2 juin 2016
Films vus par moi(s) : juin 2016
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
The invitation (Karyn Kusama, 2015) **
Un couple est invité à une réunion d'amis dans une maison des collines de Los Angeles. Lui sent vite que quelque chose cloche. Un bon thriller d'horreur psychologique en huis clos qui distille ses signes d'inquiétude jusqu'à un final attendu mais efficace. La douzaine d'acteurs forme un ensemble homogène et évoque bien la faune exotique de L.A. avec ses penchants narcissiques et névrotiques. Un petit film pas mal du tout. BR Deut
Le pont des espions / Bridge of spies (Steven Spielberg, 2015) *
Le coeur des individus est foncièrement bon au contraire de celui des organes d'états dans ce film de propagande US sur l'échange de deux espions soviétique et américain dans le Berlin des débuts du Mur. Les portraits de l'avocat (Tom Hanks, égal à lui-même) et du russe (Mark Rylance, formidable) sont archi spielbergiens, comme la mise en scène classique et la photo trafiquée. Du cinéma humaniste et prévisible. BR UK
The lobster (Yorgos Lanthimos, 2015) *
Dans une société où la vie de couple est obligatoire, un célibataire taciturne (Colin Farrell, excellent) est détenu dans une maison de redressement avant de rejoindre des rebelles tout aussi totalitaires. La première partie de cette fable sur la pression sociale de l'engagement, intrigante d'absurde et d'humour froid, promet un bien meilleur film que la seconde (dans la forêt), répétitive et ennuyeuse. Un essai original mais peu convaincant. BR UK
Party girl (Marie Amachoukeli, Claire Burger & Samuel Theis, 2014) ***
Une sexagénaire aussi pétulante que mélancolique, hôtesse d'un cabaret de Forbach, tente le mariage avec un ex-client et le rapprochement avec ses enfants. Porté par la présence stupéfiante de son actrice (Angélique Litzenburger, son fils est le réalisateur), un formidable hybride de cinéma-vérité et de mélodrame dont les acteurs non professionnels jouent leurs propres rôles. Le beau portrait d'une femme à la personnalité impénétrable. BR Fr
Elle s'en va (Emmanuelle Bercot, 2013) *
Un road movie sympa mais prévisible sur une sexagénaire qui fugue et traverse la France en faisant des rencontres et le point sur les siens. Le film est tout entier dédié à Catherine Deneuve qui est de chaque scène et écrase, comme d'habitude, son personnage. Le temps qui passe, principal sujet, cristallise dans une très bonne séquence autour d'une réunion d'ex-miss. Avec Claude Gensac, Mylène Demongeot, Gérard Garouste. BR Neder
L'opinion publique / A woman of Paris (Charles Chaplin, 1923) **
Séparés, des amoureux provinciaux se retrouvent à Paris : il est devenu peintre, elle demi-mondaine. Un mélodrame qui commence de façon routinière mais qui révèle peu à peu sa modernité par la justesse des comportements et de la psychologie et surtout par le jeu des acteurs (Edna Purviance, Carl Miller, Adolphe Menjou) d'un naturel inédit pour l'époque. Un film muet adulte à la mise en scène très en avance sur son temps. BR UK
Des chevaux et des hommes / Hross i oss / Of horses and men (Benedikt Erlingsson, 2013) **
Un film islandais inclassable, à la fois farce et fable, drame et élégie, autour de quelques habitants d'une vallée reculée d'Islande et de leurs liens fusionnels avec leurs chevaux. Les animaux sont les témoins et les victimes des petites folies des humains dans une suite de séquences qui font la part belle à l'absurde sur fond d'herbe, de mer, de neige et de rocher. Une oeuvre surréaliste très originale qui résiste à toute interprétation assurée. BR UK
La vallée (Barbet Schroeder, 1972) **
Le fin de l'utopie hippie de la Libération et du retour à la Nature et le mécanisme sectaire sont en filigrane de l'histoire de l'épouse d'un consul (Bulle Ogier) qui se joint à un petit groupe de Français parti à la découverte d'une vallée inexplorée de Papouasie. Sur un ton contemplatif (la musique est des Pink Floyd) et sans aucun drame, le film mêle fiction et ethnographie tribale dans un constat sans appel sur l'impossible réunion de deux mondes. BR Fr
The sum of us (Geoff Burton & Kevin Dowling, 1994) **
Un chouette feel good movie australien autour des quêtes sentimentales croisées d'un veuf et de son fils qui vivent sous le même toit. L'originalité est que le fils (Russell Crowe, excellent dans un de ses premiers rôles) est gay et que son père (Jack Thompson) lui est 100% solidaire. Avec Sydney en toile de fond, le film parle sans aucune mièvrerie de sujets universels : la tolérance, la bienveillance mais aussi la solitude et la dépendance. Touchant. BR US
Bel Ami / The private affairs of Bel Ami (Albert Lewin, 1947) ***
Cette adaptation de Maupassant par le réalisateur de Dorian Gray (1945) et de Pandora (1951) est, comme eux, d'un classicisme hollywoodien superbement antiacadémique. Placés dans des décors théâtralisés et livrant des dialogues littéraires, les acteurs (George Sanders, Angela Lansbury, Ann Dvorak...) transmettent une charge sexuelle appuyée dans l'histoire de cet arriviste qui utilise les femmes comme outils de son ascension sociale. BR US
Rebelle / Brave (Brenda Chapman, Mark Andrews & Steve Purcell, 2012) ***
En Ecosse, Merida, princesse et garçon manqué, s'oppose à sa mère qui veut la marier et fait intervenir une sorcière. Le scénario astucieux brasse les thèmes du genre, du libre arbitre et des conflits parents-enfants en actualisant par le fond ce qui reste par la forme un conte dans la meilleure tradition Disney. L'animation par Pixar est formidable, notamment les vues des vallées et des bois et la chevelure rousse de la farouche héroïne. BR Fr
Le revenant / The revenant (Alejandro G. Innaritu, 2015) *
Tout ce foin pour ça ? Leonardo DiCaprio en bave autant que Jim Caviezel dans "La Passion du Christ" (Mel Gibson, 2004) dans ce film à la mise en scène narcissique où la splendeur des paysages, de la production et de la photo esthétisent à contresens la rudesse du drame intime d'un trappeur martyr dynamisé par la vengeance. Il y d'impressionnantes séquences mais l'agaçante emphase et l'ennui qui s'installe ruinent les promesses du début. BR US
4 lunes / Cuatro lunas (Sergio Tovar Velarde, 2014) ***
Quatre personnages aux divers âges d'une vie d'homme (un écolier, un étudiant, un actif, un retraité) sont confrontés à leur identité gay et à leur rapport à un partenaire. Leurs histoires fragmentées (mais pas liées comme dans un film choral) dressent un panorama juste et sensible de l'acceptation de soi. La caméra scrute en gros plan les visages des - bons - acteurs et, malgré quelques clichés, cet ambitieux film mexicain assure et séduit. DVD Z2 Fr
F... comme Fairbanks (Maurice Dugowson, 1976) **
La difficulté du quotidien mine peu à peu le dynamisme poétique d'un jeune cinéphile revenu de l'armée. La comédie fait place au tragique dans cette histoire de chute sociale et mentale qui s'enracine sur le chômage d'après le premier choc pétrolier. Patrick Dewaere, de toutes les scènes, est magnétique (comme toujours) par sa présence intense, secondé par Miou-Miou, qui venait de le larguer à la ville. Un film d'une subtile tristesse. BR Fr
Spring (Justin Benson & Aaron Moorhead, 2014) **
Un américain un peu paumé part en Italie où il rencontre une jeune femme avec un effrayant secret. Un petit film indépendant qui utilise au mieux les Pouilles en décor d'une histoire d'amour hybridée d'archéologie et de biologie fantastique. Les deux acteurs sont excellents et leurs déambulations nocturnes et bavardes ont un charme digne des meilleures romcoms. Les éclairs d'horreur rehaussent la portée romantique de façon très originale. BR Allem
Un drame au studio / Shooting stars (Anthony Asquith & A.V. Bramble, 1928) ***
Un chef-d'œuvre britannique du muet autour d'un trio amoureux de stars de cinéma. Le scénario ingénieux y fusionne la comédie, le drame, le suspense (à la Hitchcock) et le documentaire sur l'industrie du cinéma de l'époque en un équilibre parfait. Les acteurs (Annette Benson, Brian Aherne, Donald Calthrop) sont étonnants de naturel et la mise en scène constamment dynamique et inventive. Avec une formidable séquence finale. BR UK
The returned (Manuel Carballo, 2013) **
A Toronto, un couple dont l'homme doit prendre une dose quotidienne d'antiviral afin de ne pas devenir un zombie est confronté à une pénurie du médicament. Cette métaphore transparente sur HIV et la trithérapie (ou d'autres affections de longue durée) qui joue la carte du drame, à la manière de "La mouche" de Cronenberg, surclasse son petit budget et offre une intéressante et sensible variante sur le genre usé du film de morts-vivants. BR Deut
Stonewall (Roland Emmerich, 2015) 0
Les émeutes de Stonewall en juin 1969 sont vidées de leur sens et de leur substance dans ce navet qui lie maladroitement le coming of age d'un jeune provincial débarqué dans le Village et le fait fondateur du mouvement de libération gay. Tout sonne faux et fabriqué, l'émotion et la portée politique dénaturées. Un ratage sur toute la ligne. Mieux vaut revoir "Stonewall" (Nigel Finch, 1995), petit film oublié sur un scénario exactement identique. BR Deut
La belle équipe (Julien Duvivier, 1936) **
Cinq potes au chômage gagnent à la Loterie et décident d'ouvrir une guinguette sur la Marne. Toujours (et faussement) présenté comme le film archétypique du Front Populaire, c'est surtout une histoire d'amitié en proie à l'adversité et à Viviane Romance. Si le début peine un peu, la narration prend son envol à partir de l'achat de la baraque. Jean Gabin est très bien mais c'est Charles Vanel qui excelle, dans un rôle sombre et taiseux. BR Fr
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