7 décembre 2019

Fims vus par moi(s): décembre 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Finis Terrae (Jean Epstein, 1929) **
Sur l'île finistérienne de Bannec, un jeune goémonier se blesse au couteau, la plaie s'infecte, ses compagnons prennent soin de lui. Entre fiction et documentaire, un film d'extérieurs et d'acteurs non professionnels qui repose sur la beauté rude du paysage et des hommes. On peut trouver des thèmes symboliques dans le récit mais c'est la poésie des images qui s'impose. L'accompagnement musical contemporain de Roch Havet est éprouvant. BR FR

First man : le premier homme sur la Lune / First man (Damien Chazelle, 2018) ***
L'histoire de la première mission sur la Lune à travers l'aventure individuelle de Neil Armstrong. Un sentiment de tragédie existentielle traverse le film qui panache le grandiose et l'intime autour du portrait d'un homme marqué par le deuil et le dépassement de soi. Les effets spéciaux et le travail du son plongent le spectateur dans la dynamique effrayante des modules lancés vers la Lune et Ryan Gosling est admirable de profondeur retenue. BR UK  

Triple écho / The triple echo (Michael Apted, 1972) **
Pendant la Seconde Guerre Mondiale dans la campagne anglaise, une fermière (Glenda Jackson) accueille un déserteur (Brian Deacon) qu'elle travestit en le faisant passer pour sa soeur. Un sergent macho (Oliver Reed) est attiré par la femme étrange. Sur un sujet propice à l'outrance, un drame intimiste porté par le jeu des acteurs, entre retenue et hyperbole. La tension sexuelle genrée (hétéro, homo, intersexuelle) est à couper au couteau. BR UK   

Montparnasse (Mikhaël Hers, 2009) **
Un soir à Montparnasse, des individus se retrouvent. Trois rencontres (deux soeurs, un homme et son gendre, deux connaissances) en trois histoires indépendantes forment la trame de ce moyen métrage (1h) où les dits et les non-dits dessinent des fêlures cicatrisables ou pas. Entièrement centrée sur les discussions de ses personnages, l'écriture donne à ceux-ci une réalité et une profondeur rares. Un film sur quelques gens qui sont nous tous. DVD Z2 FR

100 days before the command / Sto dney do prikaza (Hussein Erkenov, 1991) **
A la fin de l'URSS, le quotidien de quelques jeunes soldats d'une caserne. Interdit en Russie depuis sa sortie, un court (65') film de toute évidence inspiré par Tarkovski dont il reprend le rythme et le symbolisme. La dureté du service militaire et des rapports humains russes sont dénoncés par des séquences élégiaques qui orientent l'ensemble vers le film d'art et d'essai. L'homoérotisme ambiant n'a pas du aider la réception à l'époque. DVD Z1 US

Apollo 11 (Todd Douglas Miller, 2019) ***
Du jour de leur départ à celui de leur retour sur Terre, les étapes du voyage d'Armstrong, Collins et Aldrin sur la Lune en juillet 1969. Un formidable documentaire fait d'extraordinaires images de la NASA retrouvées récemment qui tient en haleine du début à la fin. La grandeur de l'exploit triomphe et les vues lunaires sont incroyables mais ce sont peut-être les Américains de 1969 qui m'ont le plus touché. On est avec eux, souffle coupé. BR DE

Gwendoline (Just Jaeckin, 1984) **
Une jeune femme, son amie et un baroudeur traversent la jungle pour arriver au Royaume féminin de Yik-Yak gouverné par une reine cruelle. D'après une BD fétichiste, un pastiche d'aventures à la Barbarella qui n'en n'a pas les moyens mais qui compense par un casting étonnant (Tawny Kitaen et Brent Huff, sexys mais incapables), Zabou et Bernadette Lafont et des décors et costumes imaginatifs. C'est fun, très camp et totalement décérébré. BR UK

Sexy beast (Jonathan Glazer, 2000) **
En retraite avec sa compagne en Espagne, un ex-malfrat doit reprendre du service malgré lui. Une comédie, un thriller, un drame des nerfs et une romance : un film étonnant dont le scénario et les images réservent leur lot d'originalité et de surprise. Le thème du passé auquel on n'échappe est l'occasion d'une performance en nuance par Ray Winstone en retraité bousculé et en tour de force par Ben Kingsley en psychopathe prolixe. BR UK

Tout sur ma mère / Todo sobre mi madre (Pedro Almodovar, 1999) ***
Une femme (Cecilia Roth) dont le fils a été tué dans un accident part prévenir son père à Barcelone et y fait des rencontres déterminantes. Mon Almodovar préféré (avec "Douleur et gloire" de 2019), un film qui réussit un miracle d'équilibre entre drame et mélodrame, comédie et profondeur, originalité et cinéphilie. Chaque scène est inoubliable, toutes portées par un casting exceptionnellement accordé. Un condensé d'humanité. BR FR 

Désordre (Olivier Assayas, 1986) *
Suite à un cambriolage qui a mal tourné, l'amitié des membres d'un petit groupe de rock amateur se délite. Terriblement daté avec son éprouvante musique de synthé et ses néons dans la nuit, le premier film d'Assayas n'a pas résisté au temps. Le jeu approximatif de son casting de jeunes premiers (Wadeck Stanczak en tête) n'aide pas. Mais certains plans sont superbes et le découpage original annonce les chefs-d'oeuvre à venir du réalisateur. BR UK

Week-end à Zuydcoote (Henri Verneuil, 1964) **
En juin 1940 près de Dunkerque, un soldat français attend avec des milliers d'autres une évacuation vers l'Angleterre quand les Allemands approchent. Le quotidien fait d'attente, de conversations, de rencontres et de raids aériens donne à ce film existentialiste une atmosphère et une dynamique peu habituelles dans le genre du film de guerre. Jean-Paul Belmondo est formidable dans le rôle d'un type sympathique pris au piège d'une plage. BR FR

Liens d'amour et de sang / Beatrice Cenci (Lucio Fulci, 1969) **
En 1599 à Rome, Beatrice Cenci et ses deux frères font tuer leur père abusif (Georges Wilson) et sont exécutés avec leur mère. L'Italie de la Renaissance sert de décor à ce drame historique et familial d'une noirceur totale où règnent la violence et la corruption. Quelques scènes de torture montrent le goût du gore qui deviendra la signature de Fulci mais on est loin d'un film d'exploitation. Le casting est très bon, comme la reconstitution de l'époque. BR UK

1 novembre 2019

Films vus par moi(s): novembre 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Ad Astra (James Gray, 2019) **
Un astronaute est envoyé par la Nasa près de Neptune chercher son père astronaute lui aussi et disparu en mission vingt ans plus tôt. Contemplatif et existentiel, un film sur la toxicité de certains liens familiaux qui repose entièrement sur les épaules de Brad Pitt et les grandioses images de l'espace intersidéral. Dommage que la voix off de Pitt, sentencieuse et monocorde (quelle plaie cette mode) impose sa propre importance. Avion

Stockholm (Robert Budreau, 2018) **
En août 1973 à Stockholm, un américain un peu frappé et très excentrique prend en otage trois employés d'une banque, qui vont se prendre d'empathie pour lui. Un film purement narratif qui raconte avec des libertés le fait divers tragi-comique qui a défini le Syndrome de Stockholm en psychiatrie. Ethan Hawke est très bon en malfaiteur séduisant et Noomi Rapace en victime tourneboulée. Une sorte de farce absurde sur un incident surréaliste. Avion

Parasite / Gisaengchung (Bong Joon Ho, 2019) ***
Les quatre membres d'une famille déclassée de Séoul réussissent à sa faire embaucher comme employés par un riche couple de la ville. Commençant en comédie (la partie que j'ai préférée) et finissant en drame, ce pamphlet sociologique autour de la lutte des classes distille les surprises de son scénario en enchaînant des situations de plus en plus stressantes pour les personnages et le public. La mise en scène et les acteurs sont parfaits. Avion

Le Roi Lion / The Lion King (Jon Favreau, 2019) ***
Le fils du roi des lions subit la jalousie de son oncle, qu'il devra affronter. Le remake en CGI du classique animé Disney de 1994 est une réussite totale par son histoire redoutablement efficace, la caractérisation des personnages, le lyrisme de la mise en scène et bien sûr, l'incroyable prouesse des images digitales qui donnent vie avec splendeur aux animaux et aux paysages. Après Le Livre de la Jungle, un autre chef-d'oeuvre par Jon Favreau. Avion 

Godzilla : Roi des Monstres / Godzilla: King of the Monsters (Michael Dougherty, 2019) **
Godzilla se réveille encore, cette fois avec sa suite de Monstres prêts à en découdre dans des combats titanesques. Un hybride vieille école de film de monstres et de film catastrophe où tout est hypertrophié par les possibilités des effets spéciaux dernier cri. C'est con comme pas permis (quand on y pense) mais on n'y pense pas et on se laisse porter par le bruit et la fureur. Et j'adore Vera Farmiga, qui mettrait de la profondeur dans une semelle. Avion

Once upon a time... in Hollywood (Quentin Tarantino, 2019) *
En 1969 à Los Angeles, un acteur sur le déclin (Leonardo DiCaprio) et sa doublure (Brad Pitt) traversent des jours monotones. Construit autour des Manson Murders, un gros budget roublard qui panache le malicieux et le minable dans un n-ième film révisionniste typique de son réalisateur. L'artifice est vite pesant mais quelques scènes sont superbes (l'actrice précoce, le ranch de la Tribu, les deux dernières minutes) et Pitt formidable. Avion

Crawl (Alexandre Aja, 2019) **
Lors d'un hurricane en Floride, une jeune femme et son père sont pris au piège de leur maison inondée où sont entrés des alligators. Un très bon thriller Human vs. Animal dont les décors et la mise en scène créent une tension soutenue qui exploite les codes du survival avec une belle efficacité. Les méchants alligators sont vraiment effrayants et leurs dents et écailles en CGI sont plus vraies que nature. Crade et croquant, mouillé et gluant. Avion

Dumbo (Tim Burton, 2019) 0
Ce remake live & CGI du merveilleux dessin animé de 1941 est un échec sans appel. En recentrant l'histoire sur les humains (dont deux gamins terriblement ennuyeux et un méchant capitaliste stéréotypé) au lieu de l'éléphanteau volant et en hypertrophiant les décors de parc d'attraction et la musique devenue rance de Danny Elfman, toute la magie et l'émotion ont disparu. On se retrouve avec un produit d'usine. Burton est foutu. BR UK

And soon the darkness (Robert Fuest, 1970) **
Un été, deux jeunes anglaises viennent se balader à vélo en France. Quand l'une disparaît, l'autre cherche du secours. Un étonnant thriller qui se passe entièrement sur et autour d'une route rurale déserte au milieu des champs. Pamela Franklin y rencontre une poignée de Français bizarres ou demeurés, dont Jean Carmet en figuration. Pas encore un slasher mais en ayant déjà certains éléments, un film à l'atmosphère atypique, noire et solaire. BR UK

Upgrade (Leigh Wannell, 2018) **
Suite à une agression, un quadriplégique se voit proposer l'implant d'une puce électronique qui l'aide à retrouver sa mobilité. Un bon film de SF sur la menace transhumaine qui panache un peu de 2001, Blade Runner, Terminator, Ex Machina... Malgré un milieu qui joue trop la carte de l'action au détriment du sujet et un méchant raté, le scénario noir et les trouvailles visuelles tiennent en haleine jusqu'au final glaçant. Pas mal du tout. BR DE

Hercule contre les vampires / Ercole al centro della Terra / Hercules in the Haunted World (Mario Bava, 1961) **
Hercule (Reg Park, qui réussit à donner de l'humanité au héros culturiste) descend dans le monde des ombres chercher la Pomme d'Or des Hespérides. Le film est un sommet de kitsch et de camp qui tient par son acteur principal et surtout par les délirants éclairages colorés choisis par Bava pour ses décors souterrains. Entre Pop et Psychédélique, c'est une orgie visuelle sans équivalent dans le Peplum. Avec Christopher Lee. BR US

Bunny Lake a disparu / Bunny Lake is missing (Otto Preminger, 1965) **
La fille d'une jeune américaine (Carol Lynley) juste arrivée à Londres chez son frère disparait de son école. L'inspecteur (Laurence Olivier) chargé de l'enquête doute de l'existence de l'enfant. Difficile d'évoquer la psychose au cinéma et dans les 60s, ça ils ont essayé. Ce thriller psychologique est prenant jusqu'à l'a révélation de l'énigme, lourdement traité. Mais le thème est audacieux pour 1965, la mise en scène brillante et le casting formidable. BR UK

Paranoïa / Unsane (Steven Soderbergh, 2018) *
Une jeune femme (Claire Foy) harcelée par un stalker se retrouve internée dans l'hôpital psychiatrique où celui-ci travaille. Un thriller psychologique sans doute inspiré par #MeToo qui dénonce aussi le système médical américain dans un atmosphère de cauchemar éveillé. Rien de bien nouveau sauf le fait que le film ait été entièrement tourné avec un iPhone. L'expérimentation technique et artistique est intéressante malgré ses limites. BR DE 

La Cage aux Folles (Edouard Molinaro, 1978) **
Un couple homo propriétaire d'un cabaret de travestis à Saint Trop' reçoit les futurs beaux-parents réactionnaires de l'un d'eux. Cette fois, j'ai vraiment ri de l'absurdité outrancière du scénario et du jeu over the top de tous, emportés par la tornade Albin/Zaza de Michel Serrault. Le temps a bonifié cette comédie (pourtant platement mise en scène) en faisant apparaître son activisme subtil (pour l'époque) par la caricature. Et revoir Rémi Laurent... BR UK

La favorite / The favorite (Yorgos Lanthimos, 2018) **
Au début du 18e siècle en Angleterre, une arriviste conquiert la place de la favorite de la reine Anne. Porté par un trio d'actrices formidables (Emma Stone, Rachel Weisz et Olivia Colman), un film historique aux attitudes et aux dialogues contemporains qui peut se lire comme une satire politique et féministe méchamment drôle. La forme, de l'éclairage au choix de l'objectif grand angle, est d'une originalité certaine mais un peu trop démonstrative. BR FR

Un couteau dans le coeur (Yann Gonzalez, 2018) *
Un réalisatrice de films pornos gays voit ses acteurs se faire assassiner les uns après les autres. Avec un scénario plus construit, un pastiche de giallo qui aurait pu faire des étincelles par son ton et son look outrageusement queers. Absurde et décalé jusqu'au surréalisme camp (il faut voir Vanessa Paradis en cinéaste lesbienne) et plein d'idées et d'images marrantes, il lui manque pourtant quelque chose pour se hisser plus haut que son cul. BR FR

The horseman (Steven Kastrissios, 2008) *
Un père fou de douleur recherche des types impliqués dans un film porno au cours duquel sa fille est morte. Un revenge movie australien dont la brutalité viscérale des scènes de bagarre et de torture pourrait être un mètre-étalon. Il y a des maladresses grossières (les flashbacks solaires et la rencontre avec la fugueuse) et Peter Marshall est un piètre acteur mais un cogneur hors-pair et c'est l'essentiel. Un film qui n'ayant rien à dire préfère saigner et crier. BR DE  

6 octobre 2019

Films vus par moi(s): octobre 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Le défunt récalcitrant / Here comes Mr. Jordan (Alexander Hall, 1941) **
Un boxeur saxophoniste tué dans un accident d'avion se réincarne dans le corps d'un autre, puis d'un autre. Une comédie fantastique comme les Forties les aimaient à base d'identités échangées, d'invisibilité et d'amours improbables. Le scénario ingénieux peut se lire comme une fable existentielle, platonicienne, christique ou bouddhiste avec l'humour et l'émotion indispensables. Avec Robert Montgomery et Claude Rains. BR UK

Le voyage de la peur / The hitch-hiker (Ida Lupino, 1953) ***
Deux amis partis pêcher sont pris en otage dans leur voiture par un serial killer. Ida Lupino (l'actrice et réalisatrice) a écrit et mis en scène ce huis-clos sec et nerveux, sans à côté ni temps mort, qui panache road movie et film noir autour d'une métaphore sur le Destin. Edmond O'Brien et Frank Lovejoy sont excellents, comme William Talman en psychotique inexpliqué. Le tout fait penser à un cauchemar, ce que le petit budget renforce. Formidable. BR US

Voyage dans la Préhistoire / Journey to the beginning of Time / Cesta do praveku (Karel Zeman, 1955) **
Quatre garçons remontent en barque le fleuve du Temps du Quaternaire au Paléozoïque et en découvrent les paysages et les animaux. Un classique tchèque du film pour enfants entre aventures et docu-fiction qui mêle avec réussite et beaucoup de charme prises de vues réelles, stop motion et animation. Le rythme mollasson l'empêche d'atteindre l'excellence mais j'imagine que l'avoir vu entre 7 et 10 ans laisse des souvenirs impérissables. BR UK

Blanche comme neige (Anne Fontaine, 2018) 0
Une jeune femme (Lou de Laâge, assez passe-partout) ayant réchappé à un assassinat se retrouve dans une maison des Alpes où elle se lie à sept hommes. La transposition du conte (surtout celui de Blanche Neige) dans un contexte contemporain est un exercice périlleux comme le rappelle ce film sans intérêt. L'ennui arrive vite et ni les paysages ni Isabelle Huppert en marâtre n'y font. Je crois que je n'aime pas le cinéma d'Anne Fontaine. BR FR 

Joker (Todd Phillips, 2019) ***
A Gotham City, le basculement d'Arthur Fleck dans la folie et sa création du personnage du Joker. Je ne connais pas l'univers Batman et tant mieux : ce film d'une force anxiogène stupéfiante, porté entièrement par la prestation d'une intensité effrayante de Joaquin Phoenix (qui est de tous les plans) est d'abord une plongée dans la psychose individuelle et collective comme le cinéma n'en avait encore jamais produit. Quel choc, quel constat, quel film ! Ciné

Border / Gräns (Ali Abbasi, 2018) ***
Une douanière suédoise au physique néandertalien et dotée d'un odorat animal rencontre un semblable qui la révèle à elle-même. Cet hybride de fantastique, de romance et de thriller glauque applique avec audace la mythologie nordique au thème universel de l'altérité physique, sociale et sexuelle. Ses deux personnages sont des créations formidables mises en valeur par un scénario et une mise en scène sans cesse surprenants. BR FR   

Le plein de super (Alain Cavalier, 1976) ***
Quatre types proches de la trentaine convoient une Chevrolet de Lille à Nice. Un road-movie d'un dynamisme et d'une fraîcheur étonnants, porté par la liberté du ton et quatre acteurs charismatiques qui ont activement participé au scénario. Les enjeux de la masculinité sont au coeur du sujet, qui navigue avec brio entre humour potache et drame existentiel. On pense aux Valseuses, sorti deux ans plus tôt. C'est du même niveau : excellent. BR FR

Les démons de la liberté / Brute force (Jules Dassin, 1947) **
Les détenus d'une cellule partagée préparent leur évasion. Un film de prison qui se démarque par le réalisme de certaines séquences, l'onirisme d'autres et le style nerveux du scénario et de la mise en scène. Burt Lancaster, dans son deuxième film, a une présence rare et Hume Cronyn excelle en sous-directeur sadique fan de Wagner et de Michel-Ange. Avec d'intéressants caméos en flashbacks d'Ella Raines, Yvonne de Carlo et Ann Blyth. BR UK

Brooklyn village / Little men (Ira Sachs, 2016) **
Deux copains ados subissent la tension entre leurs parents née d'une histoire de loyer. L'impact sur les enfants des décisions des adultes forme la trame de ce film intimiste qui s'attache à ses quelques personnages avec sensibilité. Tout n'est pas dit mais suggéré (la ségrégation sociale et raciale, l'éveil du désir, la gentrification...) et ponctué de belles séquences des garçons arpentant les rues de Brooklyn en vélo et en skate. Lumineux. BR ES

L'ombre du passé / I could go on singing (Ronald Neame, 1963) **
Ayant laissé son compagnon et leur fils pour sa carrière, une chanteuse américaine les retrouve des années après à Londres lors d'une tournée. Un drame parental assez convenu mais dont l'immense intérêt est Judy Garland (son dernier film) qui joue et semble revivre des émotions et des situations proches de sa réalité. C'est très émouvant. Elle chante quatre morceaux dont "By Myself", une extraordinaire séquence. Avec Dirk Bogarde. DVD Z1 US

Le Golem / Der Golem, wie er in die Welt kam (Paul Wegener, 1920) ***
Dans un ghetto juif d'Europe centrale au 16e siècle, un rabbin anime un homme d'argile pour qu'il protège son Peuple, mais la statue s'emballe. Ce film fantastique allemand qui a défini un genre (le film de créatures, on pense évidemment à Frankenstein) a des images mémorables, notamment les superbes décors expressionnistes et la puissante silhouette du Golem. Un classique du cinéma muet au rythme soutenu et au pictorialisme fascinant. BR DE (restauration admirable de Murnau Stiftung)

1 septembre 2019

Films vus par moi(s): septembre 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Douleur et gloire / Dolor y gloria (Pedro Almodovar, 2019) ***
Un réalisateur gay espagnol (Antonio Banderas, formidable) en panne de forme, de moral et de créativité se replonge dans son enfance et tente de remonter la pente. Les souvenirs heureux et douloureux, les succès assumés et les rencontres manquées, la famille de sang et celle de coeur : Almodovar met beaucoup de lui-même dans cette chronique mélancolique sur le temps des sexagénaires. La projection est bouleversante. BR FR

Aux portes de l'Au-delà / From Beyond (Stuart Gordon, 1986) 0
En testant une machine à activer le cerveau, un ingénieur et son assistant font surgir des créatures répugnantes venues d'un monde parallèle. Typiquement Eighties, un film de SF et d'Horror (inspiré de Lovecraft) dont quelques images de corps mutants sont réussies mais dont l'ensemble ne convainc pas, la faute au scénario pas focalisé et à l'amateurisme des acteurs. Les trucages pré-CGI sont sympathiquement dégueulasses. BR FR

Time out / In time (Andrew Niccol, 2011) 0
A la fin du XXIe siècle, le temps a remplacé l'argent : programmé à vivre jusqu'à 25 ans, chacun peut prolonger la durée en gagnant, achetant ou volant des heures ou des années. Ce postulat de base pouvait promettre un film de SF existentiel vraiment original. Hélas, la tournure prise vire à l'action et la romance (entre Justin Timberlake et Amanda Seyfried) sur une esthétique entre Breaking Bad et Matrix. C'est complètement raté. BR FR  

Lourdes (Thierry Demaizière & Alban Teurlai, 2019) ***
La semaine à Lourdes de quelques pèlerins abîmés par la maladie ou l'accident. Un documentaire qui confronte le drame des individus à leur espérance en Marie, qui plane au-dessus de chacun de leurs mots et de leurs gestes. L'humanité du film prend à la gorge, admirablement portée par la photo, le montage et la musique qui en font un vrai film de cinéma. Un bel et digne hommage aux invisibles de la société et à l'Invisible qui les tient. BR FR

Overlord (Julius Avery, 2018) *
En 1944, quelques parachutistes américains largués en Normandie tombent sur un labo souterrain où des Nazis testent des zombies-soldats. Un hybride de guerre et d'horror qui se prend au sérieux, se laisse regarder mais dont les défauts d'écriture (situations, dialogues et rythme) plombent le potentiel. La séquence de naufrage aérien du début est excellente puis l'ennui s'installe doucement. Restent de bons maquillages gore et une belle photo. BR FR

Black Mirror: Bandersnatch (Charlie Brooker & David Slade, 2018) **
En 1984, un jeune programmateur qui conçoit un jeu vidéo devient paranoïaque. Cet épisode de 90' de Black Mirror est le premier film interactif que je vois. Le spectateur peut régulièrement choisir avec sa télécommande l'une ou l'autre des orientations de l'histoire. C'est à la fois fascinant (une nouvelle utilisation du cinéma) et frustrant (l'interactivité empêche l'immersion et l'histoire s'embrouille). Intéressant mais c'est pas mon truc. Netflix (qui s'y autopromeut de façon éhontée mais maline) 

Le convoi des braves / Wagon Master (John Ford, 1950) ***
Deux cowboys guident un convoi de Mormons vers une vallée de l'Utah. Il ne se passe pas grand chose dans ce western qui met en présence des familles mormones, des entraîneuses, des indiens Navajos et quelques crapules mal intentionnées. Les chariots avancent dans les paysages de pierre, les gens discutent et dansent, les chevaux s'abreuvent... Si on accepte le rythme et la légèreté du scénario, on est conquis. Un film à l'humanisme généreux. BR US

Ni dieux ni démons / Gods and monsters (Bill Condon, 1998) **
En 1957 à Los Angeles, le réalisateur gay, vieillissant et reclus de "Frankenstein", James Whale (Ian McKellen), s'éprend de son nouveau jardinier (Brendan Fraser). Un drame intimiste sur le temps qui fuit et les souvenirs qui remontent. Le fossé générationnel, physique et culturel entre les deux hommes porte le conflit sans jamais virer au mélodrame et la musique élégiaque renforce la puissante mélancolie qui se dégage. BR US

Can't stop the music (Nancy Walker, 1980) *
Aidé d'une amie introduite, un jeune musicien tente de monter un groupe de mecs qu'il nomme Village People. Surfant à contretemps sur la vague Disco, doté du pire acteur dans un rôle principal (Steve Guttenberg), de dialogues abyssaux et d'une pudeur incompréhensible, ce navet reste sympathique grâce à quelques numéros gratinés ("YMCA"), un kitsch superlatif, les six Village People en acteurs/chanteurs et Caitlyn Jenner en Bruce d'avant. BR US

L'heure de la sortie (Sébastien Marnier, 2018) *
Dans un collège privé, un prof suppléant (Laurent Lafitte) a des problèmes avec un petit groupe d'élèves surdoués. Une fusion pas convaincante de thriller aux marges de la SF (du genre "Le village des damnés") et de fable environnementale dont le début promet mieux que la suite, au symbolisme lourdaud. Mais le thème de l'inquiétude grandissante des jeunes sur le futur de la planète est intéressante au bon temps de Greta Thunberg. DVD Z2 FR 

Le cirque / The circus (Charles Chaplin, 1928) **
Le petit vagabond est embauché par hasard dans un cirque qu'il dynamise par ses maladresses. Les vingt premières minutes sont du meilleur Chaplin : malin, absurde, hilarant... Mais l'énergie comique retombe avec l'arrivée au cirque car les situations et gags visuels sont moins impactants (car attendus) dans un contexte de cirque que dans un contexte de rue. Malgré des moments géniaux, un Chaplin qui m'a un peu ennuyé en seconde partie. BR FR

Jeanne captive (Philippe Ramos, 2011) *
Du saut de Beaurevoir à la dispersion de ses cendres, les derniers mois de Jeanne d'Arc (Clémence Poésy) en dehors du procès. Il y a des idées magnifiques (le silence de la mer, la fin sur la Seine) dans ce film qui s'attache à des moments méconnus de la vie de Jeanne mais le tournage numérique, les ralentis amateurs, la lumière naturelle qui plonge dans le noir toutes les scènes en geôle et les dialogues médiocres en ruinent le potentiel. DVD Z2 FR  

Heinrich Himmler. The decent one / Der Anständige (Vanessa Lapa, 2014) **
Restées en mains privées jusqu'en 2006, les archives personnelles de Himmler dressent le portrait intime d'une des figures essentielles du Troisième Reich. A partir de photographies et de correspondance privée (surtout avec sa femme et sa fille) lue en voix off, le documentaire fait entrer le spectateur dans les obsessions de mesure, d'ordre et de pureté du Reichsfürher-SS. C'est tétanisant mais historiquement indispensable. DVD Z2 FR

Après nous le déluge / Today we live (Howard Hawks, 1933) 0
En Angleterre en 1916/1917, une jeune femme s'éprend d'un américain alors qu'elle est déjà liée à un autre homme. Les responsabilités du coeur sont le sujet de ce mélodrame de guerre qui panache scènes intimistes et d'aviation sans réussir à intéresser, la faute aux dialogues interminables et à la mise-en-scène passe-partout. Mais il y a les gros plans de Joan Crawford et de Gary Cooper dans leur unique fois ensemble à l'écran et ça, ça vaut le coup. DVD Z2 FR 

Les hommes de la forêt (Alexandre Litvinov, 1928) *
En Extrême-Orient russe, près du fleuve Oussouri, le quotidien d'une petite tribu autochtone isolée. Un film ethnologique dans la lignée de "Nanouk l'Eskimo" (Flaherty, 1922), où les personnages jouent leur propre rôle. Le documentaire cache un film de propagande, la dernière partie montrant l'irruption de la modernité soviétique dans la vie du groupe. Vladimir Arseniev, auteur de "Dersou Ouzala", est dans les dernières séquences. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

La rivière des massacres / Massacre River (John Rawlins, 1949) 0
Dans un fort du désert du Far West, deux amis de garnison s'embrouillent pour une femme. Il y a bien une rivière mais pas de massacre dans ce western de série Z que j'ai vite regardé en accéléré : la bluette prend toute la place, les indiens sont en bonus pour la scène finale et la mise en scène inexistante. Un film sans intérêt. Sauf un : revoir Guy Madison, le jeune premier le plus mignon de la fin des années 40, dans le rôle principal. DVD Z1 US

3 août 2019

Films vus par moi(s): août 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

L'enfant et la licorne / A kid for two farthings (Carol Reed, 1955) *
A Londres, sur le marché cosmopolite de Petticoat Lane, un jeune garçon pense qu'un chevreau à une corne qu'il a acheté et prend pour une licorne réalisera ses voeux et ceux de ses proches. Un film bancal qui essaye de panacher l'imaginaire du conte et le réalisme de bazar sans convaincre mais qui bénéficie d'un merveilleux Technicolor et de personnages caricaturaux étonnants : la fausse Marilyn (Diana Dors), le culturiste, le tailleur juif... BR UK 

Jenny (Marcel Carné, 1936) **
Une jeune pianiste s'installe chez sa mère (Françoise Rosay) dont elle était éloignée et la découvre taulière d'un bordel de luxe. Le premier film de Carné est un mélodrame filial et de moeurs dont les personnages interlopes (personnages et acteurs) font le sel. Les décors de studio Art Déco cèdent parfois la place à des extérieurs ouvriers annonciateurs des chefs-d'oeuvre du réalisateur et Albert Préjean est d'une modernité toujours surprenante. BR FR 

The Breakfast Club (John Hughes, 1985) **
Cinq jeunes dépareillés passent un samedi de colle ensemble au collège. Un teenage movie en huis-clos théâtral sur l'Angst adolescent dont les préoccupations intemporelles ont permis de parfaitement résister au temps, malgré l'effet flashback des Eighties. Le formidable casting s'empare des incessants dialogues avec brio en révélant les forces et les fêlures des personnages stéréotypés. Un film humaniste qui continue à faire du bien. BR DE

Plein Sud (Luc Béraud, 1981) 0
Un universitaire qui s'ennuie suit à Barcelone une inconnue avec qui il a une liaison torride. Une comédie existentielle qui ne fonctionne pas, la faute à un scénario foireux où l'absurde se combine mal avec la trépidation et la sensualité. Les seins magnifiques de Clio Goldsmith jouent bien mieux qu'elle et Jeanne Moreau et Guy Marchand cachetonnent. Mais Patrick Dewaere, gâché dans ce navet, est magnétique de mélancolie physique. BR FR

Joseph, le roi des rêves / Joseph, King of dreams (Rob LaDuca & Robert C. Ramirez, 2000) *
Vendu en esclavage par ses frères, Joseph se retrouve au service de Pharaon qu'il séduit par son talent d'interprétation des rêves. Produit par DreamWorks suite au succès du "Prince d'Egypte", cette adaptation animée du récit de l'Ancien Testament n'est pas à son niveau mais se laisse regarder grâce à son rythme dynamique et l'homoérotisme étonnant qui se dégage de l'accumulation biblique des corps dénudés des personnages masculins. BR DE 

90s / mid90s (Jonah Hill, 2018) ***
A Los Angeles en 1996, un jeune garçon solitaire lutte à se faire accepter par une petite bande d'adolescents skaters. Imaginant un feel good coming of age, je ne m'attendais pas à être cueilli par la mélancolie tragique qui se dégage de ce grand petit film qui repose entier sur les épaules résistantes aux coups de son jeune acteur Sunny Suljic. La formidable BO transcende l'époque (parfaitement) évoquée vers une universalité bouleversante. BR DE 

L'homme qui rit / The man who laughs (Paul Leni, 1928) ***
Mutilé enfant au visage par des bohémiens, un homme au rictus permanent qui se produit en fêtes foraines subit de multiples injustices. D'après Hugo, l'un des derniers films muets est un mélodrame outrancier aux décors et mouvements de caméra superbement baroques. C'est aussi le rôle d'une vie pour Conrad Veidt, génial en victime grimaçante. Mary Philbin en aveugle est fade mais Olga Baclanova est une vamp irrésistible. Enthousiasmant. BR FR 

Chernobyl (Craig Mazin, 2019) **
L'explosion dans la centrale nucléaire ukrainienne le 26 avril 1986 et son traitement immédiat par les scientifiques, les anonymes et les politiques impliqués. Ce téléfilm HBO semble objectif dans son approche des détails techniques du désastre (les brutales séquences concernant les radiations sont saisissantes) et subjectif dans sa charge contre le pouvoir soviétique. Vivement le point de vue russe. C'est l'anglais de convention qui m'a gêné. BR UK

Us (Jordan Peele, 2019) *
Une famille noire américaine se fait agresser chez elle par quatre mystérieux inconnus qui semblent former son double. Après le formidable "Get out", Peele repart sur un thriller fantastique avec un message. Le problème ici est que le scénario et le message prennent plusieurs directions et rendent le tout incompréhensible. Dommage parce que la première moitié (l'invasion de la maison) est d'une originalité, d'une tension et d'une intelligence excitantes. BR DE

Climax (Gaspard Noé, 2018) ***
Dans une salle des fêtes, une vingtaine de jeunes vogueurs est droguée avec de la sangria manipulée. La péripétie est prétexte à faire basculer le film de danse dynamique de la première partie en une expérience visuelle, sonore et technique assez époustouflante dans la seconde. Le message est indistinct (avertissement contre la drogue en boîte ? métaphore sur l'échec du vivre ensemble ? Trip Pop ?) mais le spectacle est secouant. BR FR

Les damnés / These are the damned (Joseph Losey, 1961) *
Près d'une station balnéaire anglaise, un américain découvre que des scientifiques élèvent en secret des enfants radioactifs. Cette partie de l'histoire est bien mais il y a aussi un gang de loubards (Oliver Reed à son plus sexy) et une sculptrice et les trois s'emboîtent mal en donnant un film irrémédiablement bancal. La métaphore sur la peur atomique est intéressante dans le contexte de 1961 et la fin d'un nihilisme saisissant. BR DE

La chose d'un autre monde / The thing from another world (Christian Nyby & Howard Hawks, 1951) **
Dans une base arctique, des scientifiques sont menacés par un humanoïde extraterrestre. Rendu obsolète par l'inoubliable remake de John Carpenter en 1982, ce film de SF souffre aujourd'hui de l'aspect visuel de sa créature et de la surabondance de dialogues (dont le rythme naturel est pourtant fascinant pour l'époque) mais reste un jalon dans le cinéma paranoïaque de la Guerre Froide et un modèle de bien des huis-clos d'horreur. BR US  

Sinbad : La légende des sept mers / Sinbad: Legend of the Seven Seas (Tim Johnson & Patrick Gilmore, 2003) *
Avec la compagne de son meilleur ami, Sinbad fait un périlleux voyage pour récupérer le Livre de la paix volé par Eris, la déesse de la Discorde. Malgré quelques scènes étonnantes et spectaculaires (les Sirènes, l'Oiseau des Glaces...), ce film d'animation trop bavard pâtit d'un scénario poussif et d'une méchante assez ennuyeuse. Après les excellents "Le Prince d'Egypte" et "La route d'El Dorado", une déception du studio Dreamworks Animation. BR DE

Poison pen (Paul L. Stein, 1939) **
Des lettres anonymes distillent la haine et la paranoïa dans un village anglais. Quatre ans avant "Le corbeau", ce drame de communauté bénéficie de quelques belles scènes, d'une noirceur étonnante et de la présence de bon acteurs (Flora Robson, Reginald Tate, Ann Todd) mais la mise en scène reste sage et la résolution attendue : le film est un peu pâle à côté du chef-d'oeuvre subversif de Clouzot, qu'il semble préfigurer en plusieurs points. BR UK

Jersey affair / Beast (Michael Pearce, 2017) ***
A Jersey, une jeune femme mal dans sa famille et sa peau a une liaison avec un solitaire qui pourrait être le serial killer qui terrorise l'île. Un excellent thriller psychologique porté par l'assurance de l'écriture et de la mise en scène et le jeu impressionnant de Jessie Buckley dans le rôle intense d'une personnalité étouffée à plusieurs titres. Sa performance est un tour de force dont on ne soupçonne rien au début. Johnny Flynn est très bien aussi. BR UK 

Cartes sur table (Jess Franco, 1966) ***
A Alicante, un ex-espion reprend du service pour démanteler une association criminelle qui créé des robots-humains assassins. Un pastiche de SF et d'espionnage dont le rythme s'essouffle en seconde partie mais qui ne l'empêche pas de rester jubilatoire, grâce à l'absurdité dadaïste du scénario, la photo contrastée, les hilarants dialogues de Jean-Claude Carrière et surtout, le jeu sublimement je m'en foutiste de Lenny Constantine, impérial. BR FR

Taking Tiger Mountain (Tom Huckabee & Ken Smith, 1974/1983) **
Au Pays de Galles, des féministes soumettent un jeune hétéro homophobe à une Inversion Therapy et l'envoient assassiner le maire d'une ville de prostitution. Sur un sujet à la John Waters, un petit Indie réalisé avec les moyens du bord par des potes juste sortis du college. Surréaliste, absurde, sexy et un peu chiant mais plein d'idées visuelles. Au premier rôle, Bill Paxton y commençait sa carrière à 19 ans, en full frontal et au garde à vous. BR US

6 juillet 2019

Films vus par moi(s): juillet 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Scotty and the secret history of Hollywood (Max Tyrnauer, 2018) **
Des 40's aux 70's, Scotty Bowers fut l'entremetteur actif des stars hollywoodiennes gays, lesbiennes et bi, qu'il rapprochait de jeunes gens. Soixante ans après, il raconte. Ce documentaire bien foutu lève le voile sur la vie privée de grands noms de Hollywood et dresse le portrait d'un type charismatique (hier comme aujourd'hui) ayant le sens des affaires et une sexualité non affective dans une culture du secret imposée par les studios. DVD Z1 US   

Big little lies, Saison 2 (Andrea Arnold, 2019) ***
A Carmel, cinq amies (Nicole Kidman, Reese Whiterspoon, Shailene Woodley, Laura Dern et Zoë Kravitz) affrontent la mère inquisitrice et prédatrice du mari décédé de l'une d'elles. On reprend les mêmes et on recommence avec cette fois la présence en deus ex machina de Meryl Streep en grande forme. L'excellence du casting et de l'écriture de cette série HBO sont magnétiques. Un Woman's Picture adapté à notre époque. Apple TV

Le secret des Kennedy / Chappaquiddick (John Curran, 2018) *
Le 18 juillet 1969, le sénateur démocrate Ted Kennedy a un accident de voiture dans lequel la jeune secrétaire Mary Jo Kopechne trouve la mort. Le tragique fait divers qui coûta sa candidature présidentielle au dernier fils Kennedy est raconté en flashbacks et sans éclat dans ce film purement narratif qui défend la thèse du délit par panique. Jason Clarke est très bien dans le rôle de l'héritier maudit. Pour ceux qui s'intéressent au sujet. Apple TV

Le secret des Marrowbone / Marrowbone (Sergio G. Sanchez, 2017) 0
En Oregon maritime en 1969, quatre orphelins s'installent dans une grande maison délabrée où leur passé tragique les poursuit. Un film fantastique à révélation sur des liens familiaux tordus qui pourrait être pas mal si le scénario se prenait moins au sérieux et la mise en scène était plus dynamique. Hélas, je me suis emmerdé et ai lâché au bout d'une heure. Mais le visage étrange d'Anya Taylor-Joy me fascine plus que jamais. BR DE 

Odette, Agent S23 / Odette (Herbert Wilcox, 1950) **
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, une franco-anglaise travaille pour l'intelligence britannique près d'Annecy. L'histoire d'Odette Sansom-Churchill (Anna Neagle) est racontée avec retenue dans ce film de Résistance qui montre très justement le quotidien d'attente et de soupçon des agents alliés en territoire occupé. Le casting est excellent, notamment un jeune Peter Ustinov. La séquence de Ravensbrück surprend pour un film de 1950. BR UK

Dilili à Paris (Michel Ocelot, 2018) ***
En 1900 à Paris, une petite métisse kanake échappée d'un zoo humain permet la découverte d'un traffic de fillettes. Un merveilleux film dont les décors en vues réelles et les personnages en animation créent une atmosphère de réalisme poétique formidablement attractive. La promenade dans le Paris fin-de-siècle, les célébrités qui passent en figurants, le langage châtié de la gamine et le scénario à message féministe : tout m'a emballé. BR FR

L'homme de la plaine / The man from Laramie (Anthony Mann, 1955) ***
Un aventurier est forcé d'affronter le fils violent d'un grand propriétaire terrien du Nouveau-Mexique. Le dernier des cinq formidables westerns de Mann avec James Stewart est une sorte de modèle du genre, où les personnages chahutés par la vie s'attachent et déchirent sous le ciel impassible des paysages infinis. Les dialogues admirables portent l'émotion et les images la violence, sublimés par le Cinemascope et la musique. Un grand film. BR UK

Possum (Matthew Holness, 2018) **
Un quadragénaire livide qui vit dans la masure de son oncle erre avec une sacoche dans les zones délabrées du Norfolk alors que l'enlèvement d'un lycéen fait les news et qu'une araignée à tête humaine le hante. Une plongée en apnée dans la psychose et l'abus autour du personnage sans doute le plus triste de l'histoire du cinéma. Chacun verra toutes les horreurs qu'il veut dans ce film radical et cryptique. Idéal pour un dimanche matin ensoleillé... BR UK

Jusqu'à la garde (Xavier Legrand, 2017) ***
Un garçon de 11 ans subit l'emprise physique et psychologique que son père divorcé impose à son ex-femme. La dynamique de la violence conjugale et les ravages qu'elle engendre chez les enfants est montrée avec franchise dans ce film à la tension parfois suffocante portée par la mise en scène assurée et le jeu intense de Denis Ménochet, Léa Drucker et du petit Thomas Gioria. La pression ne se relâche jamais, jusqu'au final tétanisant. BR FR

1 juin 2019

Films vus par moi(s): juin 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Bienvenue à Marwen / Welcome to Marwen (Robert Zemeckis, 2018) **
Près de New York, un dessinateur amnésique suite à une agression construit et photographie un village de la Seconde Guerre Mondiale qu'il peuple de poupées nazies et alliées. D'après l'histoire vraie de Mark Hogancamp (Steve Carell), un film original et émouvant sur le pouvoir thérapeutique de l'imaginaire. Le cas est évidemment psychiatrique mais le traitement par Zemeckis, entre réel et animation, lui donne la force universelle des contes. BR UK 

Kursk (Thomas Vintenberg, 2018) **
L'accident du sous-marin nucléaire russe. Matthias Schoenaerts, Léa Seydoux, Colin Firth et Max von Sydow donnent des visages aux protagonistes du naufrage et du sauvetage raté qui tinrent le monde en haleine en août 2000. Présenté du point de vue d'un officier à bord, de sa femme et de son jeune fils, le film offre du drame, de l'action, de l'émotion et un réquisitoire contre l'administration russe. Et fait son job mieux qu'attendu. BR FR

L'héritière / The heiress (William Wyler, 1949) ***
A Washington Square vers 1850, un jeune dandy sans le sou séduit une vieille fille fortunée. Le père de celle-ci soupçonne une escroquerie sentimentale. Un chef-d'oeuvre du film de studio qui panache une superbe direction artistique, une mise en scène nuancée, un scénario d'un rare pessimisme et un casting sans ombre : Olivia de Havilland, Montgomery Clift, Ralph Richardson et Myriam Hopkins y sont magnétiques. Brillant. BR UK

Class 1984 / Class of 1984 (Mark Lester, 1982) *
Dans un lycée américain à la dérive, un prof de musique affronte une petite bande de racailles. Le sujet est prometteur et Perry King est excellent en enseignant harcelé mais la réalisation banale, le jeu outrancier et grimaçant des voyous et le style 80's punk des fringues et des coiffures empêche toute possibilité d'entrer dans le film. Les 20 dernières minutes en revenge movie sont pas mal du tout mais arrivent trop tard. Un film culte très surestimé. BR UK

The unthinkable / Den blomstertid nu kommer (Crazy Pictures, 2018) **
Un musicien de Stockholm retourne chez lui à la campagne alors que la Suède est la cible d'une attaque de grande ampleur. Un drame intimiste qui se retourne après 1h en film apocalyptique autour d'un événement destructeur inexpliqué (Daesh? Russie? Aliens?) jusqu'au générique final. Réalisé par un collectif sur un budget serré bien valorisé par le son et les FX, un hybride nordique au message nationaliste inattendu et dérangeant. BR FR

Le diabolique Docteur Z / Dans les griffes du maniaque / Miss Muerte (Jess Franco, 1966) *
La fille d'un docteur mort d'humiliation lors d'un congrès se venge de ses collègues avec une pin up réduite à sa merci. Un thriller pop absurde flirtant avec le Surréalisme dont le début est une belle surprise de mise en scène, de photographie et de dialogues signés Jean-Claude Carrière. Après, c'est plus routinier mais l'érotisme (Estella Blain et ses déshabillés) et la direction artistique inventive font que j'ai regardé jusqu'au bout, plutôt amusé. BR FR

Fog / The fog (John Carpenter, 1980) *
En 1980, dans une bourgade de la côte nord californienne, une nappe de brouillard amène des marins noyés criminellement un siècle plus tôt se venger. Si l'histoire de fantômes elle-même est banale, Carpenter prouve encore, après "Halloween", qu'il est un maître de composition et d'atmosphère : certains plans sont saisissants de beauté et d'inquiétude. Pour ça, je suis content d'avoir revu le film près de 40 ans plus tard. BR US 

High life (Claire Denis, 2018) **
Quelques criminels sont envoyés dans un vaisseau spatial s'approcher d'un trou noir. Un médecin (Juliette Binoche) y est aussi, pour des expériences en PMA. Sur un thème ouvert à interprétation, de la SF intimiste où Claire Denis embarque le spectateur dans un voyage intersidéral existentiel à la Tarkovsky, le sang et le sperme en plus. Les séquences avec Robert Pattinson et sa fille sont le meilleur de cet anti blockbuster au ton nihiliste. BR FR

Pierre et Jean (André Cayatte, 1943) ***
Un jeune homme réalise que son frère est le fruit de la liaison de sa mère avec un ami de la famille. D'après Maupassant, un formidable drame de moeurs sans une seule longueur porté par la puissante mise en scène de Cayatte et un excellent casting, des premiers rôles (dont Noël Roquevert) aux figurants. Structuré en deux parties distantes de vingt-cinq ans, le film réussit la prouesse de la crédibilité et de l'émotion. Une belle découverte. BR FR

Lizzie (Craig William Macneill, 2018) *
En 1892 dans le Massachusetts, une jeune bourgeoise tue son père et sa mère à la hache. La personnalité et le parricide de Lizzie Borden ont fait d'elle une icône populaire aux USA. Le film propose des motifs au massacre mais le choix de la de la froideur rendent le tout assez ennuyeux alors que ça aurait pu être un "La Cérémonie" de Chabrol à l'américaine. Chloë Sévigny et Kristen Stewart sont bien mais trop en retenue, comme le reste. BR UK

Bohemian Rhapsody (Bryan Singer, 2018) *
De ses débuts au Live Aid de 1985, le parcours de Freddy Mercury dans Queen et dans sa vie placardisée. Un biopic qui se respecte, avec ce qu'il faut de frissons (les tubes, la flamboyance...) et de conflits (la solitude, l'homosexualité, le sida...). Il n'y a strictement rien d'original mais la personnalité torturée de Mercury (un très bon Rami Malek) et les morceaux musicaux en font un spectacle plutôt efficace. Au suivant... BR FR

Halloween (David Gordon Green, 2018) **
Echappé de son asile psy, Michael Myers revient sur le lieux de ses crimes de quarante ans auparavant. Laurie Strode (Jamie Lee Curtis, très investie dans son rôle iconique) l'attend de pied ferme. Un premier tiers excellent, un dernier plus banal et une mise en scène efficace : cette suite à distance est un thriller horrifique qui tient ses promesses. Il y a des audaces, du suspense et du gore et un discours qui balance entre #MeToo et #NRA. BR FR

Un Peuple et son Roi (Pierre Schoeller, 2018) 0
La Révolution, de la décapitation de la Bastille à celle de Louis XVI. Les scolaires auront de quoi plancher autour des images de la populace en colère et de l'aristocratie affolée mais je n'ai tenu que pendant les 10 premières minutes devant l'avalanche de platitudes, de dialogues sentencieux et de facilités visuelles. Alors je mets un 0 pointé sans presque avoir rien vu du film. Rapide et sévère, comme le Tribunal Révolutionnaire. BR FR

The man who killer Hitler and then the Bigfoot (Robert D. Kryzkowski, 2018) *
Dans les années 80 à la frontière USA/Canada, le FBI demande à un vieil homme qui avait assassiné Hitler quarante ans plus tôt d'aller tuer un Bigfoot porteur d'un virus mortel. Le titre provocateur de série Z cache un film mélancolique sur le souvenir et la réclusion de l'âge. Sam Elliott est excellent dans sa solitude contenue mais le scénario en flashbacks est trop disjoint pour construire une histoire et de l'émotion. Une idée pas consolidée. BR UK 

Cagliostro / Black magic (Gregory Ratoff, 1949) **
Inspiré des "Joseph Balsamo" et "Le Collier de la Reine" de Dumas, un petit film historique qui se serait noyé dans la masse n'était l'implication d'Orson Welles, qui s'empara du rôle principal avec panache et s'appropria la mise en scène, qu'il fit décoller. La seconde partie, avec Marie-Antoinette et son collier, est plus poussive que la première, baroque au possible. Une distrayante série B surclassée par son électron libre amusé et inspiré. BR FR