2 novembre 2014

Films vus par moi(s) : novembre 2014


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Monkey shines / Incidents de parcours (George A. Romero, 1988) **
La fin traîne un peu mais l'histoire de ce juriste tétraplégique auquel un ami scientifique apporte un petit singe malin et jaloux pour l'aider aux tâches quotidiennes est originale et prenante, notamment grâce à l'étonnante performance de l'animal. Le grand-guignol fait partie du charme et on a parfois l'impression d'un avatar de "Misery" (1990), où Kathy Bates serait jouée par un ouistiti. Un thriller fantastique Eighties qui a bien tenu le coup. BR US

Guardians of the galaxy / Les gardiens de la galaxie (James Gunn, 2014) 0
J'aurais pu mettre * pour ce que j'ai vu de l'univers visuel et de la 3D, formidables. Mais je me suis arrêté au bout de 52', assoupissements inclus. La faute à l'incurie repoussante d'un scénario ne reposant que sur des vannes qui tombent à plat et des citations autosatisfaites. Ce genre de produit est le pire de ce qu'Hollywood en est venu à fabriquer : de la connerie à budget ou, comme disait l'autre, de la merde dans un bas de soie. BR 3D UK 

The day the Earth caught fire / Le jour où la Terre prit feu (Val Guest, 1961) **
Quand la Terre est déviée vers le Soleil après des tests atomiques américains et soviétiques, le changement climatique et la possible fin du Monde provoquent la stupeur. Presqu'entièrement vu depuis la rédaction d'un quotidien (le Daily Express) mais utilisant aussi les décors naturels de Londres, un très bon film britannique de science-fiction, adulte et bavard, dont certaines images ont pris avec le recul un aspect prémonitoire. BR UK

Au pan coupé (Guy Gilles, 1967) **
Le temps qui passe et les souvenirs qu'il sème, l'amour et son refus, la disparition et le deuil et surtout le mal de vivre et la mélancolie : les thèmes obsessionnels de l'oeuvre de Guy Gilles s'accordent dans ce moyen-métrage (68') aux images pictoriales et au montage alternant le passé et le présent. Patrick Jouané est le jeune anti-héros douloureux mais c'est Macha Méril, dans le beau rôle de son amoureuse meurtrie, qui illumine le film. DVD Z2 Fr 

Drum / L'enfer des Mandingos (Steve Carter, 1976) **
Cette variation sur l'excellent "Mandingo" de Richard Fleischer (1975) reprend le même acteur (le boxeur Ken Norton) dans le rôle d'un musculeux esclave vendu à un propriétaire du Sud (Warren Oates). La vie de la plantation y tourne entièrement autour des désirs sexuels entre maîtres et esclaves. Un film d'exploitation à budget, camp, sexy et vulgaire, plein de l'outrance des personnages et des situations. Avec un beau final cathartique. BR US 

Seven wonders of the World / Sept merveilles du monde (Tay Garnett, Paul Mantz, Andrew Marton, Ted Tetzlaff & Walter Thompson, 1956) ***
Le meilleur travelogue Cinerama que j'ai vu. Les Sept Merveilles ne sont qu'un titre car il y a plein de de sites qu'on visite, des ponts de New York au Vatican (Pie XII), du Taj Mahal à Rio, du désert d'Arabie à Benares. Le tout est suprèmement Fifties, folklorique (les Geishas, la danse du Cobra...) et d'un colonialisme aux commentaires impossibles : "L'Afrique ne compte que 5 millions d'occidentaux pour 200 millions de noirs". J'en redemande. BR US (magnifique restauration, format Smilebox)

Ronal Barbaren / Ronal le Barbare (Kresten Vestbjerg Andersen, Thorbjorn Christoffersen & Philip Einstein Lipski, 2011) **
Un film d'animation danois, heroic-fantasy irrévérencieusement potache, sur un maigrichon qui tente de sauver, avec un copain obèse et une ado hyperactive, sa tribu de barbares culturistes et narcissiques capturée par un ennemi maléfique. Les grossièretés fusent comme les blagues sexuelles et le pastiche SM de The Lord of the Rings est plutôt amusant. La réalisation est efficace, les visuels aussi. Le genre de film vraiment rafraîchissant. BR 3D Fr

Night of the Demon / Rendez-vous avec la peur (Jacques Tourneur, 1957) **
Un psychologue américain (Dana Andrews) débarque en Angleterre pour une convention sur le paranormal et se frotte à un mystérieux sataniste. Un film fantastique d'atmosphère, à la photo de Film Noir, dont les scènes très réussies (le coup de vent, la forêt la nuit, la séance, l'intrusion dans le manoir...) compensent des dialogues un peu longs. Je me souvenais d'une apparition ridicule du démon : il y en a deux et elles ne le sont pas. BR Fr 

Au biseau des baisers (Guy Gilles, 1959) **
A Alger, le temps d'un dimanche d'été et d'une balade en scooter à la plage, l'amour d'un couple d'adolescents se fissure sereinement. Un court métrage de 18' où le soleil éclatant et les accords lyriques du piano s'ombrent d'une mélancolie douce sur la fugacité des émotions et du temps qui passe. Cet essai frais et plein de charme montre une Algérie française qui s'effaçait et le talent prometteur d'un jeune réalisateur qui allait monter à Paris. YouTube

Plynace wiezowce / Ligne d'eau / Floating skyscrapers (Tomasz Wasilewski, 2013) **
A Varsovie, les rudes conséquences de l'attirance mutuelle entre un nageur de compétition et un étudiant. Ce premier film à thématique gay sorti en Pologne bénéficie d'une bonne réalisation et de très bons acteurs. Son histoire, désespérée, qu'il faut replacer dans le contexte social et moral de la Pologne actuelle, a au moins vingt ans de retard sur les films à même sujet faits en Europe occidentale ou aux US. Une piqûre de rappel en sorte. BR UK   

Europa Report (Sebastian Cordero, 2013) *
Un petit film de SF du genre lost footage sur une mission spatiale de six astronautes disparue sur Europe, la lune glacée de Jupiter. Ce n'est pas le budget réduit qui pèche (presque tout se passe dans la cabine et le film est plutôt bien fait) mais le scénario qui accumule les dialogues simplistes, les fausses interviews qui sonnent artificielles et surtout, la fin et l'apparition de sa décevante créature. Dommage car il y avait tout pour faire bien mieux. BR Fr

Stalingrad (Fedor Bondarchuk, 2013) *
Pas du tout la grande fresque globale attendue mais la bataille de Stalingrad du point de vue d'une place de la ville, où russes et allemands se confrontent depuis deux bâtiments. Un film bizarre et foutraque (le début et la fin sont totalement hors propos) mais pas inintéressant, plein des ralentis putassiers des scènes d'action, de personnages sans épaisseur, de CGI, de romance et d'ambition dantesque. Le pendant russe au "Pearl Harbor" de Michael Bay. BR Fr

Das Cabinet des Dr. Caligari / Le cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene, 1920) ***
Peut-être le film le plus uniquement original de l'histoire du cinéma. Son histoire de folie, de meurtre et d'enlèvement et son scénario à surprises, qui ont ouvert la route à tant d'autres, sont intrigants en eux-mêmes mais c'est l'utilisation en profondeur des toiles peintes acérées comme décors expressionnistes qui le rendent, visuellement, inoubliable. Un hybride fascinant du cinéma, du théâtre, de la peinture et de l'Angst germanique. BR UK

Cloudy with a chance of meatballs / Tempête de boulettes géantes (Phil Lord & Chris Miller, 2009) *
Un jeune inventeur crée une machine à fabriquer de la junk food qui se détraque et fait pleuvoir à verse hamburgers, hot dogs, T-bones, ice creams, pancakes, donughts et Jell-O sur sa ville. L'amusante idée de se moquer de la frénésie de consommation alimentaire US est freinée par un scénario trop plat qui s'enlise sur la durée. C'est frustrant parce que la satire était bien trouvée et que l'animation dynamique et colorée est très chouette. BR 3D Fr

The pawnbroker / Le prêteur sur gages (Sidney Lumet, 1964) *
Un film douloureux sur la mémoire et les ravages de la culpabilité du survivant (un rescapé juif d'Auschwitz, prêteur sur gages à New York, s'est fermé à l'émotion et aux autres) dont le thème est traité, comme souvent dans le cinéma de l'époque, avec la main lourde et qui est cannibalisé par le jeu obscènement Actors Studio de Rod Steiger. Pas un mauvais film, loin de là, mais un film difficile à avaler. Formidables images des rues de Manhattan. BR US

Detachment (Tony Kaye, 2011) 0
Un écoeurant film à sujet sur un prof remplaçant (Adrien Brody en mode dépressif) envoyé dans une high school difficile de New York. Le suicide d'une élève, le pétage de plombs de la directrice, les provocations des jeunes à la dérive, les états d'âme des collègues, la rédemption de la petite pute, l'agonie du grand-père, les citations de Poe et de Camus : on a droit à tout ça. Avec en bonus, les maniérismes de la mise en scène. Nul. BR Fr

J'accuse (Abel Gance, 1919) **
Le cri de Gance contre la Grande Guerre. La célèbre dernière partie du film (au tournage commencé avant l'Armistice), symboliste et visionnaire - le retour des morts des tranchées - prend des accents hugoliens exaltants mais consomme sa rupture avec ce qui a précédé, un mélodrame plus banal. Le génial cinéaste, réussit néanmoins à donner un dynamisme aux trois heures de projection, aidé par son sens visuel et de bons acteurs tout en retenue. Ciné Concert à Pleyel (avec le nouvel accompagnement symphonique, lugubre et répétitif, de Philippe Schoeller) 

Absences répétées (Guy Gilles, 1972) ***
Le lente extinction d'un jeune homme que rien ni personne n'arrivent plus à retenir à la vie. Suprèmement mélancolique mais pas sentimental pour un sou, un film adolescent au ton et à la forme très originaux, passant du N&B à la couleur, de l'image mobile à la photo et porté par des acteurs parfaits (Patrick Penn, Patrick Jouané, Nathalie Delon entre autres). Le mal de vivre et du temps qui passe y sont poussés à leur point d'incandescence. DVD Z2 Fr

August: Osage County / Un été à Osage County (John Wells, 2013) **
Un psychodrame familial dont le scénario (une famille réunie pour quelques jours en Oklahoma opère son grand déballage de haines et rancoeurs) est seul prétexte au numéro de ses actrices. Meryl Streep cabotine à outrance mais se reprend dans une grande scène, féroce, de déjeuner. C'est Julia Roberts qui l'emporte, secondée par Julianne Nicholson et Juliette Lewis. Un women's picture de tradition classique, genre over the top presque disparu. BR Fr

Les Misérables (Albert Capellani, 1912) ***
La première des ambitieuses adaptations romanesques de Capellani, en quatre époques et près de trois heures, suit (assez) fidèlement les épisodes du roman de Hugo et bénéficie d'un très bon casting (notamment Henry Krauss en Valjean, Mistinguett en Eponine et les enfants). La réalisation dynamique - pour l'époque - et les multiples décors retiennent l'attention sur toute la durée. Un excellent muet qui démontre l'importance du cinéaste. Ciné Fondation Seydoux-Pathé (avec un bon accompagnement au piano de deux élèves du Conservatoire en classe d'improvisation de Jean-François Zygel) 

2 commentaires:

  1. Bonjour Tom,

    Même ressenti que toi vis-à-vis de "Les Gardiens de la Galaxie" sauf qu'à l'inverse de ce que tu exprimes concernant l'univers et le visuel, je n'ai de mon côté pas du tout accroché et ai même trouvé le film insupportable à ce niveau au bout de 30 minutes avec sa tonne de maquillage & son bestiaire.

    Je trouve 100 fois plus de charme à l'univers des premiers Star Wars à l'imagerie dégagée et à l'imagination déployée.

    Je sentais que ça démarrait mal quoiqu'il en soit quand tu vois un (anti) héros sortir trois ou quatre vannes de suite dès les cinq premières minutes (et le pire est atteint dans le final avec la danse).
    Mais bon, c'est du second voire troisième degré tout ça, pas vrai ?...

    En tout j'adore ta phrase ou en tout cas celle que tu rapportes "De la merde dans un bas de soie", probablement la remarque la plus amusante de l'année

    Assez déçu par "Tempêtes de boulettes géantes", mais j'ai bien aimé Dragons 2.

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    1. Oui, "Les gardiens de la galaxie" m'a vraiment déçu pour ce que j'en ai vu (même si je n'en attendais pas grand chose mais le succès public et critique m'avait intrigué).

      La citation du bas de soie est une gentillesse de Napoléon à Talleyrand...

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