**** chef-d'oeuvre / *** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
À nous les petites Anglaises ! (Michel Lang, 1976) **
Recalés au bac, deux lycéens parisiens sont envoyés réviser leur anglais à Ramsgate. Je n'avais de souvenir de ce film que son titre culte, son sujet, ses filles délurées et quelques images de booms qui m'avaient échauffé à peine ado. Revu cinquante ans plus tard, j'ai été surpris par sa narration et son rythme de chronique sans conflit qui n'aurait aucun intérêt si ce n'étaient la nostalgie et son casting tellement sympathique. Un film à la fois potache et tendre qui bizarrement, a résisté au temps. Et puis revoir Rémi Laurent. BR FR
Aux sources du Nil / Mountains of the Moon (Bob Rafelson, 1990) ***
Entre 1857 et 1864, les deux expéditions aux sources du Nil de Richard Burton et John Speke et la dispute qui a suivi. Injustement méconnu, un grand film d'aventures coloniales qui dresse le portrait - assez romantisé - des deux explorateurs britanniques amis et concurrents. Patrick Bergin et Iain Glen sont formidables mais ce sont toutes les scènes quasi-documentaires dans les tribus africaines et les décors naturels à couper le souffle qui emportent tout. Du grand cinéma épique et intimiste à la fois, classique quoi. BR US
Emilia Pérez (Jacques Audiard, 2024) ****
Aidé d'une avocate, un chef de cartel mexicain décide de transitionner et de se ranger du crime. Sur fond de questions graves - le violence du narcotrafic, le jugement sur la transidentité - un exaltant mélodrame musical dont l'originalité absolue du scénario et le panache des interprétations (Karla Sofía Gascón, Zoe Saldana, Selena Gomez) s'accordent à l'inspiration de la mise en scène et à la beauté des images pour donner un vrai classique. Peut-être que la résolution est un brin trop convenue mais bon. Women's Picture perfect. BR FR
The Apprentice (Ali Abbasi, 2024) ***
De 1974 à 1986, l'apprentissage en culot et amoralité de Donald Trump auprès de son mentor Ray Cohn. L'idée magistrale de ce biopic est de le baigner aux codes du film d'horror avec scènes nocturnes, décors néo-gothiques et personnages vampiriques. Et au choix de traiter l'image en grain vidéo de l'époque qui fonctionne au-delà du gimmick. Il en sort un portrait crédible de Trump en formation, dont Sebastian Stan s'empare avec brio, secondé par Jeremy Strong et Maria Bakalova en Ivana. Fascinant et effrayant, comme son monstre. BR FR
The Deliverance (Lee Daniels, 2024) 0
Dans un quartier noir de Pittsburgh, une mère de trois enfants et sa propre mère deviennent locataires d'une maison qui se révèle maléfique. Comment un film aussi bien sur ses premiers deux tiers, qui prennent le temps de suivre le personnage principal et sa famille dans leur quotidien pas facile, peut-il s'effondrer totalement dans son dernier tiers, une copie éhontée et honteuse de "L'Exorciste" ? C'est stupéfiant. Reste le casting, formidable, porté par l'excellente Andra Day et Glenn Close dans une incarnation géniale. Un naufrage. Netflix
Pavillon noir / The Spanish Main (Frank Borzage, 1945) *
Dans les Caraïbes, le capitaine d'un vaisseau épouse la promise d'un gouverneur espagnol dans sa soif d'une vieille vengeance. Paul Henreid dans un rôle à contre-emploi et Maureen O'Hara dans un rôle aux petits oignons essayent ce qu'ils peuvent dans ce film de pirates assez poussif dans ses péripéties et sa mise en scène et abîmé par une musique de dessin animé pénible. Mais le spectacle est ailleurs, dans les maquettes et l'incroyable Technicolor Kalmus d'une outrance des couleurs insurpassée. Pour ça et rien que pour ça, c'est fascinant. BR US
Impact (Arthur Lubin, 1949) ***
Ayant survécu à l'assassinat fomenté par sa femme et l'amant de celle-ci, un riche industriel se réfugie anonyme à la campagne et est embauché dans une station-service tenue par une jeune femme. Un très bon thriller à la fois Film noir, Americana et Film de procès. Si la partie centrale - l'amitié entre Brian Donlevy et Ella Raines - est la meilleure, l'étonnant croisement des genres fonctionne. Avec Helen Walker en salope de luxe, Charles Coburn en vieux flic et Anna-Mae Wong en bonne (toutes ses apparitions sont ponctuées d'une petite mélodie chinoise). BR US
Folle à tuer (Yves Boisset, 1975) **
Un milliardaire confie son neveu orphelin à une jeune femme qu'il sort d'une clinique psychiatrique. Les deux sont enlevés par des rançonneurs. Un film purement narratif dont les péripéties sont bien moins intéressantes que les personnages et leurs liens, tous frappés à divers degrés. Dans le décor de La Défense en chantier, Marlène Jobert, Michael Lonsdale, Victor Lanoux et quelques autres pointures ne prennent pas ça très au sérieux, éclipsés par le petit Thomas Wainthrop, génial en peste effrontée. BR FR
The deep house (Alexandre Bustillo & Julien Maury, 2021) *
Un couple d'urbexers plonge dans un lac perdu pour explorer une maison engloutie. Hantée. Presqu'entièrement tourné sous l'eau avec des acteurs en bouteilles dans des décors immergés, l'aspect visuel inédit de ce film d'horror est son seul intérêt - avec le fait qu'il soit français - et c'est dommage. Parce l'idée est excellente et que la claustrophobie engendrée est réelle. Mais la faiblesse du scénario et des dialogues, insurmontable, noie l'ensemble et on se dit qu'ils sont passés à côté d'un petit classique. BR FR
Running on Karma / Dai zek lo (Johnnie To & Wai Ka-fai, 2003) **
Un moine bouddhiste devenu culturiste stripteaser doté du pouvoir de voir le Karma des gens essaye de dévier celui d'une policière sur la trace d'un tueur. Invraisemblable - aux yeux occidentaux - hybride de thriller, comédie, gore horror, mélodrame, camp et philosophie bouddhiste, un film hongkongais à toute vitesse et couleur qui nécessite de lâcher ses préjugés et profiter du spectacle, et du message. Dans son costume de muscles en latex, la star Andy Lau fait une prestation irrésistible. BR UK
MaXXXine (Ti West, 2024) ***
Une jeune actrice de porno embauchée pour le premier rôle d'un film d'horreur est suivie par un tueur en série. Le dernier film de la trilogie de West (après les excellents X et Pearl en 2022) recrée Hollywood en 1985 avec un hyperréalisme clinquant qui lui va comme un gant. La mise en scène, le scénario et les seconds rôles sont formidables, dynamisés par les clins d'oeil au cinéma et surtout Mia Goth, sans conteste l'actrice la plus magnétique du moment. Un slasher qui connaît ses classiques. BR FR