1 janvier 2025

Films vus par moi(s): janvier 2025


**** chef-d'oeuvre / *** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

L'homme inconnu (Anthony Schatteman, 2021) **
Sur la Côte d'Azur, un écrivain gay en panne observe un jeune couple qui se baigne dans une crique et retrouve l'inspiration. Sur un sujet mince comme tout mais solide, un court-métrage flamand de 20' qui bénéficie du décor imbattable du Cap Ferrat - ou d'un site proche -, du physique de ses acteurs - Samuel Suchod, à suivre (dans les buissons ?) - et d'un twist final bien mené. L'ambiance de l'été, avec les reflets du soleil sur la mer, le chant des grillons et la tiédeur de la brise font rêver. Internet

King Kong Ciné-Concert (Merian C. Cooper, Ernst B. Schoedsack + Joachim Latarjet, 1933) ***
Je suis allé voir par curiosité et pour le plaisir du grand écran mon film préféré en version ciné-concert avec la Compagnie Oh ! Oui..., trois musiciens et une demi-douzaine d'instruments. Traité comme un film muet, mais en gardant quelques dialogues, ajoutant des intertitres et en coupant ou accélérant des séquences, King Kong est le même et tout autre, un sacré film rock en tout cas. J'ai vraiment aimé. Pas comme la vieille dans la salle qui sous les huées gueulait qu'ils saccageaient son film. Musée de la Chasse et de la Nature, Paris

Un jeune chaman / Sèr sèr salkhi / City of wind (Lkhagvadulam Purev-Ochir, 2023) ***
A Oulan-Bator, un chaman de 17 ans tombé amoureux s'éloigne de la charge pour laquelle il a été appelé. Un film magnifique, porté par de formidables interprètes - dont Tergel Bold-Erdene, récompensé à Venise 2024 - sur la place essentielle mais fragile du chamanisme dans la société mongole en mutation. Situé dans l'étonnant quartier ancien des yourtes, ce coming of age movie pose de sérieuses questions sur notre rapport au spirituel et au collectif. Le premier film d'une réalisatrice à suivre. DVD FR

Eraserhead (David Lynch, 1977) **
Abandonné par sa compagne, un type lunaire (John Nance, dans un personnage inoubliable) doit s'occuper seul de leur bébé, sorte de foetus vivant, et en perd la tête. J'avais vu le film dans les années 80 et, tout en ayant admiré l'originalité radicale, la force des images et la travail sur le son, je me souviens m'être un peu fait chier. Quarante ans plus tard, avec quelques connaissances en plus sur la psychose et l'Inconscient, rien n'a changé et j'aime toujours autant la chanson de la fille du radiateur. BR UK

Madame Bovary (Sophie Barthes, 2014) 0
En Normandie, une jeune mariée insatisfaite qui rêve d'une vie plus excitante s'y brûle. Malgré la beauté du cadre et de la direction artistique, malgré les acteurs aux personnages rajeunis - Mia Wasikowska est bien mais trop superficielle - et évidemment malgré l'histoire - ici simplifiée -, on s'ennuie ferme dans cette n-ième adaptation qui n'apporte rien et reste platement illustrative du début à la fin alors qu'il faut un peu de névrose avec Emma. J'en ai vu la moitié en accéléré, sans regret. BR FR  

La horse (Pierre Granier-Deferre, 1970) *** 
En Normandie, un propriétaire fermier affronte les trafiquants dont il a détruit la drogue, dealée par son petit-fils (Marc Porel). Sorte de western du bocage, un thriller intimiste dont les éclairs de violence rythment une narration structurée sur la dynamique interne d'une famille commandée par le patriarche. Jean Gabin, dans la dernière partie de sa carrière, est monumental - au sens propre et figuré - dans le rôle taillé pour lui. Les dialogues dégraissés et la mise en scène sont excellents. Cette fin ! DVD FR

Ursus l'Invincible / Gli invicibili tre (Gianfranco Parolini, 1964) **
L'homme fort Ursus est appelé par un vieux roi à venir déloger l'usurpateur qui a pris le pouvoir sous le nom... d'Ursus. Deux Ursus pour le prix d'un donc dans ce peplum italien tourné dans les sables tunisiens. Les culturistes italiens Alan Steel - assez vulgaire - et Mimmo Palmara - plus classe - se partagent le nom et l'affiche, entourés de pépées aux yeux magnifiques et si le film n'a rien de spécial, il est fun, sympathique et coloré et la séquence aux chameaux est étonnante. Pour les fans du genre. BR FR  

La meilleure part (Yves Allégret, 1956) **
Le quotidien d'une équipe qui construit un barrage hydraulique. J'aurai pu mettre 0 parce qu'il ne se passe rien dans ce film plutôt ennuyeux. Mais le décor réel du barrage en construction de Plan d'Amont à Aussois dans les Alpes et la valeur documentaire d'un chantier de ce genre sont captivants, comme le discours (revendications salariales, traitements des travailleurs Algériens...) d'Allégret et de Gérard Philipe, star à contre-emploi. Un film gauche et de gauche qui est aussi raté qu'intéressant. DVD FR  

Sept hommes à abattre / Seven men from now (Budd Boetticher, 1956) ****
Un ex-shérif qui traque sept bandits responsables d'un cambriolage où sa femme a été tuée croise et accompagne un couple qui part en Californie en chariot. Le premier des sept sublimes westerns que Boetticher a tournés avec Randolph Scott pose les règles de l'ensemble : force du scénario, perfection de la mise en scène, réduction de la durée, économie du décor, du jeu et des attitudes. Cette alchimie unique créé de l'or par l'ajout d'un ingrédient final : l'humanité bouleversante des personnages. BR FR

Le Comte de Monte-Cristo (Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, 2024) ***
Entre 1815 et 1835, le calvaire et la vengeance forcenée d'un homme condamné au cachot et revenu à la société métamorphosé. J'y allais à reculons, ayant détesté Les Trois Mousquetaires, Part I que je mettais dans le même panier. Mais malgré la mise en scène platement anonyme et illustrative et l'omniprésence pénible de muzak, j'avoue que la noirceur préservée du roman à tiroirs de Dumas, le très bon casting et la splendeur de la direction artistique m'ont fait passer les trois heures comme deux. BR FR

Jane by Charlotte (Charlotte Gainsbourg, 2021) **
Un peu à Tokyo et à New York, surtout à Paris et dans sa maison de l'Aber Benoît en Bretagne, Jane Birkin parle d'elle et d'elles avec sa fille Charlotte. Se révèle, si on ne le soupçonnait pas déjà, une femme sensible et angoissée qui, jadis subliment belle, se voit vieillir seule en affrontant le cancer et la culpabilité du suicide de sa première née. Le documentaire, évidemment très intime, semble comme la captation d'une mémoire familiale doublée d'un câlin mère-fille un peu retenu. Attachant comme elles. BR US

La vie à l'envers (Alain Jessua, 1964) ****
A Paris, un trentenaire fatigué de tout ça décide de s'affranchir de ses obligations et de ses liens sociaux. Un regard sur la schizophrénie ou un pamphlet contre la société de consommation ? Sans doute les deux mais surtout le portrait radical d'un homme qui se libère par le vide. De tous les plans, Charles Denner est magnifique dans un rôle cousin de celui de Maurice Ronet dans "Le Feu Follet" (Louis Malle, 1963). Comme celui-là, c'est un chef-d'oeuvre du cinéma existentialiste. Une vraie découverte. BR FR

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