**** chef-d'oeuvre / *** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Brigade des moeurs (Max Pécas, 1985) ***
A Paris, un jeune inspecteur de la Brigade de moeurs (Thierry de Carbonnières) relevé d'une sale affaire par son supérieur continue l'enquête de son côté. Après les soft-erotics et entre deux navets de plage, Pécas réalise ce polar situé dans le milieu nocturne du sexe et de la drogue et marqué par son extrême violence et incorrection. Phobe et anti en tout, la plupart de situations et des dialogues seraient aujourd'hui impensables : c'est ce qui fait son attrait. Quant au jeu maladroit de certains acteurs, il renforce l'originalité fascinante de l'ensemble. BR FR Le Chat qui Fume
Tam Lin / The Ballad of Tam Lin (Roddy McDowall, 1970) **
Une richissime quinquagénaire qui s'entoure de jeunes gens pour ignorer le temps qui passe s'emporte et se venge quand son amant tombe amoureux d'une fille de son âge. Le seul film de Roddy McDowall est un étonnant produit de son temps, entre British psyché-pop et Folk horror gothique qui transpose une vieille légende écossaise à la fin des Sixties. Plein d'idées dans sa réalisation, superbement photographié dans la campagne verdoyante, il met surtout en valeur Ava Gardner sur le retour, toujours star jusqu'au bout des griffes. Une vraie curiosité. BR UK BFI
Tout ce qui respire / All that breathes (Shaunak Sen, 2022) ***
A Dehli, deux frères recueillent et soignent des milans noirs qui tombent du ciel empoisonné par la pollution. Les images superbement composées et la portée symboliste de ce documentaire le poussent vers le film d'art et d'essai, au sens le plus noble du terme. Derrière la tâche insurmontable des deux hommes, c'est l'irresponsabilité écologique du monde contemporain et l'impact de ses assauts sur tout ce qui respire. Traité sur un ton élégiaque, l'inéluctabilité du processus de corruption globalisée du vivant fait froid dans le dos et désespère. BR US The Criterion Collection
Les Charnelles (Claude Mulot, 1974) *
Un fils de famille révolté et impuissant embarque avec lui deux jeunes paumés, un garçon et une fille, pour quelques jours de glandouille. Etonnant film érotique Seventies - les décors, costumes, pilosités et musiques - qui distille quelques pénibles scènes de violences, notamment faites aux femmes en un mélange qui ne passe plus aujourd'hui. Malgré la qualité esthétique de l'ensemble, on tique un peu sur l'ambivalence crasse du produit final, indéniable. A voir comme une curiosité et une tentative sans suite de cinéma érotique à sujet. BR FR Le Chat qui Fume
Quatre nuits d'un rêveur (Robert Bresson, 1971) ***
Pendant quatre nuits successives, une jeune homme et une jeune femme se retrouvent sur le Pont-Neuf, là où ils s'étaient rencontrés alors qu'elle allait se jeter dans la Seine. Plastiquement beau à tomber, d'un artifice bressonien toujours fascinant, illuminé par le présence étherée d'Isabelle Weingarten et avec son traitement tordu du thème des raisons du coeur, je me suis pourtant assez fait chier après le premier quart-d'heure. Le film terminé, ce qu'il en reste et sa petite musique qui résonne me touchent plus que je l'aurais pensé. Magie de Bresson. BR FR Potemkine MK2
Cœur de pierre / Das kalte Herz (Paul Verhoeven, 1950) ***
En Forêt-Noire, un sympathique charbonnier sans le sou échange son coeur contre de l'or et devient imbuvable. L'adaptation est-allemande par la DEFA du célèbre conte allemand pousse les valeurs du travail contre celles du capital en message moral et politique tout en créant un superbe livre d'images qui oscille entre le folklore et fantastique, le romantisme et la cruauté. La production est luxueuse et le pictorialisme de l'Agfacolor en met plein la vue : rien que pour cela, mais pas que pour cela, le film est un enchantement. Ce fut un immense succès. BR FR Artus Films
Constance aux Enfers (François Villiers, 1963) **
Un été à Paris, une veuve a une liaison dangereuse avec un jeune voisin qu'elle a surpris en train de tuer sa copine. Entièrement construit sur les tourments de Michèle Morgan en bourgeoise en chaleur, un mélo-thriller du genre académique qui se laisse voir pour la romance automne-printemps, le décor à la "Fenêtre sur cour" et le choc générationnel entre Morgan et la jeune garde Simón Andreu - pas mal - et Dany Saval, starlette insipide. Et aussi pour le twist du milieu, qui rebat les cartes et relance l'histoire quand il le fallait. Du bon ciné de papa. DVD René Château
La nuit des morts-vivants / Night of the living dead (Tom Savini, 1990) ***
Un petit groupe de gens terrifiés se barricade dans une maison de la campagne de Pennsylvanie contre une horde de cadavres revenus à la vie. L'excellent remake officiel du chef-d'oeuvre de Romero en reprend précisément le scénario et le découpage, les personnages et les situations aussi, mais en couleur et avec Barbara - la fille catatonique de 1968 - en figure dynamique centrale, contrat des années 80-90. Patricia Tallman est d'ailleurs formidable, comme Tony Todd dans le rôle de Ben et les zombies, vraiment effrayants. Une actualisation en réussite totale. BR DE Sony
Let's scare Jessica to death (John Hancock, 1971) **
Juste sortie de dépression, une jeune femme se met au vert dans le Connecticut accompagnée de son mari et d'un ami, mais la maison qu'ils ont louée est occupée par une étrange squatteuse. Tout en atmosphère, un film d'horror typique du début des 70s où la suggestion est préférée à l'action et où le spectateur est appelé à entrer dans l'esprit - ici passablement névrosé - du personnage, superbement incarné par Zohra Lampert. On pense à l'art et essai ou à l'horror européenne et on apprécie les subtiles références cinéphiles. Du modeste classieux. BR US Shout Factory
La pie voleuse (Robert Guédiguian, 2024) ***
A Marseille, une assistante de vie dévouée à ses clients leur subtilise chèques et billets pour aider sa famille. Un chouette conte moral et humaniste dans une Marseille de carte postale où les fidèles de Guédiguian et quelques nouveaux tournent sur le manège des petits conflits et des grands sentiments. En délinquante de charité prête à recoudre les difficultés des autres, on pardonnerait tout à Ariane Ascaride, toujours lumineuse. Il y a des films comme ça qui sont confortables et réconfortants au meilleur sens du terme : celui-ci en fait partie. BR FR Diaphana
Les Granges Brulées (Jean Chapot, 1973) **
Dans le Doubs en hiver, un juge parisien (Alain Delon) enquête dans une ferme près de laquelle un meurtre sauvage a été commis. Un film de gens et de lieux entièrement centré sur ses personnages taiseux dominés par la matriarche de la tribu paysanne, Simone Signoret impériale. Avec son décor ouaté de neige et son dénouement en non-événement, il n'y a aucune péripétie, juste une ambiance de fin d'un monde autour de deux stars magnétiques. Paralysé par leur présence, le réalisateur abandonna le tournage, repris par l'assistant aidé de Delon. BR FR Coin de Mire