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Les enfants terribles (Jean-Pierre Melville, 1950) **
Un frère et une soeur, adolescents fusionnels, vivent autour de leur chambre-sanctuaire jusqu'au jour où trois tiers entrent dans leur univers autonome. Jean Cocteau a écrit le roman d'origine et prête sa voix-off sentencieuse à ce film inclassable entre réalisme et surréalisme dont les situations et dialogues sont aussi outranciers que le jeu fébrilement halluciné de Nicole Stéphane. Vu comme une fiction sur la psychose, c'est passionnant. BR UK
Le croque-mort s'en mêle / The comedy of terrors (Jacques Tourneur, 1963) **
Un entrepreneur de pompes funèbres victorien en faillite tente de se refaire une clientèle par l'assassinat. Une comédie gothique écrite par Richard Matheson que le nonsense et l'absurdité élèvent à la farce. Mais c'est le casting de cabotins sur le retour qui étincelle en surjouant : Vincent Price, Boris Karloff, Basil Rathbone et, dans un rôle et un physique globuleux hilarants, Peter Lorre, prodigieux. Un film facétieux sympathique comme tout. BR UK
La Gorgone / The Gorgon (Terence Fisher, 1964) *
Vers 1910 en Europe Centrale, des villageois meurent minéralisés aux pleines lunes. Un médecin soupçonne une réincarnation de la Gorgone. Le scénario n'est pas à la hauteur de ce qu'il aurait pu être et le film est plat, ne s'animant que lors des très rares apparitions de la créature et de quelques belles compositions atmosphériques en Technicolor de la Hammer. Peter Cushing, Barbara Shelley et Christopher Lee font leur job, sans plus. BR US
Clair-obscur / Passing (Rebecca Hall, 2021) **
A New York dans les Twenties, deux anciennes amies de la bourgeoise noire se retrouvent des années plus tard : l'une s'est reconstruite sa vie en se faisant pour blanche. Sur un sujet de mélodrame, un film qui en évite les outrances pour se concentrer sur le portrait de deux femmes semblables séparées par un mensonge. Très stylé dans sa photo N&B et le jeu retenu de Ruth Negga et Tessa Thompson, un woman's picture 100% contemporain. Netflix
Peter Ibbetson (Henry Hathaway, 1935) ***
Inséparables, un garçon et une fille âgés de huit ans doivent pourtant se quitter. Ils se retrouvent vingt ans plus tard, réactivant leur attachement mutuel. L'amour absolu s'affranchit du temps, de l'espace et de la raison dans ce mélodrame poético-fantastique aux accents jungiens porté par la direction sans aucune mièvrerie de Hathaway et le jeu sensible de Gary Cooper - tout en vulnérabilité - et de Ann Harding. Incandescent. BR FR
La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier, 2010) *
Dans les années 1570, une jeune femme mariée par son père à son cousin Montpensier reste amoureuse de son autre cousin, un Guise. Un film en costumes - inspirés des portraits de Clouet, ils sont très beaux - dont les personnages ne sont pas assez écrits, ni incarnés par les acteurs qui peinent à s'accaparer les dialogues, pour qu'on s'intéresse à leurs émotions un peu vaines. Alors, malgré les paysages magnifiques, on s'ennuie bien. BR FR
Le prince / Il principe (Sebastián Muñoz, 2019) 0
Un nouveau détenu apprend la cohabitation dans une prison du Chili sous la domination protectrice d'un parrain de cellule. Tensions de groupe forcées, homoérotisme gratuit et mise en scène satisfaite : ce film qui veut explorer le territoire du désir gay en milieu carcéral enfonce surtout des portes ouvertes, jusqu'à la fin prévisible de loin. L'acteur qui joue L'Étalon vieillissant est bien mais pas de quoi grimper aux barreaux non plus. BR FR
The power of the dog (Jane Campion, 2021) **
En 1926 dans le Montana, l'équilibre entre deux frères éleveurs est ébranlé quand arrive la nouvelle femme de l'un, accompagnée de son fils androgyne. L'Ouest disparaît en même temps que la masculinité toxique dans ce western un peu long où la tension psychologique s'inscrit dans un décor naturel sublimé par la photographie. Benedict Cumberbatch et le jeune Kodi Smit-McPhee s'affrontent dans un conflit de nerfs et de genre. Netflix