1 septembre 2024

Films vus par moi(s): septembre 2024


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

L'empreinte du Dragon Rouge / The terror of the Tongs (Anthony Bushell, 1961) **
A Hong-Kong en 1910, le capitaine d'un navire anglais traque le chef des Tongs, le gang mafieux qui a tué sa fille. Lanternes et pousse-pousse, gongs et qipao, courbettes et regards obliques... tous les clichés de la Chine exotique sont au rendez-vous de cet enthousiasmant film de vengeance qui bénéficie du savoir-faire de la Hammer côté décors, couleurs et sadisme. Cerise sur le gâteau de riz, c'est Christopher Lee le méchant, grimé en chinois sournois comme les autres rôles parlants. BR UK

Le pirate des Caraïbes / Swashbuckler (James Goldstone, 1976) **
En 1717 à la Jamaïque, une jeune femme intrépide fait appel à un pirate pour libérer son père, prisonnier du gouverneur britannique corrompu jusqu'à la moelle. Classique dans son traitement, ses décors et son enthousiasme curtizien pour la voltige et l'épée, un entraînant film de pirates évitant le pastiche rigolard pour offrir une sorte de joyeux chant du cygne du genre. Mais rien n'est poussiéreux : le casting (Robert Shaw, James Earl Jones, Geneviève Bujold) et l'esprit sont modernes. BR FR

Pas de vagues (Teddy Lussi-Modeste, 20233) **
En sortant du cadre, un jeune professeur de français de 4e idéaliste provoque dans son collège une rumeur qui défait sa vie. Inspiré par une expérience vécue du réalisateur, un film de société à charge contre l'Education Nationale qui nous place du point du vue unique du personnage vis à vis de son entourage professionnel et privé. Ce choix unilatéral est discutable mais l'histoire, écrite et mise en scène sans fioriture, interpelle et consterne. François Civil, sans surprise, est parfait. BR FR

Meurtre sous contrat / Murder by contract (Irving Lerner, 1958) ***
À L.A., un tueur à gages (Vince Edwards, brillant) accompagné de deux observateurs prépare un assassinat commandité par un parrain. Ce n'est pas le sujet de cette série B qui en fait le génie, c'est son traitement du temps dans l'écriture minimaliste et la mise en scène elliptique. D'un postulat de Film Noir, on se retrouve avec le portrait d'un type qui navigue entre sagesse et sociopathie, indéchiffrable. Cool et tendu à l'extrême, pas étonnant que ce soit un des films de chevet de Scorsese, toujours de bon conseil. BR UK

The Primevals (David Allen & Chris Endicott, 1978-1994-2023) ***
Une universitaire (Juliet Mills), deux scientifiques, un baroudeur et un sherpa partent dans l'Himalaya chercher un Yéti dont ils ont preuve de l'existence. Il a fallu 45 ans pour faire ce film d'aventures rêvé et commencé par Allen - mort en 1999 - et terminé par son collègue Endicott. Peu importe ses acteurs et ses dialogues à la noix : avec ses monstres en stop-motion, ses matte paintings et ses références cinéphiles, quelque chose de King Kong et de Jason et les Argonautes est retrouvé et c'est un enchantement. BR US

Le temps d'aimer (Katell Quillévéré, 2023) ***
De 1947 à 1965, la vie compliquée d'un couple marqué, elle ayant eu un fils d'un officier nazi, lui homosexuel dans le placard. Alors ça,  un mélodrame avec ce que le genre comporte de péripéties et d'invraisemblances en 2023 ? Et ça marche, parce que le scénario est sinueux à souhait et qu'Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste sont parfaits. Le film ne l'est pas, la mise en scène manquant de style et de panache mais *** pour la belle histoire d'amour et le culot d'un mélo au temps des préquels et des suites. BR FR   

Les sorciers de la guerre / Wizards (Ralph Bakshi, 1977) 0
Dans un lointain futur post-apocalyptique, deux humanités ont survécu : les créatures magiques et les créatures guerrières, dont les deux chefs sont des frères et ennemis mortels. Je n'en ai vu que 20' puis en accéléré tellement l'hybridation des techniques d'animation - classique, travelling sur image fixe, rotoscopie, film... -, l'infantilité de la narration et du propos et la laideur des personnages m'ont insupporté. Il parait que c'est un OVNI-culte. Foutaise. De Bakshi, le film-culte, c'est "American Pop" (1981). BR DE

La blonde de la Station 6 / Station Six-Sahara (Seth Holt, 1962) **
Au fond du Sahara, les cinq contractuels d'une petite station de forage anglaise tournent en rond entre eux quand débarque Carroll Baker. Jouant sans complexe sur la persona de l'actrice dans "Baby Doll" (1956), un huis-clos en sueur dont la première partie - les hommes sont seuls - aux connotations homo-érotiques est aujourd'hui bien plus forte que la seconde - la blonde arrive - aux enjeux attendus et obtenus. A l'époque, tout cela était sans doute titillant au possible, il en reste une chouette curiosité. BR UK

L'entraîneuse (Albert Valentin, 1938) ***
Une jeune entraîneuse parisienne descendue se reposer sur la Côte d'Azur s'y fait une sympathique bande d'amis aisés avant d'être rattrapée par son métier. Cadré par la chanson "Sans lendemain" de Fréhel, un beau film mélancolique d'une juste liberté des situations et des dialogues sur la compartimentation bourgeoise des âges et des milieux sociaux. Dans la lumière solaire méditerranéenne, Michèle Morgan débutante et d'un classicisme fou créé un personnage aussi touchant que déroutant. VHS