6 février 2021

Films vus par moi(s): février 2021


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Liberté (Albert Serra, 2019) 0
En 1774, un petit groupe de libertins exilés de Versailles se retrouve dans une forêt pour une nuit de débauche. Du réalisateur, j'avais adoré "La mort de Louis XIV" (2016) et le thème de celui-ci promettait. Hélas, malgré les acteurs aux physiques improbables, le travail sur le son et la spectaculaire photo nocturne, qu'est-ce que je me suis fait chier. L'austérité et la froideur délibérée du traitement m'ont fait lâcher prise. Prétentieux à l'extrême. BR UK

San Francisco (W.S. Van Dyke, 1936) **
En 1906 à San Francisco, un rossignol (Jeanette McDonald à l'apogée de sa beauté) s'éprend d'un patron de la nuit (Clark Gable à l'apogée de sa suavité) alors qu'elle triomphe dans "Faust" à l'opéra - dans des morceaux d'un camp inouï - et que le tremblement de terre couve. Un mélodrame sentimental et social à gros budget dont la dernière demi-heure mute en un monument du film-catastrophe qui reste très impressionnant. BR US

Quand les tambours s'arrêteront / Apache drums (Hugo Fregonese, 1951) ***
Chassés de leurs terres, des indiens s'en prennent à un petit village d'Arizona. Un western de série B qui se hausse au niveau des grands par son scénario sans scories, ses personnages crédibles et ses idées de mise en scène qui surclassent à merveille le petit budget. L'utilisation de l'espace, du Technicolor et du son (ces tams-tams !) créent une ambiance presque fantastique qui culmine dans l'extraordinaire séquence de l'église. BR FR

Détective privé / Harper (Jack Smight, 1966) **
A Los Angeles, la femme d'un businessman qui a disparu engage un détective privé (Paul Newman, azuréen) pour le retrouver. Le type de film où l'intrigue minimale ne sert qu'à présenter des personnages hauts en couleur et amoraux interprétés par un casting trois étoiles (Lauren Bacall, Robert Wagner, Shelley Winters, Janet Leigh...) évoluant dans le top du design moderne de l'époque, ici les Sixties. Sympathiquement cool. BR US

Le prince et la danseuse / The prince and the showgirl (Laurence Olivier, 1957) **
De passage à Londres pour le sacre de George V en 1911, le régent de Carpathie invite une petite actrice du West End à dîner à l'ambassade. D'après une pièce de Terence Rattigan, une comédie à l'histoire sans grand intérêt mais où la présence et l'extraordinaire charisme de Marilyn Monroe, sublimement photographiée par Jack Cardiff, défont Laurence Olivier dans un K.O. sans appel. Quelle étonnante actrice cette fille était... DVD Z2 FR 

L'Hôtel de la Plage (Michel Lang, 1978) **
En août, dans un hôtel familial de Locquirec en Bretagne, les habitués se retrouvent et les marivaudages reprennent du côté des parents comme des enfants. L'effet nostalgie joue à plein avec cette comédie de moeurs de la France moyenne au casting idoine (Guy Marchand, Daniel Ceccaldi, Myriam Boyer, Anne Parillaud, Sophie Barjac...) et à la légèreté tempérée de tendresse et de beauferie. En plus, c'est mon coin d'origine, alors... BR FR 

La rose et la flèche / Robin and Marian (Richard Lester, 1976) **
Vingt ans après son départ pour les Croisades, Robin des Bois revient à Sherwood où il retrouve Marianne devenue abbesse et le sheriff de Nottingham. Filmé sans les fioritures artificielles du film historique, une histoire sur le temps et les corps qui passent et les sentiments intacts. Physiques mûris, Sean Connery et Audrey Hepburn forment un couple touchant et étonnamment naturel. Mélancolique mais avec légèreté et humour. BR US    

Pique-nique en pyjama / The pajama game (Stanley Donen & George Abbott, 1957) ***
En conflit autour d'une augmentation salariale, le directeur d'une usine de pyjamas (John Raitt) et la déléguée syndicale (Doris Day) tombent amoureux. Dans le contexte complètement original d'une usine en lutte sociale, ce formidable Musical regorge de trouvailles de mise en scène, d'acteurs atypiques et d'exaltantes chansons dont Once-a-year-day!, une séquence d'une vitalité inouïe. Avec Bob Fosse à la chorégraphie. BR US

L'exorciste / The exorcist (William Friedkin, 1973) ***
A Georgetown, le Diable s'approprie une enfant de douze ans. L'irruption de l'inconnu dans le flux du quotidien et la rupture des certitudes sont le socle thématique de ce film mythique qui reste un des sommets du cinéma. La force en repose sur le scénario ancré dans le réel qui présente sans expliquer, l'habilité démoniaque de la mise en scène, la crédibilité des acteurs et le refus de l'horreur au profit d'une insinuation de l'effroi. Magistral. BR FR

Une femme cherche son destin / Now, Voyager (Irving Rapper, 1942) ***
Sous la coupe de sa mère tyrannique, une vieille fille de Boston fait une thérapie qui la révèle au monde et à elle-même. Un des chefs-d'oeuvre du Woman's Picture, un mélodrame où la psychanalyse et le proto-féminisme structurent un scénario outrancier mais fascinant autour de la libération et du sacrifice. Bette Davis en vilain petit canard et Gladys Cooper en monster mother s'affrontent de façon inoubliable. Sublimement névrotique. BR UK