*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
The Monuments Men / Monuments Men (George Clooney, 2014) *
Un excellent sujet (à la fin de la guerre, la traque par un groupe d'historiens d'art d'oeuvres volées par les nazis), un casting solide (sauf Jean Dujardin, crispant de maniérismes) et un gros budget mais au final, un film bancal et étrangement anémié qui ne trouve ni son rythme ni son ton : on navigue entre "Le train", "Indiana Jones" et "La grande vadrouille". Il y a pourtant de belles scènes, celles qui impliquent les oeuvres d'art elles-mêmes. BR Fr
Flicka och hyacinter / La fille aux jacinthes (Hasse Ekman, 1950) ***
Le voisin d'une jeune femme qui s'est suicidée enquête sur ce qui l'a poussée à le faire. Un diamant noir du cinéma suédois, dont la structure circulaire évoque "Citizen Kane" (Welles, 1941) et la morbide mélancolie "La septième victime" (Robson, 1943). Mieux vaut n'en rien savoir avant de découvrir le film, dont la résolution est d'une rare audace dans le cinéma international de l'époque. Magistral dans la forme comme dans le fond. DVD Z2 Suède
Parkland (Peter Landesman, 2013) *
Du nom de l'hôpital de Dallas où JFK est mort le 22 novembre 1963 et son assassin présumé, Lee Harvey Oswald, deux jours après. Le déroulé des 72h qui ont suivi la mort du Président, vu du côté de la suite présidentielle, de Zapruder, des médecins, des agents du FBI et de la famille d'Oswald. Malgré les bons acteurs (Paul Giamatti, Marcia Gay Harden, Zac Efron, Billy Bob Thornton...), un docudrama, fut-il de luxe, reste un docudrama. BR Fr
Mélodie en sous-sol (Henri Verneuil, 1963) **
Le casse du casino du Palm Beach de Cannes par le jeune Alain Delon guidé par le vieux Jean Gabin n'est qu'un prétexte pour ce classique de qualité française qui joue plutôt la carte de la comédie existentielle et du choc des égos. Les à-côtés de l'histoire (Sarcelles, Romance, Biraud, les pépées de la piscine) sont plus intéressants que le vol lui-même, expédié. La fin absurde, hustonienne, reste un grand moment du cinéma des Sixties. BR Fr
Captain Phillips / Capitaine Phillips (Paul Greengrass, 2013) **
Un fait divers (en 2009, quatre pirates somaliens attaquent un cargo américain...) passé au style dynamique des thrillers d'actualité de Greengrass, caméra à l'épaule et suspense soutenu. L'histoire est racontée factuellement, sans fioriture ni contexte. Tom Hanks est bien (avec une remarquable séquence finale) dans le rôle du courageux capitaine mais il est éclipsé par l'inconnu (Barkhad Abdi) qui joue le chef des pirates. BR Fr
Casque d'Or (Jacques Becker, 1952) ***
La limpidité du scénario (la construction et la destruction d'un couple chez les Apaches de 1900) et l'économie de la mise en scène (le spectaculaire vient seulement de la reconstitution de l'époque) haussent le Drame au niveau de la Tragédie. Simone Signoret est sublimement photographiée et Serge Reggiani, dans un rôle habité et taiseux (c'est lui le personnage principal du film), n'a jamais été aussi bon. Dans tous les sens un classique. BR Fr
Thérèse Desqueyroux (Claude Miller, 2012) *
Platement illustrative, cette adaptation sage comme une image du puissant roman de Mauriac n'est pas désagréable (elle a quelques moments comme le départ d'incendie de forêt rêvé et la présence de deux beaux et bons jeunes acteurs : Anaïs Demoustier et Stanley Weber) mais la mise en scène passe-partout échoue à provoquer la moindre étincelle. Et Audrey Tatou est trop juvénile dans l'écrasant rôle titre de cette femme étouffée. Bof donc. BR Fr
Después de Lucia / Après Lucia (Michel Franco, 2012) **
A travers l'histoire d'une ado harcelée par les élèves de sa classe suite à une aventure sexuelle au cours d'une soirée, ce film traite subtilement des conséquences psychologiques ravageuses d'un deuil. Par sa mise en scène clinique, en dosant les scènes de calme (apparent) et les moments de violence froide, le réalisateur mexicain induit une tension qui fait penser au cinéma de Haneke. Eprouvant mais d'une vraie profondeur de sens. BR Fr
Faust (F.W. Murnau, 1926) ***
Une seule réserve : le surjouage outrancier d'Emil Jannings en Mephisto (un oeil grand ouvert et l'autre grand fermé pour signifier la fourberie). Pour le reste, une merveille d'inventivité visuelle, hybride muet du Romantisme et de l'Expressionnisme, dont chaque plan, inoubliable, est une oeuvre d'art. Tous les genres du cinéma semblent y fusionner dans un équilibre parfait. Camilla Horn est bouleversante en Gretchen (Marguerite). Génial Murnau. BR UK
The Iceman (Ariel Vromen, 2012) *
L'histoire vraie de Richard Kuklinski, un impénétrable tueur à gages pour la Mafia de New-York, qui a mené parallèlement une vie criminelle et familiale des années 60 à 1986. Le film est porté par l'interprétation glaçante de Michael Shannon (c'est un rôle fait pour lui) mais manque de souffle à trop vouloir montrer les faits seuls. Une plongée noire et hyperviolente dans une psyché asphyxiée. Avec le grand plaisir de retrouver Winona Ryder. BR Fr
Don Jon (Joseph Gordon-Levitt, 2013) **
Accro aux sites porno, un étudiant macho du New Jersey a des difficultés à s'engager dans une relation stable. Un sujet sérieux proche de "Shame" (McQueen, 2011) mais sur le mode de la comédie. Si le ton de la fin déséquilibre le film, la plupart des scènes sont bien écrites, drôles et étonnamment osées pour une production US. Scarlett Johansson est absolument formidable, Julianne Moore aussi. Une bonne surprise. BR Fr
Le Diable probablement (Robert Bresson, 1977) *
Un étudiant parisien nihiliste et dégoûté du monde contemporain envisage le suicide. Le sujet est intéressant mais la forme bressonienne poussée à l'extrême (mouvement des corps désincarné, récitation des dialogues désaffectée) confine à la pose. Et les images d'archives de catastrophes écologiques sont lourdaudes. Reste le thème donc, ultra-bressonien lui aussi : la dévoration par le feu intérieur. A comparer au "Feu follet" de Malle. DVD Z2 Fr
Fatal attraction / Liaison fatale (Adrian Lyne, 1987) **
Près de 30 ans plus tard (ah, les costumes et coiffures Eighties !), ce mémorable thriller psychologique marche toujours, grâce à son scénario parfaitement huilé (même si le grand-guignol de la toute fin est un gros faux-pas), sa réalisation efficace et surtout, le jeu de Michael Douglas, d'Anne Archer et, bien sûr, de Glenn Close en psychopathe. Le message social et moral ne fait pas dans la dentelle mais c'était les années Reagan, alors... BR US
Garden State (Zach Braff, 2004) **
Un twentysomething neurasthénique revient dans le New Jersey pour l'enterrement de sa mère et y retrouve des copains et l'envie de vivre. Une comédie douce-amère au ton et aux séquences trop fabriqués pour convaincre et d'un nombrilisme énervant mais qui réussit à faire fonctionner quelques moments sincèrement touchants. Natalie Portman illumine le film de sa grâce fragile. Maladroit (c'est un premier film) mais attachant au final. BR Fr
The bay (Barry Levinson, 2012) **
D'affreux insectes aquatiques sèment la panique et la mort dans un village côtier de la baie de Chesapeake. Tout est raconté sur le mode hybride documentaire-found footage par l'intermédiaire de caméras de toutes sortes (médias, smartphones, surveillance, Skype...) et le patchwork fonctionne en créant une tension progressive très bien menée. Au-delà du concept et de l'horreur, le message écologique ajoute un plus non négligeable. BR Allem
Rapture / La fleur de l'âge (John Guillermin, 1965) **
Quel film étrange que cette production US tournée en Bretagne avec le vieux Melvyn Douglas et les jeunes Patricia Gozzi (formidable, quel dommage qu'elle ait si vite balancé sa carrière) et Dean Stockwell qui jouent des Français en langue anglaise. Une histoire d'amour fou romano-gothique entre une adolescente perturbée, un fuyard séduisant et un père possessif. Original, esthétique et avec un score sublimement lyrique de Delerue. BR UK
After Earth (M. Night Shyamalan, 2013) 0
Un ahurissant coup de pouce égotique du couple Will et Jada Smith (lui : synopsis, acteur et producteur ; elle : productrice) à Jaden, leur ado de fils. Un père et son fils sont naufragés sur la Terre du futur retournée à l'état sauvage. Le père blessé guide à distance le fils vers leur délivrance. Si les paysages et les péripéties sont assez chouettes, le film est ruiné par les performances lamentables des deux acteurs, notamment celle de Smith Jr. BR Fr
In the flesh. Series 1 & 2 (Dominic Mitchell / BBC, 2013-2014) ***
Une excellente série anglaise sur des zombies d'un village du Lancashire qui, sous contrôle médical, sont replacés chez eux. L'histoire tourne autour d'un jeune gay de 18 ans suicidé qui retrouve ses parents et sa soeur. Peu gore mais subtilement psychologique (tout en étant riche en suspense), c'est une métaphore intelligente sur le regard complexe de la société sur ses minorités (raciales, religieuses, sexuelles). Et sur la maladie. BR UK
L'affaire du collier de la Reine (Marcel L'Herbier, 1946) **
Un gros budget de l'immédiate après-guerre qui ne lésine pas sur les décors, costumes et figurants. L'escroquerie de la Comtesse de la Motte est racontée (assez justement) avec brio et sans temps mort dans cette production fastueuse qui est toute à Viviane Romance, tour à tour séductrice, manipulatrice et époumonée dans une scène de châtiment impressionnante. Un bémol : une Marion Dorian, nulle en Marie-Antoinette. DVD Z2 Fr
The Chapman Report / Les liaisons coupables (George Cukor, 1962) **
Un mélotrash de première inspiré par le Rapport Kinsey de 1953 (sur la sexualité des femmes US) autour de quatre californiennes (Shelley Winters, l'adulteresse ; Claire Bloom, la nymphomane ; Jane Fonda, la frigide ; Glynis Johns, la fantasmeuse), de leurs maris, amants et névroses. Le traitement rutilant (splendide Technicolor) jure avec le thème couillu pour l'époque et précipite le film dans le Camp. Absurde et furieusement réjouissant. DVD Z2 Esp
Bernie (Richard Linklater, 2011) ***
D'habitude je n'aime pas Jack Black mais ici il est génial dans le rôle d'un employé de pompes funèbres d'une petite ville du Texas, adoré de ses concitoyens et meurtrier d'une milliardaire acariâtre (Shirley MacLaine). Cette tragi-comédie basée sur un fait divers de 1996 fusionne habilement scènes narratives et faux-documentaire (hilarantes interviews des commères du coin aux impossibles accents texans). Un vrai bijou d'humour noir. BR Allem
Tangled / Raiponce (Nathan Greno & Byron Howard, 2010) ***
Le début ne m'a pas convaincu mais petit à petit, je me suis laissé emporter par le charisme des personnages, l'excellente animation et la beauté kitsch et colorée des décors (un peu moins par les chansons). Au-delà du conte revu et corrigé par Disney de la princesse aux longs cheveux blonds, c'est la métaphore subtile sur les parents abusifs qui fait le piment du film. Et les caractérisations culottées d'un groupe de bears fans de comédies musicales. BR Fr
The erotic films of Peter de Rome (Peter de Rome, 1973) **
Une sélection de huit petits courts-métrages de Peter de Rome (1924-2014), l'un des pionniers du cinéma gay. Tournés en Super 8 entre 1969 et 1972 et destinés à des projections privées (puis sortis en salle en 1973), ils ont pavé la voie au porno gay des 70's. Leur intérêt est historique d'abord mais les lieux filmés (rues et métro de NY, parc de Londres...) et les scénarios liés aux scènes hard leur donne un aspect activiste surréaliste assez poétique. DVD UK
Fucking Amal (Lukas Moodysson, 1998) **
Un petit film suédois avec un grand coeur sur une lycéenne solitaire amoureuse d'une camarade de classe. Si on ne croit pas vraiment à l'issue proposée, il n'empêche que toutes les scènes, par les détails justes et bien vus de la vie et du comportement collectif des lycéens, donnent une fraîcheur très dynamique au film. Les jeunes acteurs sont tous excellents. On peut le rapprocher du très bon "Beautiful thing" britannique (1996). DVD Z2 Fr
Looper (Rian Johnson, 2012) 0
Un film de SF (ici, un paradoxe temporel sur un tueur à gages qui doit se supprimer lui-même plus âgé) qui, c'est rare, n'abuse pas des effets spéciaux pour plutôt suivre ses personnages. Hélas, la Mafia du futur est de la partie donc il y a peut-être un millier de coups feu tirés au cours des 2h, ce qui fait beaucoup trop pour les nerfs et les oreilles. Le scénario a préféré l'action à la réflexion : un mauvais choix et un bon film potentiel loupé. BR Fr
Boyhood (Richard Linklater, 2014) ***
Des moments de la vie d'un garçon texan de ses 6 à ses 18 ans, et des siens. Le concept inédit du film (tourné entre 2002 et 2013 avec les mêmes acteurs) est fascinant et parfaitement maîtrisé. Au delà de la prouesse, toutes les étapes individuelles ou familiales présentées (dans un contexte 100 % américain) dressent un tableau universel de la marche inéluctable du Temps et du parcours des vivants. Comment ne pas s'y retrouver ? Cinéma
Diplomatie (Volker Schlöndorff, 2014) ***
Dans une suite de l'Hôtel Meurice la nuit du 24 août 1944, le consul suédois en France Nordling tente de dissuader le gouverneur nazi de Paris von Choltitz de donner l'ordre de dynamiter la ville comme Hitler lui a ordonné. Un huis clos à suspense captivant (sans être historiquement rigoureux) qui est aussi l'occasion d'apprécier deux styles de jeu radicalement opposés : instinctif avec Niels Arestrup (extra) et cérébral avec André Dussollier. BR Fr
Je crois qui c'est toi qui avais parlé de ce film sur Classik il y a longtemps et en effet, c'est un beau petit film avec un message et des acteurs très justes. Je n'en connaissais aucun, ni les chanteurs que tu mentionnes.
RépondreSupprimerBonjour Tom,
RépondreSupprimerJ'avais en effet bcp parlé de ce film sur classik à l'époque. Je l'avais découvert en VHS. Quand je l'ai vu la première fois j'ai littéralement fondu en larmes lors de la scène du coming-out, quand elles sortent (littéralement) du vestiaire. On sent que toute la pression (notamment sociale), tout ce qui a pesé sur elles, en une minute s'envole enfin. Cette façon de dire "On est lesbiennes et on s'assume comme tel, peu importe ce que vous en pensez" était je trouve très touchante.
La jeune actrice brune qui s'appelle Rebecca Liljeberg est une quasi inconnue en France, mais elle a obtenu du succès en Suède, où elle a continué de tourner après ce premier film. Elle avait 17 ans au moment de Fucking Amal et elle fait vraiment une ado de son âge qui se cherche et finalement se trouve. Elle a poursuivi ses études après ce tournage et ensuite a tourné dans Le Baiser de l'Ours
Quant à Robyn, c'est une grande star de la pop suédoise qui est sur scène depuis une quinzaine d'année maintenant.