2 mai 2018
Films vus par moi(s) : mai 2018
*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Chicken (Joe Stephenson, 2016) **
Dans la campagne anglaise, un ado mentalement limité qui vit avec son frère dans une caravane sympathise avec une ado de la ville. Kitchen sink et trailer trash à la fois, un petit film qui s'appuie sur la vie déclassée des laissés pour compte de la société pour dresser le portrait touchant d'un garçon dont la seule confidente est sa poule (l'oiseau, pas la fille). Scott Chambers fait une performance d'acteur incroyable en jeune handicapé. BR UK
The bad batch (Ana Lily Amirpour, 2017) 0
Dans le désert texan post-apocalypse, une jeune femme mutilée par des cannibales arrive dans un camp de réfugiés où règne un gourou polygame. Tout ça plus des motos, des corbeaux et un culturiste polynésien (Jason Momoa, spectaculaire) et rien n'y fait : ce film au rythme anémique et à la pose artsy est chiant, mais chiant... La fille joue comme son pied coupé et Keanu Reeves et Jim Carrey ont pris vingt ans et vingt kilos chacun. BR US
Le grand soir (Benoît Delépine & Gustave Kervern, 2012) **
Un vendeur en literie d'une zone commerciale pète les plombs et suit son vieux punk SFD de frère dans sa rage contre la société zombifiée. Une comédie pamphlétaire à l'anarchie un peu fabriquée et à la conclusion faible mais qui est parfois très drôle dans ses situations et dialogues. Le casting y est pour beaucoup : Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde sont excellents et les apparitions de Brigitte Fontaine et de Gérard Depardieu sont un régal. BR FR
L'île mystérieuse / Mysterious island (Cy Endfield, 1961) **
Des naufragés sur une île perdue tentent d'en partir, aidés par un pacifiste qui s'y est réfugié avant eux, le Capitaine Nemo. Librement inspiré de Jules Verne, un récit d'aventures vieille école aux trucages par transparence datés mais pleins de charme et pourvu de quatre créatures géantes par Ray Harryhausen (pas ses meilleures). Le formidable score de Bernard Herrmann surclasse le film par son dynamisme lyrique échevelé. BR DE
La région sauvage / La region salvaje / The untamed (Amat Escalante, 2016) **
Pendant que son frère a une liaison avec son mari, une jeune mère de famille rencontre une bête de sexe (au sens propre du terme puisqu'il s'agit d'un extraterrestre tout en tentacules péniens et orifices). Un impressionnant film fantastique mexicain sur les pulsions du désir face à la pression sociale qui joue la carte de l'horreur psycho-physique à la manière de Cronenberg ou Zulawski, mais avec plus de retenue. Subversivement érotique. BR UK
Blanche Neige et les sept nains / Snow White and the seven dwarfs (Walt Disney, 1937) ***
Harcelée par sa marâtre jalouse, une princesse souillon trouve refuge chez des nains en attendant son Prince. Même en en connaissant chaque plan, chaque mouvement, chaque réplique, chaque chanson par coeur (Yodel compris), le dessin animé qui lança l'empire Disney reste un émerveillement de tous les instants, un film visionnaire où kitsch, mythe, psychanalyse et brillance technique s'accordent en un chef-d'œuvre inaltérable. BR FR
Visages Villages (Agnès Varda et JR, 2017) *
Agnès Varda (88 ans) et JR (33 ans) parcourent la campagne française en camionnette-photomaton à la rencontre d'habitants dont ils font les portraits géants que JR colle sur des murs. Il y a des belles personnes et des moments touchants (liés à sa discrète mélancolie à elle) dans ce road movie artistique mais je ne supporte plus les jeux de mots poétisants de Varda, le narcissisme et la désagréable impression d'insincérité de la démarche. BR FR
La féerie du Jazz / King of Jazz (John Murray Anderson, 1930) ***
Le débonnaire Paul Whiteman et son orchestre mènent cette extravagante revue musicale qui mêle chansons, animations, sketchs, performances dansées et séquences à grand spectacle ("Rhapsodie in blue", "Happy feet"...). Les interludes burlesques sont ratés mais tout le reste est un incroyable show qui ne cesse d'étonner par son kitsch absolu et son entrain contagieux. Et c'est dans un Technicolor bichrome d'une beauté à tomber. BR US
Symphonie pour un massacre (Jacques Deray, 1963) *
Un truand en col blanc s'empare d'un pactole et doit éliminer un à un ses complices qui le soupçonnent. Un pur film narratif, dont le scénario sert uniquement à raconter son histoire sans aucune plus-value existentielle (Melville en aurait fait tout autre chose). Bref, c'est du bon produit mais on a vu ça mille fois. Le meilleur est le casting : Jean Rochefort, Charles Vanel, Michel Auclair, Claude Dauphin et Michèle Mercier juste avant Angélique. BR FR
The fits (Anna Rose Holmer, 2015) **
Une gamine de 11 ans cherche à s'intégrer à une classe de Hip-Hop dont des participantes sont frappées d'étranges crises d'épilepsie. Entrer dans la collectivité tout en affirmant son identité, c'est sans doute le sujet de ce court film (65') fait de regards silencieux, de lents travellings et de sursauts dynamiques. Si on accepte le rythme et le scénario ouvert, la séduction opère, d'autant que la jeune actrice Royalty Hightower est merveilleuse. BR FR
Threads (Mick Jackson, 1984) ***
Une attaque nucléaire près de Sheffield en détruit la population et les structures. Produit par la BBC, un impressionnant téléfilm britannique qui décrit sans pudeur ni tabou les terribles conséquences humaines de la guerre nucléaire du point de vue d'une jeune femme enceinte. Aucune autre oeuvre sur le sujet n'en atteint le ton désespéré (pas même "Testament" de 1983), amplifié par l'efficacité de l'aspect documentaire. Cauchemardesque. BR US
Manhandled (Allan Dwan, 1924) **
Une vendeuse de grand magasin extravertie et fiancée à un mécanicien se retrouve par hasard à fréquenter la haute société et fait l'objet de l'attention de ses hommes. A 25 ans, Gloria Swanson étincelle de charisme dans cette comédie dont la morale est typiquement Twenties : la bonheur est fait d'amour et d'argent. La caméra statique n'empêche le dynamisme du film, porté par l'abattage de sa star à la fois drôle et touchante. Un très bon muet. BR US
Le scorpion noir / The black scorpion (Edward Ludwig, 1957) *
Au Mexique, l'éruption d'un volcan réveille des scorpions géants. Ni le meilleur ni le pire des films de grosses bébêtes des Fifties, celui-là bénéficie des chouettes décors de désert et de grottes et des multiples créatures en stop motion de Willis O'Brien (celui de King Kong), réussies en plan large, moins en gros plan. Richard Denning et Mara Corday, des habitués du genre, étudient et affrontent les monstres avant de s'embrasser à la fin. BR US
Seven lucky gods (Jamil Dehlavi, 2014) **
A Londres, un beau migrant albanais (Nik Xhelilaj) en quête de papiers séduit un homme politique, une femme médecin et une vieille handicapée. Un film plus qu'ambigu, son regard clair sur le parcours piégé des illégaux se doublant d'une charge assassine contre la bourgeoisie pervertie d'Occident. L'accumulation des coïncidences force la crédulité mais la violence tranquille du message dérange et interroge. Et Nik Xhelilaj est canon, ça y'a pas à dire. BR DE
Le rituel / The ritual (David Bruckner, 2017) 0
Quatre amis partis randonner dans les highlands de Suède sont pourchassés par une présence monstrueuse. Un peu la version masculine du formidable "The descent" (2005), ce film d'horreur anglais est loin de son modèle : le réalisateur abuse de la tension provoquée par les inquiétants craquement de bois dans la forêt, les personnages ont peu d'intérêt et la résolution est d'une rare faiblesse. Il reste quelques fortes images ici et là. Netflix
Eté 93 / Estiu 1993 (Carla Simon, 2017) ***
En 1993, une gamine de 6 ans qui vient de perdre sa mère est adoptée par son oncle chez qui elle passe son premier été d'orpheline. L'irradiation solaire et la beauté simple de la campagne catalane forment un puissant contraste avec la gravité de l'histoire, autobiographie de la réalisatrice, qui évoque par touches impressionnistes la douleur silencieuse des enfants face à la mort. De tous les plans, la petite Laia Artigas est incroyable de justesse. BR IT
La mort de Staline / The death of Stalin (Armando Iannucci, 2017) 0
En 1953, la mort brutale de Staline provoque panique, répression et conflit de succession dans le cercle de ses intimes. Le sujet captivant est dynamité par le choix de le traiter en mode farce-satire sur un scénario très bavard et une mise en scène théâtrale où les acteurs (un bon casting) éructent et hystérisent à la façon humour British des Monthy Python. C'est crispant et douteux, le mélange violence-rigolade est de l'absurde potache à la con. BR UK
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Ta description d'été 93 me rappelle "Le grand chemin" de Jean-Loup Hubert, autobiographie du réalisateur, souvent les plus beaux films des cinéastes sont leurs plus personnels, et aussi avec des enfants acteurs incroyables de justesse (Vanessa Guedj et Antoine Hubert fils de Jean-Loup)
RépondreSupprimerOui, l'atmosphère est proche entre Le Grand Chemin et Eté 93 mais le second est plus sombre, beaucoup.
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