2 novembre 2011

Films vus par moi(s) : novembre 2011


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

The reef (Andrew Traucki, 2010) **
On ne fait pas plus codifié et prévisible qu'un film de naufragés en pleine-mer avec un requin : celui-ci, australien, n'échappe pas à la règle (comme le très bon "Open water") mais, plutôt bien réalisé, réaliste et sans esbrouffe, il se laisse regarder un samedi soir. Et puis les images du requin sont vraies, pas en CGI. DVD Z2 Fr

Romolo e Remo / Romulus et Remus / Duel of the Titans (Sergio Corbucci, 1961) **
Un peplum tout en retenue sur la naissance de Rome qui emprunte au western, notamment dans le périple des pionniers Romains poursuivis par les Sabins. Les deux hommes forts les plus archétypiques du genre (Reeves en Romulus et Scott en Remus) partagent l'affiche pour la seule fois de leur carrière. Rien que pour ça... DVD Z2 Allem

Providence (Alain Resnais, 1977) ***
La torpeur confuse qui frappe le spectateur de ce Resnais anglophone répond à celle accablant le vieil écrivain malade (Gielgud) dont les membres de la famille (Bogarde, Burstyn, Warner, Stritch) deviennent dans sa fièvre les personnages d'un roman surréaliste. Un film complexe avec une splendide partition de Rozsa et une fin magnifique. DVD Z2 UK

The killer inside me (Michael Winterbottom, 2010) **
Froid et distancié (y compris dans deux scènes d'extrême brutalité envers deux femmes), ce portrait d'un "boy next door" sociopathe (C. Affleck) dans le Texas de 1958 ne pose aucune question et ne propose aucune réponse : adapté d'un roman pulp de Thompson, le film retranscrit le nihilisme de l'auteur, un point c'est tout. DVD Z2 UK

Le mariage de Chiffon (Claude Autant-Lara, 1942) ***
En 1904, la jeune Chiffon (Joyeux, merveilleuse) cherche à échapper à la vie bourgeoise à laquelle la destine sa mère. Indépendante et moderne, elle se plaît en la compagnie d'anticonformistes de son entourage. La sensibilité de l'écriture, de la réalisation et l'amour porté à (presque) tous les personnages font du film l'un des plus beaux Autant-Lara. DVD Gaumont Z2

Athena (Richard Thorpe, 1954) **
Un musical MGM original et sympathique comme tout sur un potentiel Congressman (Purdom) qui tombe amoureux d'une des sept soeurs aux noms de déesses grecques d'une famille accro à la culture physique et au végétarisme. Powell, Reynolds, Damone poussent la chanson et Reeves les haltères au concours de Mr. Univers. Warner Archive DVD

The wicked Lady / Le masque aux yeux verts (Leslie Arliss, 1945) ***
Quel plaisir que de découvrir cette amorale Barbara, une aristocrate britannique des années 1680 qui ment, cocufie, se travestit, vole, trompe, trahit et tue sans hésitation par goût inné de la transgression. Lockwood ne s'économise pas en outrances et les réparties sexuelles fusent avec son amant criminel (Mason). Culotté et virevoltant. DVD Z2 UK

Sto dney do prikaza / 100 days before the command (Hussein Erkenov, 1990) *
Un film cryptique tourné avec l'aide de l'Armée Rouge dans les dernières semaines de l'URSS puis interdit de sortie à cause de son antimilitarisme et de son homérotisme. Ca évoque le quotidien de cadets dans une caserne, sous l'oeil d'un Ange de la Mort : c'est beau mais je n'ai rien compris. On pense évidemment à Sokurov. DVD Z2 UK

Beginners (Mike Mills, 2010) **
La mort de ses parents permet de commencer à vivre : c'est le message désabusé de ce film américain au ton très européen qui suit la tristesse d'un trentenaire (McGregor, excellent) dévoué à son père gay et mourant (Plummer) et incertain de son attirance naissante pour une française de L.A. (Laurent). Pas convaincant, mais étonnant. DVD Z2 Fr

Dr. Crippen (Robert Lynn, 1963) ***
Cet excellent true-crime britannique, une solide reconstitution de l'affaire Crippen (un docteur accusé en 1910 à Londres d'avoir assassiné et démembré sa femme, une virago nymphomane), fait s'affronter deux comédiens géniaux : Pleasence et Browne et réserve la surprise de travestir Eggar en garçon pour quelques scènes. DVD Z2 UK

Young Bess / La reine vierge (George Sidney, 1953) 0
Malgré le casting (Simmons, Granger, Kerr, Laughton, Byron) et le Technicolor, on s'ennuie ferme avec cette évocation de la jeunesse d'Elizabeth I, sapée par un scénario languissant et la réalisation inhabituellement fade et statique de Sidney. Un film historique tombé dans l'oubli qui ne mérite pas de réhabilitation. Warner Archive DVD

L'enfance-nue (Maurice Pialat, 1968) ***
En laissant leur espace d'expression à ses acteurs non professionnels, Pialat transforme, dans son premier film, l'histoire d'un garçon turbulent de dix ans placé en famille d'accueil dans le Nord en un hommage à la noblesse des petites gens. Dur et très touchant à la fois, c'est aussi une admirable étude sur les énergies et  meurtrissures de l'enfance. DVD Z2 UK

2 commentaires:

  1. Première tarte dans la gueule (pas encore ouverte mais bientôt), métaphorique ou pas (demandez au p'tit Michel Tarrazon s'il a pas eu les joues qui lui chauffaient !) que cette Enfance Nue, authentique Cinéma Brut. Loin de la bienveillance du Vieil Homme et l'Enfant ou du lyrisme des 400 Coups, Pialat, pour son premier long (après une bonne quinzaine de courts), pose déjà les bases sans concession (à quoi que ce soit ni à quiconque !) de sa manière. Cinéma réaliste (et pas du réel !), unique, inédit même si lontainement influencé par Lumière (Le Goûter de Bébé, 1897) et Bresson (quoique pas tant que ça, le rapport à l'acteur étant très différent), l'autre Bernanosien (Mouchette, 70 ans plus tard). Puissant, émouvant, faits de blocs d'humanité crue débarrassée de toute psychologie et de toute sociologie, truellés les uns aux autres, de vérité (si tant est qu'on puisse la trouver) bouleversante... so Vigo (le Prix lui reviendra sans mal en 69), le gros mot, l'encombrant parrainage.
    Au plus près de l'os (ou des prothèses de jambes !) et des toiles cirées, traquant le vécu jusqu'à se satisfaire du bafouillage (s'il est vivant) et du trou de mémoire, se refusant à « couper » et condamner ainsi ses personnages par des effets de montage (non, Simone Joigny n'est pas simplement qu'une salope cynique et ingrate !), s'interdisant le plan pour le plan par crainte (dégoût !) de faire de ses acteurs des prisonniers du cadre, privilégiant les non-professionnels pour la pureté, la fraîcheur dont ils jouissent un peu (si tant est que ça dure)... Pialat, qui avait pensé un temps faire un doc de ses préalables recherches, a réfléchi à tout ce qui ne fait pas « cinoche » (tout en refusant la vaine improvisation toutefois) pour servir non pas un simple propos mais un ample (et douloureux même si traité avec la plus parfaite des chaleur) sentiment.
    Le sentiment d'abandon, d'absence d'histoire familiale (qui n'a rien d'autobiographique) qu'un petit gars tente, entre deux colères de renoncements, trois exactions cruelles comme pour écrire inconséquemment sa propre histoire, son propre personnage, de difficilement trouver. Auprès d'une vieille femme, épatante Mémère la Vieille, qui lui chante des chansons enfantines et noue avec lui une complicité indicible, à écouter un vieux père de substitution lui racontant son humble Résistance, ou voir une mère idem tâchant chaque jour de le bien nourrir et s'assurer qu'il ait toujours bien chaud. Portrait d'un gosse, certes, et portrait d'une institution à la sollicitude peut-être moins archaïque que passablement impuissante (l'Assistance Publique). Mais portrait aussi d'un pays (cette France du Pas-de-Calais, peu cinégénique (c'est à voir !) et peu cinématographiée (c'est tout vu !)) et d'une époque (où qu'elles sont ces fameuses Trente Glorieuses dans ces PMU à la Gauloise morose, dans ces noces aux tourne-disques poussifs, dans ces défilés sociaux aux banderoles inchangées 40 ans plus tard ?), comme rares l'ont saisi.

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  2. C'est le "Guerre et Paix" du commentaire que vous avez rédigé là, Mariaque ! Je souscris évidemment à tout ce que vous dites, avec en plus, peut-être, un petit clin d'oeil du côté de Varda (celle de "Sans toit ni loi") qui a du regarder le film de Pialat plus d'une fois.

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