4 décembre 2010

Films vus par moi(s), décembre 2010


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot (Serge Bromberg, 2009) **
Qu'aurait-été "L'Enfer" si Clouzot avait fini son film en 1964 ? A voir les images inédites retrouvées par Bromberg, sans doute un caprice formaliste aussi démodé aujourd'hui que l'art cinétique dont il était inspiré. Mais cet étrange long-métrage, l'histoire de son désastreux tournage, se regarde, lui, comme une fascinante exhumation. DVD

Jeanne Eagels / Un seul amour (George Sydney, 1957) **
Ce biopic très réinventé de l'actrice auto-destructrice Jeanne Eagels (1890-1929) est une splendeur visuelle grâce à la photo N&B inspirée du cinéma muet. Si Novak est belle mais incertaine comme d'habitude dans le rôle-titre, ses partenaires Chandler et Moorehead sont parfaits. Le ton du film est étonnament sombre pour l'époque. DVD

L'ange noir (Jean-Claude Brisseau, 1994) **
Le ton monocorde et sentencieux des acteurs, les filtres jaunes et rouges de la photo, les références à Wyler, Hitchcock et Bunuel, les obsessions érotiques évidentes du réalisateur et la présence même de Vartan dans le rôle principal font de ce thriller froid et distancié un exercice de style d'abord crispant puis assez vite captivant. DVD

Innocence (Lucile Hadzihalilovic, 2004) 0
Il y avait de l'idée dans cette histoire de pension de jeunes filles prépubères isolée dans la forêt mais le symbolisme à la truelle, la pose poétique et le maniérisme de la réalisation m'ont fait lâcher le film au bout de 45 minutes (j'ai vu le reste en x32). La dernière scène est très belle mais s'il faut se farcir tout le reste, non merci. DVD

Darling (John Schlesinger, 1965) **
C'est la liberté de ton et l'humour cynique qui frappent dans ce film britannique sur les aventures sentimentales d'une jeune modèle narcissique (Christie) dans la jet-set européenne des Sixties. La sexualité, l'adultère, l'avortement sont traités directement et les rapports des personnages ont une intéressante ambiguité. DVD

Mine vaganti / Le premier qui l'a dit (Ferzan Ozpetek, 2010) *
A force de faire le grand écart entre la comédie, le mélodrame et le manifeste, ce film italien sur l'héritier gay d'une famille industrielle des Pouilles qui n'arrive pas à faire son coming-out échoue à trouver son ton et son rythme. L'idée est sympathique et les acteurs aussi mais l'ensemble est trop confus et bancal pour convaincre. DVD

Neotpravlennoye pismo / La lettre inachevée (Mikhail Kalatozov, 1959) ***
En Sibérie, quatre géologues sont livrés aux éléments déchaînés. Sommet de cinéma formaliste, le film atténue le discours (le sacrifice au service de l'Etat) au profit d'époustouflantes images : taïga en feu, débâcle des glaces... La caméra mobile, la photo contrastée et la mise en péril des acteurs provoquent un étonnement continu. DVD

Breaking bad, saison 2 (AMC, 2009) ***
Grace à l'ingéniosité de l'écriture et aux remarquables interprètes qui donnent chair et âme à leurs personnages, cette série qui aurait pu laisser dubitatif sur le papier ne cesse de surprendre, d'amuser, d'émouvoir. Comment transformer une idée toute simple en un roman-fleuve qui charrie mille trouvailles dans ses méandres. DVD

Female trouble (John Waters, 1974) ***
Waters et son invraisemblable bande, menée par Divine dans le (double) rôle de sa vie, ont réussi à pondre ce film, l'un des plus outranciers qu'on puisse imaginer, avec des moyens dérisoires mais un culot génial. Hystérique et hilarant d'anarchie, ce modèle du film indépendant des années 70 montre que tout y était encore possible. DVD

Barry Lyndon (Stanley Kubrick, 1975) ***
Ce film d'une extrême splendeur sur le succès et la chute d'un roué du 18e s., racontés avec distance et un certain humour, est un fascinant exercice formel qui n'a pas pris une ride en 35 ans. Le sens du cadre, les références picturales, la pose des personnages, le carton final qui éclaire l'ensemble d'un nouveau jour : on approche la perfection. DVD

That kind of girl / Eva s'éveille à l'amour (Gerry O'Hara, 1963) **
Une au-pair autrichienne de 18 ans peu farouche profite de la vie nocturne londonienne et attrape la syphilis qu'elle transmet à ses partenaires. Un bon petit film "éducatif" étonnant de franchise, réalisé avec l'aide des "autorités médicales britanniques", qui ne s'encombre pas de non-dits et, of course, condamne le sexe prémarital. DVD

Contact (Robert Zemeckis, 1997) **
Si la mise en image de la "rencontre" est décevante (tout en faisant sens), ce bon thriller de science-fiction sur la présence extraterrestre dans l'Univers bénéficie d'un scénario qui ne nous prend pas pour des imbéciles, d'une retenue dans ses effets et de la présence de Foster, très impliquée dans son rôle. De la science-fiction intelligente. DVD

La signora di tutti / La dame de tout le monde (Max Ophuls, 1934) ***
Un mélodrame d'une étonnante froideur où une star de cinéma (Miranda, formidable) revoit sa vie sentimentale en flashback sur une table chirurgicale et nous offre le prototype des héroïnes fascinament vides d'Ophuls. L'admirable mise en scène à la photo baignée de lumière annonce les futurs chefs-d'oeuvre du maître. DVD

Taste of fear / Hurler de peur (Seth Holt, 1961) **
Un thriller Hammer, audacieux en son temps, entre Hitchcock et Clouzot avec une héritière (Strasberg) en fauteuil roulant manipulée par sa belle-mère. L'atmosphère, le décor néo-baroque, les ombres et une scène choc dans une piscine maintiennent l'intérêt même si les twists du scénario, 50 ans plus tard, sont devenus prévisibles. DVD

Un coeur simple (Marion Laine, 2008) ***
Bonnaire trouve encore un rôle à sa mesure dans cette magnifique adaptation du conte de Flaubert. La réalisation austère contraste avec la tension des émotions et la beauté de la photographie pictorialiste qui sublime la campagne normande du XIXe siècle. Un film rare d'un classicisme anachronique, mais c'est pour le meilleur. DVD

Exorcist II: The heretic / L'exorciste II: L'hérétique (John Boorman, 1977) 0
Que faut-il avoir bu, fumé ou s'être injecté pour pouvoir se laisser porter par les délires seventies de cette insane divagation sur le chef-d'oeuvre de Friedkin ? On dira que les scènes africaines sont plus intrigantes que les scènes new-yorkaises et que Blair et Burton surjouent à en rire avant d'en pleurer. Diablement mauvais. DVD

The city of the dead / La cité des morts (John Moxey, 1960) **
Un remarquable petit film anglais sur une malédiction de sorcière du 17e siècle qui frappe un village du Massachusetts et ceux qui s'y aventurent. Avec un budget limité, le décorateur et le chef opérateur ont fait des merveilles : la brume et les masures à l'abandon sont inquiétantes à souhait. La patronne de l'auberge aussi. DVD

Vers le sud (Laurent Cantet, 2006) ***
Rampling est magistrale en prof de fac sur le retour venant chercher des émotions sensuelles à Haïti et entrant en clash avec une autre femme (Young, très bien aussi) qui convoite le même boy qu'elle. Sans racolage aucun, Cantet dissèque les jeux risqués du désir et de l'exploitation dans une mise en scène d'une puissante austérité. DVD

Summer and smoke / Eté et fumées (Peter Glenville, 1961) **
Avec quelques passages à vide, cette adaptation d'une pièce de jeunesse de Tennessee Williams sur une vieille fille obsédée par un médecin coureur de jupons vaut d'abord pour Page, excellente dans le jeu de la névrose, et la photographie surchargée. Comme toujours chez Williams, tout est too much, outré et désuet mais j'aime ça. DVD

1 commentaire:

  1. Comme toujours une liste éclectique dans laquelle on finit toujours pas se retrouver... Ahhhh l'Exorciste II : très très très drôle. Et plaisirs partagés d'un Coeur Simple et Vers le Sud. C'est bien aussi, loin de l'Education Nationale Laurent Cantet.

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