1 novembre 2020

Films vus par moi(s): novembre 2020


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

L'amant double (François Ozon, 2017) 0
Une jeune femme  fragile (Marine Vacth) découvre que son psychothérapeute (Jérémie Renier) a un jumeau, qu'elle rencontre. Un film bancal et au final incompréhensible avec des confusions d'identités, des traumas, du sexe et beaucoup de circonvolutions qui m'ont perdu. Le sujet - la gémellité psychotique - ayant été traité une fois pour toutes avec le génial Faux-semblants de Cronenberg, la comparaison est implacable. BR FR

Cats (Tom Hooper, 2019) 0
A Londres, une tribu de chats recueille une jeune chatte esseulée. Le musical d'Andrew Lloyd Webber - que je n'ai pas vu - passe très mal l'épreuve de l'adaptation avec une mise-en-scène à esbrouffe mais désespérément vide sur des chansons médiocres et des CGI affreux et omniprésents. Le plus intéressant est l'hybridation des chats-humains, visuellement obscène. Et le final avec Judi Dench est vraiment chouette. BR FR 

The Crown, Saison 4 (Peter Morgan, 2020) ***
Les Windsor affrontent les Eighties. L'irruption de Diana et de Thatcher forment les deux conflits de la 4e saison de la formidable série. Découvrir par la fiction les coulisses d'événements dont se souviennent ceux qui en ont l'âge est un délice irrésistible. La famille royale y est un monstre à plusieurs têtes et Diana le révoltant sacrifice. Le casting est immense mais c'est Gillian Anderson qui emporte tout en géniale incarnation de la Dame de Fer. Netflix

Incantations / Hagazussa (Lukas Feigelfeld, 2017) *
Dans les hauts-pâturages autrichiens du 15e siècle, une fille-mère isolée accusée d'être fille de sorcière pète un plomb. Je ne mets pas 0 grâce à la magnifique photographie qui sublime les forêts et les alpages. Aleksandra Cwen est très bien dans un rôle discrètement hystérique mais l'étirement affecté des plans et des silences tourne vite au système et fatigue. Il y avait tout pour un excellent film, les choix hautains ne l'ont pas permis. BR UK

Le doulos (Jean-Pierre Melville, 1962) **
Un informateur de la police tente d'aider un ami truand suite au meurtre que celui-ci a commis. L'ami doute de sa sincérité. Nous aussi puisque le film est un essai sur les apparences et les voies du destin. L'histoire alambiquée m'a un peu perdu et ennuyé dans ses développements mais la mise en scène sèche dans son artifice et la photographie de Film Noir sont admirables. Comme le sont Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani. BR FR

Daniel isn't real (Adam Egypt Mortimer, 2019) *
Un jeune homme qui s'était inventé un ami imaginaire dans l'enfance le voit revenir en force. Pas facile d'aborder la schizophrénie au cinéma. Le film s'y essaye avec les moyens du bord et hésite entre le thriller psychologique et l'horror sans convaincre malgré le bon sujet de départ et des idées intéressantes. Le jeu incertain de Miles Robbins (fils de Tim Robbins et Susan Sarandon) et de Patrick Schwarzenegger n'aide pas. BR UK

Dans les mailles du filet / The system (Michael Winner, 1964) **
Dans une station balnéaire anglaise, un groupe de potes menés par un jeune macho passent l'été à séduire des vacancières pour une nuit. Loin d'être une comédie, un film désabusé sur la tentation et la résistance du passage à l'âge adulte. Mi-studio, mi-extérieurs, il a parfois le feeling de la Nouvelle Vague, notamment dans son traitement des femmes, dévictimisées. Oliver Reed, à 25 ans, est d'un charisme animal stupéfiant. BR UK

Pot-Bouille (Julien Duvivier, 1957) ***
Dans le Paris du Second Empire, le provincial Octave Mouret fait son trou en baisant les femmes de son immeuble. Une formidable adaptation du roman de Zola à la mise-en-scène fluide et dynamique, portée par un casting éblouissant (Gérard Philipe génial, Danielle Darrieux, Dany Carrel, Jane Marken épatante...) et des dialogues brillants de drôlerie caustique. Tout y tourne autour du sexe avec un culot sublimement désinvolte. BR FR

Harpoon (Rob Grant, 2019) 0
Deux amis d'enfance et la copine de l'un d'eux vont faire un tour en mer pour tenter de réparer une violente altercation qu'ils ont eue. Ça empire. Après dix première minutes intrigantes et prometteuses, le film s'effondre dans l'amateurisme du scénario, des dialogues et du jeu des trois acteurs. Voulant tirer sur le cool, quelques catchprases parsèment les aboiements et le gore. J'en ai vu les trois quart en accéléré, sans rédemption. Nul. BR UK

L'Amérique insolite (François Reichenbach, 1960) *
Ces fragments de l'Amérique de 1959 vue par un Français sont enfilés à la suite sans fil directeur, malgré l'introduction de Jean Cocteau qui y voit une prise de liberté. On a le droit aux majorettes, à un rodéo de détenus, à Disneyland, à une parade noire à la Nouvelle-Orléans... Un sujet fort : les délinquants juvéniles. Du cliché qui a fait son effet en 1960. Soixante ans plus tard, c'est les mémères de 50 ans aux étoles de vison qui m'ont plu. BR UK

Atlantique (Mati Diop, 2019) **
A Dakar, les âmes de jeunes ouvriers morts en mer prennent possession de leurs fiancées restées au pays. La drame de l'émigration vu à travers le filtre d'un conte d'amour fantastique ancré dans la réalité de la vie des Sénégalais pauvres. Malgré quelques longueurs, le panachage du réel et de l'irréel fonctionne bien, semé d'images oniriques et de références à "I walked with a Zombie" de Tourneur. Le message passe, en douceur. BR FR

La michetonneuse (Francis Leroi, 1972) ***
Une étudiante qui a rompu avec fac et famille fréquente la faune interlope parisienne. Comme la Justine de Sade dont elle a le prénom, sa passivité est exemplaire dans la dégradation au fil de ses rencontres. Un petit budget malin et tellement de son époque, où les acteurs naturels semblent improviser les dialogues écrits sur des situations au goût d'absurde, d'érotisme et de pamphlet. Mais derrière l'humour, la désespérance. ENR TV