3 mars 2013

Films vus par moi(s) : mars 2013


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Zéro de conduite (Jean Vigo, 1933) ***
"Monsieur le Professeur, je vous dis Merde!". Ces quelques mots, jetés en salle de cours par un élève au visage du proviseur nain, résument à eux seuls tout le propos de ce film drôle, impertinent et poétique dont chaque révision révèle l'inaltérable fraîcheur. En 40', Vigo réussit à retranscrire l'insoumission naturelle de l'enfance tout en moquant les  codes étriqués de la société des adultes. Du cinéma qui court libre, à bride abattue. DVD Z2 Fr

Les Misérables (Jean-Paul Le Chanois, 1958) 0
On s'ennuie devant cette adaptation anémiée du roman de Hugo ! Pourtant toutes les scènes qu'on attend y sont mais empesées par une réalisation à la truelle et une voix off qui explique ce qu'on voit sur un ton déclamatoire. Les images en Technicolor sont belles, comme des illustrations, et Gabin aurait pu faire un Valjean idéal mais le film manque de souffle épique et se ratatine sur lui-même. Un cadeau par contre : Sylvia Monfort en Eponine. BR US

Lone star (John Sayles, 1996) ***
Une petite ville du Texas bordant la frontière mexicaine : un sheriff mélancolique (Chris Cooper) enquête sur des ossements trouvés dans le désert. Un film choral, mélancolique lui aussi, qui parle avec finesse des secrets générationnels et de l'identité US, blanche, noire, hispanique et indienne. Le scénario et la réalisation sont portés par un casting d'une admirable justesse. Une oeuvre brillante qui tutoie les classiques. DVD Z2 FR
  
Die fliegenden Artzen von Ostafrika / Les médecins volants d'Afrique de l'Est (Werner Herzog, 1969) ** & La Soufrière (Werner Herzog, 1976) **
Deux courts documentaires qui, comme toujours chez Herzog, échappent à l'objectivité pour poser un regard intime, subjectif et intrigué, sur les personnages qu'il filme. Comme avec ces guerriers Massaï qui hésitent à monter cinq marches pour accéder à une infirmerie roulante ou ce paysan guadeloupéen qui attend allongé sous son arbre que le volcan explose. La charge poétique y fusionne avec le point de vue ethnographique. DVD Z2 UK

The cool ones (Gene Nelson, 1967) **
Je ne peux décemment pas mettre *** à un film aussi stupide mais son insouciance, le look 60's, les séquences chantées et dansées, le cabotinage de Roddy McDowall en agent artistique colérique et l'unique apparition de Mrs Miller à l'écran en font un plaisir coupable irrésistible. Ca parle d'une wannabe et d'un has been qui essayent de relancer leur carrière pop à Hollywood. Fun et les chansons signées Lee Hazelwood. DVD Z1 US

The Spanish gardener / Le jardinier espagnol (Philip Leacock, 1956) *
Un drame de la jalousie dans une propriété catalane entre un diplomate anglais, son fils de dix ans, le beau jardinier dont celui-ci s'est pris d'amitié (Dirk Bogarde jeune, bruni pour faire espagnol) et un domestique fourbe. La plate réalisation édulcore la charge subversive du roman de A.J. Cronin même si ces luttes entièrement masculines autour d'un gamin blond intriguent tout au long de ce film britannique vraiment curieux. DVD Z2 UK

The quiet man / L'homme tranquille (John Ford, 1952) *
Je n'ai jamais compris l'engouement quasi-général pour cette comédie romantique dont la seule originalité est de se passer dans les merveilleux décors de l'Irlande en Technicolor. Pour le reste, les gesticulations des caricatures qui gravitent autour de John Wayne tapent vite sur le système et on a bien du mal à s'intéresser aux soucis insignifiants des personnages. Un crowd-pleaser de Ford mais l'humour n'est pas son truc. BR US

Elena (Andreï Zviaguintsev, 2011) ***
Par des gestes anodins de la vie quotidienne filmés en plans qui prennent tout leur temps, la drame se noue autour d'une ex-infirmière remariée à un vieil homme riche et confrontée aux besoins de sa première famille à la dérive. La stratification sociale de la Russie actuelle et une lutte des classes qui ne dit pas son nom sont magistralement évoquées dans ce film d'une dureté implacable, tendue par la musique de Philip Glass. BR Fr

Samson and Delilah / Samson et Dalila (Cecil B. DeMille, 1949) ***
Le film dont le succès relança la mode du pepum biblique après-guerre. Hedy Lamarr ne s'économise pas en poses lascives, Georges Sanders et Angela Lansbury apportent leur caution et Victor Mature joue au monolithe comme il savait si bien le faire. Tout ça n'est pas à prendre au sérieux mais entre le Techicolor éclatant, les compositions héritées des chromos et le formidable final, on en a pour son compte en spectacle et en kitsch. DVD Z1 US

Quatre-Vingt-Treize (Albert Capellani, 1914-1921) *** 
Tourné en 1914 (monté en 1919, sorti en 1921), les rares scènes d'intérieur sont encore assez théâtrales mais celles en décors naturels (le village vendéen, la baie du Mont St Michel, la forêt) ont un dynamisme et une pictorialité extraordinaires. En 2h45, cette adaptation de Hugo donne aux personnages principaux (le marquis, son neveu, le prêtre défroqué) le temps de développer leur psychologie, grâce à des acteurs au jeu nuancé. Cinémathèque Française (avec un excellent accompagnement musical par Stephen Horne)

Reds (Warren Beatty, 1981) **
Le journaliste communiste John Reed est le seul américain inhumé au Kremlin. L'histoire de ses dernières années, entre 1914 et 1920, de la bohème de gauche de Greenwich Village à la Révolution Russe, est le propos de ce film unique dans la production US. Le fil rouge est son rapport tumultueux avec sa femme Louise Bryant (Dianne Keaton). Beatty (Reed) est habité par son personnage et son film, très narratif, une vraie curiosité. DVD Z1 US

Gold of the Seven Saints / Les trésor des Sept Collines (Gordon Douglas, 1961) *
Un western mineur qui se laisse voir pour la beauté - en N&B - des paysages désertiques de l'Utah et pour le couple improbable formé par le massif et toujours charismatique Clint Walker et le jeune Roger Moore (qui s'essaye à un accent irlandais raté). L'histoire de ces deux types en transit dont les sacs d'or attisent les convoitises est minimale, le rythme du film anémié et la fin balancée mais bon, pour Clint Walker seulement... DVD Z1 US

Skyfall (Sam Mendes, 2012) ***
Le spectaculaire et l'intime s'unissent pour le meilleur dans ce 23e James Bond. De la poursuite à Instanbul à la confrontation finale en Ecosse, la réalisation ne faiblit jamais sur les 2h20 du film. Leurs zones d'ombre donnent à tous les personnages un relief inédit. Seules les motivations du méchant (Javier Bardem, excellent) et deux relâches (la rame de métro vide, les lampes dans la lande) marquent une petite faiblesse. Mais "Skyfall" est un millésime exceptionnel, du niveau de "Goldfinger". BR Fr

2 commentaires:

  1. Bonjour, comme version des Misérables, je préfère celle de Raymond Bernard de 1933 avec Harry Baur, Charles Dullin et Marguerite Moreno: mémorable. Sinon, oui Skyfall a fait partie de mes films de 2012. Je n'ai pas revu Reds depuis sa sortie, il y a 30 ans. J'avais aimé à l'époque. Bonne journée.

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  2. Bonjour, oui, l'adaptation des Misérables de R. Bernard reste la meilleure, nous sommes d'accord.

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