**** chef-d'oeuvre / *** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Kill (Nikhil Nagesh Bhat, 2023) *
Un soldat d'élite affronte dans un train la bande familiale de bandits qui a tué son amoureuse. Slash ! Crack ! Chtong ! Swoosh ! Tous les bruitages des films d'action violente sont rassemblés dans ce revenge movie indien dont l'originalité est qu'il se passe entièrement dans les couloirs et les plateformes des wagons et que le héros tue à l'arme blanche les 40 voleurs dans des séquences ininterrompues de massacre gore et bourrin. Le montage et le masculinisme sont frénétiques, les flashbacks sirupeux et la mise en scène fiévreuse. Mon truc ? Pas vraiment. BR FR Seven 7
Wolfpack (Bill MIlling, 1987) **
Dans une high school du New Jersey, le leader néo-nazi de l'équipe de foot entraîne toute l'école dans une spirale fascisante, à laquelle seulement quelques étudiants s'opposent. Ou comment un petit teenage movie fauché des Eighties complètement oublié et assez mal joué prend une résonance terriblement contemporaine avec les Etats-Unis MAGA et l'état du Monde actuel. La démonstration ne fait pas dans la dentelle mais la dénonciation du phénomène de fascination collective pour les "winners" et les "bullies" touche juste. Étonnamment visionnaire. BR US Vinegar Syndrome
Rhapsody in Blue (Irving Rapper, 1945) ***
La vie et la fulgurante carrière de George Gershwin (1898-1937). Entre pédagogie et mélodrame, un biopic de luxe comme la Warner en avait le secret. Les 2h30 du film passent très bien grâce à la fluidité du scénario, la somptueuse production en N&B, le casting épatant - même si Robert Alda est un peu fade dans le rôle principal - et surtout la succession presque ininterrompue des chefs-d'oeuvre de Gershwin formidablement mis en scène, souvent avec les créateurs eux-mêmes au chant ou à la baguette. Un best of de haute volée, que demander de plus ? BR US Warner Archive
Fanfan la Tulipe (Christian-Jaque, 1952) ****
Sous Louis XV, un jeune affranchi se retrouve impliqué dans les affaires militaires et royales tout en fréquentant une pulpeuse arnaqueuse. Le temps n'a pas de prise sur ce classique justifié du cinéma populaire français qui bondit comme son héros de péripétie en péripétie sans temps mort, porté par une mise en scène toujours maline, les dialogues de Jeanson et une photographie N&B héritée des gravures du 18e s. Gérard Philipe est formidable évidemment, comme Gina Lollobridgida et les autres, avec mention pour Jean Parédès en folle du régiment. Un bonheur. BR FR Coin de Mire
Knocking / Knackningar (Frida Kempff, 2021) **
Sortie de l'hôpital psychiatrique où elle séjournait suite à un choc traumatique, une jeune femme (Cecilia Milocco, impressionnante) s'installe dans un petit appartement et entend chez le voisin du dessus des cognements qui lui semblent être des SOS en morse. Tout est doute pour le spectateur dans ce petit film suédois qui exploite à merveille l'espace clos d'un lieu fermé pris dans la canicule où une femme isolée se débat entre intuition et psychose, ignorée par tous ceux qu'elle tente d'alerter. Thriller atmosphérique ou fable sur la maladie mentale ? BR US Yellow Veil
End of the trail (D. Ross Lederman, 1932) ****
Destitué pour trahison, un capitaine de l'armée se réfugie et s'intègre dans une tribu indienne proche du fort dans lequel il était stationné. Un stupéfiant western pro-indien dont l'anti-héros (Tim McCoy, solide) accuse dans son discours et son action l'homme blanc de colonialisme génocidaire. Sec et concentré sur sa durée de moins d'une heure chaque scène réserve de l'inattendu dans un film des années 30 : la noblesse des indiens, la mort d'un enfant, la colère contre Washington... Et en cadeau, l'influence des photos d'Edward Curtis. Une révélation (merci Christophe F. !). YouTube
Presence (Steven Soderbergh, 2024) ***
Une famille de quatre s'installe dans une maison habitée par un fantôme. Du fantastique conceptuel par Soderbergh qui retourne les codes du film de maison hantée - un peu au formidable "Les Autres" - en filmant tout en caméra subjective du point de vue de la "présence" qui observe les nouveaux locataires. L'exercice de style fonctionne parfaitement en créant un sentiment de voyeurisme de plus en plus actif. Derrière la brillante idée de mise en scène, c'est aussi un beau film sur la famille et ses failles, qui laisse bien des choses ouvertes jusqu'à l'intrigant final. BR FR Blaq Out
Le tueur (Denys de La Patellière, 1972) **
Un vieux commissaire (Jean Gabin) s'oppose à son nouveau supérieur (Bernard Blier) sur la façon d'attraper un tueur en cavale. Un étrange film policier sur des gens qui ont tout vu dans un monde qui change vite. L'action est une poursuite linéaire dans un Paris 70s en mutation - chantier de la Tour Montparnasse et des Halles - qui fait disparaître l'ancien, celui du Gabin de la grande époque justement : c'est crépusculaire. Une autre étrangeté : l'érotisation du psychopathe (Fabio Testi sexy comme jamais) et la chanson finale qui sonne comme un blanc-seing. BR FR Coin de Mire
Le Colosse de Rhodes / Il Colosso di Rodi (Sergio Leone, 1961) *
Venu se reposer à Rhodes, un militaire athénien se retrouve impliqué dans la lutte de rebelles contre le tyran de l'île. Ce peplum italien ambitieux dans son format de 2h20 et ses décors spectaculaires - l'extérieur et l'intérieur du Colosse - avait aussi pour lui son scénario solide et l'œil déjà aiguisé de Leone, dont c'était la première réalisation. Seulement, le film ne décolle que dans sa seconde partie pleine d'action, la première étant tuée par le jeu et l'anti-charisme de Rory Calhoun dans la rôle principal, aussi piètre acteur que présence. Une erreur de casting rédhibitoire. BR FR Warner Archive
L'étoile du silence / Der schweigende Stern / The silent star (Kurt Maetzig, 1960) **
Suite à la découverte d'un cylindre extraterrestre, une équipe internationale d'astronautes part pour Vénus pour rencontrer les Vénusiens. Un film de science-fiction est-allemand de la Guerre Froide sans doute trop bavard mais aux décors psychédéliques surcolorés et à la musique électronique plutôt pionniers. Le plus étonnant sont les personnages et le casting multiracial et le message limpide - en 1959 - sur les risques de l'escalade nucléaire et la nécessité d'une fraternité universelle. Dans les pays de l'Est, la science-fiction s'appelait l'utopie. CQFD. BR UK Eureka!
Rue des Cascades / Un gosse de la Butte (Maurice Delbez, 1964) ***
A Ménilmontant, un garçon de neuf apprend à connaître l'amant de sa mère célibataire (Madeleine Robinson), un jeune boxeur noir d'une vingtaine d'années (Serge Nubret). Avec ses compositions inspirées de Doisneau, son regard sincère sur l'enfance et son message anti-raciste frontal, le film bénéficie aussi du décor naturel d'un quartier populaire de Paris aujourd'hui gentrifié et d'idées poétiques qui enchantent l'ensemble. La liaison mixte montrée choqua à l'époque et coula le film et son réalisateur. La redécouverte est réelle : elle était méritée. BR FR Coin de Mire
L'histoire de Souleymane (Boris Lojkine, 2024) ***
A Paris, les deux jours et nuits trépidants d'un migrant guinéen avant son entretien de demande d'asile. Omniprésent sur son vélo de livreur ou courant après des sous et des papiers, l'acteur non professionnel Abou Sangaré crève l'écran dans ce film au rythme de thriller qui prend pourtant le temps de dresser le portrait et l'odyssée de ces invisibles de notre société qu'on croise à chaque coin de rue des grandes villes. En en incarnant un avec tant de force, Sangaré leur donne à tous un visage et une histoire. La scène de l'entretien est d'une puissance rare. BR FR Pyramide Video
Dream scenario (Kristoffer Borgli, 2023) ***
Lorsqu'il apparaît dans les rêves de plein de gens, un professeur d'université lambda devient une star mais quand les rêves tournent aux cauchemars, il devient un pestiféré social. Une fable existentielle qui commence en comédie pour muter en drame sur le comportement de meute, l'exploitation commerciale et la réputation au temps des réseaux sociaux. Sur une idée et un scenario malins comme tout, Nicolas Cage est sensationnel en victime sacrificielle du collectif. Un film singulier, à la fois enthousiasmant et puissamment dérangeant. BR FR Metropolitan
Bon au moins tu auras essayé "Kill". Je souscris à la plupart de ce que tu as écrit à son propos d'ailleurs. J'ai beaucoup plus accroché surtout parce que je ne m'attendais pas au virage vengeance aussi rapide avec ce qui arrive à sa dulcinée. Cela m'a surpris et retourné et je trouve que le film décolle dès lors et enchaîne les péripéties d'autant que le "bad guy" de l'histoire est une belle pourriture. Je regrette quelques longueurs surtout dans le tout dernier tiers et un final qui me laisse interrogatif.
RépondreSupprimerA noter que le film a été produit par la maison de production de Karan Johar qui a plutôt eu tendance ces quinze dernières années à produire du gros spectacle dansant, du masala pur jus, des comédies romantiques, des trucs davantage très grand public, et du coup c'est un choix audacieux de produire un film aussi violent dans un pareil contexte de cinéma hindi.
Tu aimeras peut-être bien plus "Le Déouté de Eloy de la Iglesia.
" Le député " * de Eloy de la Iglesia, film avec une ambiance totalement différente : )
SupprimerMerci pour ces précisions, je connais très peu le cinéma indien contemporain. J'ai y-trouvé Kill intéressant mais les films qui abusent des bruitages "swoosh" me rebuetnt au final. Le Député de de la Iglesia est sur une étagère, en attente ...
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