2 mai 2023

Films vus par moi(s): mai 2023


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NS ne sait

Ces messieurs de La Santé (Pierre Colombier, 1934) ***
Un banquier véreux échappé de prison se fait embaucher comme gardien de nuit dans une bonneterie familiale du Palais-Royal qu'il transforme en groupe capitaliste. Raimu est magistral dans son rôle caméléon entre pauvre type et père-la-finance. La dynamique de l'appât du gain, auquel personne n'échappe, est formidablement décortiqué et reste d'une brûlante actualité. Avec Pauline Carton en rombière qui parvient. Réjouissant. REP  

Le fils de Spartacus / Il figlio di Spartacus (Sergio Corbucci, 1962) **
Dans le désert d'Egypte, un officier de César qui a appris qu'il était le fils de Spartacus défend et libère les esclaves des Romains. Masqué et signant d'un S ses exploits. Etonnamment violent, multiracial et politique, un peplum de gauche aux images et à la mise en scène soignées qui dénonce la corruption globalisée des empires. Steve Reeves est aussi photogénique et monolithique que d'habitude. Une bonne surprise. BR DE

Le mandat / Mandabi (Ousmane Sembène, 1968) ***
En attente d'encaisser un mandat que son neveu balayeur de rues lui a envoyé de Paris, un brave type d'un quartier populaire de Dakar se fait dépouiller de l'argent qu'il n'a pas encore par la cupidité de voisins et d'escrocs. Sur un ton de quasi-comédie, une charge virulente contre l'administration et le capitalisme colonisateurs qui ont perverti les usages et la morale du vénérable Sénégal. Un film fondateur du cinéma africain. BR DE

Godland / Vanskabte land (Hlynur Palmason, 2022) **
Vers 1900, un prêtre photographe danois traverse l'Islande à cheval accompagné pour rejoindre un hameau où il doit faire construire une église. Les paysages vierges magnifiquement filmés - en format diapos, superbe idée - font la grandeur de ce film sur un homme perdu dans un monde où il n'est rien. C'est une sorte de western glacé au cowboy incapable et halluciné mais aussi du Dreyer contemporain. 2h20 tout de même. BR FR

Abattoir 5 / Slaughterhouse.Five (George Roy Hill) **
Traumatisé par son expérience de la guerre - la Seconde - un vétéran fait des sauts temporels mentaux entre Dresde, sa maison bourgeoise et la planète Tralfamadore. Les allers-retours dans le passé, le présent et le futur de l'anti-héros dissocié (Michael Sacks, excellent), construits par associations, rappellent les trips Seventies, dont ce film hybride est un parfait représentant. Le propos est passionnant, certains effets sont un peu datés. BR FR 

Le maître-nageur (Jean-Louis Trintignant, 1979) 0
Sur la Riviera, un brave type engagé comme maitre-nageur chez un milliardaire (Moustache) en fauteuil roulant réalise que celui-ci est un humiliateur. Les riches sont des salauds, leurs valets (Jean-Claude Brialy) des lopettes et les pauvres des victimes consentantes : cet essai en forme de comédie absurde sur l'enfer du capital, plâtré à la truelle, est inregardable. Malgré Guy Marchand en maillot de bain, qui lui ne l'est pas. BR FR

Primal, Saison 2 (Genndy Tartakovsky, 2022) 0
Un Cro-Magnon et une femelle Tyrannosaure font des rencontres sauvages dans le monde des origines. Presque tout ce qui faisait la force de la saison 1 - unité de temps et d'action, concentration sur les instincts primaires - a disparu dans celle-ci qui accumule les personnages - Vikings, Egyptiens, etc... -, les péripéties et les interminables scènes de baston gueulardes. Il reste le design des paysages mais je n'ai pas tenu. Abruti. BR BE

Les lois de l'hospitalité / Our hospitality (Buster Keaton, 1923) ***
Venu dans le Kentucky hériter d'une maison, un jeune homme se retrouve au coeur d'un vieux différent avec une famille voisine. Le premier vrai long-métrage de Keaton panache action, romance et comédie autour de gags visuels absurdes qui font la part belle au sens du danger et à la prouesse physique. Les idées de mise en scène se succèdent dans une dynamique de mouvement incessant, du début en train à la cascade de la fin. BR FR

Megan (Gerard Johnstone, 2023) ***
La tante ingénieure d'une orpheline lui construit une poupée robot intelligente qui doit s'occuper d'elle. Mais la machine s'émancipe. "Si vous laissez les bonnes parler, un jour elles vous répondent" disait Guitry. C'est un peu l'idée de cet excellent thriller d'horror à la tension continue qui présente une cyber-méchante fascinante - hybride de marionnette, d'animatronics et de live - et évoque avec malice et clairvoyance les dangers de l'A.I. BR FR 

X (Ti West, 2022) **
En 1979 au Texas, quelques wanabees louent une ferme à un couple de vieillards pour y tourner un film porno et réveillent la libido de la femme. L'abîme physique désespérant entre la sexualité de la jeunesse et de la vieillesse est le véritable intérêt de ce slasher parfaitement réalisé - comme souvent chez Ti West - mais qui cherche trop à être malin dans sa technique et ses références à l'horror 70s, qui flashent et affaiblissent le film. BR DE 

Le prêtre / El sacerdote (Eloy de la Iglesia, 1978) ***
En 1966 à Madrid, un prêtre vierge de 36 ans tente de lutter contre les fantasmes que son entourage éveille en lui. La chape castratrice de l'Eglise catholique sous Franco en prend pour son grade dans ce brûlot qui enfile les désirs pansexuels de son anti-héros - formidable Simón Andreu - dans une suite de scènes à l'ironie tragique. La charge est outrancière mais le film, incroyablement audacieux, reste très contemporain dans son message. BR ES  

On ne joue pas avec le crime / 5 against the house (Phil Karlson, 1955) **
Revenu de la guerre de Corée atteint de stress post-traumatique, un étudiant en entraîne trois autres et la copine de l'un d'eux à faire un casse dans un casino de Reno, Nevada. Un petit film de série qui bénéficie de la mise en scène nerveuse de Karlson et d'une splendide photo N&B. Le plus intéressant est le sous-thème du PTSD et le casting, avec le sexy Guy Madison en principal et le glamour de Kim Novak en décor. BR UK

Il faut tuer Birgitt Haas (Laurent Heynemann, 1980) ***
Devant assassiner une ex-terroriste allemande, les services secrets français (Philippe Noiret) choisissent un quidam dépressif (Jean Rochefort) pour lui faire porter le chapeau d'un crime de passion. Derrière les rouages palpitants de l'histoire de barbouzes, le film brosse le portrait déchirant de personnages blessés en quête de chaleur humaine. Dans décor froid de Munich, le casting excelle et Linda Kreuzer est inoubliable. BR FR

7 commentaires:

  1. Le blog d'Olivier Père d'Arte Cinéma n'est plus actualisé ? Tu as des nouvelles ? Une idée de ce qui s'est passé? Il y a peut-être un autre lien vers d'autres de ses chroniques que je ne connais pas ? Aucune notule depuis janvier 2023.

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    1. Ah oui en effet, un arrêt brutal. Non, je n'en ai aucune idée...

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  2. Un petit HS (ou peut-être pas tant que cela en fait) Tom.

    La boutique Disc King située dans le 20ème, rue des Pyrénées est sur le point de fermer. Le Gérant parle d'une retraite et aussi à l'entendre répondre à certaines questions concernant la fermeture à un mix de problématiques liées à la consommation de films sur le net et/ou streaming, Netflix & co + coût du loyer + stocks d'invendus etc.

    Une situation apparemment analogue à celle qu'à connu la boutique qui était située à Châtelet et qui a également cessé son activité.

    Pour la boutique du 20ème la fermeture définitive est annoncée fin juin, sans doute vers le 25-30. Les DVDs sont soldés à -30, 40 et jusqu'à -50 %. Si tu passes dans le coin, et qu'un titre te vient à l'esprit ou au passage, regarde s'ils l'ont. Après le 30 juin il sera trop tard. Tous les DVDS ne sont pas destockés et sacrifiés mais je dirais qu'une bonne soixantaine l'est.

    Après le Virgin des Champs-Elysées (il y a exactement vingt ans), après la fermeture du Boulinier original Boulevard Saint Michel et depuis réouvert mais en bcp moins fourni sur le même boulevard quelques mètres plus bas, le Disc King de Châtelet, c'est au tour de celui de Pyrénées.

    La Boutique Gilda rue des Bourdonnais est encore ouverte mais là idem à écouter le patron je ne suis pas sûr qu'elle le restera longtemps. Même si officiellement, aux dernières nouvelles fin avril, le bail n'avait pas été repris.

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    1. La fermeture du Virgin Megastore des Champs Elysées c'était il y a 10 ans pas 20 ans. Je vois certes le temps passer, mais pas à ce point...

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    2. Oui, toutes ces boutiques disparaissent les unes après les autres... Il reste le Disc King du bd Montparnasse qui fait des efforts avec son site web et a un très bon choix DVD et BR.

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  3. Tom,
    D'accord avec toi concernant le Disc King de Montparnasse. Fourni, et généralement les stocks sont renouvelés tous les 15 jours/trois semaines ce qui permet de diversifier très facilement l'offre.

    Je ne peux pas me faire à l'idée d'un monde de la vidéo entièrement dématérialisé. Je pense aussi que tu es sensible au format et à l'objet en lui-même. Avoir un dvd entre les mains c'est quand même autre chose d'un fichier. Je me rappelle l'intégrale des Beatles sur une clé USB par Apple...

    Qu'est-ce que c'est le mode de visionnage "REP" ?

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    1. Comme toi en effet, l'objet reste indispensable (quand on a une âme de collectionneur).

      REP c'est "repiquage"... :)

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