2 mars 2019

Films vus par moi(s) : mars 2019


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

L'été sans fin / The endless summer (Bruce Brown, 1966) **
Deux surfeurs californiens font un tour du monde à la recherche de bons spots. Le documentaire qui a fait entrer le surf et son mode de vie dans la conscience collective est un travelogue vraiment sympa porté par la voix off de Bruce Brown, pape du cool. Bien sûr, les images de glissades sont répétitives et la condescendance humoristique envers l'Afrique fait sourire jaune mais l'esprit insouciant très "Summer of Love" a un charme fou. BR FR 

Les sévices de Dracula / Twins of Evil (John Hough, 1971) **
Deux jumelles adolescentes recueillies par leur oncle inquisiteur puritain (Peter Cushing) sont séduites par un aristocrate vampire. Un bon film de la Hammer qui panache sorcellerie et vampirisme en appliquant à la lettres les règles d'or de la maison : décors rustico-gothiques, couleurs criardes, action trépidante et sensualité accrocheuse avec décolletés généreux. La mise en scène soignée réserve quelques beaux moments d'atmosphère. BR UK

Le jardin du Diable / Garden of Evil (Henry Hathaway, 1954) *
Quatre aventuriers accompagnent une femme venue chercher de l'aide pour dégager son mari coincé dans une mine d'or. Un western atypique dans ses décors (le Mexique des palmiers, des précipices et des volcans) et son existentialisme. Gary Cooper est parfait en ex-shérif désabusé et les compositions en Cinemascope sont magnifiques. Mais Susan Hayward m'a plombé le film en surjouant comme d'habitude ses répliques et ses poses. BR FR    

Leaving Neverland (Dan Reed, 2019) **
Deux trentenaires (Wade Robson et James Safechuck) racontent les abus sexuels que Michael Jackson leur aurait fait subir dans leur enfance. Un témoignage puissant de 4h dont la valeur n'est pas tant la charge contre The King of Pop que la dénonciation de la force destructive du secret pédophile. Tout ça s'est sans doute bel et bien passé, Michael est mort, les anciens gamins sont brisés et le documentaire panache l'admirable et le putassier. TV 

L'équipage (Anatole Litvak, 1935) **
En 1918, un jeune aspirant aviateur se lie d'amitié avec son supérieur dont la femme (Annabella) est sa maîtresse. D'après Kessel, un mélodrame de conflits amoureux et militaire porté par une solide mise en scène et la présence d'acteurs formidables : Charles Vanel magnétique de virilité blessée, Jean-Pierre Aumont et Jean Murat. Les liens entre les hommes y sont autrement intéressants que le personnage falot de la femme adultère. Ciné

Yoshiwara (Max Ophuls, 1937) **
A Tokyo, un officier (Pierre-Richard Willm) de la marine russe et une geisha du quartier de Yoshiwara s'éprennent l'un de l'autre. D'après un roman de Maurice Dekobra, un mélodrame exotique où le travail stylistique d'Ophuls sur le décor et l'image est formidable mais où la principale attraction - vu aujourd'hui - est l'effarante condescendance coloniale étayée de clichés et le grimage d'acteurs français (Gabriello !) en japonais d'opérette. D'époque. BR FR

1985 (Yen Tan, 2018) ***
En 1985, un jeune new yorkais en train de tomber malade du sida revient au Texas passer un dernier Noël avec ses parents évangelistes et son petit frère, qui ignorent son homosexualité et son statut. Sans sensationnalisme mais dans une progression émotionnelle dévastatrice, un petit film indie en N&B qui dit avec une dignité subtile l'effroi d'une époque. Le casting parfait fait passer les sentiments retenus des personnages avec une force rare. BR US

Tuer n'est pas jouer / I saw what you did (William Castle, 1965) *
Deux adolescentes qui s'amusent de coups de fils anonymes tombent sur un tueur (John Ireland). Un petit film typique des productions opportunistes de Castle dont le début est meilleur que la fin, qui s'embourbe. Une citation de la scène de la douche de Psychose et la présence de Joan Crawford égale à elle-même dans un rôle secondaire en sont le seul intérêt. La jeune Andi Garrett est étonnante de nullité dans le rôle principal. C'en est marrant. BR FR

Les mains qui tuent / Phantom lady (Robert Siodmak, 1944) **
La secrétaire d'un homme accusé du meurtre de sa femme recherche une inconnue qui serait son alibi. Dès que le vrai tueur entre en scène à la moitié du film, celui-ci perd de la force de son début, du pur Film Noir. Après, on est plutôt dans le mélodrame psychologique. Mais les acteurs sont excellents, notamment Ella Raines (belle à tomber), Alan Curtis (très séduisant), Franchot Tone et Elisha Cook Jr dans un numéro assez hystérique. BR FR

The last family / Ostatnia rodzina (Jan P. Matuszynski, 2016) **
De 1977 à 2005 dans un appartement de la banlieue de Varsovie, le destin de la famille du peintre polonais Zdzislaw Beksinski, génie du Surréalisme Noir. Sur un fond aussi désespéré que l'oeuvre de l'artiste, un film étonnant de folie froide et surtout d'humour absurde où le cancer, l'AVC, le suicide et le meurtre rythment en cadence la disparition d'une famille. Les acteurs sont formidables, notamment Dawid Ogrodnik, le fils dépressif. Radical. DVD Z2 FR

Le dépravé / The secret of Dorian Gray / Il dio chiamato Dorian (Massimo Dallamano, 1970) **
L'amoral Dorian Gray conserve sa jeunesse alors que son portrait s'abîme dans son grenier. Cette adaptation du chef-d'oeuvre d'Oscar Wilde en traduit bien l'esprit mais s'intéresse plus au style qu'au sens en déplaçant le décor dans le Swinging London de 1969. C'est un festival fashion avec costumes en velours rose et manteaux de zèbre, portés ou déshabillés par Helmut Berger, aussi beau garçon que piètre acteur. Camp et pop à mort. BR US

Thunder Road (Jim Cummings, 2018) ***
Au Texas, un flic venant de perdre sa mère et engagé dans un divorce avec garde de sa fille pète les plombs. Dans un mélange improbable d'humour absurde et de drame existentiel et en longs plans-séquences, Cummings (une révélation en scénariste, réalisateur et acteur) raconte avec sensibilité la chute d'un homme en dépression. C'est amusant et bouleversant à la fois, à l'image des rires et des pleurs de ce personnage vraiment touchant. BR FR

Sans lendemain (Max Ophuls, 1939) **
Une bourgeoise devenue entraîneuse a l'occasion de se refaire une vie et un honneur. Un mélodrame que le scénario et la mise en scène font échapper à l'outrance que le sujet pouvait offrir : tout est digne et mesuré, ce qui rend le film moins fort. Edwige Feuillère en femme-victime du destin et des hommes, joue le malheur sur un ton pleurnichard très daté et n'est pas crédible en pute, même de luxe. Or, une intéressante modernité se dégage et intrigue. BR FR

Le dernier de la liste / The list of Adrian Messenger (John Huston, 1963) ***
Un ancien de Scotland Yard (George C. Scott) enquête sur un tueur qui élimine les noms d'une liste menant à une famille d'aristocrates. Un thriller absurde, bourré d'humour et de suspense, qu'Huston a de toute évidence fait pour aller à la chasse et s'amuser avec un casting de potes (Kirk Douglas, Tony Curtis, Burt Lancaster, Robert Mitchum, Frank Sinatra...) entièrement grimés et méconnaissables. Le générique final est génial. BR US