleur. Sublimé des images lyriques chères à Lean et du score de Maurice Jarre, un mélodrame colonial qui effleure ses questions politiques, culturelles et raciales autour de la confusion de son intrigant personnage principal, superbement interprété par Judy Davis. BR FR

Soudain... les monstres / The food of the Gods (Bert I. Gordon, 1976) 0
Dans la région des Grands Lacs, une île est infestée d'animaux devenus géants après avoir mangé une mystérieuse bouillie. En surimpressions, modèles réduits et marionnettes, des poules, des vers, des guêpes et des rats attaquent une bande d'imbéciles menée par Ida Lupino, mamie repartie au taf sans doute pour payer ses impôts. Ça qui devait passer en 1976 ne le fait plus aujourd'hui. Une curiosité des festivals de l'époque. BR FR

Par un beau matin d'été (Jacques Deray, 1965) 0
Un petit truand et sa soeur s'embarquent dans le kidnapping d'une jeune héritière (Géradine Chaplin) dans la campagne espagnole. Tout est mauvais là-dedans : l'histoire réchauffée, le déséquilibre entre le thriller et le cool des dialogues banals d'Audiard, la mise en scène transparente du médiocre Deray et le jeu exaspérant de Belmondo et Sophie Daumier. Un film dont la réapparition et la restauration étaient tout à fait inutiles. BR FR

Underwater (William Eubank, 2019) *
Six survivants de la destruction d'une station sous-marine qui tentent d'en rejoindre une autre en scaphandre - à 10.000 mètres sous la surface - découvrent qu'ils sont chassés par des monstres. Un survival aquatique de série B sans autre enjeu que le suspense et le décor bleu nuit, entre Alien et The Abyss. On ne s'ennuie pas trop, l'idée des créatures lovecraftiennes est plutôt intéressante et puis je regarde tout avec Kristen Stewart. BR FR

8 mars 2021

Films vus par moi(s): mars 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

La Princesse grenouille / Tsareva Iyagushka / The frog Princess (Mikhaïl Tsekhanovski, 1954) ***
Le fils d'un roi part délivrer une princesse transformée en grenouille par un sorcier qu'elle a éconduit. Un moyen-métrage qui concentre en 40 minutes les merveilles des contes populaires et de l'animation soviétique avec son histoire aux métaphores emboîtées en poupées russes, ses mouvements fluides - travaillés en motion capture - et ses décors colorés de forêts et de châteaux. Sans mignonnerie ni superflu, toute la pureté du classicisme. YouTube

Show Boat (George Sidney, 1951) **
Les amours et les drames d'une petite troupe de comédiens d'un bateau théâtre sur le Mississippi. S'il n'égale pas le chef-d'oeuvre de James Whale de 1936, cette adaptation MGM du merveilleux musical de Kern & Hammerstein en impose avec son Technicolor hurlant, son dosage de sourire et de pathos et Howard Keel, Kathryn Grayson et Ava Gardner. Mais les morceaux chantés sont un peu mous, "Old Man River" compris. BR US

Jazz à Newport / Jazz on a summer's day (Bert Stern, 1959) **
En juillet 1958, sur scène et avec les vacanciers au festival de jazz de Newport. Le premier film de concert non classique réalisé est, au-delà de l'alignement de Thelonious Monk, Anita O'Day, Big Maybelle, Chuck Berry, Louis Armstrong, une formidable time capsule d'humanité radieuse. Représentant la moitié des images, les beaux visages des spectateurs de toutes couleurs de peau irradient. Et ce final avec Mahalia Jackson ! BR US 

La mousson / The rains of Ranchipur (Jean Negulesco, 1955) **
Aux Indes dans les années 30, un couple en visite chez des expatriés se fissure quand la femme s'éprend d'un docteur indien et que la mousson provoque un tremblement de terre. Un mélodrame colonial sublimement absurde, tout centré sur les occidentaux, les deux seuls autochtones étant Richard Burton et la Maharani Eugenie Leontovich, frottés au brou de noix. Avec le Cinemascope, le Technicolor et Lana Tuner, je me régale. BR FR

Sainte Maud / Saint Maud (Rose Glass, 2019) *
A Scarborough, une jeune femme perturbée est chargé de s'occuper d'une ex-chorégraphe mourant d'un cancer. Bien interprété par ses deux actrices principales (Morfydd Clark et Jennifer Ehle), un drame intimiste flirtant avec l'horror religieux qui souffre de trop rappeler de meilleurs films sur la schizophrénie ou le mysticisme. Mais vu comme une métaphore des ravages de la solitude extrême, ça se tient malgré les maladresses. BR UK

Piège pour Cendrillon (André Cayatte, 1965) **
Brûlée et amnésique suite à un incendie qui a tué sa riche "cousine" dont elle était le sosie, une jeune femme tente de comprendre ce qui s'est passé. D'après un roman de Sébastien Japrisot, un thriller à la Hitchcock à la française qui n'est pas sans défauts dans l'écriture mais qui est porté par ses personnages : un triple rôle pour Dany Carrel qui s'en sort bien et surtout la formidable lesbienne manipulatrice de Madeleine Robinson. BR FR 

Vaiana : La légende du bout du monde / Moana (Ron Clements & John Musker, 2016) **
Une ado polynésienne s'aventure hors de son île pour rendre son coeur à une déesse de la Nature qui se l'est fait voler, plongeant la région dans un désastre environnemental. Avec son message animiste, féministe et écologiste, un dessin animé Disney pour notre temps, qui s'égare un peu dans l'action au milieu mais dont le spectacle des décors et des couleurs est formidable, comme la chanson "Shiny" du crabe-démon. Très sympa. BR FR

6 février 2021

Films vus par moi(s): février 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Liberté (Albert Serra, 2019) 0
En 1774, un petit groupe de libertins exilés de Versailles se retrouve dans une forêt pour une nuit de débauche. Du réalisateur, j'avais adoré "La mort de Louis XIV" (2016) et le thème de celui-ci promettait. Hélas, malgré les acteurs aux physiques improbables, le travail sur le son et la spectaculaire photo nocturne, qu'est-ce que je me suis fait chier. L'austérité et la froideur délibérée du traitement m'ont fait lâcher prise. Prétentieux à l'extrême. BR UK

San Francisco (W.S. Van Dyke, 1936) **
En 1906 à San Francisco, un rossignol (Jeanette McDonald à l'apogée de sa beauté) s'éprend d'un patron de la nuit (Clark Gable à l'apogée de sa suavité) alors qu'elle triomphe dans "Faust" à l'opéra - dans des morceaux d'un camp inouï - et que le tremblement de terre couve. Un mélodrame sentimental et social à gros budget dont la dernière demi-heure mute en un monument du film-catastrophe qui reste très impressionnant. BR US

Quand les tambours s'arrêteront / Apache drums (Hugo Fregonese, 1951) ***
Chassés de leurs terres, des indiens s'en prennent à un petit village d'Arizona. Un western de série B qui se hausse au niveau des grands par son scénario sans scories, ses personnages crédibles et ses idées de mise en scène qui surclassent à merveille le petit budget. L'utilisation de l'espace, du Technicolor et du son (ces tams-tams !) créent une ambiance presque fantastique qui culmine dans l'extraordinaire séquence de l'église. BR FR

Détective privé / Harper (Jack Smight, 1966) **
A Los Angeles, la femme d'un businessman qui a disparu engage un détective privé (Paul Newman, azuréen) pour le retrouver. Le type de film où l'intrigue minimale ne sert qu'à présenter des personnages hauts en couleur et amoraux interprétés par un casting trois étoiles (Lauren Bacall, Robert Wagner, Shelley Winters, Janet Leigh...) évoluant dans le top du design moderne de l'époque, ici les Sixties. Sympathiquement cool. BR US

Le prince et la danseuse / The prince and the showgirl (Laurence Olivier, 1957) **
De passage à Londres pour le sacre de George V en 1911, le régent de Carpathie invite une petite actrice du West End à dîner à l'ambassade. D'après une pièce de Terence Rattigan, une comédie à l'histoire sans grand intérêt mais où la présence et l'extraordinaire charisme de Marilyn Monroe, sublimement photographiée par Jack Cardiff, défont Laurence Olivier dans un K.O. sans appel. Quelle étonnante actrice cette fille était... DVD Z2 FR 

L'Hôtel de la Plage (Michel Lang, 1978) **
En août, dans un hôtel familial de Locquirec en Bretagne, les habitués se retrouvent et les marivaudages reprennent du côté des parents comme des enfants. L'effet nostalgie joue à plein avec cette comédie de moeurs de la France moyenne au casting idoine (Guy Marchand, Daniel Ceccaldi, Myriam Boyer, Anne Parillaud, Sophie Barjac...) et à la légèreté tempérée de tendresse et de beauferie. En plus, c'est mon coin d'origine, alors... BR FR 

La rose et la flèche / Robin and Marian (Richard Lester, 1976) **
Vingt ans après son départ pour les Croisades, Robin des Bois revient à Sherwood où il retrouve Marianne devenue abbesse et le sheriff de Nottingham. Filmé sans les fioritures artificielles du film historique, une histoire sur le temps et les corps qui passent et les sentiments intacts. Physiques mûris, Sean Connery et Audrey Hepburn forment un couple touchant et étonnamment naturel. Mélancolique mais avec légèreté et humour. BR US    

Pique-nique en pyjama / The pajama game (Stanley Donen & George Abbott, 1957) ***
En conflit autour d'une augmentation salariale, le directeur d'une usine de pyjamas (John Raitt) et la déléguée syndicale (Doris Day) tombent amoureux. Dans le contexte complètement original d'une usine en lutte sociale, ce formidable Musical regorge de trouvailles de mise en scène, d'acteurs atypiques et d'exaltantes chansons dont Once-a-year-day!, une séquence d'une vitalité inouïe. Avec Bob Fosse à la chorégraphie. BR US

L'exorciste / The exorcist (William Friedkin, 1973) ***
A Georgetown, le Diable s'approprie une enfant de douze ans. L'irruption de l'inconnu dans le flux du quotidien et la rupture des certitudes sont le socle thématique de ce film mythique qui reste un des sommets du cinéma. La force en repose sur le scénario ancré dans le réel qui présente sans expliquer, l'habilité démoniaque de la mise en scène, la crédibilité des acteurs et le refus de l'horreur au profit d'une insinuation de l'effroi. Magistral. BR FR

Une femme cherche son destin / Now, Voyager (Irving Rapper, 1942) ***
Sous la coupe de sa mère tyrannique, une vieille fille de Boston fait une thérapie qui la révèle au monde et à elle-même. Un des chefs-d'oeuvre du Woman's Picture, un mélodrame où la psychanalyse et le proto-féminisme structurent un scénario outrancier mais fascinant autour de la libération et du sacrifice. Bette Davis en vilain petit canard et Gladys Cooper en monster mother s'affrontent de façon inoubliable. Sublimement névrotique. BR UK

2 janvier 2021

Films vus par moi(s): janvier 2021



*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

They'll love me when I'm dead (Morgan Neville, 2018) **
Ce documentaire sur le tournage confus du dernier film - jamais sorti à l'époque - d'Orson Welles, "The other side of the wind" (1970-1976), permet de voir l'immense réalisateur au travail dans des conditions difficiles, alors qu'il est lui-même dans la détresse morale et physique. Les images sont rudes mais émouvantes, entre John Huston acteur qui semble perdu et  le fidèle Peter Boganovich dépassé. Un document crépusculaire. Netflix  

Moffie (Olivier Hermanus, 2019) *
En 1981 dans l'Afrique du Sud de l'Apartheid, un adolescent doit faire son entrainement militaire dans un camp à la frontière angolaise alors les deux pays sont en conflit. La brutalité des comportements d'humiliation et la virilité proclamée rythment de façon répétitive tout le film dont la seule autre piste narrative est celle de la montée du désir du garçon pour un autre. C'est beau mais la retenue de l'ensemble tape vite sur le système. BR UK  

Suez (Allan Dwan, 1938) **
La création du canal de Suez à travers l'histoire de son inventeur, Ferdinand de Lesseps. Un mélodrame historico-biographique typique de l'Hollywood des Thirties qui mêle allègrement la politique internationale et les affaires de coeur d'un trio de séduisantes vedettes : Tyrone Power au sommet de son charme, Loretta Young et Annabella. Les séquences des explosions et de la tempête des sables restent impressionnantes. BR ES 

Greenland (Ric Roman Waugh, 2020) **
Un couple séparé (Gerard Butler et Morena Baccarin) se retrouve avec son jeune fils pour se mettre à l'abri alors qu'une comète va frapper la Terre. Un film-catastrophe pas mal du tout, centré sur les personnages plus que sur les effets spéciaux. Du coup, il y a un supplément d'âme surprenant dans ce genre codifié et malgré quelques coïncidences obligées, on se prend à s'attacher à cette famille plongée dans le chaos. BR BE

Panique dans la rue / Panic in the streets (Elia Kazan, 1950) ***
A la Nouvelle-Orléans, l'autopsie d'un homme assassiné lié à la pègre révèle qu'il avait la peste. Un médecin et un policier traquent ses tueurs pour éviter une épidémie. Un excellent scénario de Film Noir où la poursuite est sanitaire - la recherche des cas contacts - et non criminelle. Le décor naturel du port et la superbe photo N&B servent la mise en scène dynamique où Richard Widmark, Zero Mostel et Jack Palance (génial) étincellent. BR UK 

Le pirate / The pirate (Vincente Minnelli, 1948) ***
Dans les Caraïbes, un acteur s'éprend d'une jeune fille promise au maire de sa ville. Un Musical expérimental, dont le scénario basé sur la confusion d'identités est prétexte à une sorte de film d'art en gesticulations et en Technicolor où le jeu des acteurs (Judy Garland et Gene Kelly, fascinants) frise l'hystérie dans un décor d'opérette. Le score de Cole Porter mêle l'excellent  ("Mack the Black", "Be a Clown") et le dispensable. On adore ou déteste. BR US

Nous étions un seul homme (Philippe Vallois, 1979) **
En 1943 dans la campagne landaise, un simple d'esprit recueille dans sa ferme un soldat allemand blessé. Un classique pionnier du cinéma gay qui n'est pas du tout le récit d'une attraction homosexuelle mais celui du pansement de deux solitudes. Cette approche et l'aspect naturaliste du film, petit budget évident, lui donnent le ton original d'une tragédie solaire. Serge Avédikian, Piotr Stanislas et Catherine Albin sont formidables. DVD Z2 FR

Les voyages de Sullivan / Sullivan's travels (Preston Sturges, 1941) ***
Un réalisateur de Hollywood qui veut faire un film sur les miséreux de l'Amérique s'immerge dans leur milieu, accompagné d'une aspirante actrice. Inclassable panaché de comédie, de film social, de romance et de drame, un des chefs-d'oeuvre des Forties, jalonné des séquences audacieuses et magnifiques, chacune dans leur genre. Dans le luxe ou les bas-fonds, Joel McCrea et Veronica Lake forment un duo au charme fou. BR UK