10 août 2024

Films vus par moi(s): août 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

La maison aux fenêtres qui rient / La casa dalle finestre che ridono (Pupi Avati, 1976) ***
Dans le delta du Pô, un peintre est appelé par un maire pour restaurer une fresque de Saint Sébastien dans une église de village. Un giallo italien - un genre que je déteste - qui m'a pourtant emballé pour le décor sensationnel des marais, l'argument original des fresques religieuses, l'extravagance de l'idée finale et, loin des outrances habituelles du genre, le jeu retenu des acteurs et la réalisation sans tapage. Pour moi, une découverte. DVD FR 

Dune : Deuxième partie (Denis Villeneuve, 2024) **
Sur la planète désertique, l'héritier se fait peu à peu le sauveur du peuple local harcelé par les colonisateurs ennemis. L'histoire se complexifie, les péripéties s'accumulent, le grand spectacle CGI aussi : si le film reste très digne et regardable, ce qui faisait l'originalité du premier (cf. ci-dessous) a presque disparu au profit des obligations du blockbuster de SF contemporain : le méchant méchant, les explosions, etc... Du coup, je n'ai pas ressenti l'enthousiasme d'hier, qui lui reste intact. Prime Video

Dune : Première partie (Denis Villeneuve, 2021) ***
Vers 10.000, l'héritier dynastique (Timothée Chalamet) d'une planète lointaine est amené à se rendre sur une autre, désertique mais riche d'un produit convoité : l'Épice. Une excellente adaptation - la première partie - du roman de Frank Hebert qui réussit presque tout à part l'imbécile réplique ouverte finale : fine synthèse de l'histoire, précision de la mise en scène, choix du casting, élégance majestueuse des visuels. C'est la SF que j'aime, ni pétaradante, ni roublarde. Juste avec une âme. BR FR

Les saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky, 1987) *
A 100 ans, le patron (Charles Vanel) d'une parfumerie organise un week-end dans son château pour choisir son successeur. Le seul intérêt du film, vraiment le seul, est le casting franchouillard hors-pair parce que l'histoire, les situations et dialogues, où chacun cherche de la bite et du cul, sont lamentables. Alors : Jean Poiret, Jacqueline Maillan, Darry Cowl, Bernard Ménez, Fanny Cottençon, Stéphane Audran, Jean-Pierre Bacry, Bernadette Lafont, Richard Bohringer, Denise Gray, Sylvie Joly...  BR FR

Sound of freedom (Alejandro Gómez Monteverde, 2023) **
Lâché par le FBI, un agent démissionnaire se lance à la recherche de deux enfants enlevés par un réseau pédophile colombien. Produit et distribué par des structures fondamentalistes chrétiennes, un film sulfureux condamné par la critique libérale qui n'est pas le navet décrit mais un thriller prenant, bien foutu et insidieux qui nous entraîne de Carthagène à la jungle des cartels avec Jim Caviezel, star-adepte des conservateurs et de QAnon. Vu avec l'esprit critique nécessaire, c'est aussi une passionnante plongée dans la rhétorique de Trump et de Musk. BR FR

L'oeil sauvage / The savage eye (Sidney Meyers, Ben Maddow & Joseph Strick, 1960) ***
Une divorcée encore jeune débarque à Los Angeles, espérant refaire sa vie. Cet argument narratif, pas développé, permet aux auteurs de construire un essai sur l'aliénation de l'individu dans l'Amérique de la fin des 50s. Sur les images d'un L.A. d'époque captées à la sauvette dans ses visages - extraordinaires - et ses lieux, la bande-son en voix off fait dialoguer la femme et la voix d'homme qui lui trotte dans la tête et l'interroge. Un poème existentialiste sans pareil, un chef-d'oeuvre. DVD Z2 FR 

Vincent doit mourir (Stéphan Castang, 2023) *
Un citadin sans histoires (Karim Leklou) continuellement agressé par les inconnus dont il croise le regard se réfugie à la campagne. Entre road-movie et survival, un film qui se révèle vite une judicieuse métaphore sur la rage individuelle et communautaire de la société actuelle dirigée par le jugement péremptoire. L'idée est excellente mais les péripéties trop répétitives pour emporter et une clause du scénario pêche sans appel : des lunettes noires permettraient à Vincent de régler son malheur. BR FR

Le dernier survivant / The quiet Earth (Geoff Murphy, 1985) **
En Nouvelle-Zélande, un ingénieur engagé sur un projet scientifique international se retrouve seul survivant au monde après une défaillance technique majeure. Ou pas. Un film de science-fiction "Fin de l'Humanité" qui reste volontairement ouvert à interprétations multiples tout en résonnant sans doute plus fort aujourd'hui qu'il y a quarante ans. Bruno Lawrence est très bon dans ses scènes solitaires aux situations et décors inattendus. De la S-F métaphysique pas mal du tout. BR UK  

Le dernier voyage du Demeter / The last voyage of the Demeter (André Øvredal, 2023) *
L'équipage d'un navire commercial découvre qu'il transporte les caisses d'un vampire et le vampire. D'après un passage du roman Dracula, un film d'horreur qui se veut de tradition classique - sans ironie et avec les trois unités - mais qui n'arrive pas à créer l'horreur, la faute à une réalisation plate et à l'usage répétitif des CGI. Il y avait du potentiel - l'idée de l'histoire est bonne - et quelques images/moments sont réussis mais globalement, on s'ennuie poliment. Et c'est pas le genre de Dracula. BR FR

Muscle Beach (Irving Lerner & Joseph Strick, 1948) **
Un week-end à Muscle Beach de Santa Monica. Pas un documentaire sur les premiers adeptes du bodybuilding grand public mais un poème visuel et musical sur l'insouciance des jours d'un été d'après-guerre. Sur les images solaires de la plage, des hommes, des femmes et des enfants, Earl Robinson chante un hymne à la vie - californienne - et à la seule chose qu'on possède vraiment, son corps. Si on pense un peu à "Olympia" de Riefenstahl, ce très court de 9' en est pourtant l'exact antithèse. YouTube

The Royal Hunt of the Sun (Irving Lerner, 1969) ***
En 1532, débarqué avec ses troupes au Pérou pour s'emparer de l'or des Incas, Francesco Pizarro capture l'empereur Atahualpa. D'après la pièce de Peter Shaffer, un étonnant hybride d'epic et de théâtralité qui repose sur les dialogues entre deux hommes qui apprennent à se respecter. Si Robert Shaw est shakespearrien en diable, Christopher Plummer est incroyable dans le rôle de l'Inca à la diction et au body language extravagants. Un film méconnu passionnant dans son sujet et sa forme. DVD Z2 DE