*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Ma vie de courgette (Claude Barras, 2016) **
Suite à la mort de sa mère, un garçon de 9 ans est placé dans un foyer où il rencontre six autres gamins maltraités par la vie. Un film d'animation en stop motion, sensible et attachant comme ses personnages, qui tient plus de la chronique et du billet social que du récit. Les grands yeux expressifs font passer toutes les émotions et la délicatesse de la mise en scène est admirable. Il manque seulement un peu de liant pour être emporté à 100%. BR FR
Big bad wolves (Aharon Keshales & Navot Papushado, 2013) *
Suspecté d'avoir tué une fillette, un prof est kidnappé par le père de celle-ci et un flic qui le torturent pour arracher ses aveux. Et ses ongles. Mélange de thriller, de revenge porn et d'humour noir, ce film israélien est bien réalisé (avec une superbe séquence de générique) mais sa célébration de la loi du talion laisse un goût amer. Comme métaphore de la mentalité israélienne (c'est les réalisateurs qui le disent), c'est aussi intrigant qu'embarrassant. BR FR
Mortelle randonnée (Claude Miller, 1983) **
Un inclassable aux éléments de Film Noir (majoritaires) et de Surréalisme, parsemé de littérature, de psychanalyse et de comédie. Michel Serrault y incarne un détective anonyme (L'Oeil) qui trace en Europe une jeune tueuse en série (Isabelle Adjani) qu'il fantasme comme sa fille disparue. Le fond et la forme épurée font penser à du Hitchcock francisé. Avec une épatante galerie de seconds rôles (Geneviève Page, Sami Frey, Stéphane Audran...). BR FR
Le masque arraché / Sudden fear (David Miller, 1952) ***
Une riche auteure de théâtre épouse un charmeur dont elle découvre qu'il projette de la tuer avec l'aide de sa maîtresse pour hériter de sa fortune. Un excellent thriller, panaché de Woman's Picture et Film Noir, sur un scénario malin qui offre d'efficaces moments de suspense. Jack Palance et Gloria Grahame, les escrocs, réussissent à imposer leur présence face à Joan Crawford qui se livre à un numéro de jeu facial expressionniste de génie. BR US
Mustang (Deniz Gamze Ervügen, 2015) ***
Dans un bourg rural de Turquie, cinq soeurs subissent le poids de la tradition face à leur désir de liberté et d'autonomie. Un film émotionnellement fort, dont le thème sombre (l'obscurantisme) est formidablement contrasté par la photographie solaire et la vitalité contagieuse de ses cinq jeunes et merveilleuses actrices. Les choses sont dites avec une admirable subtilité et le message politique passe sans aucune lourdeur. Vraiment bouleversant. BR FR
Captain Fantastic (Matt Ross, 2016) **
Viggo Mortensen incarne avec intensité un père de famille qui éduque ses six enfants de façon libérale et alternative dans une forêt près de Seattle avant d'être confronté au retour dans la société. Sur un scénario qui pose de bonnes questions sur le rôle et la responsabilité des parents, un film tour à tour étonnant, drôle, tendre et cruel qui pose un regard incisif sur la vie américaine mais souffre d'une dernière séquence peu crédible. BR DEUT
Juste la fin du monde (Xavier Dolan, 2016) *
Un trentenaire (Gaspard Ulliel, excellent) retrouve sa famille qu'il n'a pas vue depuis douze ans pour annoncer qu'il va mourir. D'après la pièce de Jean-Luc Lagarce (1990), un film sur les non-dits et les trop-dits familiaux qui tourne vite aux performances hypertrophiées des visages en gros plans de Nathalie Baye, Marion Cotillard, Léa Seydoux et Vincent Cassel. Quelques belles scènes mélancoliques parsèment l'hystérie de l'ensemble. BR FR
C.O.G. (Kyle Patrick Alvarez, 2013) **
Pour Children of God. Un étudiant de Yale (Jonathan Groff, très bien dans un rôle étonnament passif) rompt les amarres avec son milieu et se fait embaucher comme cueilleur de pommes dans l'Oregon où il croise des personnages aussi paumés que lui. Plus drame que comédie, un film maladroit dans son rythme littéraire mais intéressant dans son propos qui montre une Amérique schizophrène et menaçante pour ses brebis égarées. BR US
Café society (Woody Allen, 2016) **
Le parcours professionnel et sentimental d'un jeune homme dans les années 30, entre New York et Hollywood. La lumière dorée teint de crépuscule ce marivaudage mélancolique sur le conflit entre la passion et la raison. Typiquement allenien, le film offre un scénario et une mise en scène classiques, porté par la direction artistique et le casting parfait, dont Jesse Eisenberg et Kristen Stewart au sommet de son charme et de sa photogénie. BR FR
La belle saison (Catherine Corsini, 2015) ***
En 1971, le coup de foudre entre une jeune agricultrice du Limousin et une activiste féministe qui se rencontrent à Paris. Un séjour ensemble dans la ferme des parents de la première complique les choses. On pense bien sûr à "La vie d'Adèle" mais ce film s'ancre dans un contexte social prononcé qui lui donne son originalité. Izïa Higelin, Cécile de France et Noémie Lvovsky sont formidables de justesse. Avec une fin à la fois radieuse et douce-amère. BR FR
Le petit roi (Julien Duvivier, 1933) ***
Un orphelin, jeune roi souffreteux d'un petit royaume d'Europe centrale, est le jouet de son gouvernement. Un séjour médical sur la Côte d'Azur lui révèle la vie d'enfance. Un film sans pareil dans le cinéma français, mi-conte mi-pamphlet, dont le sujet est de l'ordre du mélodrame mais sublimé par le décor et la photo, superbement travaillés. De chaque plan, le jeune et tragique Robert Lynen joue comme un somnanbule et crève l'écran. DVD FR
Francofonia (Alexander Sokurov, 2015) **
En fusionnant images d'archives et reconstitutions avec acteurs, faits historiques et réflexions philosophiques, Sokurov dresse, à travers un portrait du musée du Louvre et de son directeur sous l'Occupation, le constat du fonds commun, menacé et fragile, que sont l'Art et la Culture. Il y a des maladresses, du kitsch et de la subjectivité mais le point de vue est perspicace et les travellings dans les salles du Louvre sont splendides. BR UK
Loin de Sunset Boulevard / Daleko ot Sanset Bulvara (Igor Minaiev, 2006) 0
A Moscou dans les années 30, un réalisateur de comédies musicales gay marié à son actrice principale est surveillé par le Kremlin. L'histoire est intéressante, le budget y est et les couleurs semblent sorties d'un Powell/Pressburger mais la mise en scène anémique et le jeu des médiocres acteurs transforment la grandeur en spectacle de patronage et l'ennui s'impose. Un beau potentiel ruiné par l'incompétence du réalisateur. DVD FR
La maison des ténèbres / Don't breathe (Fede Alvarez, 2016) **
A Detroit, trois jeunes qui cambriolent la maison d'un veteran aveugle se retrouvent pris au piège. Un thriller qui panache home invasion et survival et réussit, par sa mise en scène assurée (avec une excellente utilisation de l'ombre et de la lumière), son décor inquiétant bien pensé et ses acteurs crédibles, à créer une vraie tension. Si l'inversion des rôles est moralement douteuse, le suspense fonctionne et pour ce genre de film, c'est le principal. BR DEUT
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