1 mars 2016
Films vus pas moi(s) : mars 2016
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Phoenix (Christian Petzold, 2014) **
A l'été 1945, une juive revenue d'Auschwitz défigurée se fait refaire le visage et retrouve son mari qui la prend pour une étrangère et lui demande de jouer le rôle de sa femme qu'il croit morte (pour capter un héritage). L'état de confusion de l'Allemagne dans l'immédiat après-guerre et les voies de la reconstruction sont le thème de ce mélodrame intimiste et glacial, histoire d'amour fou et de trahison, porté par Nina Hoss et Ronald Zerhfeld. BR Allem
La maison du Diable / The haunting (Robert Wise, 1963) **
Ce classique du film de maison hantée, qui a eu une longue postérité, prend l'alibi du fantastique pour dresser le portrait psychologique d'une femme (Julie Harris) qui sombre dans sa névrose. Le décor surchargé du manoir néo-gothique, l'astucieuse utilisation du bruit et les angles de la caméra créent une atmosphère particulière et menaçante alors que rien de spectaculaire n'arrive. Claire Bloom est formidable en médium lesbienne. BR Fr
Cadet d'eau douce / Steamboat Bill, Jr. (Charles F. Reisner & Buster Keaton, 1928) ***
L'humour, la tendresse et l'exploit physique fusionnent splendidement (comme toujours chez Buster Keaton) dans ce chef-d'oeuvre du Slapstick où un étudiant lunaire de Boston vient voir son père, patron en difficulté d'un bateau sur le Mississippi. Le comique de situation et les gags visuels s'enchaînent sans répit, certains d'une rare subtilité, et la séquence justement célèbre de la tempête reste un sommet de prises de risques. BR US
L'étranger au Paradis / Kismet (Vincente Minnelli, 1955) *
Le kitsch bariolé et assumé des décors et costumes arabisants (l'action de passe à Bagdad) et le jeu très camp d'Howard Keel (le poète devenu émir) et de Dolores Gray (la femme du vizir) valent le coup d'oeil. Trois ou quatre séquences chantées et dansées aussi mais globalement ce musical MGM assez bavard souffre de chansons peu mémorables et d'une caméra paresseuse. Et Vic Damone est transparent en calife jeune premier. BR US
San Francisco 1985 / Test (Chris Mason Johnson, 2013) ***
Un jeune danseur gay intègre une troupe contemporaine (il y a de très belles chorégraphies) alors que le VIH se propage à San Francisco. La peur généralisée et la vie qui semble entrer en hibernation sont admirablement évoquées dans ce film intimiste où l'ombre plane sur la sensualité des corps. Le débutant Scott Marlowe transmet l'inquiétude de son personnage avec justesse et sensibilité. Un excellent film sur les débuts du Sida. DVD Z2 Fr
Seul sur Mars / The Martian (Ridley Scott, 2015) *
Un astronaute laissé pour mort sur Mars réussit à survivre seul en attendant un hypothétique sauvetage. La production est parfaite (splendides paysages martiens), Matt Damon aussi et le sujet accrocheur mais les 2h20 sont trop longues pour un récit linéaire où les surprises sont rares. Les tubes disco que le naufragé écoute sont un choix sympathique mais semblent là pour structurer artificiellement l'ensemble. Et ce bras tendu aux Chinois... BR Allem
C'étaient des hommes / The men (Fred Zinnemann, 1950) ***
La difficile réintégration sociale et affective d'un vétéran paraplégique soigné dans un centre de rééducation. Sans artifice mélodramatique, ce film qui s'approche du documentaire montre le quotidien des GIs en fauteuil roulant et les frustrations générées par le handicap en appelant le public de l'après-guerre à la compassion. Marlon Brando, dans son premier rôle au cinéma, crève l'écran. Avec Teresa Wright, une partenaire de choix. BR US
Imitation game / The imitation game (Morten Tyldum, 2014) **
Un biopic académique aux images léchées, aux flashbacks insistants et parsemé de courtes scènes de guerre (air, mer, Blitz) en CGI malvenues qui dresse le tragique portrait du jeune mathématicien britannique Alan Turing au moment de son décryptage du code nazi Enigma. Le type de film calibré pour les Oscars mais ici l'histoire est intéressante et Benedict Cumberbatch et Keira Knightley réussissent à faire passer une certaine émotion. BR Allem
Wolf Hall (Peter Kosminsky, 2015 / BBC2) ***
L'ascension de Thomas Cromwell près de Henry VIII pendant son mariage avec Anne Boleyn est racontée sans esbrouffe et avec une rare tension psychologique dans cette formidable mais exigeante série de 6h construite sur les conversations pleines de menaces entre les personnages. Les acteurs sont excellents (dont Mark Rylance, en conseiller impénétrable) et la production magnifique (costumes inspirés d'Holbein, intérieurs à la bougie...). BR UK
Rendez-vous de juillet (Jacques Becker, 1949) **
La première partie, qui serpente autour d'un groupe de vingtenaires parisiens de 1948 en rupture de génération, est une merveille de justesse et de dynamisme, portée par un jeune casting épatant (Daniel Gélin, Maurice Ronet, Nicole Courcel, Brigitte Auber...). La seconde, concentrée sur deux couples, est plus convenue. Mais la vitalité qui se dégage de l'ensemble est splendide, comme dans cette scène de jazz dance où la jeunesse irradie. DVD Z2 Fr
Hunger Games - La Révolte : Partie 2 / The Hunger Games: Mockingjay - Part 2 (Francis Lawrence, 2015) **
Le sombre épisode final de la trilogie/tétralogie repose, comme les précédents, sur la présence et le visage formidablement charismatiques de Jennifer Lawrence. Mais le spectacle est là aussi et pour un produit blockbuster de cette trempe, le fond qui ose la réflexion - bien menée - sur les notions de démagogie/propagande/totalitarisme est une vraie surprise. Le cycle The Hunger Games est un intelligent divertissement ***. BR Fr
L'année du Dragon / Year of the Dragon (Michael Cimino, 1985) ***
Un flic raciste muté à Chinatown essaye de nettoyer le quartier de sa mafia. Malgré la faiblesse du jeu de l'actrice principale et la fin expédiée, cette odyssée dans les bas-fonds chinois de Manhattan est un splendide morceau de cinéma où l'exotisme, la violence, la mélancolie, la couleur et la musique tissent une sorte de drame opératique. Mickey Rourke est à son meilleur en justicier idéaliste et John Lone magnétique en élégant jeune parrain. BR Fr
La vague / Bølgen / The wave (Roar Uthaug, 2015) ***
Dans un fjord de Norvège, un pan de montagne s'effondre et provoque une immense vague destructrice. Ce très bon film catastrophe norvégien exploite intelligement les conventions du genre, présente une famille crédible et des réactions individuelles et collectives sensées face au drame. Le suspense est bien construit, les FX réussis et le décor naturel du fjord magnifique. En face, les disaster porns décérébrés US n'ont qu'à bien se tenir. BR Allem
Toute première fois (Noémie Saglio & Maxime Govare, 2015) 0
Un trentenaire prêt à épouser son compagnon tombe amoureux d'une suédoise. L'idée intéressante du coming out inversé est massacrée par un scénario de beauf, semé de situations et de répliques - involontairement ? et alors c'est pire - homophobes et une mise en scène inexistante. Pio Marmaï est autant gâché que le reste de l'équipe qui patauge dans cette comédie même pas drôle. J'ai fast forwadé au bout de 12 minutes. Lamentable. BR Fr
Un témoin dans la ville (Edouard Molinaro, 1959) *
Le rythme, les rues et le métro de Paris de la fin des Fifties et de bons acteurs font qu'on ne s'ennuie pas devant ce Film Noir sur la traque nocturne d'un assassin (Lino Ventura). Seulement, le scénario étant tout entier dans la surface, le film n'a aucune profondeur (à part le conflit bourgeoisie vs. prolétariat). La compagnie Radio Taxi, née en 1956, semble en être l'honneur et le sujet. Apparition de 2s de Jean Ferrat montant dans un métro. BR Fr
The secret life of Marilyn Monroe (Laurie Collyer, 2015) *
Ce téléfilm de 3h part d'une séance de psychothérapie pour raconter les épisodes connus de la vie privée et professionnelle de Marilyn tout en insistant sur ses rapports complexes avec sa mère Gladys (Susan Sarandon). Kelli Gardner est convaincante tout en ayant tendance à garder la bouche entrouverte et à quelques minauderies. Avec Emily Watson, excellente. Un biopic correct qui respecte son cahier des charges. DVD Z1 US
Au coeur de la nuit / Dead of night (Charles Crichton, Alberto Calvacanti, Basil Dearden & Robert Hamer, 1945) **
Débarquant à une réception dans un manoir anglais, un homme écoute les cinq histoires surnaturelles des invités et ressent un sentiment de déjà vu. Le corbillard, le miroir et le ventriloque sont trois récits mémorables (les deux autres sont un peu plus faibles) de ce film fantastique et psychanalytique à sketchs dont la structure temporelle circulaire, inédite à l'époque, est formidablement construite. Elle aura une longue postérité au ciné et à la télé. BR UK
Je la connaissais bien / Io la conoscevo bene / I knew her well (Antonio Pietrangeli, 1965) ***
A Rome, quelques jours et nuits d'une jeune femme (Stefania Sandrelli, magnifique) qui essaye de percer dans le cinéma. Si la forme est archétypique du cinéma italien des Sixties (narration fragmentée, scope en N&B, musique pop italienne...), le fond est vraiment original, qui présente les humiliations répétées subies par l'anti-héroïne sans offrir aucune prise à sa psychologie. Un film d'une cruauté déchirante sous un masque de légèreté. BR US
Enemy (Denis Villeneuve, 2013) 0
Du sous-Cronenberg. A Toronto, un prof de fac taciturne découvre qu'il a un sosie parfait et le rencontre. Tout le film entretient artificiellement, du début à la fin, un mystère et un symbolisme à la truelle (avec miroirs et araignées) noyés dans une photo jaunasse. Il semble dire que les mères et la peur de l'engagement sont toxiques. Du cinéma roublard et affecté avec toutefois une mention pour Jake Gyllenhall, très bon comme à son habitude. BR Fr
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L'Année du Dragon fait partie de ces films que l'on n'oublie pas. Mickey Rourke y est envoutant. Cela me donne envie de le revoir !
RépondreSupprimerPour ce qui est du biopic sur Monroe, je ne l'ai pas vu et je dois dire que cela ne m'enchante guère. Qui sait ? un jour peut-être...
Paradise Hunter
Le biopic sur Marilyn n'est pas inintéressant même si il présente à la file les moments les plus connus de sa vie. J'ai surtout beaucoup aimé le focus sur Grace Goddard (Emily Watson) et la production est de qualité. C'est quand même à découvrir.
SupprimerJe vais peut être y faire attention la prochaine fois qu'il passe à la télé. C'est vrai que la production semble correcte et maintenant que je sais qu'il y a un focus sur Grace Goddard cela m'intrigue...
SupprimerParadise Hunter
Teresa Wright est impressionnante dans "L'ombre d'un doute" d'Alfred Hitchcock, malgré Joseph Cotten... dans "The men" elle est écrasée par Marlon Brando... J'aimerais la voir sur d'autres films
RépondreSupprimerOui Theresa Wright est une actrice discrète que j'ai toujours plaisir à retrouver. "L'ombre d'un doute" bien sûr. Je ne dirai pas qu'elle est "écrasée" par Brando ici mais leur styles de jeu sont très différents, c'est aussi ce qui fait l'intérêt du film, voir deux manières d'envisager la manière de jouer.
SupprimerBonjour Tom,
RépondreSupprimerTout d'abord très joyeux anniversaire à toi - )
J'avais trouvé Enemy intriguant bien que pas fan du tout de la photo, jusqu'à ce final qui tombe comme un cheveu sur la soupe.
"Toute première fois" est une catastrophe et c'est d'autant plus énervant que j'ai bcp aimé "Les Kairas". Et la morale du film dit en substance "C'est tout de même mieux de redevenir hétéro une fois qu'on a été pédé". Le film enfile (sic) les clichés les uns après les autres( mais en soi ce n'est pas un pb quand la comédie en question est drôle) et dresse un portrait beauf non seulement de l'hétéro mais en plus du personnage homo. Et tu n'as peut-être pas vu la fin (je concède qu'il faut déjà supporter tout ce qui précède), mais le final est sacrément gratiné dans le genre "C'est mieux et bcp plus rassurant de rentrer dans le rang de l'hétérosexualité"
Dans un autre registre, "Le Diable s'habille en Prada" s'appuyait aussi sur des clichés ressassés mais il jouissait d'une dynamique, d'une mise en scène, d'une énergie et d'une interprétation excellentes.
J'ai vu la bande-annonce de San Francisco 1985 et j'ai adoré la musique, tu sais d'où elle vient ?
Merci
Jordan
Merci Jordan.
SupprimerJ'avais aimé "Les Kairas" aussi mais y a t il un lien avec "Toute première fois" à part la présence de Gastambide ? En tous cas, ce dernier est l'un des films les plus nuls que j'ai vu depuis longtemps.
"Le Diable s'habille en Prada" est, dans son genre, un chef-d'oeuvre de situations, de dialogues et de numéros d'actrices, un film que je revois souvent, toujours avec le même plaisir.
La BO de "SF 1985" est excellente, le morceau de la BA semble être "Up" de Dale Anderson.
Bonjour Tom,
SupprimerIl n'y a aucun lien entre "Toute première fois" et "Les Kaira" si ce n'est la présence de Gastambide. La différence c'est que l'un est très drôle (la scène, entre autres, avec la chanson "Pourquoi tu m'as quitté ?" est géniale) et l'autre pas du tout (ce qui est un comble pour une comédie)
https://www.youtube.com/watch?v=e5xiZrqTZjQ&
Oui "Le diable s'habille en prada" est un de mes films préférés des années 2000, tous genres confondus, j'ai su que j'allais adorer dès le générique avec la chanson de TK Tunstall.
Merci pour la chanson de SF 1985