5 octobre 2013

Films vus par moi(s) : octobre 2013


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Star Trek into darkness (J.J. Abrams, 2013) 0
A la toute fin du film (il y a un très beau générique final), la capitaine Kirk décide de relancer l'Enterprise pour une mission d'exploration interstellaire de cinq ans. Si seulement il l'avait fait au début. Au lieu de nous faire voyager dans le cosmos, on prend ici 2h15 de bavardage, de baston, de caméos et de scénario débile (comment faire redémarrer un réacteur nucléaire en tapant dessus) jusqu'à l'endormissement. Absolument nul. BR Fr 3D

Stoker (Park Chan-wook, 2013) 0
Croulant sous ses effets de mise en scène et de montage tape à l'oeil et gratuits, cette histoire de psychose familiale autour d'une veuve (Nicole Kidman), de sa fille adolescente et d'un oncle inquiétant joue à la fois sur les codes usés du thriller et du film de fantômes sans convaincre un instant (mis à part dans une scène de séduction au piano qui doit tout au score de Philip Glass). Pour faire bref, un film roublard, insignifiant et narcissique. BR Fr

Tabu : a story of the South Seas / Tabou (F.W. Murnau, 1931) ***
Le dernier film de Murnau, tourné dans les merveilleux décors naturels de Polynésie, n'atteint pas le niveau d'intensité de ses plus grands chefs-d'oeuvre mais raconte son histoire d'amants maudits avec une simplicité fluide qui colle parfaitement au sujet. Une ode à la beauté des corps peu vêtus de ses jeunes acteurs non professionnels et une lamentation sur l'innocence perdue qui a aussi de l'universalité d'un mythe antique. BR UK

Jud Süss / Le juif Süss (Veit Harlan, 1940) **
Comment noter ce film, la fiction de propagande antisémite la plus célèbre et la plus vile du Troisième Reich ? En en évaluant la fin et les moyens. Et là, il faut dire que le film répondait à son cahier des charges : l'histoire de ce juif des années 1730 qui s'insinue dans les affaires du Würtemberg est, par son scénario et sa mise en scène, un fascinant modèle de manipulation du spectateur. Un film d'autant plus terrible que c'est un bon film. DVD Z1 US

American gigolo (Paul Schrader, 1980) **
A Los Angeles, un gigolo de luxe pour femmes est soupçonné d'avoir commis un meurtre. L'esprit et le look (immonde) du tournant des Eighties sont le principal intérêt de ce film daté mais fascinant dont on regrette que le scénario n'ait pas été un peu plus tonique et subversif. Richard Gere est parfait dans sa séduisante vulgarité et c'est toujours un plaisir de retrouver Lauren Hutton à l'écran. La B.O. de Giorgio Moroder ajoute à l'ambiance. BR Fr  

Deliverance / Délivrance (John Boorman, 1972) *
La descente d'une rivière en canoe par quatre amis tourne au cauchemar après une rencontre avec des autochtones demeurés. Si en 1972, la violence et le nihilisme du film durent faire l'effet d'un coup de tonnerre, le temps n'a pas été clément avec Délivrance, trop revu, trop copié. Son message, de plus, n'est pas clair, on peut même se demander s'il y en a un. La scène du banjo, elle, tient toujours formidablement bien la route. BR US

The perks of being a wallflower / Le monde de Charlie (Stephen Chbosky, 2012) ***
En 1990, un ado introverti et perturbé se fait deux bons amis dans son lycée et apprend la confiance en lui. Un "coming of age movie" sensible et intelligent qui n'évite pas quelques clichés mais qui dégage une sincérité touchante et bénéficie d'un très bon casting. Le genre de film qui ne révolutionne pas le cinéma mais qui résonne forcément chez certains de ses spectateurs et qui peut les aider à grandir. Ce n'est pas rien. BR UK 

The General / Le mécano de la Général (Buster Keaton, 1926) ***
La précision du scénario et de la mise en scène et la beauté de la photo (qui fait ressembler le film à des photos de Matthew Brady animées) sont exaltantes. Ajoutez la tendresse qu'on ressent pour ses deux personnages (Buster Keaton en mécano et Marion Mack en amoureuse intrépide) et la géniale subtilité des situations humoristiques : cette comédie d'action muettte indémodable est un de ces films qui exhude la perfection. BR US 

The idolmaker (Taylor Hackford, 1980) *
En 1959, doutant de pouvoir devenir chanteur pop, un type se lance dans la fabrique de deux teen-idols pour midinettes. Inspiré par la vie de l'agent de Frankie Avalon et de Fabian, un film visuellement réussi (la recréation de l'époque est efficace) mais qui souffre de la faiblesse des chansons et du manque de charisme (volontaire ?) de ses interprètes, à part Ray Sharkey dans le rôle principal. Il y avait de quoi faire bien mieux. BR US 

Yossi (Eytan Fox, 2012) **
Dix ans après, Yossi, devenu chirurgien à Tel-Aviv, se perd dans sa solitude. Un follow-up à "Yossi & Jagger" qui traite d'un sujet rarement abordé dans le cinéma à thématique gay : la dépression et la détresse affective. Si le jeune et beau deus ex-machina qui apparaît à la fin du film semble une clause bien conventionnelle, on sent pourtant une sincérité attachante dans cette histoire d'un difficile retour à la vie. DVD Z2 Fr

Yossi & Jagger (Eytan Fox, 2002) 0
Deux soldats israéliens (l'un, Yossi, est aussi introverti que l'autre, Jagger, est extraverti) vivent un amour secret dans leur poste à la frontière du Liban. Le budget minuscule de ce moyen-métrage (65') tourné en vidéo et doté d'un score électronique lui donne une esthétique de porno qui le dessert violemment. Il y a un beau film social et romantique sans doute caché derrière mais en l'état, sa faiblesse technique est rédhibitoire. DVD Z2 Fr

L'assassin habite... au 21 (Henri-Georges Clouzot, 1942) ***
Cette comédie policière, le premier film de Clouzot, est un régal de dialogues dits par une brochette de comédiens irrésistibles (Fresnay, Tissier, Larquey, Roquevert, on ne peut pas tous les citer) doublé d'une mise en scène efficace et inventive. L'abattage de Suzy Delair emporte tout et si l'histoire, un peu légère, n'a pas grande importance, la connivence créée avec le spectateur est telle qu'on en ressort rassasié et ravi. BR Fr

Christiane F. - Wir Kinder von Bahnhof Zoo / Moi, Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée... (Uli Edel, 1981) ***
Plus des trente ans après sa sortie, l'adaptation du livre sensation sur le quotidien d'une ado toxico berlinoise n'a rien perdu de sa force. La réalisation, qui évoque une fusion fiction-reportage, transcrit l'enfer de la déchéance dans la drogue comme aucun film ne l'avait fait avant. La présence de la jeune Natja Brunckhorst (et de son partenaire, Thomas Haustein) donne corps à un récit que la musique de Bowie transcende. DVD Z2 UK 

Fantastic voyage / Le voyage fantastique (Richard Fleischer, 1966) **
Un sujet génial, inoubliable : quelques scientifiques miniaturisés sont injectés avec une soucoupe dans le corps d'un savant comateux. Plus que l'action, présente mais parcimonieuse, ce sont les décors (et le son) qui volent le vedette à tout le reste. Multicolores et psychédéliques, les intérieurs de l'aorte, du coeur, des poumons et de l'oreille interne marquent un sommet du design hollywoodien. Un regret : on en voudrait encore plus. BR US

3 commentaires:

  1. Bonsoir Tom,

    Je trouve également que "Delivrance" a un peu vieilli, mais essentiellement sur le plan visuel même si ce n'est pas le genre de chose qui me détourne fondamentalement de l'intérêt que je trouve pour le film et qui se situe ailleurs: dans son portrait du choc de cultures entre les urbains et les autochtones.

    En cela le film est révélateur d'un cinéma du début des années 70 qui osait aborder des sujets audacieux, et surtout qui commençait à surfer sur le genre du film d'exploitation comme après lui "La dernière maison sur la gauche " "Massacre à la tronçonneuse" et "La colline a des yeux".

    La scène du banjo est traumatisante par rapport à l'effet produit par la musique : c'est doux et collé à des images violentes psychologiquement.

    Quant à ta dernière phrase sur le "Stoker" à propos de Park Chan Wook ça correspond assez bien à ce que je pensais d'"Old Boy" un des films que j'ai le plus détesté ces dernières années.

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    1. Bonjour Jordan,
      Mais les autochtones de Delivrance sont tous d'inquiétants demeurés, ce qui affaiblit beaucoup le propos ville/campagne ou culture/nature. C'ets vrai que le film ouvre la voie de l'Exploitation horrifique, c'est, vu aujourd'hui, son principal intérêt à mon avis.
      Je n'ai pas vu "Old Boy" mais son exécrable "Stoker" (et ton avis) m'ont calmé.
      Bien à toi

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