*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait
Ingagi (William S. Campbell, 1930) *
Une équipe de tournage va au Congo belge pour ramener des images d'une région où une tribu accouple des femmes à des gorilles. Un faux documentaire - fait de séquences récupérées d'autres films et du zoo de L.A. - au ton et aux scènes effroyablement racistes. Au bout d'une heure de massacre d'animaux d'Afrique, le gorille et la fille nue arrivent. Un Pre-Code d'exploitation gratiné - et vite interdit - à prendre avec des pincettes. Web
Bravados / The bravados (Henry King, 1958) **
Ayant ses raisons, un homme taciturne arrive dans une petite ville de la frontière mexicaine pour assister à la pendaison de quatre bandits qu'il pourchassait. Gregory Peck, les paysages grandioses, la photographie De Luxe et la mise en scène de King sont exceptionnels. Mais la conclusion de ce western de vengeance, moralement plus qu'ambigüe, empêche d'y adhérer totalement. Et au final, ça le rend encore plus intéressant. BR DE
Directrice / The chair (Amanda Peet, 2021) **
Une professeure américaine-asiatique juste nommée directrice du département de littérature anglophone d'une prestigieuse université doit gérer le dérapage d'un collègue qui enflamme les étudiants woke. Le choc des consciences et des générations dans la spirale de la Cancel Culture sert de trame à cette comédie de société qui ne dénonce rien, mais constate. Sandra Oh, comme toujours, est au-delà de tout éloge. Netflix
Lune de miel / Honeymoon (Michael Powell, 1959) *
En voyage de noces en Espagne, une danseuse classique (Ludmilla Tcherina) qui a laissé sa carrière pour épouser un Australien rencontre un danseur de flamenco. Seuls les numéros dansés font sortir de la torpeur que provoque ce film au scénario inexistant qui hésite entre le travelogue et le Musical. Mais le Technicolor est beau et Antonio, star du flamenco, a du génie : ses petits pas sur la route au début sont merveilleux. BR UK
Sortilèges (Christian-Jaque, 1944) ***
Dans l'hiver des monts d'Auvergne, le cheval noir d'un voyageur assassiné hante un village isolé. L'amour qui triomphe de l'obscurité est un thème cher à Prévert qui a écrit le scénario. Sur sa trame, Christian-Jacque réalise un superbe film d'atmosphère folklorico-fantastique qui utilise à merveille les silhouettes sur la neige, l'étrangeté des superstitions et les angles de caméra inattendus. Avec une formidable scène de danse rurale. DVD Z2 FR
The last black man in San Francisco (Joe Talbot, 2019) ***
Dans un quartier gentrifié de San Francisco, un jeune homme noir squatte avec son meilleur ami une maison néo-victorienne vacante construite par son grand-père. Une métaphore sur le statut des noirs en Amérique qui évoque des douleurs endémiques sur un ton mélancolique, des images élégiaques et des non-dits éloquents. Derrière l'artifice, la sincérité est évidente et ces deux garçons perdus touchent au coeur. Un beau film. BR US
Ma femme est une sorcière / I married a witch (René Clair, 1942) **
Réincarnée, une sorcière du 17e siècle venue avec son père accomplir une malédiction s'éprend de sa victime, le potentiel gouverneur du Massachusetts. Un sympathique classique de la comédie fantastique américaine, construit autour du couple Veronica Lake-Fredric March, de personnages secondaires réussis (Cecil Kellaway, Susan Hayward) et de trucages, comme les fantômes-fumées, chargés d'humour et de poésie. BR US
L'invasion des piranhas / Killer fish (Antonio Margheriti, 1979) **
Au Brésil, des voleurs qui ont caché des pierres précieuses au fond d'un lac ignorent qu'il est infesté de piranhas. La fine équipe étant constituée de Karen Black, James Franciscus, Marisa Berenson, Lee Majors et Margaux Hemingway, tous impeccablement stylés, et qu'il y a en plus des poissons voraces des coups fourrés et une rupture de barrage, ce thriller d'époque - "Piranhas", meilleur, date de 1978 - offre ses petits plaisirs coupables. BR DE
La rage / La rabbia (Pier Paolo Pasolini, 1963/2008) ***
Un montage de bandes d'actualités comme essai ciné-politique. La version de 2008 à partir du texte original de Pasolini reconstitue la vision du réalisateur, dénaturée par la production en 1963. Son cri marxiste contre l'amoralité des puissances capitalistes modernes, même avec certains égarements, reste valide, portée par le commentaire d'une force poétique intemporelle. L'ode centrale à Marilyn Monroe, juste morte, est admirable. DVD Z2 IT
Iligos (Giannis Dalianidis, 1963) *
Une jeune fille désirée par l'amant de sa mère se perd dans la promiscuité sexuelle avec des garçons de son âge. Un étudiant intègre s'éprend d'elle. Un mélodrame de la jeunesse grecque des Sixties, gonflé du jeu névrotique des acteurs, des rapports outranciers entre les personnages et des signes de la débauche (alcools, night-clubs, soutien-gorges...). Vu à distance, l'effet de scandale a fait place à un camp plutôt amusant. DVD Z2 GR
Godzilla vs. Kong (Adam Wingard, 2021) 0
King Kong et Godzilla se retrouvent et en décousent à Hong Kong et au centre de la Terre. Mes deux giga-monstres cinématographiques préférés se retrouvent piégés, pas seulement des personnages impensablement falots du film, mais de la bouillie stérile du scénario qui enchaîne sans logique ni affect les démonstrations d'effets numériques en action. Le vrai sujet intéressant - Orient vs. Occident - est ignoré. De la merde, colossale. BR UK
The Tomorrow War (Chris McKay, 2021) *
Un prof de lycée conscrit (Chris Pratt) est envoyé en mission trente ans dans le futur auprès de l'armée en perdition face à des extraterrestres qui ont presque détruit l'Humanité. Le scénario qui associe fin du monde et famille, suraction et sentiment, réchauffement climatique et citations de pop culture, monstres et ruban de Möbius... fait le seul intérêt du film : la recette industrielle du blockbuster y est poussée au cas d'école. Amazon Prime Video
The Theater Bizarre (David Gregory, 2011) *
Une femme entre dans un théâtre peuplé de mannequins animés qui chacun illustrent une histoire horrifique. Un film à sketches de six courts-métrages d'horror centrés sur la psychose et réalisés par des noms connus (Richard Stanley, Tom Savini) et moins. Le ton et les atmosphères sont désunies, du conte à l'horreur, du cheap au soigné, du banal à l'original. Le plus simple est le plus fort : "The accident" de Douglas Buck. BR FR
Beautiful thing (Hettie MacDonald, 1996) ***
Dans une cité de la banlieue de Londres, un lycéen est épris de son camarade de classe et voisin de palier, un garçon taiseux. Les personnages aux blessures personnelles inexpliquées et l'atmosphère générale sont traités avec une vraie sensibilité dans ce classique lgbtq à la fois crédible et radieux qui, revu vingt cinq ans plus tard, me touche toujours autant. Le casting et les chansons de Mama Cass sont inoubliables. BR FR
Jamais vu "Beautiful thing" dont je n'entends que du bien et ce depuis au bas mot 20 ans.
RépondreSupprimerBon je crois que c'est clair pour "Kong Vs Godzilla", j'ai la dernière version après celle de Gareth Evans (de 2014) à regarder (enfin j'en ai vu déjà un bout, les dix premières minutes). J'ai l'impression que certains films ne donnent plus que dans la surenchère comme cela semble être le cas avec celui-ci.
Anotnio Marghareti, un bon artisan italien qui a oeuvré dans pas mal de genres différents, du postnuke au film policier en passant par l'horreur et l'érotisme.
Dans "Inglorious Basterds" de Tarantino c'est Eli Roth qui a comme nom de personnage son véritable nom. J'en ai un sous la main qu'il a signé du nom de Anthony M Dawnson "Les héros de l'apocalypse " avec la Guerre du Vietnâm en toile de fond.
Tu dois voir Beautiful Thing !
SupprimerJ'avais bien aimé les deux derniers blockbuster Godzilla mais celui-là est d'une nullité totale, rien à garder. Par contre, aucun King Kong après l'original ne m'a convaincu et surtout pas les derniers.
Margheriti, je crois que je vais m'arrêter là... :)
C'est vu.
RépondreSupprimer"Beautiful thing". Beau titre, très beau film, avec des interprètes épatants. Pas facile de ne pas tomber dans le pathos et/ou le misérabilisme mais la justesse du regard de la cinéaste fait qu'on y tombe jamais et que l'humour même s'il est parfois très ironique et grinçant n'est pas moqueur. On rigole avec les personnages et pas des personnages.
Belle photo, musique fantastique (Bon mama Cass y joue grandement), final lumineux.
Et puis pour l'anecdote la scène de la revue "Gaytimes" piquée dans le rayon des magazines m'a rappelé ma jeunesse et un moment de mon adolescence quand j'allais acheter des revues porno/et ou érotiques (et oui pas d'Internet à ce moment-là), non pas en les volant comme il le fait dans le film mais en les mettant sous une pile d'autres magazines pour essayer de passer incognito. Evidemment, à chaque fois, la pile était renversée donc les revues se retrouvaient en haut de la pile en évidence au moment de l'achat.... : )
Oui, Beautiful Thing est une merveille de scénario, qui dit beaucoup de choses avec simplicité et justesse, porté par la musique inaltérable de Cass. Et oui, l'exercice stressant des magazines de cul des rayons hauts piqués à la sauvette...
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