*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais
Godzilla (Gareth Edwards, 2014) ***
Dans le genre du film de gros monstres, un excellent cru qui, tout en étant formaté blockbuster, propose un angle original (les créatures sont toujours présentées du point de vue des personnages-spectateurs) qui crée une réelle tension, induite par la stupeur et le chaos. La réalisation efficace et la qualité des SFX assurent le (très) grand spectacle. Un hommage actualisé réussi à l'original japonais de 1954 et à ses avatars. Ciné 3D
Eaux profondes (Michel Deville, 1981) **
A Jersey, l'histoire d'amour fou entre une allumeuse (Isabelle Huppert) qui amène ses amants à sa table et son mari (Jean-Louis Trintignant) qui subit, dévoré par sa rage intérieure. Une adaptation de Patricia Highsmith, aux personnages (gamine comprise) opaques et tordus, dont l'épure touche à la froideur. L'émotion est volontairement tenue à distance et le film en tire un étrange pouvoir de fascination intellectuelle. Chabrol aurait joué autrement. BR Fr
Wit / Mon combat (Mike Nichols, 2001) ***
L'agonie à l'hôpital d'une professeur d'université en poésie du XVIIe s. (celle de John Donne) atteinte d'un cancer incurable. Un téléfilm HBO, terrible et tendre à la fois, sur le bras de fer qui s'engage entre l'esprit et le corps dans la violence d'une maladie terminale. Très écrite (le verbe est l'un des sujets du film) et audacieusement interprétée par Emma Thompson, une oeuvre intime et humaniste qui évite le pathos et remue en profondeur. DVD Z1 US
Djodaï-yé Nader az Simin / Une séparation (Asghar Farhadi, 2011) ***
Un scénario implacable, une mise en scène sans défaut et des acteurs (adultes et enfants) tous d'une surprenante justesse font de ce film iranien autour de deux couples déchirés par les conséquences en spirale d'un incident, un chef-d'oeuvre d'équilibre et de tension. Tous les éléments du mélodrame y sont mais le film les transcende pour en faire un drame humain, universel, d'une bouleversante complexité psychologique. BR Fr
El rey de la montana / Les proies (Gonazalo Lopez-Gallego, 2007) *
Un citadin qui traverse en voiture une région boisée et rocheuse est la cible de mystérieux tireurs. Un survival espagnol qui commence bien avec un point de vue radical sur le genre mais qui s'enlise dans la faiblesse de son scénario, tout entier dirigé vers une révélation fabriquée et peu significative. On peut voir ça comme une réflexion sur les jeux vidéo (c'est ce que dit son réalisateur), ouais... La Nature en revanche est très bien filmée. BR Fr
Black Robe (Bruce Beresford, 1991) ***
LE film sur l'Amérique du Nord du XVIIe s. L'hiver 1634, un jeune prêtre français (Lothaire Bluteau, habité par son rôle) et quelques indiens Algonquins entreprennent un voyage vers le Nord (en territoire Iroquois) depuis une mission jésuite et subissent les pires épreuves physiques et spirituelles. Magifiquement filmé dans la nature sauvage du Canada et doté d'un score splendide par Delerue, un film brutal de conquête et de foi. BR Allemagne
Am Ende kommen Touristen / Et puis les touristes... (Robert Thalheim, 2007) **
Un étudiant berlinois vient faire son service civil en Pologne, à Oswiecim, juste à côté de l'entrée du camp-musée d'Auschwitz. Ce petit film sobrement réalisé explore un sujet rare : le poids terrible des lieux de mémoire. Comment vivre aujourd'hui près d'Auschwitz ? Les anciens ? Les jeunes ? Une séquence résume tout : une balade à vélo dans la campagne ensoleillée débouche sur la sinistre plaine de miradors et de barbelés. DVD Z2 Allemagne
Tyrannosaur (Paddy Considine, 2011) ***
Dans une banlieue anglaise, la rencontre de deux personnages marqués par la violence, l'alcool et le sentiment d'échec. Porté par l'interprétation exceptionnelle de Peter Mullan et d'Olivia Colman dans les rôles d'un quinquagénaire veuf pétri de rage et d'une commerçante dévote battue par son mari, un film dur et désespéré où brillent pourtant de véritables éclats d'émotion et la fragile lueur d'une rédemption distante. BR Allemagne
Welcome to New York (Abel Ferrara, 2014) *
* pour Depardieu, dont la gueule bouffie et le ventre tendu à en crever envahissent l'écran avec un exhibitionnisme peu commun chez un acteur de cette magnitude. Quant au film, il est d'une médiocrité crasse dans sa mise en scène et ses dialogues. C'est le début qui est le meilleur, sur le ton voyeur comique des galipettes de DSK avec ses putes et ses potes. Et la dernière image aussi. Un film produit pour le fric, qu'évidemment il dénonce. VOD
Le dialogue des Carmélites (R.L.Bruckberger & Philippe Agostini, 1960) 0
L'éprouvant académisme de la mise en scène et la dignité révérente imposée au jeu des actrices (un casting étincelant pourtant : Alida Valli, Jeanne Moreau, Madeleine Renaud, Pascale Audret...) font que l'histoire tragique des seize Carmélites de Compiègne guillotinées à Paris en 1794 n'arrive pas à s'éléver au-dessus du spectacle de patronage. Tout est guindé et on se prend à rêver de ce que Ken Russell aurait pu faire avec ça. Web
Une vie (Alexandre Astruc, 1958) *
Malgré la splendide photographie couleur de Claude Renoir (le film semble parfois une production Hammer), c'est l'ennui qui survole cette adaptation de Maupassant, la faute au choix désastreux de commenter l'action et les sentiments en voix off sur un ton monocorde et plaintif par Maria Schell et la volonté farouche d'éviter tout débordement mélodramatique. Du coup, cette vie normande est cruellement inerte. Mais Christian Marquand est sexy. Web
Vénus aveugle (Abel Gance, 1941) **
Dédiée au Maréchal, une invraisemblable histoire d'amour et d'abnégation de 2h30 dont la première partie est un peu poussive mais dont la seconde, qui démarre avec la cécité de l'héroïne (notre superstar la plus oubliée : Viviane Romance, sublimée par la caméra et les yeux au ciel pour faire l'aveugle) accumule les outrances mélodramatiques et plonge dans le camp absolu. Avec le très laid Georges Flamant dans le rôle du séducteur. Détonnant. Web
The Aristocats / Les Aristochats (Wolfang Reitherman, 1970) *
Un Disney, revu toutes ces décennies après, qui n'a pas tenu le coup. Bon, c'est vrai, le graphisme aux traits de crayon visibles est intéressant et réussi et une séquence musicale est sympathique ("Everybody wants to be a cat") mais le scénario est si faible, le méchant si transparent et la dynamique si molle qu'on attend vainement que ça décolle. La bonne surprise : les voix des deux oies, les géniales "Pigeon Sisters" du film "The odd couple" (1968). BR Fr
Frances Ha (Noah Baumbach, 2012) ***
Le personnage de Frances (Greta Gerwig, sorte d'hybride de Kate Winslet et de Chloë Sevigny), new-yorkaise de 27 ans aux attitudes immatures, semble d'une construction si artificielle que le début du film laisse craindre le pire. Et pourtant, la grâce s'installe (aidée par la mise en scène, la photo N&B et le judicieux choix musical) et le charme prend comme par magie. Un beau film sur l'adieu difficile à l'âge d'insouciance et sur les liens de l'amitié. BR Allemagne
Yellow submarine / Le sous-marin jaune (George Dunning, 1968) **
Un trip d'animation psychédélique construit autour des Beatles et d'une douzaine de leurs chansons qui surfait sur le succès récent de leur album "Sgt. Pepper's". L'absurde et la coolitude y règnent en maîtres et le dessin permet toutes les bizarreries, graphiquement et idéologiquement marquées du sceau de la fin des Sixties. Vu aujourd'hui, c'est une time capsule vraiment sympathique. Mais 1h30, c'est quand même un peu long. BR GB
Les dernières vacances (Roger Leenhardt, 1948) ***
Un bachelier se souvient de ses dernières vacances avec ses cousins dans la propriété d'été familiale en passe d'être vendue. Un film magnifique, tourné en décors naturels, où l'humour, l'émotion et l'intelligence se combinent dans un équilibre parfait. La notion du passage du temps et de l'évolution irrésistible des étapes de la vie est brillament évoquée, avec nostalgie mais sans aucune mièvrerie. Tous les acteurs sont excellents. Web
9 / Numéro 9 (Shane Acker, 2009) *
Un film en CGI sur quelques poupées de tissu qui ont survécu à une Apocalypse et affrontent des machines féroces. L'impressionnante réussite visuelle des décors de la ville en ruines et de l'animation des petits héros ne compense pas la faiblesse du scénario (proche de "Terminator 2") cliché, répétitif et qui se prend bien trop au sérieux. Ca aurait pu être autrement meilleur avec une histoire plus travaillée. Une impression de gâchis. BR Fr
Inside Llewyn Davis (Joel & Ethan Coen, 2013) **
En 1961 à New York, handicapé par une dépression autodestructrice, un chanteur de folk (Oscar Isaac, formidable) traverse sa vie et sa carrière sans réussir à s'accrocher à rien. Un film empreint de mélancolie (incarnée dans une magnifique photo bleue-grise) et d'humour doux-amer qui distille symbolisme et morale juive pour créer un conte folk existentiel d'une forte originalité. C'est peu aimable et c'est pourtant insidieusement touchant. BR Fr
Freier Fall / En chute libre (Stephan Lacant, 2013) **
Une sorte de "Brokeback Mountain" chez les CRS du Bade-Wurtemberg. L'un, dont la compagne va bientôt accoucher, s'engage dans une liaison avec un autre, gay. Il n'y a rien de bien nouveau dans le scénario (attirance, culpabilité, réaction, homophobie...) mais le film garde une crédibilité sincère sur toute sa durée, évite les clichés embarrassants et bénéficie de bons acteurs. Une tranche de vie comme une autre autour du sexe et de l'identité. BR Allemagne
The wolf of Wall Street / Le loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013) ***
Cette fresque tragi-comique sur le parcours d'un courtier voyou multimillionaire dans le New York des années 90, qui enchaîne les morceaux de bravoure, est un peu un "Citizen Kane" sous acide, étiré et hystérisé. Le rythme infernal et le jeu survitaminé de DiCaprio (et des autres) peuvent épuiser le spectateur ou lui donner une poussée d'adrénaline, selon sa récéptivité. Pour ma part, je me suis laissé emporter par le panache. BR Fr
Paradies : Liebe / Paradis : Amour (Ulrich Seidl, 2012) ***
Une quinquagénaire autrichienne (étonnante Margarete Tiesel, qui ose tout) part en vacances dans un club au Kenya pour combler sa solitude dans les bras de jeunes hommes noirs. Le tourisme sexuel, dont la misère n'a jamais été aussi bien observée, est le socle de cette métaphore sur l'exploitation mutuelle des Blancs et des Noirs, des vieux et des jeunes, du Nord et du Sud... Un de ces films crus et dérangeants dont l'Autriche a le secret. DVD Z2 Belgique
Zero Dark Thirty (Kathryn Bigelow, 2012) *
La traque et l'exécution de Ben Laden, entièrement vu du point de vue d'une agent de la CIA, Maya (Jessica Chastain, très bien). Le film raconte son histoire efficacement, sur le mode du thriller contemporain (la mise en scène de Bigelow est nerveuse mais sans surprise) et dresse un intéressant portrait de femme obsédée par sa mission. Dans le genre, je préfère de loin la série "Homeland" qui bénéficie de l'émotion qu'elle porte en plus. Br Fr
Vanya on 42nd Street / Vanya, 42e Rue (Louis Malle, 1994) ***
Transposée à l'écran par Louis Malle (son dernier film), la performance théâtrale à long terme du metteur en scène André Gregory et de son équipe dans un théâtre ruiné de la 42e Rue devient une formidable démonstration de la portée universelle de certains textes littéraires (ici, Tchekhov) et de l'art de l'acteur. Si (et seulement si) on se laisse prendre au concept très original du film, on est emporté jusqu'au bouleversant monologue final. BR US
Jesse James / Le brigand bien-aimé (Henry King, 1939) **
Le scénario trop lisse ne s'attache pas aux zones d'ombres de la personnalité de Jesse James, que le film présente comme un Robin des Bois fantasmé. Mais le plaisir de voir, dans un superbe Technicolor Kalmus, Tyrone Power (Jesse) et Henry Fonda (Frank) et quelques splendides moments de mise en scène (l'attaque nocturne du train) compensent. Un western teinté d'Americana qui marqua une date dans le genre. BR Fr
A l'origine (Xavier Giannoli, 2009) **
Un petit escroc (François Cluzet) berne une petite ville du Nord sinistrée en prétendant relancer un chantier d'autoroute abandonné. Part naturaliste, part allégorique, une fable (inspirée d'une histoire vraie) sur un imposteur pathologique et ses victimes consentantes par désespoir. Le sujet est passionnant et les acteurs tous excellents mais il manque juste une petite étincelle dans la mise en scène pour propulser le film plus haut. BR Fr
Diana (Oliver Hirschbiegel, 2013) 0
En se concentrant sur la romance secrète entre Diana et le chirurgien pakistanais Hasnat Khan au cours des deux dernières années de la vie de la Princesse de Galles, le scénariste pond une bluette sans mordant ni aspérité qui tire vers le téléfilm Harlequin de luxe. La courte vie de Diana a eu son lot de mélodrames, le point de vue choisi ici est l'un des plus insipides. Noami Watts (peu mimétique) fait ce qu'elle peut avec ce qu'on lui donne. BR Fr
"Le loup de Wall Street" je l'ai découvert la semaine dernière en Blu-ray. Je n'ai absolument pas vu le temps passer. C'est du Scorsese sous acide, qui reprends ses mêmes motifs de narration et visuels (avec ces accélérés dans les travellings avants, certains gels de l'image) et un sens aigu du montage. Sans qu'à aucun moment le film ne soit illisible, bien au contraire. J'ai trouvé DiCaprio formidable, j'avais des craintes par rapport à Jonah Hill notamment parce que je le voyais par avance faire le pitre comme dans ses comédies, et il est bon (la scène incroyable du deal de la valise de billets sur le parking de supermarché).
RépondreSupprimerLe film est frénétique, à l'image des années 80. Il y a des motifs du cinéma de Scorsese (l'ascension, la chute, la drogue, la famille) saupoudrés d'une intensité narrative (3h) où l'argent, les ambitions personnelles se côtoient.
J'ai trouvé que Di Caprio prenait des risques (comme Damon et Douglas, géniaux dans le superbe "Ma vie avec Liberace") et cela m'aurait étonné qu'il gagne un Oscar pour ce rôle tellement éloigné des conventions. La séquence du trip où il se contorsionne pour rentrer dans sa Porsche est très drôle.
Merci pour tes commentaires argumentés, Jordan. On est donc à peu près d'accord sur bien des films.
Supprimerbien bien bien...
RépondreSupprimer(P.S: pour A l'origine, je me souviens de séquences où Cluzet court tout seul au milieu du chantier, assez impressionnantes non?)
Oui, il fallait bien une scène dans le film où le couvercle saute et la pression s'échappe. Mais la scène que j'ai préférée est celle où un ouvrier de chantier danse avec une pelleteuse devant ses collègues : très photogénique et inattendu.
SupprimerTon commentaire sur "Welcome to New York" me donne encore plus envie de le voir. Depardieu s'est fait descendre à peu près partout (en tout cas la majorité des papiers que j'ai pu lire) Ferrara aussi (j'adore "The King of New York" et surtout "Bad Lieutenant") mais j'ai l'impression qu'il s'agit d'une mise en abime : celle d'un acteur qui n'a plus rien à prouver (le meilleur de sa carrière est désormais derrière lui), qui prend un sujet à bras le corps, en indiquant, parce qu'il a la dit et répéter qu'il n'aimait pas du tout DSK.
RépondreSupprimerJe dois dire que je n'ai absolument aucune sympathie pour lui non plus et jouer ainsi une personne réelle que l'on déteste est salutaire dans un sens : l'empathie inexistante permet de ne pas jouer sur l'émotion ni sur l'affectif tout en incarnant un homme justement animé par ses pulsions (sexuelles et vénales).
Je n'ai pas encore vu le film mais que les gens disent qu'il est vulgaire me semble être à l'image même de celui que l'on montre dans la fiction : un type qui courait après tout ce qui ce bougeait (féminin exclusivement). Depardieu semble vulgaire parce que son personnage l'est intrinsèquement. Est-ce que je peux aimer un film dont le premier rôle est une ordurer ? Oui s'il est incarné par un acteur que j'estime énormément à l'inverse de celui est personnage principal.
C'est le seul intérêt de Welcome to New York : voir que Depardieu, aussi gonflé et essouflé qu'il soit, a encore des réserves pour nous proposer des moments de jeu d'acteur formidables. Jacqueline Bisset, elle, est étonnament mauvaise dans le rôle d'Anne Sinclair.
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